Sujet: the final fight « andréa & julian » Ven 9 Déc - 13:54
je crois toi.
dans cet enfer, tu es ma seule lucidité ”
Il avait attendu cet instant avec impatience, il en avait rêvé, il l'avait souhaité. Il avait même prié, lui qui ne croyait en rien d'autre qu'en ce qu'il pouvait voir, il s'était agenouillé et il avait demandé à ce qu'on lui permette, une fois encore, de voir son image se refléter dans les yeux de Andrea. Oui, il avait espéré de tout son cœur que ce jour arrive, ce jour bénit où son jeune ami ouvrirait les yeux, à nouveau, et où il pourrait lui sourire, à nouveau, comme avant. Il était quatre heures du matin lorsque Andrea présenta des premiers signes de tremblement. Allongé sur un sofa inconfortable, sa veste maladroitement posée sur lui, Julian ouvrit les paupières lorsque Andrea remua pour la première fois. Inquiet, il s'élança vers le lit de son ami sans prendre le temps de rattacher sa chemise légèrement ouverte, sans prendre le temps de reboutonner son pantalon. Assis sur le siège à côté du lit, il observa Andrea. Depuis plusieurs moins maintenant, il avait veillé à ce que ce petit bout d'homme ne manque jamais de rien. Il avait payé chacune des consultations qu'on lui avait faites et rembourser tous les soins qu'on lui avait prodigués. Julian avait joué la carte de la sécurité, se présentant comme son frère, seul membre encore de sa famille. Il avait alors décidé de prendre soin de Andrea, qu'importe les frais, qu'importe le temps. Ce n'était pas qu'il en était amoureux… du moins, il ne pensait pas pouvoir être amoureux de qui que ce soit. C'était juste que Andrea était, en quelque sorte, le garçon qu'il avait été un jour. Lui aussi avait souffert, de manière différente, mais il avait souffert. Il avait affronté la vie, seul, pendant un laps de temps qui lui avait paru, à l'époque, insurmontable et puis, il avait rencontré Cheshire et tout avait soudainement pris un sens, tout avait été plus simple. Il estimait qu'à son tour, Andrea avait le droit de trouver quelqu'un sur qui compter. Il ne connaissait rien de son passé, tout ce qu'il savait, c'était que le jeune Beaujolais n'avait nulle part où vivre, et, apparemment, personne sur qui compter. Il l'avait suivi, certes, il avait été intrigué par l'assurance dont faisait preuve ce gamin. Cette facilité qu'il avait de noué contact avec des gens qu'il ne connaissait pas, cette aisance qu'il avait d'évoluer dans la foule et surtout, il avait été surpris de découvrir que Andrea repartait tous les soirs avec quelqu'un de différent. Oui, ce gamin l'avait touché, quelque part où personne encore n'avait su le toucher. L'amour n'était pas à l'ordre du jour, pas pour l'instant. Non, car aujourd'hui, la seule chose qui comptait, c'était que Andrea puisse à nouveau ouvrir les yeux. Julian n'était pas idéaliste, ni même optimiste, d'un naturel plutôt calme et sensé, il avait tendance à tout prendre de manière pessimiste et même s'il était vrai qu'il doutait fortement qu'un jour sa propre situation s'arrange, il n'avait jamais perdu espoir quant à Andrea. C'était peut-être ça qui était différent, cette tendance à le pousser dans ses propres retranchements. Lui qui avait toujours été d'un prompt négatif, il s'avérait que Andrea réveillait en lui une tendance à regarder la vie d'un œil plus irréaliste, plus léger.
Il commençait à bouger, à se tordre dans tous les sens. Ses muscles se contractaient, ses paupières cherchaient à s'ouvrir. Julian se redressa sur ses jambes, que pouvait-il faire sinon attendre ? Le rythme cardiaque de son ami était régulier, rien ne changeait sinon qu'apparemment, il cherchait à se réveiller. Incapable de faire quoi que ce soit, Julian se contenta de se pencher en avant, d'attraper l'une des mains de Andrea et de murmurer à son oreille, comme si ce dernier pouvait l'entendre. « - Bats-toi mon vieux, vas-y. » Il ne comprenait pas vraiment ce qui était en train de se passer, mais intérieurement, il espérait que ce soir, leur vie à tous les deux allait basculer. Etrangement, depuis longtemps, il ne pensait plus à son travail, ni même à Cheshire, il n'y avait que Andrea, Andrea et lui. Il s'était d'ailleurs promis, en secret, que si jamais le jeune Beaujolais s'en sortait indemne, s'il se réveillait, il le prendrait sous son aile. Qu'importe le moyen de persuasion dont il devrait faire preuve, Andrea viendrait vivre chez lui, Julian prendrait soin de lui. Il ne se voyait pas vivre en père de famille, mais plutôt dans l'image du grand frère qui aurait été prêt à payer de sa vie pour que Andrea puisse se réveiller. Ce soir-là, il avait été présent, mais trop tard. Ce soir-là, il n'avait pas eu la présence d'esprit de suivre Andrea plus rapidement, s'il était arrivé quelques secondes avant, peut-être aurait-il pu empêcher toute cette tragédie, toute cette attente. Car il s'en était passé des heures dans cette pièce durant lesquels Julian n'avait rien fait d'autre que d'espérer. Plus une seule seconde de son temps libre n'avait été dépensée ailleurs que dans cette chambre glauque et pâle. Andrea avait été sa seule préoccupation depuis que l'accident avait eu lieu. Tout était passé au second plan. Lorsqu'il commençait sa pause, tous les midis, il se rendait directement à l'épicerie du coin pour venir ensuite casser la croûte ici. Et puis, tous les soirs, lorsqu'il n'avait terminé son job, il rentrait se doucher et prendre un sac pour venir ensuite passer la nuit ici. Oui, il n'avait fait que ça, il n'avait vécu plus que pour ça. Allez comprendre ! Cheshire lui-même ne savait pas pourquoi Julian apportait tant d'importance à cet inconnu. Pourtant, c'était le cas. Et aujourd'hui, Julian savait que, d'un moment à l'autre, tout allait enfin prendre fin, d'une manière ou d'une autre. Alors debout, aux côtés de Andrea, il observait son ami se tordre et se distordre. Il aurait tout donné pour affronter la douleur qu'il endurait à sa place, il aurait tout donné pour que le réveil du jeune Beaujolais soit plus simple, plus facile. Il lui serrait la main, jusqu'à en perdre la circulation. Il savait que, malgré l'heure matinale, il allait se passer quelque chose d'important, quelque chose d'important allait changer. Quoi qu'il se passerait, Julian était prêt à assumer, jusqu'au bout. Il tiendrait les promesses qu'il avait faites, en silence. Il tiendrait chacune des paroles qu'il avait pu prononcer à mi-voix dans l'oreille de Andrea ces derniers mois, toutes, sans exception. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il en était ravi… ravi et prêt !
Et puis… comme un miracle, ça se produisit enfin !
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Sujet: Re: the final fight « andréa & julian » Mar 31 Jan - 0:08
L’insomnie qui vous prend la main, promenade le long d’une nuit sans l’ombre d’un repos.
