Quatre putains de longues journées à rattraper. Sephora avait du mettre sa vie sociale entre parenthèses pendant ce temps. Vous savez, prendre l’air, se changer les idées… Quiberon, La Massana. Elle avait beau gardé ce grand sourire sur son visage, entre sentiments et petites histoires personnelles en tout genre, le moral n’allait pas si bien que cela. Si cette petite expédition à travers le pays lui avait fait un bien fou pour « réfléchir », elle semblait avoir manqué tellement de choses en si peu de temps et elle ne supporterait pas cette situation plus longtemps. Première chose concrète depuis son retour, retrouver Alicia. Elle était particulièrement impatiente, pas seulement à l’idée de sortir, s’amuser et boire quelques verres. Elles avaient à priori beaucoup de choses à se dire, le genre de conversation que l’on ne pouvait avoir sur Facebook, mais bel et bien en tête à tête. Ainsi leur soirée « Pretty Woman » programmée pour le mardi suivant ne suffirait pas. Toutefois la jeune femme devait se montrer plus que prudente. Le verglas était toujours présent et elle avait fait la promesse à Aaron de ne pas passer par la case des urgences à cause d’une simple et idiote chute sur une plaque de verglas. Après avoir quitté son bureau, la brunette passa chercher une bouteille de vin — histoire de commencer en douceur — ainsi qu’une de ces pâtisseries alléchantes chez Pierre Hermé, son créateur favori de gourmandises. Une sorte de fraisier avec des morceaux de macarons. Perfection. Boire, manger du sucré et parler, activités typiquement féminines que Sephora assumait sans le moindre complexe. De toute façon, connaissant son amie, il était certain qu’elles ne resteraient pas bien longtemps chez elle.

La jeune femme s’engouffra dans un taxi afin de traverser toute la capitale en évitant un maximum de danger. La porte d’entrée de sa meilleure amie s’ouvrit et elle se jeta sur elle comme une furie. « Aliciaaaaaaaa. » Le gâteau pouvait prendre tous les coups possibles et imaginables, tant pis, la blondinette passait avant tout.

La brunette fut surprise par l’accueil. Elle ne s’attendait pas à ce que ce soit aussi violent. Elle manqua même de tituber lorsqu’Alicia se jeta sur elle pour l’enlacer avec force, comme jamais. « Sephoraaaa. Putain, tu m’as trop manquée ! Si j’devais passer encore une semaine sans toi, je sens que j’allais crever. » Ce qu’elle vint de dire fit culpabiliser la jeune femme. Être en couple demande de faire passer l’être aimé avant pas mal d’autres personnes. Voilà ce qui la rendait mal, voilà ce qu’elle était incapable de faire la plupart du temps. Pourtant, Gaël avait eu besoin de sa présence et elle fut contrainte de mettre entre parenthèses ses autres priorités. Sephora grimaça à la remarque de la blonde. « Alors, c’était bien avec Gaël ? Vous avez pu vous retrouver un peu ? » Cela ne faisait pas bien longtemps qu’ils étaient ensembles, toutefois elle se sentait incroyablement bien avec lui comme si cela faisait des mois qu’ils se connaissaient. Heureuse et comblée. Et ceci malgré le fait qu’il soit l’ex-petit ami de sa cousine, Albane. Sephora apprenait dorénavant à faire avec, la culpabilité commençant à s’estomper.

En réalité, ce voyage n’avait pas pour but de se retrouver, mais d’éloigner Gaël de Grayson et Aaron. Oui, parce qu’en plus de tout cela Grayson et Gaël ont eu leur histoire. Comme si les choses n’étaient pas assez compliquées à la base. Sephora et ses histoires de cœur, un véritable roman. La jeune femme avait pensé à le sortir de tout cela, cependant ce fut Jéricho qui l’avait poussée à se lancer. Étonnant quand on est au courant de la guerre qui règne entre les deux jumeaux, non ? « Plutôt, c’était reposant de changer d’air, d’idées, de se retrouver en tête à tête. Tu vois ? » La jeune femme haussa les épaules hésitant à aborder le petit aspect négatif du séjour. Elle s’était réveillée le dernier jour seule et avait appris dans la foulée que monsieur Belasko était rentré dans la soirée sur la capitale afin de se rendre chez Grayson. En toute amitié, il paraît. « Enfin rien n’est parfait, mais le tout est que l’on puisse savoir se retrouver ici sans même partir à l’autre du bout du pays. Et toi que racontes-tu ? Que s’est-il passé cette semaine ? » Sephora était bien consciente que la vie de sa meilleure amie n’était pas une réplique du monde des bisounours. Toutefois, elle faisait parti de ses proches et restera toujours ouïe à ses histoires.