la chose que nastya préférait dans sa nouvelle vie parisienne, c’était faire ses courses. et plus encore, faire ses courses dans les épiceries de nuit. nastya était une fille de la nuit. elle ne connaissait presque pas le jour. c’était pas du délire des vampire, c’était juste qu’elle se sentait plus en sécurité dans le noir. mais surtout, elle se sentait plus en sécurité ici à paris, elle savait qu’il y avait feliks pour veiller sur elle. ses sacs en plastiques à la main, elle regagnait à pied le minuscule appartement qu’ils s’étaient trouvé en arrivant. une pièce qui faisait salon, cuisine, chambre. et la porte de la pièce d’eau qui ne fermait pas vraiment. c’était pas le grand luxe. mais quand même. et d’ailleurs, nastya demandait rien de plus que ça. parfois le froid du mois de novembre avait tendance à lui rappeler son ancienne vie, sa vie d’avant. elle frissonna. elle montait quatre à quatre les marches qui menait jusqu’à l’appartement. elle ouvrit la porte et ferma le loquet derrière elle, réflexe qu’ils avaient pris depuis qu’ils étaient arrivé. feliks était en travers du lit, endormi. nastya sourit doucement. elle rangea doucement ses achats, silencieusement pour pas le réveiller. enfin, elle se glissa dans le lit, du moins ce qu’il en restait de place et se coucha à coté de lui. elle commença à caresser délicatement son bras tatoué. elle se demandait parfois, pourquoi il l’avait embarqué avec lui…

il était rentré plutôt tôt, de dieu seul sait où. personne ne sait jamais où il traîne. pas même nastya, à vrai dire. et elle lui demandait pas, d'ailleurs. et c'était tant mieux pour lui, pour elle. il aimait pas lui mentir et il aurait pas voulu lui expliquer qu'il continuait à faire n'importe quoi avec sa vie. le but de cette cavale était de changer du tout au tout. mais c'était plus facile à dire qu'à faire. pas de diplôme, pas de vraies qualifications, une difficulté à s'exprimer en parfait français.. que voulez-vous qu'il fasse de ses journées? il était rentré tôt et elle était là. toujours aussi belle, toujours aussi brisée. il avait repoussé ses envies de la prendre dans ses bras, de la serrer contre lui. ils avaient fait leur vie chacun de leur côté, l'un sur l'autre parce que ce petit taudis ne leur laissait pas vraiment de place. et puis ensemble. jusqu'à ce que feliks se couche dans le seul lit présent dans leur minuscule appartement. et elle avait disparu dans la nuit, comme elle le fait toujours. nastya, elle disparaît toujours dans le noir. c'est là la grosse différence entre elle et lui. le noir la rassure. le noir lui fait peur. et puis elle était finalement rentrée pour le rejoindre dans le lit. et ses petites caresses sur son bras avait fini par l'arracher des bras de morphée. il tourne la tête vers elle, se laisse le temps de se réveiller, de l'admirer. putain ce qu'elle est belle, ça lui fait presque mal aux yeux. où est ce que t'as disparu ? il aime pas la savoir toute seule dans la rue, il aime pas la savoir toute seule tout court. il a toujours peur qu'on la brise un peu plus.

nastya était du genre insomniaque. enfin non. elle était pas insomniaque. elle arrivait à dormir pendant des heures sans qu’on puisse la réveiller. mais elle dormait plus facilement le jour, quand il y avait du bruit autour d’elle. la nuit, elle préférait être éveillée. souvent, elle regardait feliks dormir, ça l’apaisait. elle se disait qu’il était là, qu’elle ne risquait plus rien. nastya savait qu’au fond, elle n’était pas vraiment en sécurité. et que feliks le savait aussi bien qu’elle. on ne laissait pas la poule aux œufs d’or s’enfuir sans rien faire. un jour, on la retrouverait. mais pour le moment, ça n’avait pas d’importance. elle pouvait regarder feliks dormir pendant des heures. son souffle se fit plus irrégulier et nastya comprit qu’il était en train de se réveiller. leurs regards s’entrechoquèrent pour ne pas se lâcher. « où est ce que t'as disparu ? » nastya se glissa silencieusement contre lui. elle ne savait jamais ce qu’elle pouvait faire ou ne pas faire. ce qu’ils étaient l’un pour l’autre. elle savait que sans lui elle serait probablement morte et enterrée (ou pas d’ailleurs, lâchement abandonnée dans un sous-bois), mais ça ne faisait pas d’elle sa copine, ni rien d’autre que sa compagne de cavale. nastya ne posait jamais de questions, du moins, jamais les questions qui dérangent. elle se contentait de profiter de ce qu’elle avait. la blonde haussa les épaules. « faire des courses. » des phrases courtes. c’était sa spécialité depuis qu’elle était en france. son français était asse pitoyable, bien qu’elle se soit amélioré. mais pour ne prendre aucun risque elle ne faisait jamais des phrases de plus de cinq mots. c’était devenu un réflexe. même quand elle parlait russe. « j’voulais pas te réveiller. »

