j'me fais réveillée par les nausées, j'en suis presque au deuxième mois et c'est que le début des emmerdes. c'est ce que je me dis, et c'est la première fois que je vomis. sans compter que je dois aller faire pipi deux fois plus souvent, et que ça risque pas de s'arranger. du coup j'vomis, j'me dis que mes dents vont plus ressembler à rien à la fin de ma grossesse et que je vais finir édentée. fuck my life. et puis évidemment, comme la salle de bain donne sur la chambre, Rita se réveille au son mélodieux de mes tripes contre l'eau. fuck. je claque la porte en donnant un coup de pied dedans, tant que je peux encore faire ce genre d'acrobatie et je sens une nouvelle vague arriver. dans quoi j'me suis embarquée ?

je suis rentrée crevée, pour pas changer. j'ai l'impression d'être fatiguée en permanence ces dernières semaines. depuis l'ouverture du restaurant, j'ai l'impression de jamais m'arrêter. j'ai envie de vacances. j'ai envie d'emmener rianne loin de paris. de lui faire l'amour sur une plage, de boire des cocktails toute nue. je divague, on s'en fout, je vous dis que j'ai besoin de vacances. je me suis endormie assez tôt, je crois qu'elle aussi. je rêve. plusieurs fois. et y'a ce bruit. un peu dégueulasse que j'arrive pas à identifier. il fait pas parti de mon rêve, lui. doucement, je quitte le pays des songes et je reviens à la réalité. première nausée de rianne. nice. pour le meilleur et pour le pire right. je commence à me lever du lit conjugual, la porte de la salle de bain claque. je crois qu'elle m'a entendu me lever. elle est mignonne, elle veut pas que je la vois comme ça. je m'en fous moi. je lui ai déjà tenue les cheveux, au petit matin, après une grosse cuite. rianne, j'entre. j'attends pas qu'elle me donne une réponse positive, je serai rentrée quand même. et je la découvre à quatre pattes devant le chiotte. la pauvre. je grimace avant de m'agenouiller à ses côtés. je décale quelques mèches de son visage, ses beaux cheveux, j'essaye de les sauver comme je peux. ça va aller, dis-je. même si je sais que c'est que le début.

j'l'entends, j'claque la porte comme je peux. mais elle a décidé d'ouvrir quand même, mais elle me prévient avant, et j'veux dire non, mais j'peux pas, ma tête est déjà dans la cuvette. merde. et c'est presque le cas de le dire. j'la sens venir vers moi, j'l'entends s'agenouiller à côté de moi et j'sens ses doigts toucher mes cheveux, et ma peau. j'ferme les yeux deux secondes, je crache un peu de salive dégueulasse et je tire la chasse d'eau pour la deuxième fois. j'la regarde, l'air épuisé par ce que je viens de vivre, et puis y'a une larme qui vient couler sur ma joue. j'en ai déjà marre, je lâche dans un sanglot en m'asseyant sur le carrelage de la salle de bain. je vais être grosse, moche, avec la peau grasse et les cheveux sales. et j'pourrai même plus m'épiler le minou, c'est ce que je dis à un rythme effréné, mais je sais qu'elle me comprendra de toutes façons. elle me comprends toujours.

j'l'aime ma rianne. j'l'aime quand elle sourit, quand elle rit de son rire bien à elle, quand elle baragouine son français. je l'aime au matin, le midi et le soir. et j'l'aime même quand elle vomit, c'est vous dire. t'façon, j'ai pas tellement le choix, ça va être ça chaque matin durant les prochaines semaines. ma pauvre petite femme. je reste à ses côtés le temps qu'elle finisse, tenant ses cheveux d'une main et caressant son dos de l'autre. en la voyant comme ça, je me dis que c'est pas plus mal que ça soit pas moi dans le rôle de la femme enceinte. je pense que j'aurai été bien emmerdée pour le boulot. elle finit et tire la chasse, avant de s'asseoir à même le sol et d'éclater en sanglot. j'aime pas la voir comme ça. puis elle se met à débiter des trucs que moi seule peut comprendre. je ris. et j'm'excuse tout de suite. pardon. c'est parce que je la connais. c'est tout elle ça. je passe un doigt sur son menton pour relever son visage vers moi. tu vas être magnifique et je sais que tu vas adorer être enceinte. bon.. peut être pas là tout de suite. ça va pas durer longtemps, promis. j'appelerai ma grand mère dans la journée pour qu'elle me file un remède pour te calmer un peu, d'accord? je lui souris doucement avant de l'embrasser sur le front. tu veux un verre d'eau?

