Comme je n’ai jamais vraiment reçu d’affection familiale, amicale ou sentimentale, je me suis rendu compte que j’étais populaire le jour ou j’ai quitté marseille pour aller à Paris. Les seuls personnes à qui ça à fait plaisir, c’est à ma mère célibataire qui se voyait enfin débarrassée de son «grand garçon» délinquant sur les bords, parce-qu’elle me voyait encore habiter avec elle dans 20 ans. Scolarité chaotique, mon pseudo tagué sur tout le béton de la ville, je pensais quand même pas avoir laissé autant de traces. Sauf que tout mes amis m’ont tournés le dos le jour ou je leur ai annoncé que je montais à Paris parce-que j’avais l’opportunité d’auditionner pour quelque chose d’énorme. Je me suis consolé dans le train qui à fait Marseille Saint Charles - Paris Gare du Nord en réfléchissant sur l’hypocrisie. Depuis que je suis gamin je fait que de la merde, je suis prêt à tout et bon à presque rien. Y’a juste la danse qui me sauve de l’inutilité la plus totale. Quand on a un talent artistique, on arrive à peut près à se faire respecter quand on habite dans des tour HLM. On fait mine de se serrer les coudes entre compagnons de galère, on forme des bandes avec chacun sa spécialité: le mec qui rappe, celui qui break, celui qui tague, celui qui fait le DJ en soirée, celui qui ramène la thune en dealant ce qu’il fait pousser dans sa chambre et qui partage, et le branleur qui travaille, lui, et qui invite invite le reste de la bande au macdo les jours de paye...on parle de l’avenir, on se souhaite le succès qu’on mérite et tout le bonheur du monde. Sauf que quand ça arrive, quand on à l’occasion de passer de l’autre coté de la barrière, c’est notre tête qui est mise à prix parce-qu’on s’est vendus. C’est arrivé l’année dernière à un pote qui à trouvé une fille bien à qui il a fait un gamin, du coup il s’est marié et il est allé partir vivre dans une maison à la campagne. Si il revient à Marseille, il vas se faire descendre. Si je redescend à Marseille, je vais me faire descendre aussi. Un jour, on à enregistré un battle de danse hip hop en pleine rue avec un appareil photo numérique et on à mit la vidéo sur youtube. Un producteur de tournée est tombé dessus et m’a repéré comme ont dit, il m’a téléphoné et m’a demandé si j’étais intéressé pour monter sur Paris pour rejoindre son «effectif» de mecs qui savent vraiment danser pour ensuite me balancer sur les tournées de stars nationales ou internationales pendant des mois. J’ai accepté et signé mon arrêt de mort en même temps. Depuis je vis à Paris au jour le jour. 6 mois sur 12 je suis en tournée, logé dans un bus ou dans des palaces en fonction de pour qui je danse, le reste de l’année comme tourner en tant que danseur paye pas si bien que ça je bosse. J’ai un boulot à l’aéroport...je suis bagagiste, le mec qui flingue les valises en les envoyant dans la soute comme on balance des parpaing sur un chantier, c’est moi. J’ai un appart que m’a trouvé mon producteur, en plein Paris, et quand je suis pas en train de danser dans le premier arrondissement, je suis juste en train de trainer dans les rues la musique sur les oreilles, sans destination, guidé par l’envie de me perdre.