feliks se réveille et la première "chose" sur laquelle ses yeux se posent, c'est nastya. sa jolie nastya. sa jolie poupée brisée. il la regarde quelques secondes, quelques secondes qui semblent lui durer une éternité. il aimerait qu'elles durent pour toujours. avant de lui demander où est ce qu'elle avait disparu, de sa voix encore un peu endormie. nastya ne réponds pas tout de suite, elle préfère d'abord se glisser contre lui. et feliks ne peut pas s'empêcher de frisonner à ce contact. juste un petit frisson imperceptible. il ne bouge pas, il a trop peur de la voir s'éloigner de lui. il reste juste là, le dos contre le matelas. sa tête tournée vers elle. leurs corps collés l'un contre l'autre. et la chaleur du sien qui s'en échappe. elle finit par répondre. juste quelques petits mots. trois petits mots qui expliquent la raison de son absence. nastya ne parle pas beaucoup. nastya fait des phrases courtes. mais feliks est habitué. nastya lui parle à lui, c'est déjà ça. et puis elle s'excuse, à sa manière. ça le fait doucement sourire. il s'en fout feliks qu'elle l'ai réveillé. le plus important c'est qu'elle soit là. physiquement bien, à ses côtés. c'est pas grave va. il lui sourit doucement avant de lever la main, avant d'amorcer un geste envers elle, pour finir par se rétracter. feliks il sait pas comment agir avec nastya, il sait jusqu'où il peut aller avec nastya. alors il évite au maximum d'être l'initiateur de quelconque geste qui pourrait la heurter. alors il l'a laisse plutôt elle, venir à lui. il finit par passer son bras derrière sa tête, pour donner une finalité à son geste. j'aime juste pas te savoir toute seule dehors.

collée comme ça contre feliks, nastya était à peu près sure qu’elle serait capable de se transformer en chaton ronronnant en quelques secondes. elle aurait pu rester comme ça des heures. c’était la force que feliks avait sur la blonde. sans trop savoir comment. c’était surement pour ça qu’il avait réussi à l’emmener avec lui. qui d’autre aurait pu faire ça ? nastya n’arrivait pas à mettre des mots sur ce qu’elle pouvait ressentir pour feliks. c’était compliqué. et elle était à peu près sure que lui n’en savait rien non plus. « c'est pas grave va. » elle ferma les yeux et se blottit un peu plus contre lui. si elle avait pu, elle se serait carrément fondue en lui. elle sentit le bras de feliks passer dans sa nuque. nastya bouge un peu pour se mouler comme une pièce de puzzle. « j'aime juste pas te savoir toute seule dehors. » les yeux toujours fermés, la blonde sourit. ça lui fait chaud au cœur que feliks s’inquiète pour elle. on pouvait être à peu près certain qu’il était la seule personne au monde qui se préoccupait d’elle, aujourd’hui. elle se redresse un peu et plonge ses yeux dans ceux du tatoué. « ça va. » elle dit juste, pour le rassurer. « pourquoi tu… » elle commence. elle sait pas trop ce qu’elle veut dire en fait. « ... tu m’as emmené avec toi ? » si avec tout ça elle a pas son quota de parole pour la journée… elle donne pas plus de détails, elle sait que feliks comprendra ce qu'elle veut dire. feliks comprend toujours.

feliks se sent con, avec sa main tendue. feliks se sent con de pas être allé jusqu'au bout. feliks se sent con de passer sa main derrière son bras, comme s'il avait voulu s'installer au mieux dans le lit. pas comme s'il avait voulu toucher la joue de nastya. glisser ses doigts sur sa peau, peut être même remonter jusque dans ses beaux cheveux blonds. feliks se sent con. mais il préfère se sentir con plutôt qu'abandonné par nastya. et feliks se sent con rien qu'à l'idée de penser ça, en fait. nastya finit par se redresser un peu pour le regarder dans les yeux. tout à coup, il a froid. il préférait quand elle était collée contre lui. quand la chaleur de son corps réchauffait le sien. ça va, qu'elle dit, pour le rassurer. il cligne des yeux. si elle dit qu'elle va bien, d'accord. c'est tout ce qui compte pour lui. nastya continue sur sa lancée. elle hésite et finit par lui poser la question qu'il redoutait tant. à savoir le pourquoi de sa raison ici. pourquoi est-elle avec lui ? pourquoi ne pas l'avoir laissé. je.. la vérité, c'est que la première raison est totalement égoïste. feliks a vu les yeux de nastya. et il aurait pas supporté de ne plus jamais recroiser ce regard. il aurait pu très bien la laisser là où il l'avait trouvé. il aurait pu continuer sa cavale tout seul, comme un grand garçon qu'il est. mais il a préféré rajouter nastya dans l'équation. j'avais pas envie qu'on te fasse plus de mal qu'on t'en as déjà fais. j'voulais te protéger. c'est pas un mensonge. enfin si, ça en est un par omission. mais c'est vrai. feliks voulait protéger le bout de femme qu'est nastya. mais nastya, la vérité, c'est que moi aussi j'ai peur de te briser. et j'ai trop peur de te le dire parce que sinon, tu vas t'en aller.

