Elle s'appelle Pandora Elisabeth Wagner. Pandora, comme Pandore qui a ouvert la boîte que personne n'aurait du ouvrir. D'après elle, c'est sa mère pour le coup, qui aurait jamais du s'ouvrir, si vous voyez ce qu'elle veut dire. Elle n'aime pas son deuxième prénom - Elisabeth - parce qu'elle trouve que ça fait "Elisabeth darling, vient par ici." et que justement elle n'est pas darling et elle ne veut pas aller par là bas. Wagner, elle trouve que ça fait allemand. Mais de toute façon tout le monde l'appelle Panda. Elle n'a pas de cercles autour des yeux pourtant, rien de ce genre là, mais elle, c'est Panda. Elle aime bien, elle trouve ça original. Elle est née à Amsterdam, mais aujourd'hui elle habite à Paris. On lui demande souvent d'où elle tien son accent. Elle a commencé à faire chier des parents en naissant le 31 décembre au lieu du premier janvier. En soit, ça ne pose pas de problème. Sauf qu'elle est née pile à minuit. La radio-réveil qui était sur la table de nuit est passé à 00h00 et pouf, juste en même temps Panda est sortie. Du coup on savait pas quel jour elle était née, ni quelle année. Quand elle a eut 5 ans elle a décidé qu'on lui souhaiterait à minuit pile, pour que ça soit bien juste entre les deux. Obligé, dit-elle, c'est comme ça. Sur les photos de la maternité, elle ne sourit pas. Elle tire la gueule, c'est ce qu'elle fait le mieux. Parfois une infirmière la porte dans ses bras. Elle n'en revient pas qu'on l'ai laissé être sur les photos de famille. En plus elle était moche. Bébé elle pleurait tout le temps. Elle hurlait, s'époumonait, puis s'étouffait pour qu'on la remarque vraiment. Elle avait le spasme du sanglot, la première fois ses parents ont cru qu'elle mourait. Ses parents sont des adultes charmants. Ils sont très riches aussi, et elle en a toujours profité. Sa mère n'a pas voulu d'un deuxième enfant, son père non plus. Elle est persuadé que c'est juste pour la faire chier. Au cas où elle monterait l'enfant contre eux, sait-on jamais. Au fond elle dit que c'est mieux comme ça, parce qu'elle aurait fini par être jalouse.

J'ai fumé mon premier joint au collège, je devais avoir 14 ans. C'était juste pour faire comme les autres au début, parce que là où j'étais la fonscar attitude c'était plus qu'habituel. Avant, je sniffais des marqueurs et je fumais juste des clopes, et quand je sortais je me mettais souvent minable. En fait, je m'en souviens pas vraiment, parce que j'ai vomi ensuite et qu'on m'a conduite à l'infirmerie. Ils m'ont assommé de calmants là bas, à ce qui paraît je tremblait comme une folle. J'étais pas précoce, non. Pour vous, français, peut-être. Pour moi, néerlandaise, oh que non. Enfin ça, c'était chez les bourges. Parce que la drogue, il fallait la payer quand même. Vous me direz, ouais y en a qui cultivent des pieds. Moi je dis, d'accord, et si j'ai les moyens d'acheter, juste acheter ? Ben j'achète. Mais même si mes parents étaient riches, je me voyais - et me vois toujours - mal leur demander " eh maman, tu me file de la tune pour que j'aille me défoncer ? " . Je suis sure qu'ils auraient adorés, peut-être même qu'ils auraient sauté de joie, qu'ils m'auraient sauté au coup. Au début je leur en piquait dans les poches mais finalement j'ai trouvé plus simple. Et puis j'étais payé quoi. Je me suis mise à en vendre. Il y avait à cette époque là un gros trafiquant de drogue dans mon quartier, il m'a dit que si je dealais pour lui, il me filerait ce que je voulais. Je me souviens d'une chose aussi, c'était de certain client. Ou plutôt de ce qu'ils me disaient. “ Tu vends la mort, gamine. ” C'est qu'ils étaient cons. “ Oui, et toi t'es assez bête pour en acheter. Moi tu vois, j'appelle ça un suicide. ” Autant dire qu'ils ne repartaient pas heureux. Mais c'est comme ça, j'aime pas qu'on me fasse la morale quand on est pas exemplaire. Oh, de toute façon personne n'a le droit de me dire quoi faire. Et puis s'il on me le dit, je le fait pas, ça revient donc au même. Panda est née comme ça, Panda ne changera pas. Puis au bout d'un an, il s'est fait choppé et on l'a envoyé en taule. Le pire, c'est que c'est à cause de moi. C'était au printemps, maman faisait le grand ménage dans la maison et elle a fait ma chambre. Qui dit chambre dit armoire, surtout pour une fille. Je n'ai jamais été ordonnée et j'espère que je ne le serais jamais parce que bon dieu comme ça doit être chiant. Ça met du piment dans la vie quoi, de perdre tout. D'une ça fait chier mes parents - enfin surtout ma mère, de toute façon il est rare que je ne la fasse pas chier, alors bon - et puis ça fait chier les gens, aussi. T'as mon livre ? Non, je le trouve plus. Putain t'es chiante. Ah ah ah. Voilà, ça donne ça, et moi je m'en ris, je vous jure. Enfin bref, y avait ma mère, qui faisait son ménage de printemps et qui rangeait ma chambre et mes armoires. Bien entendu il avait fallut que je cache ma résine sous mes culottes, le numéro du trafiquant et son adresse avec. Elle a appelé la police. Chouette alors, plus rien à fumer. Plus d'employeur et plus d'argent. Puis elle s'est mise à partir dans ses grands délires de déception. Elle a commencé à parler de cure de désintoxication. Moi je lui ai ris au nez, parce que à Amsterdam, tu peux pas arrêter la drogue. J'aurais jamais du. C'était l'époque où mon père ne disait rien, ne protestait pas. Il ne donnait plus son avis. J'avais 15 ans, j'aimais ma ville, j'aimais mon école, mes amis et ma vie. Pourtant, on est parti en France.