Trois jours que je dors, peut-être deux mois, ou juste une heure. Le temps n’a plus de valeur à mes yeux, il n’est qu’un long fil dont j’attends la fin. Les jours se répètent sans que je ne puisse distinguer les couchers des levers, le crépuscule n’est plus qu’une aube interminable. Moi j’attends depuis toute une vie qu’on vienne me réveiller de cette torpeur obsessive. Je suis bercé comme dans un nuage d’épines, et les gouttes d’une pluie acide lacèrent ma peau blafarde. Et soudain, tout s’effondre. Ces paysages que j’ai supposés des tissus mensongers de ma mémoire, peu à peu, se sont écorchés. Les lumières se sont éteintes, mon débit pulmonaire s’est emballé, si vite que j’en ai perdu le contrôle. Courir, loin, vers cette lueur anonyme et s’essouffler de ne jamais la rattraper. Ce monde d’artifice n’est plus d’aucun attrait, il en a perdu ses ornements. Je n’ai qu’à tendre le bras pour abandonner cette longue hibernation. Mon corps est ankylosé, comme noyé sous un océan d’efforts. Mes seuls mouvements perceptibles se résument à quelques convulsions nerveuses. Ma chair est anesthésie d’une interminable narcolepsie et je sens enfin le contact de l’oxygène contre mon épiderme. Et pas une minute sans combat, j’ai demandé au silence de se taire. Parce que j’entendais au loin, cette voix sincère qui appelait ma raison et que par tous les moyens, je voulais lui répondre. Assez de inanition, la mort n’est pas cette solution qui me convient.
Un. Deux. Trois. J’ouvre les yeux, une première fois. La violence de l’éclairage faiblard m’aveugle. Il fait nuit, les lumières sont tamisées, mais ma vue a oublié les contours du soleil. Ma rétine me brule comme si elle venait d’être exposée à ces supernovas, explosions de plasma. Je plisse les paupières pour filtrer les informations qui me parviennent. Un lit, et ces draps standardisés que l’on croise dans tous les hôpitaux. Ma dépouille ensevelie. Autour de moi, un simple vase, quatre murs blanc à huis clos du monde, et cet individu. Après tout ce que j’ai vécu, je n’ai aucun doute de là où je me situe à l’heure actuelle. Cet homme, encore flou, m’est familier. Je connais la chaleur dégagée par cette main qui me sert, comme si elle avait été là toute la durée de mon sommeil. Je racle cette gorge qui n’a pas connu le son depuis que les abimes l’ont emportée. Le simple crachement m’étouffe. J’essaye de prononcer quelques mots, sans grande conviction. « La lumière. » Je tente, tant bien que mal, de pointer la source éblouissante, mais mon bras engourdi n’obéit pas. Mes membres sont des organismes que je ne maitrise plus, capitulé mon cadavre remuant, épuisé de l’excursion qui nous a menés jusqu’ici. Je récupère une pénible inspiration avant d’entamer la conversation d’une voix chevrotante. « Éteins-la. ». Je ne sais pas encore à qui j’ai affaire, mais je sais qu’il va s’exécuter. J’attends le cliquetis de l’interrupteur pour habituer ma vision à ce clair-obscur, comme on attend le messie. L’appel de la pénombre m’autorise enfin à dévisager mon interlocuteur. J’ouvre les yeux, une deuxième fois. Je les garde, écarquillés, rivés sur cette cloison pâlichonne. De peur de ne plus en revoir sa couleur. Il y a cette horloge, fixée au-dessus d’une piètre décoration qui indique maintenant quatre heure cinquante et un. J’hésite encore, j’ai peur je crois. Peut-être que c’est encore l’une de ces nuits, celles à s’épuiser, à résister d’une léthargie inéluctable et l’espoir d’être crevé. Je glisse ma tête contre l’oreiller pour affronter le regard de l’autre sans la pression de l’affaiblissement. Il a cette barbe mal-rasée, ces yeux exténués et une chemise négligemment fermée qui lui donne cette dégaine démunie. Ce n’est pas un de ces docteurs à l’affut d’un patient, et dieu merci. A cet instant précis, je ne veux pas me confronter à ces savants et leurs questions indiscrètes. C’est Julian, je crois. Je ne sais pas si un sourire s’est esquissé sur mon visage, parce que je contractais mes muscles difficilement, mais j’avais bien l’intention de me réjouir. Pendant mes longues heures de narcose, j’avais imaginé divers scénarios sur mon retour. Peut-être que ma mère aurait été là, allongée sur mon flan. Mon père. Ou peut-être personne. Et toutes ces options, aussi diverses qu’elles soient, m’effrayaient au plus haut point. C’est Julian, ici, à mes côtés. La personne à laquelle je n’avais jamais pensé venir me secouer de ce sommeil. Ce garçon que j’avais fui, que j’avais bravé, était planté là, comme si sa place avait toujours été à mes côtés. C'est bon, j’ai réussi à sourire. Parce qu’il était présent, parce que j’étais enfin sorti de ce mauvais rêve. Sur un ton las, je prononce quelques nouvelles syllabes. « On peut.. rester dans le noir ? Un peu. ».
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Sujet: Re: the final fight « andréa & julian » Mer 1 Fév - 8:52
Il en rêvait depuis le jour où, inconsciemment, il avait laissé Andrea prendre autant de place dans son existence. Il en avait rêvé depuis le jour où il avait mis sa propre vie en parenthèse pour un gamin qu'il n'avait fréquenté que peu de fois. Sortir de cette torpeur, de cette attente, avait été l'objet de toutes ses prières, dernièrement. Si Julian n'était pourtant pas du genre à croire en grand-chose d'autre qu'au fatalisme, il fallait avouer qu'il avait, récemment, découvert les joies du christianisme. Lorsqu'on approche du bord et que l'on se rend compte du gouffre dans lequel on plonge, il ne reste plus grand-chose à quoi se raccrocher, sinon l'espoir ! Et cet espoir, comme beaucoup d'entre nous, Julian l'avait laissé entre les mains d'un Dieu hypothétique. Aussi infime puisse-t-il être, Julian n'avait jamais lâché cet espoir. Si parfois il l'avait senti glisser entre ses mains, si quelque fois il lui avait fait défaut, Julian n'avait jamais cessé d'y croire. Quoi d'autre pouvait-il faire dans pareille situation ? Le destin de deux vies était entre les mains d'un Dieu auquel on s'interdisait de croire parfois mais vers qui, dans des situations aussi cocasses et sensibles, on n'hésitait pas une seconde à se tourner. Julian savait qu'il y avait peu d'espoir pour que ses prières soient entendues. C'était un comportement plutôt hypocrite de sa part que de se mettre à genoux et de croiser les mains alors que, généralement, il avait plutôt tendance à insulter la religion et à s'en moquer. Il en rêvait depuis longtemps, cet instant où son image enfin viendrait se refléter dans les yeux d'Andrea, oui, il avait longtemps espéré, un mois, peut-être plus. Depuis qu'il avait été imbriqué, malgré lui, dans cette affaire, il avait perdu toute notion du temps, du quotidien. Il s'était contenté de vivre. Il se levait chaque matin en pensant à Andrea, se rendait à son travail le regard vide d'expression et voyait s'écouler sa journée sans jamais arrêter de penser à ce jeune inconnu. Et lorsqu'il fermait sa boutique, lorsqu'il quittait son lieu de travail, c'était pour s'arrêter dans une sandwicherie et y acheter de quoi manger en route et, ensuite, se rendait ici même, à l'hôpital, dans cette même chambre. Il avait passé bon nombres de nuits à le veiller, à l'observer et à espérer qu'il se réveille. Oui, chaque fois qu'il passait la nuit ici, il espérait se réveiller en retrouvant Andrea les yeux ouverts. Qu'importe l'incompréhension à laquelle il devrait faire face lorsqu'enfin il se réveillerait, qu'importe le temps que reprendrait sa rééducation, Julian n'avait qu'une envie ; qu'Andrea lui revienne. Pourquoi ? Il n'en savait rien. Amour, fusion ou simple tendresse, peu importe le nom que l'on pouvait étiqueter à leur relation, tout ce dont Julian était sûr était qu'il se sentait profondément responsable de ce garçon, de son histoire et des récents évènements. S'il avait été plus alerte, peut-être aurait-il pu le sauver ! Il en rêvait depuis cette horrible nuit, et brusquement, comme un miracle, ça se produisit enfin.