elle se met à rire, moi ça me fait pas rire. mais elle s'excuse dans la foulée, elle a du capter que j'allais pas forcément kiffer. du coup j'la regarde avec l'oeil noir qu'il m'arrive de faire quand j'suis pas contente de quelque chose et puis elle tente de me rassurer et elle termine son petit monologue par une question simple. d'accord ?, je hoche la tête pour dire oui. je dois avouer que ça me rassure un peu, même si j'ai peur que le remède de grand-mère ne fonctionne pas, j'crois pas trop à ces trucs là. mais ça pourra pas me faire de mal. je sens ses lèvres sur mon front, je ferme les yeux l'espace d'une seconde et puis elle me pose une seconde question. là, ce que je veux, c'est un verre de vin rouge. ou plusieurs. et à l'idée que j'y ai pas le droit, je me remets à pleurer comme une madeleine. enlève cette chose de mon ventre, je veux me prendre une cuite et fumer des joints. je sanglote, je suis pas sûr qu'on comprenne ce que je dis mais tant pis.

je sais très bien qu'elle est tout à fait sérieuse là tout de suite, même si demain ça sera autre chose. alors c'est pour ça que je m'excuse dans la foulée. ça fait à peine deux mois qu'elle est enceinte, je vais pas déjà m'attirer ses foudres hein. non merci. pour le geste, elle me lance quand même son fameux regard noir. je me retiens de rire une nouvelle fois. c'est pas ma faute si je la trouve mignonne et funny là tout de suite. c'est la sienne, voilà. je la rassure comme je peux, je l'embrasse sur le front et elle me fait un petit signe de la tête en guise de ok. je lui propose un verre d'eau mais c'est du vin qui lui fait envie. nouveau rire qui menace de s'échapper de mes lèvres. mais non. je ne ferai aucun bruit, je vais juste la laisser continuer son monologue. je me mords la lèvre, elle part un peu loin. ah ma rianne, heureusement que t'es mignonne, je te jure. je lui lance un sourire amusée avant de secouer la tête. je crois pas que t'ai vraiment envie de tout stopper bébé. je m'arrête quelques secondes, le temps de sécher quelques larmes au coin de ses yeux. je peux pas dire que je sais ce que c'est, parce que je suis pas à ta place. mais, je suis certaine qu'une fois les nausées finies, ça ira mieux. et une fois qu'on aura cette petite chose parmi nous, tu seras la plus heureuse des femmes. je lui souris une nouvelle fois avant de me rapprocher d'elle. et puis des joints, t'aura toute ta vie pour en fumer après la naissance. si il y a que ça pour te faire plaisir, j't'en ramène un dès que t'as expulsé ce petit bout! je ris doucement avant de la prendre contre moi. mon dieu, c'est que le début.

j'vois bien qu'elle a envie de rire, et moi j'suis entrain de pleurer comme une madeleine à cause de ces putain d'hormones de merde. mais lorsqu'elle finit par parler, le premier point qu'elle soulève est juste, et je peux rien dire qui irait dans mon sens. alors je hausse simplement un sourcil, et j'sais pas quoi ajouter de plus, alors j'me tais. mais j'reconnais qu'elle a raison, déjà. ses doigts touchent ma peau, ça me procure toujours un espèce de plaisir fou. c'est si simple, si doux. et puis elle continue son petit discours, et je l'écoute patiemment. et puis elle finit par me dire qu'elle ira me chercher un joint dès que j'aurai accouché. et alors qu'elle me prend dans ses bras, je me remets à pleurer. c'est la plus belle chose qu'on m'ai jamais dite, taisez-vous, sales hormones !

ce qu'elle est mignonne ma petite femme, toute chamboulée par ses hormones. je trouve ça mignon maintenant. mais on en reparlera dans quelques semaines, quand elle aura des envies bizarres et qu'elle me fera courir dans tout paris pour les assouvir. pour l'instant, c'est la première fois qu'elle est vraiment secouée par tout ça. alors je fais comme je peux pour la rassurée, pour stopper ses larmes de crocodile. je lui propose même d'exaucer son rêve de fumer des joints aussitôt qu'elle aura expulsée cette chose de son vagin. ça à l'air de lui faire plaisir. enfin, vu de l'extérieur, on peut pas trop savoir parce que ses larmes redoublent. mon dieu, ma femme s'est transformée en chutes du niagara. au secours, aidez moi. je la serre un peu plus contre moi, un petit sourire amusée aux lèvres. c'est quand même assez drôle comme situation, n'empêche. si j'avais su qu'il fallait t'offrir des joints pour te combler à ce point, j'l'aurai fais bien avant didonc. je secoue la tête. la pauvre, ces hormones lui font dire n'importe quoi. je me recule un peu pour la regarder dans les yeux. bon du coup, tu le veux ce verre d'eau ? ou je peux te préparer quelque chose si tu veux ? je sais même pas quelle heure il est, pour tout dire. mais je ferai ce qu'elle veut. voilà.

