Je ne compris pas trop la réponse de mon élève. Enfin, il avait l'air motivé, trop motivé même. J'eus la mauvaise pensée qu'il mijotait peut-être quelque chose mais ceci ne fit que m'effleurer l'esprit car une aussi jolie mine que la sienne ne pourrait pas prévoir des plans machiavéliques. Au final, quand je vis comment il se donnait à fond pour l'exercice et comment il avait compris en un rien de temps une fois que je lui eu ré expliquer, ces pensées se dissipèrent complétement. J'en venais même à me demander les raisons exactes de cette motivation mais aucune réponse ne me vint. Après tout, il était peut-être tout simplement avide de nouvelles expériences. Je fis un large sourire quand je vis Cédric démolir son adversaire devant mes yeux. J'avais toujours aimé voir mes élèves réussir et s'y donner à coeur joie.

Finalement, le blond revint vers moi en me disant qu'il faudrait que je le prenne comme partenaire. Cette demande était légèrement étrange. Je n'avais pas l'habitude qu'on me le demande, si ce n'est de la part des demoiselles qui voulaient juste « bien se faire voir du prof » ou reluquer mes abdominaux. J'avais l'avantage d'être jeune et malheureusement, on ne me considérait pas toujours comme un prof sérieux du coup, vu la maigre différence d'âge avec mes élèves. Je fus déstabilisé par cette requête qui me prit de cours. Mon but était de ne pas faire de favoritisme et là, c'était clairement ce qu'il me demandait. Je décidais donc de le remettre à sa place gentiment, sachant néanmoins qu'il ne demandait cela que pour s'améliorer. C'est ce que je pensais en tout cas... « Tu sais bien que je ne peux pas. Ce ne serait pas juste vis à vis des autres. Mais si tu as besoin d'aide pour comprendre d'autres choses, je me ferais un plaisir de te les faire assimiler. C'est mon rôle après tout. » Je disais cela à contre coeur mais je n'en fis rien paraître. Qu'est-ce que j'aurais donné pour revivre cela moi aussi ? Son corps de rêve... Sa chaleur... Miam !

Il me raconta ensuite que je venais de lui sauver la vie. Je trouvais cela un peu exagéré vu que je n'avais fait que mon travail mais je lui fis tout de même un sourire gratifiant. Il n'y avait rien de plus agréable qu'un élève heureux de son cours. Et puis, si en plus je pouvais les aider à avoir leur année, tout le monde était gagnant. « On va essayer de continuer comme ça pour que tu ais de bonnes notes dans ce cas ! » Par comme ça, j'entendais simplement le fait qu'il puisse comprendre les exercices pour ensuite les appliquer.

Après le débriefing, ils retournèrent tous à leur poste et je les regardais un à un, posant néanmoins plus d'attention sur Cédric. Décidément, il m'était une pâtée à tout ses camarades désormais. J'en étais presque fier de moi, même si c'était lui qui faisait tout le boulot. J'avais toujours pensé qu'un bon professeur est celui qui sait écouter et comprendre. On me disait toujours le contraire et pourtant, je venais de prouver que j'avais raison. Il revint rapidement vers moi et je lui demandais alors « Quelque chose ne va pas ? » Et il finit par me demander si je donnais des cours particuliers. Cela me surprit mais je lui répondis tout de même « Ça m'arrive oui. On voit ça à la fin du cours si tu veux ! »

D'ailleurs, je regardais ma montre. Il ne restait que cinq minutes. Je regroupais tout le monde encore une fois, leur annonçant que le cours était terminé. Je leur annonçais le programme pour la semaine suivante, leur demandant de retravailler si possible ce qu'on avait vu aujourd'hui avant de les faire disposer. La plupart se dirigèrent donc vers les vestiaires après avoir récupéré leurs affaires dans la salle. Je fis néanmoins signe à Cédric pour qu'il me rejoigne. « Donc tu souhaiterais te perfectionner en quel sport en particulier ? »

