Le club était plein. Le champagne coulait à flot et les verres étincelaient à travers toute la pièce. Paul avait reçu l'invitation pour cette soirée quelques heures plus tôt et avait enfilé une veste par dessus son costume pour s'y rendre. La journée avait été longue, celle de demain le serait aussi. Il avait besoin de se détendre, de penser à autre chose. De s'ouvrir un peu. Adossé au bar, il regardait. Une brune essayait tant bien que mal de séduire Vincent, le responsable commercial le plus vendeur qui soit. Une jolie blonde avait l'air de se disputer avec un grand black, imposant et effrayant. Certaines filles avaient beaucoup trop bu, ça se voyait dans leur démarche, dans leur façon d'être. Certains mecs étaient tellement à la recherche de la fille à ramener ce soir qu'ils essayaient tout et n'importe quoi pour avoir tout le monde mais surtout n'importe qui. Ses pensées furent interrompues par une jolie voix qui s'était rapprochée sans que Paul ne s'en rende compte. « Les gens sont passionnants, n'est ce pas ? » Paul tourna la tête et tomba nez à nez avec une grande blonde, incroyablement belle. Elle était face au bar, sirotant un cosmo. Quasiment sobre, Paul ne l'avait jamais vu auparavant et même pas plus tôt dans la soirée. Il avala sa salive, comme pour ravaler sa langue et essaya de garder son calme. « Oui. Et c'est dans un club qu'on s'en rend le plus compte. » Elle hocha la tête, sans rien ajouter. Son regard croisa celui de Paul. La gente féminine était extraordinaire, pour sur.  « Je suis Paul. » Il tendit la main vers la jeune femme, maladroit mais mignon.  « Vous êtes ? » La belle blonde attrapa la main de Paul et la posa derrière son cou. Elle s'approcha ensuite pour l'embrasser avec passion. Sans comprendre mais sans se poser plus de questions, Paul se retrouva très vite chez elle, entre de bonnes mains.

La sonnette avait déjà retentit deux fois. Paul, sortant en justesse de la douche, avait fait au plus vite, mais apparemment ce n'était pas suffisant. « Oui, ça va, j'arrive. » Personne ne connaissait l'adresse de chez Paul. C'était un peu un secret d'état finalement. Sa mère tenait cet appartement en cachette, le faisant passer pour un entrepôt aux yeux de son mari. Elle y cachait en fait son fils, viré de chez lui à ses vingt ans. Elle avait les clés, ce ne pouvait donc pas être elle. Un peu inquiet, Paul regarda pas la visière avant d'ouvrir. Il reconnu quelqu'un. Quelqu'un qu'il n'avait pas forcément envie de voir. Il ouvrit la porte et, agacé, il se permit de parler en premier.  « Leïla. Qu'est ce que tu fais ... » Baissant la tête pour suivre la main droite de la jeune blonde qui se trouvait en face de lui, Paul s'arrêta net. Un petit garçon, très beau, se tenait juste devant Leïla.  « .. là ? » Paul n'avait aucune idée de ce que signifiait tout cela. Tout ce qu'il savait c'est que Leïla avait été un coup d'un soir qui avait duré plusieurs semaines, mais rien de plus. Elle était retournée à Nice depuis. Il n'avait jamais eu de nouvelles. Jusqu'à maintenant. Le jeune garçon courra à l'intérieur, pour se poser sur le canapé. « David ! Non, attends. » Leïla entra donc aussi. Mais allez-y, c'est la fête. Open-house même. Vraiment agacé, Paul demanda des explications. « Wow, wow. Tu peux m'expliquer là ! » Elle se tourna vers Paul, David dans les bras. « Ecoute, je suis désolée de débarquer comme ça. Mais je trouve qu'il mérite de savoir. Enfin. Je ... David. Je ... David est ton fils, Paul. » Sur le coup, un éclat de rire sortit de la bouche du jeune brun. Et puis, il regarda de plus près le petit David et en effet, des traits de ressemblance commencèrent à se dessiner. Comme si c'était une évidence. Paul s'étouffa et s'adossa contre son bar. Lui ? Père ? Non, ce n'était pas possible. Jamais il ... Non. « Non. Mais c'est impossible. » « Ecoute Paul, je ne vais pas te faire un dessin hein. Cet été là, les choses ont du mal tourner. Quand je suis rentrée à Nice, j'étais enceinte. » Paul fit une pause et demanda, essayant de garder son calme. « Et tu ne t'es pas demandé une seule seconde s'il fallait m'en parler ? » Leïla baissa la tête. « C'était déjà trop tard pour que le .. bref, c'était trop tard. » Elle jeta un coup d'oeil à son fils, qui s'endormait sur la canapé. « Je ne reste pas longtemps, je te le promets. Je sais que tu as des projets. Mais ... donne lui une chance ? » Une chance ? Une chance de quoi ? de tout gâcher ? De tout foutre en l'air ? Comment pouvait-elle débarquer comme ça. Non mais. Paul n'arrivait pas à y croire. Il se tourna vers le bar et se servit un whisky sec. La nuit allait être très longue.