je sens l'étreinte de Rita se resserrer autour de moi et elle me dit un truc qui me fait presque rire. j'sais pas à quoi tu pensais, pendant tout ce temps., c'est certe de la connerie mais j'aime assez notre discussion au final, même si mes yeux ne cessent de pleurer, à l'intérieur je peux quand même penser que je pleure vraiment pour pas grand chose là. et puis mon regard rencontre le sien, j'arrête de pleurer cinq minutes, et je finis par demander : je veux un verre de coca. et je sais que ça va pas aider, c'est juste pour me donner l'impression que ça va aider et que je vais plus avoir la tête dans la cuvette des toilettes, c'est juste ça. et puis avant qu'elle ne décide de partir, j'agrippe son haut de pyjama et je lance dis, tu m'épileras le minou ? question existentielle. et puis mes larmes reprennent pendant que je continue sur ma lancée parce que je veux pas accoucher en ressemblant à un écureuil volant. ou à une des femmes de RRRRRRR! j'ai plus de culture sur la France qu'on peut l'imaginer comme ça. bon j'ai rien compris mais...

vu de l'extérieur, je suis sûre que cette discussion ne semblerait parler à personne. tout est décousu, faute aux hormones de Rianne. mais c'est plutôt marrant, mignon. c'est sa première nausée, la première fois qu'elle craque depuis qu'elle sait qu'elle est enceinte. moi non plus. maintenant faudra pas que j'oublie de lui apporter ce fameux joint parce que je sens que je vais en entendre parler. je finis par lui redemander si elle veut boire quelque chose, elle veut du coca. je suis pas sûre que ça soit la meilleure chose à boire là tout de suite, mais c'est déjà bien mieux qu'un verre de vin rouge hein. j'ai pas le temps d’amorcer le moindre geste qu'elle m'arrête déjà. m'attrapant par le haut de mon pyjama. me posant la question la plus wtf qui soit. elle se remet à pleurer, débitant des mots qui forment des phrases sans queue ni tête, noyées dans ses larmes. je me concentre pour bien comprendre et j'ai du mal à ne pas éclater de rire. ma pauvre Rianne vient d'avoir sa première nausée et elle pense déjà à l'état de son minou le jour où elle va accoucher. je te laisserai jamais devenir une forêt vierge, promis. juré. et c'est juste la première demande wtf qu'elle va me faire, j'le sens. je sèche à nouveau ses larmes, j'embrasse son front mais je bouge pas. c'est bon, je peux y aller ? j'attends sa permission, parce que sa poigne est toujours resserrée sur mon pyjama, en fait.

bon, elle a promis. elle a dit que jamais mon minou ne deviendrait une forêt vierge et maintenant, elle sera obligé de tenir cette promesse. comme la précédente. va falloir qu'elle commence à en faire la liste, parce qu'elle vient déjà d'en faire deux en dix minutes. j'ose même pas imaginer le nombre dans six mois. ça me rassure, je dois bien l'avouer, mais j'en oublie que je la tiens là, et qu'elle peut pas bouger. elle essuie encore mes larmes, m'embrasse sur le front avant de finalement me demander si elle peut y aller. ah... oui, vas-y., question de vie ou de mort, parce que je risque de mourir de soif si elle ne me donne pas mon coca. parce que j'le sens là, que je suis déjà déshydratée. je desserre mes doigts et laisse mes bras tomber le long de mon corps et j'la regarde, comme si me laisser toute seule revenait à me tuer. en fait rien n'ira bien aujourd'hui. je laisse tomber mes fesses près de mes chevilles et j'commence à avoir froid sur ce carrelage. finalement, je lance. attends ! aide-moi à me lever., comme si j'étais déjà la grosse vache que je vais devenir, pour l'instant je suis pas lourde.