je me fous du monde entier.

ROSANNE PERLIN

elle s'appelle rosanne. rosanne perlin. si vous écoutez bien, les gens l'appellent rose. ou rosie. ou anne mais c'est plus rare. finalement, y'a que papa et maman qui l'appellent rosanne. et les documents administratifs. elle a dix-huit ans, soit dix-huit ours en pelchue, un pour chaque anniversaires. elle a commencé treize journaux intimes qu'elle n'a jamais tenu plus de quatre pages. pourquoi raconter sa vie ? pour qui ? elle est seule et solitaire et fière de l'être. c'est ce qu'elle dit. c'est ce qu'elle veut se faire croire, se dire que lui, on s'en fout qu'il se soit tiré. de toute façon, finalement c'est peut-être elle qui a pris ses clics et ses clacs, qui sait... elle même sait plus. le moindre garçon qui passe peut lui faire tourner la tête en deux secondes. mais jamais plus de vingt-quatre heures, il a intérêt d'être rapide. elle ne vit pas pour eux. elle vit pour avoir de la peinture sur les joues, de l'encre sur les doigts, de la terre glaise sous les ongles. elle n'a pas un vêtement qui n'est pas taché de peinture ou de terre. des fois à la fac où elle étudie l'histoire de l'art, elle se fait moquer. mais elle s'en fout, elle se fout de tout le monde. elle sert des mojitos le weekend pour payer ses cigarettes. et si on la cherche un peu trop elle cogne. rosanne aime bien cogner. elle n'aime pas être faible. elle aime un tas de choses et rien en même temps. elle est jamais au bon endroit au bon moment. elle réfléchit jamais. elle saute d'un pont si on lui dit "t'es cap ?" et elle oublie qu'elle sait pas nager. elle danse la javanaise.

elle regarde par la fenêtre de sa chambre, paris sous ses pieds. paris qui se fout d'elle. paris qui ne veut pas d'elle. si jack ne veut pas d'elle alors personne ne veut.

le ciel bleu sur nous peut s'effondrer, et la terre peut bien s'écrouler. peu m'importe si tu m'aimes, je me fous du monde entier. tant qu'l'amour inondera mes matins, tant que mon corps frémira sous tes mains... peu m´importent les problèmes, mon amour, puisque tu m'aimes.

elle tire sur sa cigarette, l'acordéon résonne dans sa tête. est-ce au moins seulement un acordéon ? ou un violon ? elle en sait foutre rien. elle s'en fout. finalement, c'est peut-être rosanne qui se fout de paris. elle regarde l'heure. c'est le moment. il va passer. passer en bas de chez elle. il ne la verra pas, mais elle elle va le voir. cet autre. le seul autre. le seul qui prend parfois la place de jack. jack l'affreux. jack le monstre.jack le briseur de coeur. jack à qui on donne sa confiance pourqu'il en fasse des cocottes en papier. cet autre... elle aimerait bien lui dire. lui faire confiance. mais elle peut pas. et même elle s'en fout finalement d'avoir confiance. rosanne ne croit plus en rien, ni en personne. elle croit qu'en ses petits pinceaux.

j'irais jusqu'au bout du monde, je me ferais teindre en blonde si tu me le demandais. j'irais décrocher la lune, j'irais voler la fortune si tu me le demandais. je renierais ma patrie, je renierais mes amis si tu me le demandais. on peut bien rire de moi je ferais n'importe quoi si tu me le demandais.

elle a envie de couper le cd qui passe dans son lecteur et qui résonne dans tout l'appartement. sa mère va encore gueuler. dire qu'elle fait chier avec édith piaf. merde rosanne t'as dix-huit ans, sors, vois des gens et arrête de nous les briser avec ta musique. mais au lieu de ça, elle monte le son, encore plus fort. elle trempe son pinceau dans la peinture bleue. elle coince sa cigarette entre ses lèvres. elle tire sur son débardeur trop grand qui est déjà couvert de gouache. elle trace un trait sur la toile. et un autre. ça y est. rosanne disparait. elle vit pour ses tableaux. elle vit pour ses sculptures. elle vit pour sa musique. elle vit pour tout et pour rien d'autre. le reste n'a pas d'importance. elle est un peu triste aujourd'hui. l'autre n'est pas passé sous ses fenêtres. elle se dit qu'il est avec une autre. et qu'elle devrait être avec un autre, elle aussi.

si un jour la vie t'arrache à moi, si tu meurs que tu sois loin de moi, eu m'importe si tu m'aimes, car moi je mourrai aussi. nous aurons pour nous l'éternité dans le bleu de toute l'immensité, dans le ciel plus de problèmes, mon amour, crois-tu qu'on s'aime ? dieu réunit ceux qui s'aiment...

romane, romie, romy. comme tu préfères, si tu me cherches tu me trouves sous pulp fiction, parce que goddam ! vingt-deux ans et quoi dire d'autre ? ollp 4ever. et puis, j'aime le rosé, entre nous c'est à la vie à la mort. l'icon c'est léanna.

MES LIENS

JACK NAZLANQ ▸ le monstre qui fait des loopings dans le coeur.
scott adams ▸ le (beau) mec dans la rue.
jules NAZLANQ ▸ la soeur de l'autre.
NAJIA AL-KÂTIB ▸ la super-hyper-asociable sista-besta.
aimé levy ▸ le voisin de palier qui fait sourire de bizarrerie.
camel AL-KÂTIB ▸ le crush d'adolescente.
saad AL-KÂTIB ▸ le p'tit con qui fout le bordel.
lola pann ▸ la j'te kiffe moi non plus.