On m'a demandé d'être belle & de me taire, belle oui, me taire c'est pas encore gagné.

Depuis mon enfance, j’avais « ce je ne sais quoi ». Oui, c’est comme ça que les gens l’appellent, comme ça qu’ils le définissent. On ne sait pas ce que c’est mais, on sait qu’on aimerait le savoir. Ce n’est pas très cohérent n’est-ce pas ? De nos jours, les gens préfèrent regarde mon « je ne sais quoi » plutôt que de m’écouter. Ce n’est pas banal que d’entendre une fille se plaindre de ses cheveux dorés, de ses yeux en amandes, de sa taille fine, de sa voix un peu rauque, de son sourire blanc… Vous pensiez ne jamais rencontrer ce complexe ? Je suis ce complexe : Je souffre d’être belle à l’extérieur.

Vous allez me dire : « Ba alors ? Pourquoi est-ce que tu te fais belle ? Coupe-toi les cheveux & arrête de nous faire chier ! Il y en a qui voudraient être aussi maigre que toi ! Qui voudraient attirer autant de garçons que toi Appoline ! ». Oui, à l’époque on m’appelait encore Appoline, l’idée du siècle de mes parents. D’ailleurs, mon enfance était tout à fait ordinaire alors, ne me cherchez pas d’excuses, ce n’est pas à cause de mes parents, et encore moins de mon grand frère Léandre. Je l’aime, sincèrement, c’est mon modèle depuis que j’ai appris à marcher. Bien sûr qu’il me fait chier parfois, qu’il me traite de peste par la même occasion mais, se ne sont que des enfantillages, des phrases sans sens.

J’étais née à Paris en avril 1990, dès le départ j’hypnotisais mon entourage, il paraît qu’à l’époque je n’étais pas très bruyante, que je faisais des sourires comme si je profitais de ces moments simples de mon enfance. Un peu plus tard, j’étais devenue littéralement un ange, j’avais des petites bouclettes, des cheveux dorés & des yeux verts parsemés d’étoiles. Je jouais les coquettes en jouant au jeu du « regardez-moi, comme je suis mignonne, n’oubliez pas de ce que j’ai demandé pour noël ». Ma mère me disait souvent, l’heure du bain un peu plus grande lorsqu’elle me lavait les cheveux « tu es belle ma fille, ton âme est si pure, tu es un cadeau de dieu, qu’il puisse te préserver du mal », oui, mes parents sont dans ce délire catholiques ( bien que je n’ai rien contre les catholiques hein ? ), ils me forçaient le dimanche matin à aller à la messe, de participer aux JMJ, à toujours porter ma croix autour du coup ( j’en ai encore la trace sur le côté gauche de mon cou ! ), à prononcer le bénédicité… D’ailleurs, pendant cette prière avant le repas, souvent mon frère me faisait une grimace, voulait me déconcentrer dans mon bénédicité. On pourrait croire qu’il était le plus indiscipliné ? Que nenni. C’est lui qui venait me chercher le soir en voiture après mes soirées alcoolisées, qui me couchaient dans mon lit sans un bruit & d’un baiser sur le front il se couchait à côté de moi pour s’assurer que j’aille bien… Je lui lisais à voix haute les livres que je lisais pendant qu’il jouait à des jeux vidéos, je m’amusais à l’époque à crier dans le téléphone « IL T’AIME ELISA ! IL VEUT TE FAIRE DES TRUCS SALACES TU IMAGINE MÊME PAS ! » quand il était en conversation avec elle, la belle époque.

Alors que mon frère sortait avec Elisa, moi je n’avais personne en vue, je me contentais de faire un faux sourire aux garçons qui me demandaient de sortir avec eux. J’avais peur de dire non, j’avais peur de les blesser & qu’ils me traitent de « salope » alors, j’haussais des épaules et je répondais bêtement : « j’ai quelqu’un en ce moment » et je prenais la fuite. Ils m’intimidaient, ils ne me connaissaient pas vraiment, ils voulaient juste pouvoir aller au lycée avec une belle fille autour de leur bras. Aussi bizarre que cela le soit, je me sentais en sécurité en étant seule. A cette époque j’avais rencontré ma meilleure amie Pandora. On l’appelait tous Panda, d’ailleurs c’est elle qui a trouvé le surnom de Poppy ! C’est aussi elle qui m’a fait rencontré mon premier petit ami… C’était la première fois que je faisais le mur :

