« La haine et la colère sont le plus grand poison du bonheur d’un bon esprit », c’était sur une citation du célèbre économiste et philosophe que mon professeur mettait fin à son cours. Je reprenais le chemin de l’appartement qui ne se trouvait qu’à quelques rues de l’université tout en repensant à cette phrase. Je ne me rappelle plus la dernière fois où je me suis sentie sereine, libre d’aller ou je le souhaitais sans penser aux conséquences. Certes, venir à Paris m’a fait le plus grand bien, je ne me plains pas de m’occuper de ma sœur, je l’aime et je suis prête à tout pour elle, mais j’ai tellement de haine en moi que je n’arrive même plus à apprécier les petites choses de la vie. J’essaie d’avancer, j’essaie vraiment, mais savoir qu’un fou est en liberté, qu’il pourrait nous retrouver à n’importe quel moment et s’en prendre à moi ou ma sœur, fait que je vis dans une insécurité permanente. Je ne vois que ma mère à blâmer, c’est elle qui a ramené cet homme dans notre famille, et je lui en veux terriblement, et pourtant je n’aurais plus jamais l’occasion de le lui dire...

« Cloé attends ! » dit une voix féminine, je me retournai pour voir qui s’adressait à moi, c’était une fille de mon groupe d’étude qui une fois arrivée à ma hauteur, repris son souffle et m’adressa un grand sourire : « on se retrouve avec d’autres filles ce soir, pour boire un verre et on ira peut être danser dans cette nouvelle boite qui a ouvert en ville, ça te dit de venir avec nous ? » J’aurais beaucoup apprécié partagé une soirée avec elles, faire de nouvelles rencontres, tisser des liens, mais malheureusement je déclinai poliment l’invitation car je travaille ce soir. « Une prochaine fois peut-être ! » Sur ces mots, elle retourna sur ses pas, et je repris ma route. J’avais deux petites heures devant moi avant de me rendre au boulot. Je suis barmaid/serveuse au Harry’s New York Bar, cela va faire près de deux ans maintenant. Au début ce n’était que provisoire, le temps de m’installer rapidement et trouver un emploi un peu plus conforme. Finalement, je m’y plais bien. Le personnel là bas est génial, et ça me permet de voir du monde, de communiquer un minimum et puis les clients sont assez généreux dans leurs pourboires, certains me taquinent et disent que c’est mon physique qui fait tout, j’aimerais le croire, mais j’ai perdu toute estime de moi.

20 :50, je viens d’arriver au travail, il y a déjà pas mal de monde. Je prend mon service à 21h précise, le patron insiste pour qu’on soit à l’heure et je ne voudrais surtout pas le contrarier, j’enfile rapidement ma tenue, relève mes cheveux et entre dans le bar où ma place est derrière le bar. Les clients habituels me saluent et j’en fais autant. Je ressers deux verres aux jeunes hommes assis juste en face tout en passant un coup par ca par là. Sarah, une serveuse m’a demander si je pouvais l’aider car nous étions en effectif réduit ce soir, deux autres serveuses étaient malades, je pense plutôt qu’elles avaient envie de faire la fête étant donné qu’on est un vendredi soir et que les deux filles en questions étaient des étudiantes. Les fêtes sur le campus, ce n’est pas ce qui manque ! J’acceptai avec plaisir, je pris mon plateau et débarrassai une table, j’eu à peine fini qu’un jeune homme vint s’installer à la table. Son visage me semblait familier et pourtant, j’étais certaine de ne l’avoir jamais rencontré. Enfin, j’avais déjà remarqué qu’il fréquentait cet endroit, mais il n’était jamais venu au bar et nous n’avions établis aucun contact. Je retournai vider mon plateau et là ça m’est revenu, il est écrivain, il a écrit un livre sur sa propre histoire. Je me souviens l’avoir lu car ça avait fait un gros carton à sa sortie. J’avais déjà vu ou lu des interviews sur lui, et il m’a paru être le genre de gars qui se prend de haut, parce monsieur à écrit un livre... Pathétique ! Un passé pareil, j’aurais honte d’en parler, enfin disons plutôt que je n’aurais jamais le courage de l’assumer et d’en parler aussi ouvertement. Dylan semblait tenir le bar et Sarah était occupée avec d’autres tables, il m’incombait donc de prendre la commande de ce cher auteur. Dissimuler mon ressenti n’était pas une chose facile pour moi, sans un sourire ni même un regard je me posai face à lui, pris mon petit bloc en main et mon bic de l’autre :

« - Que puis-je vous servir ? » dis-je d’un air complètement désintéressé. D’ordinaire, je n’agis pas comme ça avec les clients, quels qu’ils soient ! Même si le pauvre ne m’avais rien fais, il avait le don de m’agacer, il continuait à vivre comme si rien ne s’était passé, comme si ses blessures du passé s’était refermée sans laisser aucune trace alors quoi moi mes blessures étaient encore grande ouverte. De la jalousie ? Peut être !