Julian n'avait jamais connu choc plus terrible que lorsque les yeux d'Andrea s'ouvrirent. Installé à son chevet, l'allure débraillée par la courte nuit et l'inquiétude, il n'avait pas pensé un seul instant à ce qu'il ferait, si ce miracle arrivait. Tant de fois il avait espéré qu'un jour son image se reflète à nouveau dans les yeux d'Andrea mais jamais il n'avait pris le temps de se dire "et si ça arrivait, qu'est-ce que je ferais". Complètement interdit devant ce spectacle, abasourdi même, Julian n'eut pas la force de prononcer le moindre mot. Choqué et surpris, il regardait Andrea avec stupeur. Le jeune homme sortait doucement de sa léthargie, de son coma, après plusieurs semaines à y être plongé et Julian, lui, semblait brusquement s'y glisser. Son cerveau avait accumulé trop d'informations ces dernières semaines et son propre séjour à l'hôpital l'avait fortement déboussolé, ébranlé. S'il y avait bien une chose à laquelle il ne s'attendait plus, c'était bien celle-ci. Il avait déjà tant de chose à régler dans son propre quotidien, tant de stress accumulé et tant de problèmes à résoudre et voilà qu'Andrea choisissait cet instant précis pour faire son retour, pour ouvrir les yeux. Ravi, il l'était, étonné, encore plus. Comme happé par la nouvelle, Julian resta stoïque, quelques instants. Pourtant, ses jambes se mirent à trembler et son corps tout entier fut pris d'un frisson si intense que ses muscles se crispèrent. Les yeux d'Andrea se posèrent dans ceux de Julian et brusquement, le rien devient un tout, à nouveau. Une chaleur immense, un feu ardent même, se mit à flamboyer au creux de la poitrine du jeune antiquaire et un sourire enchanté se dessina sur le contour de ses lèvres. Comme sorti de force d'une torpeur dans laquelle il s'était glissé depuis sa sortie de l'hosto, Julian eu un sursaut lorsque la voix du jeune Beaujolais se mit à résonner, à nouveau. Comme s'il découvrait ce petit bout d'homme pour la première fois, Julian posa sur lui un regard réconfortant bien qu'il eut été dans un état proche de la panique. Si son premier réflexe aurait été d'appeler un médecin afin qu'il prodigue à Andrea les soins nécessaires à son réveil, Julian ne pouvait se détacher du jeune homme, pas une seconde. Il venait de le retrouver, et même s'il n'avait jamais vraiment pensé à ce qu'il ferait dans ce cas-là, il était à présent déterminé à ne plus jamais l'abandonner, à ne plus jamais le laisser tomber. Comme une promesse qu'il s'était fait durant son absence, Julian ne faillirait plus. A présent, il y avait Andrea. Un petit bout d'homme dont il devait prendre soin, une raison qui le pousserait à avancer un peu plus, à changer, à grandir et à quitter son monde onirique et son fatalisme maladif. Oui, Andrea avait changé involontairement la vie de Julian le jour où ils avaient couché ensemble pour la première fois et, ce soir, en ouvrant les yeux, il changeait une nouvelle fois la vie du jeune antiquaire. « La lumière. » Un seul mot, un seul mot prononcé à mi-voix. Une source de chaleur infinie, un bonheur incroyable. Le sourire planté sur les lèvres, l'air béat et certainement, même très certainement, stupide, Julian regardait Andrea, sans broncher, sans bouger. Même s'il ne comprenait pas vraiment pourquoi Andrea parlait de la lumière qu'il avait allumée lorsque tout avait commencé, cette nuit, il accueillait ce simple mot comme un véritable cadeau. « Etains-là. » Un deuxième murmure et un deuxième afflux de chaleur dans le creux de sa poitrine. Andrea se réveillait, Julian en était à présent pleinement conscient. La réalité le bouscula, le frappa si violemment qu'il aurait pu tomber s'il ne se tenait pas avec tant de force au lit dans lequel était allongé son ami. Il avait attendu cet instant avec une impatience folle sans jamais prévoir aucune de ses réactions s'il devait vraiment arriver. Se sentant complètement dépassé par les évènements, Julian ne bougea pas quelques instants avant de, brusquement, secouer son visage comme frapper par une illumination. La lumière, oui ! « oui… oui. » La voix tremblante, hésitante, Julian ne semblait même plus savoir parler. Il fit le tour du lit pour venir appuyer sur l'interrupteur avant de revenir au chevet de son ami. Sous le choc encore, il ne savait plus comment réagir, comment se comporter. Il ne parlait pas, n'osait pas rompre le silence. Andrea devait être encore plus surpris que lui et sûrement devait-il se sentir encore plus perdu que lui. Pourtant, dans la pénombre de la pièce, il se déroulait en cet instant quelque chose de précieux, de magique. Des arrêts sur image que jamais, jamais Julian n'oublierait. Ce sont de ces souvenirs si fabuleux que sont construites nos vies, de ces incroyables aventures que sont façonnées nos existences. Aussi étrange que cela pouvait lui paraître, Julian savait qu'à compter de cette nuit là, jamais plus rien ne serait comme avant. Et alors qu'il contemplait son ami avec admiration, affection et tendresse, la voix d'Andrea vint rompre une nouvelle fois le silence. « On peut.. rester dans le noir ? Un peu. » Un bref silence s'imposa, Julian cherchait ses mots avec hésitation. Sa voix tremblait encore lorsqu'il prononça, à mi-voix, tout en s'installant sur le siège à côté du lit d'Andrea. « Bien… bien sûr ! » Un nouvel échange de regard et une nouvelle fois, le cœur de Julian s'emballa ! Face à l'inconnu, il ne savait plus que faire, quoi dire ! Alors, stupidement, il sourit, avant de demander, le cœur au bord des yeux. « Tu veux quelque chose, à boire, à manger ? Tu dois être fatigué… tu veux que je te laisse ? »
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Sujet: Re: the final fight « andréa & julian » Sam 4 Fév - 23:50
Fatigué ? Bien sûr que j’étais fatigué. J’avais passé les dix dernières minutes à parcourir l’intégralité de mon subconscient à la recherche de cette putain de sortie. L’interminable distance jusqu’à mon réveil, et atteindre cette clarté céleste. Un labyrinthe cosmique : prenez cette galaxie et tournez à droite après la supernova. La bienvenue chez vous, and now, wake up. A moi seul, je suis un peuple opprimé, où je suis mon propre tyran. J’écrase toute volonté dès sa naissance au creux de ma raison, je ne suis qu’un sac d’os inerte, en attente d’une révolution. Et peut-être que cette insurrection aura lieu cette nuit. Julian a la voix qui vibre comme les protagonistes paniqués des show-tv américains. Je le fixe encore quelques secondes, puisque de toute façon je suis résigné sur un lit d’hôpital tant que mon corps restera sclérosé. Un soupir de soulagement. Je suis encore dans les vapes, au bord de l’euphorie. Sans doute que mon hypophyse, dans un élan d’ivresse, s’est décidé à relâcher toutes les endorphines contenues dans ma moelle épinière. Cela