Le jeune homme me dit bientôt que j'étais un prof unique, enfin c'est ce que je compris en tout cas. Oui, j'aime bien me lancer des fleurs de temps en temps, interpréter ce qu'on me dit comme cela m'arrange, ce genre de choses quoi. Je lui fis un sourire en guise de remerciements. Ce n'est pas tous les jours que j'ai le droit à de tels compliments de la part de mes élèves. Tout d'un coup, j'aimais encore plus mon boulot. Je trouvais cela naturel de vouloir aider mes élèves mais bon, il est vrai que mes collègues n'avaient pas tous cette vision du métier. J'en avais d'ailleurs moi-même fait les frais durant ma scolarité. « Merci beaucoup. Ça me touche ce que tu dis là. » Vous allez rigoler mais j'étais sincère. J'étais particulièrement attendri dans ce genre de moments. Sans doute un de mes petits côtés gays.

Le cours se terminait donc et je fis signe à mon élève pour qu'il me rejoigne. Il enleva bientôt le haut de son kimono et là, je crus que j'allais m'évanouir. Non, je ne suis pas une nana mais que voulez-vous, quand vous voyez des abdominaux aussi bien formés, impossible de se tenir quoi. S'il n'avait pas été mon élève et dans d'autres circonstances, je lui aurais sans doute déjà proposé de boire un verre ou de passer chez moi mais bon, là, il fallait que je me retiennes. Je retins un peu de salive qui allait commencer à couler. Et bizarrement, moi aussi je commençais à avoir de plus en plus chaud, mais ce n'était pas à cause de la chaleur de la pièce.

Le blondinet me confirma ce que je savais déjà, côté musculation, tout allait bien. Tu m'étonnes, avec ce qu'il me montrait à ce moment là, je ne pouvais pas le nier. Je faillis exploser de rire avec mon esprit mal placé quand il me dit que néanmoins, il y avait du travail côté endurance. Heureusement que je n'étais pas en mode avec mes potes car sinon... La discussion aurait sans doute tournée bizarre. Je tentais au maximum de garder la sagesse du professeur au moins en surface. « Je pourrais peut-être t'aider à aller au bout de ton effort alors. » Même si je ne voyais pas trop comment, si ce n'est... Mais bon, c'était hors de question, surtout qu'il devait avoir plein de filles qui lui couraient après et qu'il n'était donc pas du même acabit que moi...

Il me proposa ensuite de me faire un compte rendu qui me permettrait de savoir en quoi je pourrais l'aider. C'est vrai que ça pourrait être pratique mais j'avais pensé que s'il me demandait des cours particuliers, c'est qu'il avait déjà une idée d'en quoi je pourrais être utile. A priori pas vraiment en fait. Je commençais à me demander pourquoi le jeune homme m'avait fait cette requête. Si je n'avais pas été du genre à toujours vouloir le meilleur pour mes élèves, je me serais sans doute poser plus de questions et lui aurais dit de repasser me voir quand il serait fixé mais bon, je n'étais pas comme cela. Je finis par lui répondre assez peu sûr de moi « Ça pourrait peut-être être utile en effet. » Ou alors cela ne le serait pas, c'était aussi une éventualité.

Et puis, alors que je pensais que la conversation allait se terminer, vu qu'il ne savait pas vraiment pour l'instant en quoi je pourrais l'aider, il me demanda si je pouvais lui accorder du temps maintenant. Instinctivement, je regardais ma montre. J'étais censé passer chez mes parents pour leur apporter quelques affaires qui trainaient chez moi mais cela pouvait attendre. Néanmoins, je devais aussi aller voir le directeur de l'université afin que l'on parle de l'emploi que j'aurais en septembre et cela était plutôt du genre important. Je fis une grimace avant de répondre. « C'est que tu me prends un peu au dépourvu. J'ai des choses à faire. Enfin... Si tu peux attendre un peu, je peux m'arranger pour revenir d'ici une demi heure, trois quart d'heures maximum. »