La France, j'y étais déjà allée. Paris aussi. C'est là qu'on est venu, à Paris. Mes parents ont acheté un appartement énorme et cher et ma mère a bien stipulé que si elle y voyait la moindre substance illicite, je filais directement en école de redressement. Ils m'ont inscris dans un collège de riche, puisqu'après tout nous l'étions, et puis ils m'ont laissé vivre ma vie comme je voulais, si on ne compte pas les inspection de maman. Papa était censé en faire aussi, mais ça devait le souler parce que je l'ai jamais vu mettre un pied dans ma chambre. J'avais 15 ans, j'était jolie sans être sublime, intelligente sans être surdouée. A Amsterdam déjà, javais eu quelque petits amis, je plaisait, mais pas au point d'être réclamé par tous. Pas comme Poppy. Poppy c'est Apolline, ma meilleure amie, mais je l'ai rencontré plus tard. Par contre l'air Parisien a du me faire un sacré truc parce que ma cote a triplé. Les mecs me voulaient, point. Dans leur lit, à leur bras. je devrais être un sacré bon coup. Je disais oui à tout ceux qui étaient potables. Pute ? Non, je trouvais juste ça drôle. C'est bon de se sentir aimée. Je dis pas qu'ils m'ont absolument tous aimé comme des fous, certains voulaient juste me mettre dans leur lit, mais la plupart oui. Et moi, la plupart, non. Je sais pas, j'arrive pas. Je pense que maman a regretté d'être venue en France quand j'ai retapé ma première, puis ma terminale parce que j'ai pas eu mon bac. Les mecs, les soirées, les potes ; c'était plus important, ou du moins était-ce ce qui me semblait. Je sortais souvent parce que j'étais populaire et que toute les filles populaire sortent souvent. Et puis comme j'étais fortunée, les soirées de gens fortunés, ça me connaissait aussi. Et comme là où j'étais il y avait beaucoup de gens fortuné, ben je sortais souvent. Un des avantages de la richesse, c'est la reconnaissance sociale. Et comme j'aime être reconnue socialement, j'ai toujours aimé être riche. Au fond je ne suis qu'une sale profiteuse. Enfin, c'est à cette époque là que j'ai rencontré Poppy, un peu avant, un peu après, aucune importance. Poppy je l'aime. Pas en amour, je suis pas lesbienne, mais en amitié. Comme une sœur. On fait tout ensemble, tout. Poppy & Panda, Timon & Pumba, Winnie & Porcinet. C'est ma meilleure rencontre parisienne. Je lui apporte le côté trash qu'elle n'a pas, disons. J'ai finalement eu mon bac, avec mention. Si j'avais pu, je me serrais accordé une année tranquille, sans rien faire. Mon adorable mère n'a surtout pas voulu - oh, grands dieux ! - que je m'ennuie seule dans l'appartement. " Tu veux faire quoi plus tard chérie ? " j'ai dis " J'sais pas. " Elle m'a regardé d'un sale œil. " Il va bien falloir choisir pourtant. " Je lui ai souris. " Certes. " et je suis allée dans ma chambre. Je voulais être riche, et célèbre tant qu'à faire. Quand le soir on est passé à table, j'ai dis que je voulais être mannequin. Maman s'est étouffée avec son eau taillefine - une eau c'est sans calories, mais elle en buvait quand même de l'allégée, parce que c'est comme ça chérie, comme elle dit - et m'a regardé avec des yeux immenses. Pour elle mannequin, c'est se trimballer presque nue sur un podium. On a jamais eut la même conception des choses de toute façon. C'est mon père qui a tranché. " Soit. " et elle l'a regardé aussi avec des grands yeux. " Chéri ! " il l'a ignoré. " C'est la première fois que tu veux faire quelque chose de ta vie, fille, je vais pas t'en empêcher. Mannequin en quoi ? " La première phrase s'adressait à moi et à ma mère, j'avais bien compris et elle aussi, parce qu'elle s'est mise à triffouiller dans sa salade en marmonnant mannequin, mannequin. " Autant commencer par des études en mannequinat, je verrais après. " Il m'a sourit. " Qu'il en soit ainsi. " Bah, vous voulez quoi. C'est un marrant mon père.

Bref, moi c'est Panda, 21 ans, étudiante en mannequinat.