expliquerait mon état vaseux, et cette soudaine allégresse. Vous n’imaginez pas tout ce que votre cerveau est capable de produire, dans le seul but de vous faire oublier vos malheurs. C’est un peu comme être assommé par un shoot d’héroïne. Je tergiverse, incapable de me préoccuper de ma situation : je suis fatigué, mais j’ai trop somnolé pour replonger dans les bras de Morphée. Je ne réponds pas à ses questions, et surenchéris à la place. « J’ai… J’hésitais quant à la qualification de mon escapade : longue sieste ou petite mort cérébrale ? Sans grande conviction, j’optais pour l’euphémisme. …dormi pendant… combien de temps ? ». Du bout des doigts, je dessine un cercle incertain dans le sens des aiguilles d’une montre. C’était censé représenter une horloge qui tourne, pour illustrer mes dires. Aucune utilité, mais j’étais fier de pouvoir remuer mon bras vacillant. Mon sourire se durcit un peu plus, au fil des secondes qui s’écoulent. L’enthousiasme inconscient qui m’avait envahi laissait maintenant place à un océan de doutes. Après tous les rêves que j’avais enchainé, qu’est ce qui me prouvait que j’avais rejoint la bonne dimension ? Qu’est-ce qu’il va advenir de moi, maintenant que je suis lucide ? Les interrogations s’entassent contre la paroi de mon crâne et le heurtent violement. Je grimace, à la sensation de ce mal de tête. Je suis sujet aux sautes d’humeur, je me sens nauséeux, et bientôt j’aurais envie de fraises. C’est encore pire qu’une gueule de bois. Et ce n’est qu’une infime devinette qui tourne dans le bocal à poisson qu’est devenue ma cervelle. Un Amphiprion ocellaris qui sombre dans toute la merde que j’ai accumulé. Mes idées dégoulinent au travers la sueur sur mon front. J’ai chaud mais ma chair frissonne au contact de l’ère glaciaire figée dans cette sombre pièce. Julian. Julian est là, depuis le temps, il s’est installé dans le modeste fauteuil, à une longueur de bras de ma couche. Un couinement avait résonné entre les murs quand il s’était assis, et puis le silence. Je ne sais pas pourquoi, mais Julian est là. A l’origine, la conquête d’un soir, était maintenant telle une gargouille à mon chevet. Mais c’était avec difficulté que j’imaginais la raison de sa présence ici. Que s’était-il passé durant mon absence psychique pour qu’il en arrive là ? De tous les membres de cette putain de famille, pourquoi le seul inconnu de ma vie ? Ma théorie la plus plausible est celle d’être atterri dans un univers parallèle où j’ai laissé une chance à notre potentielle relation. Je suis perdu. La réalité est devenue un dédale de fausses apparences, un méandre de mensonges, et Julian est toujours là. Le silence est devenu pesant pour moi. Il me rappelle ces moments de solitudes, face à moi-même, alors j’essaye d’occuper mon esprit. J’ai soif. « De l’eau. ». Je reste bref dans mes demandes, et j’économise mes forces en m’évitant la politesse. Je joue au Prince, et j’attends que tout me soit servi sur un plateau d’argent plein d’ingratitude. Machiavel le dit, il est plus sûr d’être craint que d’être aimé. Julian. Il se lève. Dans un moment de panique, j’ai saisi le bas de sa chemise. Je ne veux pas qu’il quitte la pièce. Je ne veux pas me retrouver seul, et ça m’angoisse. Ça me démange, j’ai besoin d’être éclaircit. « Julian. Pourquoi t’es là ? » J’ai prononcé ces mots sur un ton sec. Parce que je ne suis plus habitué aux conventions sociales : une intonation mélodieuse pour un discours moins rustre. Peu importe, quitte à être discourtois, j’ai besoin de résoudre ce problème. Julian est là, mais s’il n’avait pas été là, sans doute que je ne serai pas réveillé.
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Sujet: Re: the final fight « andréa & julian » Lun 6 Fév - 14:56
C'était un tunnel dans lequel il s'était enfoncé sans jamais avoir la certitude qu'un jour il puisse y voir le bout, sans même savoir si un jour il entreverrait la lumière. Il avait fait le choix de rester, de le veiller, de lui tenir lâchement compagnie. Non parce qu'il se sentait responsable de ce qu'il s'était passé, non pas parce qu'il éprouvait pour ce petit bout d'homme une compassion perverse et malsaine, mais tout simplement parce qu'involontairement, Andrea avait réveillé en Julian d'anciennes blessures. Quelque chose dans le sourire forcé de ce garçon tout juste sorti de l'adolescence lui rappelait amèrement l'enfant qu'il avait été un jour. Andrea avait cet oeil vide qu'on le connaissait aux gens qui se contentaient de se satisfaire de ce qu'ils pouvaient avoir sans chercher à améliorer leur situation. Il avait ce regard éteint que, trop souvent, Julian avait supporté et qu'il avait, à bien des égards, appris à maîtriser. Ce qui l'avait incité à rester au chevet d'un homme qu'il n'avait cotoyé qu'à de rares occasions et uniquement pour du sexe, ce n'était que parce qu'il avait, lui aussi, été ce garçon au bord du gouffre et que, d'une certaine façon, il y était toujours. Attendant dans le réveil d'Andrea une sorte de renaissance dont il pourrait s'inspirer pour éviter de plonger, définitivement. Il fallait cependant avouer que si le réveil de son ami avait été, jusqu'à présent, sa seule préoccupation et sa plus brûlante envie, il n'était pas prêt à ce scénario et se retrouvait malgré lui complètement désemparé face à la situation qu'il était en train de vivre. Simple spectateur de sa propre existence, Julian restait stoïque. Andrea était réveillé, il était bel et bien réveillé. C'était une situation cocasse, une situation incroyablement troublante. Le regard vitreux, Julian ne quittait pas son ami du regard. Le couvrant de question tout en s'asseyant près de lui, il ne sentait qu'un souffle d'air chaud qui, inconsciemment, lui redonnait du baume au cœur. Le silence qui régnait dans la chambre était pesant, mais aussi salvateur. Les yeux dans les yeux, Julian sentait son cœur lui faire faux bond à plusieurs reprises mais il ne pouvait s'empêcher de sourire, béatement. Et puis, la voix brisée d'Andrea vient rompre cette quiétude. Voix brisée, voix hésitante qui semble venir de loin. Le regard vitreux, il lui demande combien de temps il est resté dans le coma. Julian reste un instant interdit. Le geste qui accompagnait cette simple question est lent, mais terriblement touchant. Le jeune antiquaire se sentait complètement paumé, perdu, à l'ouest. Y avait-il situation plus compliquée que celle qu'ils étaient en train de partager. Bégayant, cherchant ses mots, Julian resta un instant silencieux avant de prononcer, à mi-voix : « Cent… Cent-ving-six jours, Andrea ! ou quatre mois et demi, si tu préfères. » Un petit sourire en coin qui se voulait réconfortant mais qui n'aurait très certainement pas l'effet escompté. Si Julian semblait complètement à la masse, imaginez