petite nastya aurait voulu être une princesse. ou une danseuse étoile. pour ce qui était de la princesse, elle s’était fait une raison. a la place, elle avait fait pute. a peu de choses près… pour ce qui était de la danseuse étoile, ç’aurait mentir que de dire que c’était pas encore dans un coin de sa tête. elle aurait voulu raconter ça à feliks. mais elle se disait qu’il se foutrait d’elle. enfin, non peut être pas. un jour, un jour elle lui dirait. « j'avais pas envie qu'on te fasse plus de mal qu'on t'en as déjà fais. j'voulais te protéger. » elle plongea ses yeux bleus dans les siens. feliks imaginait le pire sur le passé de nastya. la vérité c’était que même le pire c’était loin du compte. les russes étaient des brutes. surtout assommés par l’alcool. nastya gardait des marques, qui ne partiraient jamais. et quand bien même elles s’effacerait, sa mémoire elle, ne flanchait jamais. elle a peur. des fois, elle voudrait se jeter dans les bras de feliks. que leurs corps ne fassent plus qu’un. pour voir. elle était à peu près sur que ce serait un feu d’artifices. mais elle avait trop peur qu’il la voie comme la professionnelle qu’elle était. oh feliks, dis-moi ce que je dois faire. elle sait pas quoi répondre à ça, finalement. elle a un petit sourire. elle fourre sa tête dans le cou de feliks pour sentir son odeur. elle ferme les yeux. « personne s’occupe jamais de moi. » comme toi tu le fais, elle voudrait conclure. mais ça veut pas.

en plusieurs mois de cavale, c'est bien la première fois que nastya demande à feliks pourquoi il l'a embarqué avec lui. le russe avait toujours redouté le moment où elle elle poserait cette fameuse question. parce que sur le coup, la nuit où il l'a ramassé dans la rue, il avait juste été égoïste. feliks avait juste voulu revoir son visage. encore et encore. et puis, il s'était pris d'affection pour elle. peut être un peu trop même. un peu trop pour le bien de nastya. et depuis le soir où il l'avait embarqué dans sa cavale, il avait ce besoin irrépressible de la protéger. envers et contre tous. de veiller sur elle. elle plonge une nouvelle fois ses yeux dans les siens. et il a peur de s'y noyer dedans. mais elle finit par juste sourire avant de plonger son visage dans le cou de feliks. putain. nastya ne s'exprime pas beaucoup avec ses mots. plus avec des gestes. et ses gestes.. ils rendent complétement fou le pauvre feliks. est-ce que c'est naturel chez la petite blonde ? est-ce qu'il faudrait qu'il interprète ça d'une quelconque manière ? feliks ne sait pas. feliks est complétement perdu. mais il a trop peur de demander des éclaircissements, il a trop peur de pas entendre la réponse qu'il souhaite. alors il l'a laisse faire. il laisse nastya réchauffer son corps, son coeur. ce qu'elle lui dit par la suite est triste à en mourir. c'est tellement triste que personne ai jamais fais attention à ce petit bout de femme. mais c'est fini ça. c'est fini parce que feliks est là. et il a aucune intention de la laisser s'en aller. j'suis là. j'serai toujours là. et c'est pas des promesses en l'air. il sait pas si elle sait. mais si. il sera toujours là pour s'occuper d'elle. autant de temps que nastya voudra bien de lui.