« Grouile Poppy ! On nous attends au Corcoran’s ! »
« CHUT ! Si mes parents t’entendaient… »
« Si tes parents savaient à quel point tu étais une petite cochonne dévergondée… » me disait-elle en tenant entre ses mains un de mes strings. S’en suit alors encore plus de chamailleries puis enfin le départ vers le bar. Il s’appelait Sébastien et, comme tout les Sébastien tout le monde l’appelait Séb’. Il était cool, il avait l’air de sortir d’un conte de fée, sa cachait quelque chose… Enfin, je m’en foutais à ce moment-là puisque j’étais « jeune et naïve » et que lorsqu’il vint me parler, je pensa tout de suite aux noms des enfants que nous aurions ! Je m’en mords encore les doigts aujourd’hui… Il m’avait raccompagné au petit matin jusqu’à chez toi, traversant tout Paris pour parler de nos passions, nos points communs, nos ressemblances et nos différences. Arrivé au pas de ma porte, il déposa une bise sur la joue me disant qu’on se reverrait.

Vous vous doutez bien qu’on est sorti plus tard ensemble Sébastien et moi ? Tout les garçons le détestaient et me disaient qu’il n’était pas fait pour moi, je m’en fichais de leur argument, j’étais amoureuse ! On est resté ensemble pendant 2 ans, 2 ans à jouer les couples parfaits, l’écouter me jouer la sérénade, moi toujours collé à lui… Mais cet après-midi là ce fut le drame :

« Séb’, tu m’aime ? »
« Bien entendu, c’est pour ça qu’il faut que tu me fasse confiance Appoline. »
« Poppy ! »
« C’est pareil, on va pas revenir là-dessus mon amour… Enlève-moi ce tee-shirt et je t’appellerais Poppy autant que tu le voudras »

Il était contre moi sur mon lit, il voulait qu’on le fasse, qu’on fasse l’amour. C’est bénin à 19 ans de vouloir faire l’amour avec son petit ami mais, pas pour moi, j’étais encore vierge. Je me sentais mal à l’aise, ses baisers n’étaient pas ceux d’habitudes, ils allaient dans des endroits intimes, j’étais nerveuse, je tremblais comme une feuille.

« Tu veux reprendre de la vodka ? »

J’hocha de la tête et prit le verre qu’il me tendit, quelques bouteilles étaient éparpillés partout dans ma chambre, mes parents étaient au travail et Sébastien et moi avions séchés les cours pour se retrouver. J’avala le liquide qui me brûla la gorge et, à peine avais-je le temps de poser le verre, que les mains de Sébastien glissèrent sur ma poitrine.

« Attends, arrête… MAIS ARRÊTE ! »
« Bon, Poppy ! Tu m’aime non ?! Alors fais-le, j’en ai marre de te tourner autour, deux ans merde ! »

J’étais surprise par ce changement de personnalité, Sébastien était devenu agressif, rempli de désir, il avait juste envie de moi, il ne voulait pas de mes sentiments, il voulait mon corps et rien d’autres.

« Salaupard, sors de ma chambre ! »

Je me releva aussitôt mais, il me saisi violemment le poignet et me plaqua contre le sol, c’était une bête que j’avais à faire devant moi, ce n’était plus mon petit ami, je ne voulais plus l’aimer. Je me débattit tant que je pouvais, criant à l’aide. Jusqu’à ce que je réussis à chopper une bouteille vide et que je la casse sur sa tête. Pas le temps de savoir s’il était encore en vie, je ne réfléchis pas et coura chercher de l’aide, je laissa mon cœur me guider chez la personne chez qui je serais le plus en sécurité… Léo Parker.

Idiot. Le premier mot qui m’est venu lorsque j’ai vu Léo emménager en face de chez moi lorsque j’avais alors à peine 19 ans ( j’étais avec Sébastien à ce moment-là ). C’était le genre mauvais garçon, il n’était pas moche mais, il y dégageait quelque chose d’hostile, quelque chose qui me disait : « Déteste-moi » alors, lorsque je le croisais dans le hall, je ne lui parlais, je le voyais souvent avec des « potes » à lui à rire bruyamment, et moi, petite coincée de l’immeuble, je contentais de souffler.

« Salut… »

Je leva les yeux, c’était un mec percé de partout qui m’adressa la parole, je baissa les yeux et récupéra mon courrier

« Laisse-la tranquille, elle n’est pas intéressée, elle est de l’autre bord si tu vois ce que je veux dire »
« Idiot »

Voilà, c’était ce fameux premier mot. Je remonta chez moi et ne pensa plus à lui, enfin difficile lorsque nos fenêtres donnaient sur la chambre de l’autre… Parfois il me regardait quand je me changeais, alors je l’insultais de pervers, moi je lui lançais des choses par sa fenêtre alors il me traitait de gamine. Le jour et la nuit… Mais le manège ne s’arrêta pas là, on se voyait souvent en soirée puisque nous partagions plus que l’immeuble : les amis.