la position d'Andrea qui, lui, venait de se réveiller d'un coma qui avait duré plus d'un quart d'une même année. Perdu, il devait l'être bien plus que Julian et c'était compréhensible. Toujours est-il que les deux hommes étaient à présent dans le même pétrin. Pas par obligation mais par choix. Si Julian avait choisi de rester, ce n'était pas pour fuir au moment même où l'improbable arriverait. Non, il était bien décidé à tendre la main à Andrea et à lui offrir un foyer, une maison, un avenir. Il se reconnaissait beaucoup trop dans cet adolescent marginal et effacé. Il refusait de laisser Andrea revivre l'enfer de la rue, plus maintenant qu'il était au courant. Alors lorsque sa voix, étouffée, se mit à vibrer dans l'air, demandant à Julian de lui apporter de l'eau, ce dernier ne se fit pas prier. Il se redressa instinctivement sur ses jambes, qui, soit-dit en passant, étaient toujours aussi tremblantes et faibles, et manqua de vaciller. Un rideau noir camoufla sa vue, sa tête tourna et le jeune architecte dû prendre appui sur le lit en face de lui pour ne pas se retrouver à plat ventre sur le sol. Lorsqu'enfin ses esprits lui revinrent, après quelques secondes seulement, il tourna les talons et partit en direction d'un lavabo lorsque la main d'Andrea agrippa le bas de la chemise de Julian, l'empêchant de poursuivre sa course. Se stoppant net, il se retourna et posa ses yeux dans ceux de son ami. Le regard tout aussi vitreux que le sien, Julian resta stoïque, interdit. Et puis, la voix d'Andrea perça le silence, une nouvelle fois. Ils avançaient tous les deux à tâtons. Ils ne savaient pas, l'un comme l'autre, sur quel pied danser, comment se comporter. Andrea venait de se réveiller d'un coma qui aurait pu lui être mortel et pourtant, il était là. Quant à Julian, il avait l'impression de sortir de sa léthargie après plus de 4 mois à avoir espéré son retour. Confinés dans cette chambre, ils étaient tous les deux à la recherche de réponses. Réponses à leurs interrogations, leurs doutes, leurs questions. Et celle que posa Andrea laissa un instant Julian perplexe. Que faire, masquer la réalité en rendant les choses platoniques et simples ou simplement avouer le fait qu'Andrea avait réveillé en lui des sentiments qui étaient particulièrement étranges, et surprenants. Déglutissant, il se rapprocha d'Andrea et s'assit sur le lit, près de lui. Il déposa sur lui un regard qui se voulait le plus réconfortant possible et le plus chaleureux qu'il soit. Il n'y avait pas grand-chose d'autre à faire désormais que de maquiller la vérité, juste un peu. Même si le ton qu'avait employé Andrea était dur et plutôt distant, Julian ne se laissa pas défaillir pour autant. Il ne s'attendait pas à ce que son ami lui soit éternellement reconnaissant lorsqu'il se réveillerait. Il ne s'attendait pas non plus à ce que le fait de le revoir le mette dans tous ses états. Alors, d'une voix toujours aussi tremblante et hésitante, il répondit sur un ton plutôt doux et presque inaudible. « C'est moi qui t'ai trouvé, inconscient. Et c'est moi qui t'ai amené ici… Comme j'aurais été incapable de donner plus de détails sur toi, Andrea, je me suis fait passer pour ton frère afin que tu puisses être opéré ici… » Il lui adressa un léger sourire sans détacher son regard du sien. Ses mains étaient croisées devant lui et son cœur tambourinait à tout rompre contre sa poitrine. « Je suis venu te voir aussi souvent que je l'ai pu. »
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Sujet: Re: the final fight « andréa & julian » Jeu 9 Fév - 2:02
Cent vingt-six jours. Le son de sa voix résonnait inlassablement dans mes oreilles pour me rappeler cet interminable sommeil. Quelques trois mille heures que je n’avais jamais vécues. Hier encore, Septembre subsistait à mes journées et voilà qu’à mon retour de ce voyage au centre de l’amertume, l’hiver a conquis les rues de Paris. Alors que mes paupières avaient cessé de battre pendant cent quatre-vingt-un mille quatre cent quarante-et-une minutes, le monde continuait sa course contre la montre. Et cent vingt-six fois, la Terre avait eu l’occasion de sourire à la Lune face au soleil meurtri. Vous n’imaginez pas tout ce qu’il peut se passer lorsque vous avez le dos tourné. Mon corps s’incrustait peu à peu dans le matelas, jusqu’à ne devenir qu’un amas de mousse, pendant que vous, vous respiriez l’existence. Je sortais d’une torpeur démesurée, et ce que je regrettais, c’est ce que j’avais raté. Les fêtes familiales que j’aurais vécu, dans tous les cas, seul. Tolstoï l’écrivait, les familles heureuses se ressemblent toutes et les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon. Chez certains, les enfants s’étaient réunis au pied du sapin, admirant la crèche de Noël, pendant que d’autres avaient allumé les chandeliers d’Hanoucca. Moi, à cet instant-là, je n’étais qu’un assemblage maladroit d’une carcasse sans esprit. « Putain. ». C’est la seule chose que j’ai réussi à articuler, encore sous le choc de la nouvelle. Mon vingt-et-unième anniversaire n’avait jamais eu lieu, la nouvelle année avait disparu dans une faille spatiotemporelle et l’apocalypse n’était encore qu’une lointaine idée. Je suis so 2011 et rien n’a existé. Mon cœur se soulève, je viens d’atterrir d’une violente chute d’un Boeing 747 en proie à s’écraser à 41,200 pieds d’altitude. Je suis Marty McFly, de retour dans le futur. Il y a ce bruit strident qui m’arrache le tympan à intervalles réguliers. C’est le bip répétitif de l’oscilloscope qui me répète que mes constantes sont stables. Alors que Julian s’est assis sur le rebord du lit, il m’explique la raison de sa présence ici à demi-mots, mais je ne l’écoute plus, absorbé par des pensées vides de réflexion. J’évite à tout prix de croiser son regard, parce que je le sens soulagé. Il a cette attitude mielleuse et réconfortante qui m’effraie, du fait que je n’ai rien à lui donner en retour. Je suis totalement désarmé face à lui, pris de court. Il m’a tenu compagnie durant ma détresse évanouie mais moi je suis impuissant maintenant. Je ne sais pas ce que je dois lui répondre, je ne sais pas à quoi il s’attend. J’opte pour un simple remercîment. « Merci. Mais.. ». J’ai gardé la bouche entrouverte, comme si j’allais continuer ma tirade. Je suis plein d’hésitation, ma voix est brisée, peut-être parce qu’elle est déjà fatiguée de parler, ou peut-être parce que j’ai trop fumé dans ma jeunesse. « Je n’ai rien à t’offrir en échange. Qu’est-ce que tu veux ? ». Après l’avoir prononcé, cette phrase me semblait brutalement grossière. J’aurais aimé la retirer et me contenter du merci. J’espérai que ma voix eut été trop faible pour qu’il l’entende parce que tout me paraissait trop plaisant pour être réel. J’ai toujours eu peur des gens, et de leur