Cédric accepta bientôt le deal que je venais de lui proposer, à savoir de se retrouver plus tard dans la soirée car j'avais quelques choses à faire. Il me demanda si 18 heures mirait. Je hochais de la tête. Rendez-vous au café du coin par contre ? Ce n'était pas vraiment un lieu où je pourrais lui montrer des exercices de sport parce que entre les tables et les chaises du bar, c'est clair et net que ce ne serait pas approprié. Mais d'un autre côté, la salle de sport était occupée par des cours et serait ensuite fermée, pour pallier aux cambriolages et effractions qui avaient déjà eu lieu à plusieurs reprises. Je repensais alors au fait que le jeune homme ne savait pas exactement ce qu'il voulait approfondir et par conséquent, je ne pouvais pas prévoir quoi lui faire faire. En discuter dans le bar était donc une plutôt bonne idée en y réfléchissant bien. Néanmoins, il y avait un hic car le campus était plutôt grand et les étudiants, malgré le fait qu'ils sont censés grandir après le lycée, ne le font pas pour autant. J'avais déjà eu des problèmes avec des étudiants qui avait crié aux attouchements sexuels juste parce que je ne leur portais pas assez d'attention et depuis, je faisais assez gaffe à ce genre de choses. Le regard de mes élèves sur moi était très important et je ne voulais pas courir le risque de croiser l'un d'eux sur le campus alors que j'étais en « rendez-vous » avec un autre de mes élèves. Ils auraient trop vite fait de lancer des rumeurs, sans savoir que c'était un cours particulier. Je regrettais de devoir en arriver jusque là mais je devais faire avec malheureusement. « On ne peut pas se voir ici, ce sera sans doute fermé comme les autres salles donc pourquoi pas dans un café en effet. Nous pourrons parler plus en détails de ce que tu dois améliorer et de ce que je peux faire pour toi. » J'étais sincère sur toute la ligne. Je disais tout ce que je pensais sans m'en cacher. Cependant, j'étais intérieurement exalté à l'idée de passer du temps en privé avec cet élève. Je pouvais paraitre idiot mais il me faisait me sentir bizarre. J'étais totalement attiré par lui et il n'y avait pas une seconde depuis le début de la conversation où je n'avais pas dû m'empêcher de regarder son torse afin de ne pas être démasqué. Comment prendrait-il le fait que je le mate alors qu'il demandait simplement un peu d'aide ? Je sortis de mes réflexions en reprenant « Sois à 18 heures au café du troisième arrêt de métro. Je ne veux pas avoir de problèmes avec le directeur de la fac parce que je vois mes élèves en dehors des heures de cours sur le campus. » Après tout, nous n'avions que quelques années de différence tout au plus et il ne serait pas étonnant qu'on se fasse des idées sur ce rendez-vous éducatif. Je ne cachais à personne ma sexualité mais dans mes élèves, personne n'était au courant de ma vie privée donc encore moins de cela.