« Toi ? Qu’est-ce que tu fais ici ?! »
« Je pourrais te dire la même chose sombre crétin »
« Hé, commence pas, sinon… »
« Oh mon dieu, pitié, j’ai tellement peur… CRETIN ! »

On se chamaillait souvent ainsi, toujours sur le dos de l’autre, à vouloir le détourner des conversation des autres, lui donner une décharge de haine. Au début sa énervait nos amis mais, très rapidement ils ont compris qu’ils ne pouvaient rien faire pour nous aider !

« LEO ! LEO ouvre.. »
« Poppy ? Qu’est-ce qui… Tu as pleuré ? »
« Je peux rentrer, je t’en supplie ne me ferme pas ta porte… »

Il me laissa rentrer chez lui alors, je lui raconta ce qui s’était passé avec Sébastien, il voulut aller le frapper mais je pleura de plus belle alors, il renonça à l’aider. Il me proposa un joint pour faire passer la douleur, j’ai refusé, il a redemandé, j’ai accepté. Je me sentis alors légère, je ne pensais plus à ce connard de Sébastien… Je lança un coussin vers Léo et c’est ainsi qu’une partie de bataille d’oreille, mais aussi de nourriture s’ensuit ! On était comme des gamins, je ne pensais plus rien, Léo me faisait du bien.

« Allô ? Poppy ? »
« Hum… Attends deux minutes… »
« Pourquoi tu chuchote, oh petite cochonne tu as encore dormi chez Léo ? »
« C’est pas ce que tu crois Panda »
« Oh si, sa doit bien faire plus d’un an que vous vous tournez autour, merde ! »
« Tu m’as appelé pour nous fiancer ? »
« Non, pour te rappeler la soirée dans les bois pour ton a-n-n-i-v-e-r-s-a-i-r-e »
« Oui je n’ai pas… Panda, je te rappelle »
Léo était en face de moi, avec un paquet entre les mains, il y avait pensé. C’était certes le principe d’un anniversaire mais, je sentais que ce cadeau allait être particulier. Avec son sourire moqueur il me fit :

« Bon anniversaire, j’ai pensé à t’acheter, un petit… »
« Petit ? Tu te fous de moi, il fait ton double, mon dieu Léo, tu n’aurais pas du ! Je suis tellement gênée »
« Tu dors bien avec moi en culotte donc… Niveau gêne il y a mieux hein ? »

Je pris son cadeau et lui promis de l’ouvrir demain matin, que je voulais conserver la surprise jusqu’à minuit au moins !

Qui dit soirée dans les bois, dit forcée soirée de déjantée. Je n’étais plus la même qu’avant, j’étais devenue une femme, je fêtais mes 20 ans ce soir là ! Panda m’a toujours dit qu’il fallait fêter les chiffres ronds, qu’ils représentaient les meilleurs moments de la vie. J’arriva en fin d’après-midi avec mes amis, tenant la main de Panda entrain de bavarder. On trouva un endroit agréable et tout le monde alla chercher du bois pour faire du feu. A peine le soleil couché, j’étais déjà à moitié raide, je ne savais plus pourquoi je riais, avec qui je parlais. Je me contentait d’aller à droite et à gauche en disant des choses incompréhensibles, j’étais sous l’emprise de l’alcool. Je me souviens juste m’être éloigné un peu du campement, puis j’ai tourné à gauche… Puis à droite et j’ai continué tout droit. Je me suis allongé dans l’herbe et je n’ai pensé à plus rien. Un peu plus tard, je réouvris les yeux avec une certaine euphorie dans l’âme, la lune était pleine, elle éclairait mon visage. Je rentra alors au campement, tout le monde dormait dehors, tous entrain de dormir sur un drap dehors. Léo dormait lui aussi, je m’assied à côté de lui. Il était beau dans son sommeil, il semblait paisible. Un mèche était sur son visage, je voulu lui enlever mais il se réveilla, me saisissant le poignet. Son visage était si proche du mien, son souffle était mêlé au mien. J’avais envie de lui, je n’avais jamais ressenti cette tentation auparavant. Ses yeux brillants semblaient exprimer le même sentiment que moi, j’alla à la rencontre ses lèvres sans tarder. Ce fut d’abord un baiser fougueux, comme si on s’était retenu pendant des années puis, Léo devint alors doux, je le sentis attentif à ce que je désirais, attentif à mes désirs. Il m’allongea doucement sur le sol, et commença à retirer son tee-shirt. Je n’avais pas peur, je ne tremblais même pas, j’avais l’impression de le connaître depuis toujours.