bonheur. Peur de ne pas en être à la hauteur. J’ai les yeux gonflés, à cause de tous ces évènements qui m’écrasent subitement, au bord des larmes mais bien trop arrogant pour les laisser ruisseler. Je me retrouve vide au bord du Grand Canyon, une poussée et je m’effondre dans un cratère de poussière. Tout ça me donne le vertige. Je veux sortir. Quitter cet environnement stérile, propice aux idées noires. Je veux sentir la brise glaciale de février sur mes joues, courir au bout de la rue pour me dégourdir les jambes endolories, mais j’en suis incapable. Petite statue de glace que je suis, qui à la moindre chaleur se désintègre. Je m’énerve sur place, mon palpitant s’accélère une seconde pour alimenter mes muscles suffisamment pour me révolter. Le plus brutal des mouvements que mon corps m’autorise, c’est d’envoyer valser la couverture qui m’étouffe au pied du lit et dans un même temps, je m’adresse à Julian, et au monde. « Merde ! Je veux sortir d’ici ! Tout de suite ! » Faiblard que je suis, le moindre courant d’air produit par le mouvement du drap frissonne sur ma peau et je suis toujours immobile. Mes pieds gigotent enfin libres, mais ils ne se soulèvent pas. Dans un excès de colère face à cette incapacité de me lever, j’arrache brutalement la perfusion branchée dans la veine de mon avant-bras. Je plante une dernière fois mes yeux dans ceux de Julian, m’agitant dans tous les sens, et essoufflé je lui crie dessus. « FAIS MOI SORTIR DE LA. J’ai repris mon calme dans une inspiration salvatrice et mon visage se transforme en moue épuisée. S’il te plait. ». En réalité, je ne suis qu’un gamin capricieux qui s’est perdu dans un supermarché. Je refuse d’accepter la main tendue des passants, et dès qu’ils se retournent, je m’agrippe à leur pantalon en leur pleurant de revenir. Pathétique.
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Sujet: Re: the final fight « andréa & julian » Lun 13 Fév - 14:11
On ne lui a jamais remis un manuel qui lui expliquerait comment accueillir convenablement quelqu'un qui viendrait de se réveiller d'un coma de plus de quatre mois. Cent-soixante-jours, c'était le temps qu'il fallait pour se remettre d'une rupture, parfois le temps qu'il fallait attendre pour obtenir les résultats à certains examens. Quatre mois, c'était long, c'était court aussi. Les jours s'effaçaient, dans une danse indémontable. Julian a vécu ces dernières semaines comme un cadavre errant entre deux mondes. Il y avait la vie, il y avait la mort ! Julian n'avait pas su y trouver sa place. Il s'est contenté de vivre son quotidien comme un cheval de course. Il avait porté des œillères parce qu'au fond, c'est ce qu'il y avait de plus simple à faire. Pourtant, lorsque Cassandre avait emmené Andrea aux urgences, lorsqu'il s'était retrouvé seul face à ce long couloir d'une clarté effrayante, Julian avait pleuré. Quelque part, lui aussi s'était éteint ce soir-là. Il n'attendait rien d'Andrea, sinon qu'il se réveille. Jour après jour, il était venu à son chevet, et jour après jour, il s'était inquiété pour lui. Dans le chaos dans lequel sa vie se mettait doucement à chavirer, il n'y avait que cet inconnu qui restait stable, stoïque. Andrea était devenu cette constance à laquelle il se raccrochait désespérément parce qu'il savait que, quoi qu'il fasse, il resterait là, allongé dans ce lit, les yeux clos. Horrible constat et pourtant, maintenant qu'ils sont là, la réalité saute aux yeux de Julian et elle le blesse. Assis sur le lit, aux côtés de ce jeune homme qu'il a sauvé, il se rend compte qu'en l'emportant ici, il a oublié de demander à Cassandre la juste réaction à avoir lorsqu'il se réveillerait. Il est trop tard cependant pour reculer. Le choc est violent, et Julian ne s'en remet toujours pas. Plus fort qu'un saut en parachute, il sent son cœur se serrer à chaque fois que la voix d'Andrea raisonne dans la pièce terriblement silencieuse. L'atmosphère est lourde, palpable et considérablement angoissante. Julian tremble, mais il sait se camoufler. Maître de ses émotions, encore, il garde un visage neutre, une expression sereine et stoïque. Il ne veut pas effrayer Andrea, pas plus qu'il ne l'est déjà. Il a pourtant tant de choses à lui dire, à lui raconter. Mais pouvait-il seulement s'attendre à se découvrir un nouveau meilleur ami en pareilles circonstances ? Alors il se tait, il se contente de répondre aux questions que lui pose Andrea et tâche de se montrer le plus calme possible. Cette force dont il fait preuve suffira peut-être à calmer le jeune homme qui, très certainement, doit être bien plus perdu que Julian ne l'est. Et puis, les interrogations reprennent et Andrea se montre de plus en plus froid, presque distant. Ce qui, en soit, n'est pas franchement étonnant. Ils ne se connaissent que très peu, n'ont couché ensemble que deux ou trois fois et même si Andrea devait s'attendre un jour à faire face à ce genre d'embrouilles, il ne s'attendait certainement pas à retrouver Julian qui veillerait sur lui. Aussi étrange pourtant que cette situation puisse paraître, elle est pour Julian salvatrice. Incroyablement salvatrice. Il est plus de deux heures du matin et si, en s'endormant la veille, il n'arrivait pas à faire de l'ordre dans ses pensées, il est à présent sûr d'une seule chose, il doit s'occuper d'Andrea car, même s'il ne semble pas encore en être conscient, il a besoin de Julian, et réciproquement. « Merci. Mais.. » court silence imposé « Je n’ai rien à t’offrir en échange. Qu’est-ce que tu veux ? » Un autre silence, le temps de choisir les mots, de réfléchir à une réponse valable et raisonnable. Qu'attend-on vraiment d'un mec que l'on veille pendant quatre mois ? Julian l'ignore, tout ce qu'il sait, c'est qu'il avait l'impression de devoir le faire, de devoir rester là et de veiller sur Andrea. Finalement, lui-même ne savait pas vraiment en commençant ses tours de garde ce qu'il attendait vraiment de toute cette situation mais à présent que les yeux d'Andrea reflètent à nouveau son image, il sent son cœur se serrer dans sa poitrine et ses yeux refuser des larmes qui pourtant ne demandent qu'à exprimer la joie qu'ils ont de retrouver un brin de réconfort dans une vie aussi merdique. Il penche sa tête sur le côté et sourit, un sourire esquissé, un faible sourire. « Je ne veux rien Andrea… Je voulais simplement rester là, ne pas te laisser tout seul. Et m'assurer que tout allait bien. » Une réponse à mi-voix, comme murmurée, des mots qui se perdent déjà et d'autres qui prennent leur place. « J'avais peur qu'il ne t'arrive quelque chose et puis, je n'ai pas réussi à joindre tes parents… » Un crève-cœur, il a pourtant envie de lui balancer que s'il restait là, c'était parce que, involontairement, son cœur s'était épris de l'histoire tragique d'un gamin