Le soleil a arrêté de faire tinter ses rayons sur moi, comme si y avait que les autres pour y avoir droit. Et puis ça bloque au niveau des poumons quand j'essaie d'y attraper l'air, l'air sale autour de moi, dopé à l'hypocrisie des gens et le poison de leurs cigarettes. En gros je suis mort.
Et alors les mots ne coulent plus, ils sont dans ma tête mais c'est un terrifiant gloubiboulga, ils sont au fond de mon ventre car c'est eux que je mange, ils sont ma seule nourriture, mais du coup je ne peux plus les chanter.
J'attends ma dose de vitamine C.
Tout repartira comme dans une fusée.
Elle va bien venir prendre le métro un jour, et moi je serai là, je suis là, je l'intercepterai et alors avec elle je retrouverai les mots et les caresses dans les poumons. C'est mon docteur du cerveau, mon bol d'air frais, mon ondine de la vie.
Cette fille c'est la lumière dans le noir de la vie, c'est une comète, quand elle vous regarde elle vous envoie dans l'espace. Et quand elle vous parle, quand elle me parle, je me sens comme au sommet d'une montagne, avec de l'air plein la gueule et le sentiment fier d'être au dessus de TOUT.
Coucher de soleil dehors, au dessus des escaliers que descendent les parisiens affamés de rentrer.
Ça me perplexe les couchers de soleil. Où que tu sois quand tu les regardes, ils ont toujours l'air d'être posés au bout du monde, sauf qu'on sait bien que y a pas de bout du monde, ça existe pas ça, sinon moi j'irais, et je sauterais dans le vide, on me reverrait pas de sitôt.
Mais c'est pour un autre jour le grand saut au bord du monde. Elle est là.
- Hortense !
Comme une princesse dans un vieux livre.
Elle s'approche, et chaque fois je me demande si elle m'aime bien.
Je crois, je sais pas.
Je lui souris pas, on se sourit pas nous deux, même si on se fait du bien.
- Qu'est-ce qui va mal aujourd'hui ?