Léo Parker

J’ai essayé de t’écrire plusieurs fois depuis que je suis parti. Je te le promets. Mais j’ai jamais réussi à le faire.
Pourtant, qu’est-ce que je suis en train de faire, là ? Je me surpasse, tu sais ça ? Bien sur que tu sais. T’es la seule qui me connaisse assez. Et heureusement.
Si j’ai quitté New York il y a 5 ans, c’était parce que j’en pouvais plus. Tu ne le sais pas, tu ne savais pas ce que je faisais là-bas. Pardon Maman…
J’ai commencé à trainé avec JJ quand j’avais 12 ans. Je sais que je ne manquais de rien, t’as toujours fait en sorte que tout se passe bien pour moi. Mais j’avais envie d’autre chose...
Je sais que tu ne l’aimais pas, que tu n’aimais pas l’influence qu’il avait sur moi. Maintenant, je comprends, mais maintenant c’est trop tard.
Tu avais peur que je devienne comme toi. Je le suis devenu, pardon Maman…
J’ai donc commencé à trainer avec JJ, il m’a fait fumer ma première cigarette, il m’a fait boire mon premier verre.
Je savais que c’était ce que tu faisais, toi, et peut-être même Papa, mais comme je ne le voyais pas.
Je sais ce que tu penses, que j’ai fait ça pour attirer son attention. Mais non, jamais. Qu’est-ce que j’en avais à faire qu’il soit toujours en train de bosser ? Je t’avais toi, je n’avais pas besoin de lui. Je savais que tu buvais, parce que tu étais triste, et je le détestais de te laisser comme ça. Pardon Maman.
Bref, avec tout ça, à 16 ans, tu sais que j’ai commencé à faire des pubs. J’étais vachement fier de ça. Je gagnais de l’argent, je pouvais te faire des cadeaux, ceux que Papa aurait du te faire. Je remplissais notre appartement de Park Avenue avec des fleurs, que je t’offrais. T’étais fière de moi, et ça ne faisait que plus cacher ce que je faisais à coté.
Tu connais ce monde, le monde de la mode. Tu savais ce qu’il en était. C’était pour ça ce visage inquiet que je rassurais à coup de « T’en fais pas, M’man. »
Mais tu avais raison. Il fallait tenir, alors je buvais, alors je fumais, alors je prenais des trucs…
C’est pour sortir de tout ça, qu’à 17 ans, j’ai saisi l’occasion de quitter New York. Tu m’avais dit que tu avais toujours adoré Paris, alors j’y suis venu.
Tu avais raison, Paris… c’est indéfinissable.
Tu pourrais être fière de moi, ça n’a pas été facile, mais au bout de trois ans ici, j’ai arrêté de prendre de la drogue.
Bien sur, je n’ai pas tout changé, tu sais comme je suis. J’aurais voulu un jour, pouvoir te dire que j’avais une petite amie, une fille bien… Mais j’enchaine les relations. Pardon Maman…
Aujourd’hui, je fais toujours des pubs, ça marche même plutôt bien pour moi. J’imagine que tu le sais, de là où tu es. Pardon Maman, de pas être venu. J’ai pas su ce qui t’arrivais. J’ai pas su, parce que personne ne m’a rien dit.
Maintenant, j’ai plus qu’à faire avec le fait que tu ne sois plus là.
Putain, j’en reviens pas que je vais dire ça ; mais je t’aime Maman.