qui lui renvoyait sa propre image. Mais il en est incapable. Le cœur au bord des yeux, il étouffe ses propres désirs pour ne faire attention plus qu'à ceux que peut exprimer Andrea. L'atmosphère s'alourdit encore, un silence, des regards croisés et énormément de non-dits. Incapable d'être réaliste, Julian retient un soupir et puis, lorsque brusquement Andrea semble prit de convulsion, il se redresse sur ses jambes et tente de le calmer, en vain. Quelques instants, il a peur de voir son interlocuteur perdre à nouveau conscience. « Merde ! Je veux sortir d’ici ! Tout de suite ! FAIS MOI SORTIR DE LA. S’il te plait. » Le ton est agressif. Julian sent son cœur se serrer à nouveau à la détresse qu'il perçoit dans le timbre d'Andrea. Tambourinant à tout rompre contre ses tempes, il peine à réfléchir et avant même qu'il n'ait eu le temps de se calmer, il sent ses jambes fléchir et ses membres tremblés. Paniqué, il garde un calme olympien et se retourne, à la recherche d'une chaise dans laquelle il pourrait installer Andrea. Le calmer ne rime plus à rien, l'envie qu'il vient d'exprimer est indémontable, indomptable. Julian cède, il sait que quoi qu'il dise, Andrea s'insurgera. Le cœur au bord des lèvres, il étouffe un haut-le-cœur et rapproche du lit de son interlocuteur une chaise roulante qu'il désigne d'un signe de tête. « Vas-y doucement avec la perf' Andrea ! » Un ton un peu sec, une reproche mais pourtant, le visage de Julian est attendri et luit dans ses yeux une douceur qu'il ne se connait pas lui-même. Il regarde Andrea comme il regarderait un enfant, en plein caprice, cherchant les mots pour le rassurer. « Installe toi là-dedans, je t'emmène sur le toit… » Un clin d'œil, un sourire esquissé et une main qu'il lui tend. Au fond, Julian sait qu'il est à présent incapable de lui dire non mais tient à lui faire croire qu'il pourrait avoir la force de mettre un point final à toute cette situation si Andrea dépassait les limites qu'il s'était imposé en l'amenant ici…
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Sujet: Re: the final fight « andréa & julian » Ven 17 Fév - 0:48
Non bien sûr, mes parents n’avaient pas répondu à l’appel. Ma génitrice était sans doute, à l’heure actuelle, promise à un avenir fulgurant. Elle a toujours eu cette soif de connaissance, et cette facilité à l’apprentissage. Non, la seule chose qui l’avait freiné, c’était ma naissance indésirable. Alors, quand elle avait finalement décidé de reprendre son avenir en main, elle n’a pas hésité à me laisser derrière. Loin derrière. Emboitant le pas de ce père fantôme, j’étais livré seul dans un monde sans notice. Seul, ou sous l’œil asthénique de mes grands-parents, cela revenait au même. A mes dix-huit ans, j’ai choisi l’émancipation, vivre à la rue plutôt que de continuer de leur infliger mon fardeau. Ils n’ont pas eu de nouvelles depuis, alors bien sûr que non : ils n’ont cherché à comprendre. Malgré la réalité des choses, ses paroles me rassuraient. Savoir qu’ils seraient venus à mon chevet, à mon secours, face à ma détresse m’aurait accablé plus que tout. Julian semble maitre de la situation, alors que moi, je m’affole, terrorisé par mon propre désarroi. Il a dans sa voix, cette douceur paternelle que j’aurais tué rien que pour l’entendre prononcée par ces absents au rendez-vous. Il a apporté la chaise roulante entreposée dans un coin de la chambre jusqu’à mon lit et m’a tendu une main salvatrice. Promettant une visite sur le toit, je ne pouvais qu’accepter la perche. J’ai saisi sa main, alors que mon bras entier tendait encore à trembler, et dans un élan d’impulsion, j’ai glissé mon corps engourdi dans le fauteuil.
Nous sommes sortis de la chambre en silence, Julian poussait avec précaution mon apathie. Le couloir était vide, l’ambiance pesante des asiles régnait. Moi, muet, incapable de définir si la lumière était définitivement aveuglante ou si ça n’était qu’une vague de néons fades. Mon acolyte a appuyé sur le bouton de l’ascenseur qui s’est mis à rayonner d’un faisceau rougeâtre. Les portes se sont ouvertes, et dans cette cage métallique, j’ai pu sentir la pression de l’apesanteur s’écraser contre mon cœur. J’ai fermé les yeux quelques secondes pour apprécier cette désagréable sensation, et puis nous étions arrivés. Le toit. Au loin, je pouvais apercevoir dans l’obscurité matinale, les premières lueurs artificielles s’allumer aux creux des fenêtres d’immeuble. Pour certains, elles annonçaient le début de la journée, pour d’autres le brusque réveil d’une mauvaise nuit. La brise froide saisissait chaque parcelle de mon épiderme pour la faire frissonner. La température ne devait s’élever qu’à quelques degrés Celsius, mais ma chair redemandait de cette perception. Quatre putains de mois que je n’avais pas ressenti le vent sur ma peau. Quatre putains de mois que j’étais devenu apraxique. Et là, la liberté. J’étais l’un de ses enfants malades auxquels on offre un voyage à Disneyland en espérant que cela soulage nos consciences. Mais putain, réveillé. En inspirant cette bouffée d’oxygène pur, je relevais les yeux vers mon interlocuteur. « Excuse-moi. ». De mon attitude, de ce que je t’inflige, toi qui n’a rien demandé. Inconscient, je me suis imposé à lui, comme j’ai contraint mes parentés à me considérer dix-huit années. Ma voix était posée, beaucoup plus réfléchie que précédemment. J’étais apaisé. J’ai continué mon ascension jusqu’à ce que mon regard se pose sur le nuage qui se déplaçait au-dessus de nos têtes. Il avait une forme quelconque et cachait les quelques étoiles qui avaient pointé dans le ciel. Sur un ton plus taquin, je m’essayais au sarcasme. « Je suppose que… Pour une cigarette, c’est non ? » La plaisanterie avait beau se ressentir, j’étais le plus sérieux du monde. Sentir la fumée nocive envahir mes poumons trop pleins de cet air aseptisé m’aurait procuré le plus grand bien. Comme une délivrance après cette attente de nicotine de cent soixante jours. Petit à petit, je tentais de petits mouvements de jambes, afin de recouvrer lentement ma capacité motrice. Moi qui, enfant, avait tendance à ce trop-plein d’énergie, j’étais réduit à néant le temps d’un sommeil. Décontractant mon visage jusqu’à sourire, je me jetais dans le vide dans une course mentale, mais mon corps stagnait, immobile à sa place. Mes yeux brulaient, à cause du souffle sur ciel, mais pour rien au monde je n’aurais refusé la vue qui s’offrait à moi. Si Julian avait cette faculté de me conforter par sa présence, c’était à mon tour d’être avenant. Pour reprendre les mots qu’il avait prononcé plus tôt dans la chambre, j’essayais d’être le plus convainquant possible. « Tout va bien. Maintenant. ». J’étais l’un de ces enfants à qui le fameux voyage à Disneyland avait illuminé la journée. Serein.