Sur ces derniers mots et une fois l'accord passé, je pliais mes affaires, mis mon sac sur mon dos avant de récupérer ce que j'avais laissé dans un casier du vestiaire. Je n'avais pas le courage de me changer maintenant et le doyen verrait que je sors de mon cours comme ça. Il avait l'habitude de me voir dans cette tenue de toute façon. C'est à contre cœur que je quittais la vue de ce si beau corps et la compagnie du jeune homme mais je me dis que je le reverrais dans même pas deux heures. Il ne fallait tout de même pas que j'oublie que c'était purement scolaire et non personnel car me connaissant, je serais bien capable de faire de la bouillie de ce beau minet. Enfin bon, je ne me faisais pas de bile non plus, sachant qu'il était hétéro. Il fallait que j'arrête de fantasmer sur tout les beaux mecs qui passent à côté de moi quand même ! Le doyen m'attendait dans son bureau. Il ne me fallut que dix minutes pour m'y rendre à pied, le temps de traverser une partie du campus. Comme je m'y attendais, il renouvelait mon contrat pour l'année suivante. Ceci me soulagea énormément car même si je savais que j'avais fait du bon travail au cours de cette année et que peu de personnes s'étaient plaintes de ma manière de travailler, il y avait toujours une part de moi qui avait peur de ne pas y arriver. Je pourrais donc continuer à enseigner et mieux que cela, il me mettait en charge des cours de sport de la première année de licence de sport. Cela me ferait plus de travail et je devrais sans doute réduire mes horaires au lycée où je travaille également mais mon rêve s'exauçait après toutes ces années de dures labeurs. C'est un large sourire aux lèvres que je sortis du bureau du principal après avoir signé les papiers administratifs de ma reprise. Je ne pouvais pas être plus heureux. D'instinct, je composais le numéro de ma maman pour lui annoncer la bonne nouvelle. Elle m'expliqua aussitôt qu'elle était très fière et heureuse pour moi. Je passais un bon quart d'heure au bout du fil à lui parler des dernières nouveautés de ma vie. Nous avions toujours eu une relation fusionnelle et d'autant plus depuis mon « viol ». Je regardais bientôt l'heure. Il était déjà 17h40. Je pris alors le premier bus qui passait afin de me rendre au café que j'avais indiqué au blond, tout en continuant à parler à celle qui m'avait donné la vie. Le bruit environnant ne permettait pas une conversation très audible mais nous firent avec et lorsque je fus arrivé, je lui indiquais que je la laissais et que je l'embrassais, ainsi que mon père. L'indépendance a un prix et pour moi, il s'agissait de donner des nouvelles très régulièrement à mes parents, sans quoi ils venaient chez moi à l'improviste avec tout ce qu'il faut à manger. A peine arrivé, je remarquais le blond déjà assis à une table en terrasse. Je me dirigeais vers lui avant de lui dire « Je ne pensais pas que tu serais déjà là. » Le professeur a le bon droit de tutoyer ses élèves et j'en usais souvent. J'avais au final dix minutes d'avance. Très bon timing au final. « Alors tu as eu le temps de réfléchir à ce sur quoi tu veux travailler en une heure et vingt minutes ? »

C'est alors que le jeune homme me répondait que je pris place sur la chaise qui se situait en face de lui. Il m'apprit rapidement qu'il n'habitait pas très loin et qu'il était de nature ponctuel. J'aurais pu lire la première information sur son dossier scolaire de l'université mais ce n'était pas vraiment mon genre de fouiner sur la vie des gens. S'ils veulent m'apprendre des choses, ils doivent pouvoir me le dire eux-même, et à priori là c'était le cas, bien que Cédric ne me l'avait certainement pas dit de manière à se que je le retienne mais plutôt comme une information pour expliquer le fait qu'il était déjà là. J'en perdais presque le fil de mes pensées à le regarder. Habillé en civil, il était presque encore plus sexy qu'en kimono de judo. J'en avais presque honte d'être resté dans les mêmes vêtements alors qu'un jean et un polo étaient confortablement pliés dans mon sac. Tant pis, ça rappelait le but du rendez-vous comme ça. J'acquiesçais de la tête avant de répondre : « J'ai bien choisi le lieu alors, ça ne te fera pas trop long pour rentrer après. » C'est vrai que j'aurais pu mal tomber en le faisant aller à l'autre bout de la ville et à vrai dire, je n'y avais pas du tout pensé mais maintenant que c'était fait, j'étais heureux de mon choix.

