Il était 10:00 du matin et je savais pertinemment que Kari était probablement en train de dormir à ce moment là. Il m’avait rappelé qu’hier soir il travaillait tard au bar, et du coup j’avais fais mes affaires de mon côté. J’étais de sale humeur en me réveillant, j’étais donc allé courir le long de la seine, musique dans les oreilles. D’habitude j’appréciais réellement la lumière que prenais les quais de seine le matin, juste avant que le soleil n’atteigne son apogée. D’habitude j’étais enthousiaste à l’idée d’habiter la ville la plus visitée au monde. Mais pas aujourd’hui. Rien à faire ça ne passait pas. Peut être était-ce à cause des heures de sommeil en moins que j’accumulais depuis quelques semaines. Ou encore cet appel de l’hôpital de Sydney m’expliquant que mon père souffrait de problèmes du foie. Ces interventions au boulot qui se passaient plus ou moins bien ne faisaient qu’en rajouter une couche.

Je savais que la mère de Kari était parti pendant 3-4 jours et depuis j’avais squatté pas mal de fois leur appartement je l’avoue. Il m’avait d’ailleurs prêté le double des clés. C’était particulier, on n’avait pas l’habitude d’être un vrai couple, donc habiter presque ensemble pendant quelque jours, c’était une sorte d’étape avant l’heure. Pourtant j’avais trouvé ça plutôt naturel contre toute attente.

En pénétrant dans l’appartement, je n’entendis aucun bruit. Les chaussures de mon petit copain, entre autres, étaient déposées à l’entrée, preuve qu’il était bien là. Je pense que le pire aurait été de le voir sortir de la chambre avec un de ces mecs-gigolos- qu’il se tapait. D’habitude je serais sans doute allé le rejoindre au lit, c’était une chose que j’aimais faire le matin, mais pas cette fois. Je ne savais pas à qui appartenait cette deuxième paire de chaussure, et concrètement ça ne me regardait pas. Mais tomber sur un autre mec dans le lit de Kari, je préférais m’en passer.
Peut être que je me faisais mes films, peut être que je devenais trop possessif, peut être que j’avais juste besoin d’une raison pour m’embrouiller aujourd’hui. Je me mis à préparer du café, en pris une tasse et m’allongea sur le canapé.

La France. Le pays des suppositoires et des crottes de chiens sur le sol. Un endroit où le calendrier est plus rythmé par les grèves, que part les journées de travail. Et, justement, pour faire honneur à la réputation de ce pays, une grève avait lieu aujourd'hui. Une grève des enseignants, qui touchent la totalité des établissements scolaires. Que ça soit de la maternelle à l'université, en passant par les IUT et compagnie. Les revendications ? Quasiment personne ne les connait réellement, y compris les professeurs qui font grève. Mais, elle permet d'avoir une journée de congés même si, plus tard, les professeurs sortiront l'excuse '' nous sommes en retard sur le programme ''. Tout un paradoxe, ces français et ces françaises ! Et, au lieu de se taper des migraines à essayer de les comprendre, contentons-nous de cette information : il y a une grève des enseignants.

Kari Liam Halliwell est étudiant à La Sorbonne, en Lettres Modernes, depuis deux ans maintenant. En plus de ses études, le jeune homme est barmaid dans un club gay de la capitale : le EXPRESS YOURSELF. Aujourd'hui, Kari n'avait pas cours. Les professeurs qu'il avait aujourd'hui font tous grèves. Il avait donc sa journée de libre. La veille au soir, il en avait profiter pour travailler un peu. Le patron du club est plutôt cool avec Kari et ce dernier peut aménager ses horaires en fonction de ses cours, de ses disponibilités etc. Quand à sa journée de libre, le jeune Halliwell ignore ce qu'il fera. Une chose est sûre : ça sera grasse matinée pour lui. D'autant plus que sa mère est absente pour la semaine, cette dernière devant se rendre au Royaume-Uni pour une affaire de famille. Il ne pensait pas recevoir de visites ou quoique ce soit. Et pourtant ...

Kari n'avait pas entendu la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer. Il n'avait pas, non plus, entendu le bruit des pas à travers le couloir de l'entrée. Ce fut au bout de cinq minutes qu'il entendit le bruit de la machine à café. A moitié dans le brouillard, le jeune homme pensait au début avoir rêver. Mais, le bruit se fit de plus en plus fort, à mesure que Kari émergeait de son sommeil. Se pouvait-il que sa mère soit déjà rentrée ? Il fallut cinq minutes de motivations, à coup de '' j'y vais '' et '' j'y vais pas '', pour enfin sortir de son lit. Portant uniquement un boxer, il quitta sa chambre et sentit l'odeur du café. Au moins, ce n'était pas une désagréable odeur dès le matin, au réveil. Il n'y avait cependant personne dans la cuisine. Mais, il trouva quelqu'un au salon et pas n'importe qui. Natan Wayans. Son petit-ami, qui avait un double des clés pour la semaine, uniquement. Surpris, ne pensant pas le voir, et légèrement énervé que sa grasse matinée soit interrompue plus tôt que prévue, Kari lâcha alors : « Qu'est-ce que tu fais là ? », d'une voix légèrement endormie et enrouée.