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ROSE BONBON
Tout avait bien commencé, tout me prédestinait à avoir une vie normale. Je suis née le 24 juillet 1991, à Londres. Ma mère était institutrice, mon père était le propriétaire d'un des plus grands bars de la ville. J'étais leur premier enfant, alors imaginez la joie de mes parents, j'étais leur petit trésor. Mes trois premières années de ma vie, je ne m'en souviens pas et pourtant je suis sûre qu'elles restent à ce jour, les meilleurs moments de ma vie. Cependant, tout ce bonheur a été éphémère, tout a bousculé...
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NOIR PROFOND
Mon premier souvenir remonte quand j'avais trois ans. Mon père me faisait mon bain. De sa main, il effleura mon visage et le reste de mon corps. Puis, pendant cinq ans, ce geste s'est répété à plusieurs reprises, maman resta silencieuse face à ce comportement, puis, un matin, elle avala une grosse dose de médicament,
adieu maman! Après la main, ce sont d'autres parties de son corps qui ont effleuré mon corps. Il me faisait mal, collé son corps contre le mien, je pleurais, il continuait de plus belle.
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ROUGE SANG
24 juillet 1995, joyeux anniversaire, voilà les derniers mots que mon bourreau de père a prononcé...
Je me suis levée comme tous les jours avec une boule au ventre, une journée où je priais pour que mon père ne m'approche pas, ne me touche pas. Je me précipitais dans la salle de bain, m'enfermer à clé pour me laver et m'habiller. Une fois, prête, j'allais dans la cuisine pour manger en espérant que mon père soit parti faire une course...manque de chance il était là. Assis à la table, il y avait un énorme gâteau au chocolat.
Joyeux anniversaire!Il se leva et s'approcha de moi, je reculais en fonction de ses pas, mais je n'ai pas eu le temps de sortir de la cuisine, il m'agrippa déjà par le bras. Il me colla contre ma table et commença à enlever mon T-shirt.
Arrête! PapaMais plus, je criais, plus il me faisait mal. Il posa ses lèvres sauvagement dans mon cour. C'était la fois de trop, je pris la seule chose que j'arrivais à atteindre:le grand couteau à côté de gâteau et donnai des coups à plusieurs reprises dans son dos, il s'écroula, je sortis de la maisons en courant avec le couteau entre les mains. Je me réfugiais dans une forêt qu'il y avait près de chez nous, il y avait une rivière et j'y jetais le couteau, il fut emporté par le courant et je n'ai jamais su s'il avait été retrouvé. Je restai dans cette forêt des heures et des heures jusqu'à ce que la police me retrouve. Je n'ai jamais été accusée de quoi que ce soit, au contraire, j'étais considérée comme la victime, une petite fille qui avait fui de chez elle en voyant son père se faire agresser. J'ai subi une tonne d'interrogatoire, je restai toujours muette. L'histoire a été classée sans suite.
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T
OUTES LES COULEURSDepuis le décès de mon père, j'ai été placée dans un centre d'accueil. Quelques mois plus tard, une famille d'accueil, les Hannigan, est prête à m'offrir un logement. J'y suis allée, mais six mois plus tard, je suis retournée dans le centre, car, les Hannigan ne voulaient plus entendre parler de moi. Et jusqu'à ma majorité, ça n'a été que des allées et venues entre famille d'accueil et centre. J'ai connu un nombre impressionnant de famille, je dois détenir le record, d'ailleurs! Raison invoquée par mes différentes familles pour vouloir se débarrasser de moi: je serais déséquilibrée. Moi? Pas nette d'esprit? Je n'en ai pas l'impression... Certes, je reconnais que je peux me montrer très lunatique, je change d'humeur souvent, je peux passer du tout au tout en un claquement de doigt, je me montre très douce et la seconde d'après très violente mais est-ce une raison pour sous-entendre que je serais folle? Chacun a ses petits défauts, non?