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Sujet: Re: the final fight « andréa & julian » Jeu 23 Fév - 8:38
En silence, tout se passait en silence. De la chambre au toit, il y avait en tout et pour tout dix bons kilomètres. Pas un bruit, c'était pesant. Julian aurait pu se montrer plus loquace, pourtant, il ne trouve pas les mots pour expliquer ce qui traverse son esprit. Embrumé, les yeux fixés dans le vide, il conduit une chaise roulante avec, assis en son for, un jeune garçon dont il ignore encore tout et dont il a tout à apprendre. Pour se réveiller d'un coma long de quatre mois, il faut faire preuve de courage et de force, de détermination surtout, pourtant, Andrea semble pour l'instant faire preuve d'une telle égocentricité que ç'à pourrait en être affligeant si l'on ignorait ce que pouvait traverser le jeune homme. En silence, tout se déroulait dans un silence pesant et étouffant. Lorsqu'il appuie sur le bouton pour appeler l'ascenseur, Julian serre les mains autour des poignées de la chaise, fixant le gris métallique des portes de la cage devant laquelle il s'arrête. Elles s'ouvrent et Julian s'y engouffre, poussant des forces lui restant le corps d'Andrea sans un mot. Trois étages, deux minutes, le temps qu'il leur faut pour atteindre le dernier étage. De là, Julian avance la chaise dans un long couloir vide, toujours aussi silencieux. Le regard vide, le teint livide, il se dirige vers une porte de service qui devrait leur permettre d'atteindre le toit. Une rampe exprès pour les personnes et le personnel handicapé donnera accès aux deux comparses à l'endroit de leur désir.
Le vent frappe son visage, la fraîcheur automnale griffe ses joues et, pas préparer à cette éventualité, Julian frissonne. Sa peau se tend tandis que ses muscles se crispent. En chemise, à moitié déboutonnée et en simple jean, il ferme les yeux en continuant de pousser Andrea jusqu'à l'extrémité du toit, là où la vue sera bien plus belle, bien plus impressionnante. Dans un silence de mort, il appuie sur le loquet de sécurité de la chaise et interdit ainsi à Andrea le moindre espoir de fuite, bien qu'à bout de force et sûrement trop fatigué pour vouloir s'enfuir en chaise roulante. La vue est prenante, la matinée encore trop peu avancée pour que le soleil éclaire Paris de sa clarté. L'astre nocturne luit encore, haut dans le ciel, et la ville semble être figée entre deux étapes, figée entre deux instants. Le temps, lui-même, semble s'être arrêté. Cette douce impression de n'avoir pas dormi de la nuit et de ne pas ressentir l'effet de la fatigue sur son corps, cette douce sensation qui s'impose à vous lorsque vous êtes coincés entre une matinée à commencer et une soirée à terminer. Le regarde éteint, il regarde un instant Andrea et lui esquisse un sourire. Un simple "excuse-moi" accroché aux lèvres de ce bonhomme et le cœur de Julian se réchauffe étrangement. Et puis leur regard se sépare à nouveau et Julian fixe l'horizon, au loin, devant eux, Paris s'éveille doucement. Alors que certains, déjà, se réveillent pour préparer cette nouvelle journée, d'autres, plus téméraires, rentrent se coucher aux aurores. L'air est doux, l'air est bon. L'esprit complètement vide de toute pensée, Julian profite de cet instant. Un de ces rares moments où sa vie a un véritable sens. Un de ses seuls instants où il trouve une raison à ce qu'il fait, ce contre quoi il se bat. Après avoir tenté d'y mettre fin par trois fois, le jeune homme commence tout juste à réaliser qu'il est des batailles pour lesquelles il mérite que l'on s'abandonne entièrement. Andrea serait sa nouvelle lubie, sa nouvelle obsession. A présent, il était là, il était réveillé, pas encore debout, mais il le serait bientôt. Julian ne le lâcherait plus, pas maintenant. Au fond de lui, il ne comprend pas pourquoi il se sent si responsable de ce garçon qu'il connaît à peine, mais il ressent le besoin de l'aider. Au fond, il tend la main là où personne ne lui avait jamais tendu la main. Se réveiller après quatre longs mois d'absence devait être lourd à porter, et Julian ne laisserait pas Andrea supporter ce poids à lui tout seul.
Dans sa poche, il prend son paquet de Camel et en tire et la coince entre les lèvres. Alors qu'il s'apprête à allumer sa cigarette, le visage d'Andrea se tord vers lui dans une supplique indémontable. Une voix brisée par la fatigue et une requête masquée par une simple affirmation qui pousse Julian un peu plus dans ses retranchements. Lui refuser une clope alors qu'il vient de vivre le plus horrible des cauchemars ? C'est impensable et pourtant, une infime partie de lui le pousse à refuser. Déglutissant, il avale difficilement sa salive et puis allume sa cigarette en silence, inspirant une première fois la fumée, la laissant brûler son œsophage et ses poumons, avant de la tendre à Andrea, en souriant doucement. « Pas plus qu'une tafe ou deux, et il est hors de question d'en parler à qui que ce soit. » Un ton suave, presque trop gentil, un sourire et un clin d'œil, une complicité naissante qui pourtant lui paraît encore trop étrangère et une façon de vouloir le protéger qui ne lui ressemble pas, il laisse Andrea attraper sa cigarette et l'observe un instant, avant de replonger son regard dans le vide, face à lui. Et puis, la voix du jeune garçon vient à nouveau troubler cette quiétude, un murmure, des mots qui s'effacent dans le silence alors qu'ils viennent tout juste d'être prononcés et un énorme soulagement, un réconfort infini qui redorent leur cœur de l'antiquaire, laissant apparaître sur ses épaules un sourire fin et mince. Les mains dans les poches, il tourne ses yeux vers Andrea et acquiesce. « Tout ira bien, maintenant. » Une promesse lâché à mi-mot, un sous-entendu à peine détectable et un nouveau clin d'œil. Et là, en cette fraîche matinée d'automne, perdu sur le toit d'un hôpital de la capitale, deux âmes en peine qui, brusquement, trouvent un peu de réconfort dans une seule et même étreinte, doucement bercée par les premières lueurs du soleil.