ne pas poser de questions, c’était ce qu’on avait toujours appris à nastya. ça ne créait pas de problèmes. ça évitait de savoir des choses qu’on aurait pas voulu. ça évitait souvent de compliquer les choses. nastya s’était toujours tenue à cette règle. elle faisait ce qu’on lui disait, sans en demander plus. sans savoir pourquoi. c’est sans doute ce qui avait fait d’elle ce qu’elle était. et elle n’avait pas plus posé de question quand feliks l’avait pris par la main et l’avait emmené avec lui. alors pourquoi soudain, elle voulait des réponses ? elle même ne savait pas. elle reste lovée là contre lui. réchauffée. elle aurait très bien pu se mettre à ronronner si ça avait été possible. elle savait qu’il tenait à elle. du moins elle s’en doutait. sinon il n’aurait pas pris la peine de l’emmener avec lui. mais quand même c’était toujours rassurant de se dire qu’on comptait pour quelqu’un. « j'suis là. j'serai toujours là. » il dit. brisant le silence. sans trop savoir pourquoi, le cœur de nastya commence à faire des loopings. elle a la tête qui tourne aussi. ça alors. elle se décolle un peu de feliks. elle plonge une nouvelle et énième fois ses yeux dans ceux du tatoué. elle reste là sans rien dire. et puis elle se décide. elle se rapproche un peu, doucement. et puis elle pose tout doucement ses lèvres sur celles de feliks. ça dure pas longtemps. après elle sait pas si elle regrette. mais elle se dit que c’était peut-être pas très malin…

la vérité, c'est que feliks a fini par tomber amoureux de la petite nastya. l'amour... ça n'avait jamais fais parti de sa vie jusqu'à ce que la petite blonde rentre dans la sienne. dans sa vie il n'avait jamais été aimé et n'avait donc jamais aimé en retour. et là, il se retrouvait à aimer une jolie poupée brisée. feliks ne savait pas quoi faire de ses sentiments. pour la première fois de sa vie, il avait peur. peur du rejet, peur de ce qu'il pouvait ressentir. parce qu'au fond, il se connaissait le feliks. il savait que rien ne changerait pour lui. il serait toujours le même. toujours ce handicapé des sentiments. toujours cet homme qui a peur du noir. toujours ce briseur de demoiselles. mais nastya été bien trop tactile pour son bien. il avait de plus en plus de mal à se maîtriser, à se contenir. et si elle continuait sur cette pente là, feliks avait peur de devenir fou. il avait peur de ce qu'il pouvait lui faire. après sa promesse, nastya ne lui réponds pas. elle se décolle même un peu de lui. mais feliks ne bouge pas. il reste là, étendu sur le lit. et il s'attends pas du tout à ce que nastya s'apprête à faire. la petite blonde plonge une nouvelle fois ses yeux dans les siens. contact duquel il ne peut se dérober. de toute manière, feliks préférerait plutôt se perdre dans le bleu océan de ses yeux. elle ne dit rien et se rapproche de lui. le coeur de feliks manque un battement. foutu coeur qui ne se tait pas. feliks la laisse faire, feliks est immobile. feliks est comme qui dirait pétrifié. mais nastya s'avance toujours. et elle pose ses lèvres contre les siennes. il est surpris le russe. et il a même pas le temps de savoir si ses lèvres sont douce ou de m'en en goûter la saveur. pourquoi? il ferme les yeux. quelques secondes. avant de les réouvrir et de plonger son regard dans le sien. nastya... pourquoi t'as fais ça ? hein, oui, pourquoi t'as fais ça. c'est plus une question pour lui que pour elle mais ça, elle le sait pas. et de la manière qu'il le dit, on dirait que c'est mal. mais non, pas du tout. feliks essaye de se rattraper. mais ça sort pas comme il voudrait. je.... je sais pas quoi rajouter pour pas me sentir comme un con. pourquoi nastya?

pourquoi t’as fait ça hein ? pourquoi elle avait fait ça ? nastya réfléchis parfois. elle l’avais l’impression d’être une espèce de vamp qui se jetait sur un homme. elle avait l’affreuse impression d’être un vampire assoiffé de sang. bon sang. elle regrettait. pas tant ce qu’elle avait fait que ce qui ça entrainait et surtout l’absence de réaction de la part de feliks. la blonde pince les lèvres. essaie de trouver une solution pour remonter le temps. trouver comment dire à feliks qu’il avait juste à oublier, elle avait pas fait ça non, t’as rêvé mec. feliks rouvre les yeux et elle s’y noie. elle reste sans rien dire. elle attend comme une enfant qui attend de se faire taper sur les doigts. que brise pas trop quand même feliks s’te plait. « nastya... pourquoi t'as fais ça ? » ben ouais, hein, nastya. allez vas y réponds, on attend tous avec impatience comment tu vas te sortir de ça. il commence une nouvelle phrase qu’il ne prend même pas le temps de conclure. elle baisse les yeux. et puis elle les relève. autant dire la vérité, c’est encore comme ça qu’elle sortira le mieux. « j’avais envie… » elle souffle doucement, en sachant que c’est pas la réponse attendue. « on peut… » elle le regarde. « … faire comme si c’était pas arrivé… ? » elle supplie presque. j’voulais juste que tu m’aime un peu aussi…