Au départ, les responsables du centre mettaient ça sur le compte de mon enfance difficile: mère suicidée, père assassiné. Ils auraient du prendre en compte: père assassiné par sa fille car il la violait, et j'aurais gagné la palme de l'enfance la plus morbide. Mais lorsque la quatrième famille a décidé de me remettre au centre, les responsables m'ont pris rendez-vous chez un psychologue. Le jour J, j'étais stressée, j'avais peur qu'on m'enferme dans un asile pour les fous, mais alors que je rentrais dans la salle, j'entendis une petite voix dans ma voix qui répétait sans cesse, tout va bien se passer, je suis là! Et effectivement, tout s'est bien passé, je suis restée calme pendant tout l'entretien,et le psychologue en a conclu que j'étais parfaitement équilibrée, mais que j'étais encore sous le choc du meurtre de mon père. Cette petite voix, je ne l'ai jamais reentendue dommage, elle m'aurait bien servi durant mes moments de violences. Et alors, ça a été de nouveau la même rengaine: famille d'accueil retour au centre...A partir de là, je crois que les responsables du centre n'attendaient qu'une chose: que j'ai 18 ans pour ne plus dépendre d'eux.
24 juillet 2009: LIBERTE! Mes 18 ans viennent de frapper à ma porte, et je compte donc partir avec eux loin de ma famille d'accueil, les Winkins! Aux yeux de mon orphelinat, je n'avais plus besoin d'être dans une famille, j'étais majeure, je pouvais donc m'assumer toute seule! Dès que minuit avait sonné, j'avais pris mon sac et avais quitté la maison des Winkins sans un mot! Je n'étais pas attachée à cette famille comme toutes les autres familles chez qui j'étais allée. Cela faisait plusieurs mois que je planifiais mon départ: j'avais trouvé un ami chez qui squatter le temps de me trouver un appartement. J’enchaînais les petits boulots: caissière, serveuse... je n'avais qu'un diplôme de fin de lycée en poche dur de trouver quelque chose... Des études, j'en rêve d'en faire, mais l'argent ne tombe du ciel, alors ma vie est déjà écrite d'avance: enchaîner les petits boulots pour pouvoir maintenir les deux bouts! Pourtant, de l'argent, j'aurais pu en avoir. A mes 18 ans, j'étais en âge de toucher l'argent laissé par mon père, mais il était pour inconcevable que j'aie entre ce fric sale!
Quelques mois après mes 18 ans, je décidai de tout plaquer. Ma vie n'avançait pas, et j'étais persuadée que c'était parce que je restai à Londres, trop de choses s'étaient passées, fallait que je quitte cette ville. J'optai pour Paris, ville qui me fait rêver depuis ma plus tendre enfance! Au lycée, le français était l'une des matières où j'excellais et je m'imaginais souvent me promener au pied de la Tour Eiffel. J'arrivais à Paris en février 2011, je dormais dans des petits hôtels, avant de décrocher un boulot: j'étais stripteaseuse dans un bar miteux. Certes, il y a mieux comme métier, mais quand il est question de survie, on se fiche du job que l'on fait. Et puis aujourd'hui, c'est devenu une habitude, me retrouver nue face à des inconnus, ça m'est égal tant que ça permet de payer mon loyer et ma nourriture.
Avec le temps, je me suis rendue compte de certaines choses. Déjà, je crois que ce n'est véritablement qu'à l'âge de treize ans, que j'ai pris conscience de l'atrocité de mon crime: j'ai tué mon père, certes c'était de la légitime défense, mais j'ai tout de même ôté la vie à une personne. De plus, je commence à mon tour à me poser des questions sur mon état psychologique. Au départ, cela me faisait rire qu'on me prenne pour une déséquilibrée, mais plus les jours avancent et plus je me dis que ce n'est peut-être pas si loin de la vérité. Je reconnais que j'ai parfois des comportements assez étranges que je n'arrive pas à contrôler. Je peux me montrer violente sans trop comprendre pourquoi et je n'arrive pas à me calmer. Mais j'ai tellement peur d'être considérée comme une folle que je n'en parle à personne, je garde tout ça pour moi. Cependant, la seule chose qui m'effraie c'est de commettre un nouveau crime lorsque je fais mes crises de violences.