La conversation continua sur la requête faite à propos du sport et contrairement à ce que je m'attendais, la blond réitéra ce qui concernait l'endurance. J'y avais un peu réfléchi en chemin et la meilleure solution qui m'était venue était l'entrainement. Et oui, on ne peut pas devenir endurant sans essayer de l'être, cela me paraît logique et en plus de cela, je n'avais aucun remède miracle pour améliorer l'endurance. Nous n'étions malheureusement pas dans les sims où fabriquer une potion nous permet de tout arranger. Là, c'était la vie réelle avec des perspectives totalement différentes. Je n'avais pas eu l'occasion de voir le jeune homme pratiquer un tas de sport mais le peu que j'avais vu au cours des leçons du mercredi après-midi m'avait suffit pour savoir qu'il disait vrai. Il y avait eu ce petit accroc plus tôt dans la journée avec l'exercice mais il n'avait pas fallu longtemps pour que je comprennes qu'il n'avait juste pas assimiler les mouvements qu'il fallait faire. Il n'y avait qu'à voir avec quelle facilité il avait réalisé l'enchainement une fois notre « tête à tête » terminé. Je continuais de regarder dans sa direction, réfléchissant tout de même quelques instants et je répondis bientôt. « D'accord. Dans ce cas, je pense que la meilleure solution serait que tu t'entraines. Un petit footing tous les trois jours. Tu augmentes la durée à chaque fois de cinq minutes et dans quelques semaines, tu verras que ça ira mieux. » J'étais presque fier de la réponse que j'avais sortie, du vrai professionnalisme. Je continuais néanmoins vu que je lui avais promis de l'aider. Et même s'il n'y avait aucune forme papier d'arrangement, je tenais à respecter ce que j'avais dit. « Je pourrais faire le premier avec toi, te montrer comment bien gérer ta respiration pour tenir plus longtemps, etc. J'ai l'habitude de courir tous les dimanches donc tu pourrais éventuellement m'accompagner si tu es libre. » Je faisais en fonction de mon planning, ayant une semaine assez chargée. Certes, je prenais sur mon loisir personnel qui était de courir seul mais là, je serais du genre très bien accompagné. Et puis, aider était mon métier donc je pouvais bien y consacrer encore un peu plus de temps. Il faudrait juste que je pense à regarder quel parcours emprunté car moi, je n'habitais pas vraiment dans le coin pour le coup et je n'allais tout de même pas faire venir le blond jusqu'à chez moi...

Bientôt, il me proposa de boire un verre, ajoutant aussitôt qu'il l'offrait. Cela était très gentil de sa part mais je ne pouvais vraiment pas accepter. Je suis censé être l'adulte responsable avec un emploi fixe, même si au fond, nous ne devions avoir que quelques années de différence et que je ne connaissais rien sur sa vie professionnelle. Qui sait ? Lui aussi avait peut-être un emploi également. Avant que le serveur n'arrive, j'eus juste le temps de préciser mes pensées. « Oui je veux bien mais hors de question que tu payes pour deux. C'est moi le professeur et je dois prendre soin de mes élèves, pas le contraire. » Je n'avais jusqu'à présent porter aucune attention au monde environnant et lorsque le serveur arriva, c'est avec une voix peu chaleureuse qu'il nous demanda ce que l'on voulait boire. Je tournais alors immédiatement la tête vers lui, me demandant pourquoi il était aussi désagréable. Nous n'avions pourtant rien fait et cela ne faisait que cinq petites minutes que nous étions assis, donc tout le temps nécessaire pour commander. Et lorsque je vis sa tête, je compris aussitôt. Il avait les mimiques types des gays, cela se voyait tout de suite. Je souris, amusé. Il n'était tout de même pas jaloux... Au pire, il avait remarqué que moi aussi j'étais gay mais bon, Cédric n'était que mon élève - bien que j'aurais bien fait plus avec lui – et donc, il n'avait pas de quoi croire que quelque chose pourrait arriver. Même si je le voulais de toute façon, je n'aurais eu aucune chance avec un garçon comme Cédric. Je rebaissais la tête, jetant un regard complice avec le blond, même si je doutais qu'il puisse comprendre mon regard, avant de la remonter et de dire au serveur « Je prendrais une bière pression s'il vous plait. » Je ne suis plus officiellement pendant les heures de travail, j'ai fini ma journée et donc je peux bien me le permettre. J'attendis que mon interlocuteur passe également sa commande et que le sexy serveur s'en aille pour reprendre. [color=green]« Et bien dis donc, je ne sais pas ce qu'il avait mais... pas très aimable. »[color] Et je fis un sourire pour accompagner mes paroles.

Le jeune blond m'avoua bientôt qu'il allait essayer de suivre mes conseils, même s'il avait souvent la flemme. Je comprenais parfaitement car faire quelque chose que l'on n'aime pas ou qu'on n'a pas l'habitude n'est jamais chose aisée. Je ris légèrement en l'entendant avant de lui faire une petite confession. « Ce n'est jamais facile de commencer mais après tu verras, tu adoreras sans doute cela ! Moi aussi j'avais du mal avant et désormais, c'est un vrai plaisir ! » C'est limite si je ne prenais pas mon pied en courant d'ailleurs tellement j'adorais cela. Et puis le garçon me dit alors qu'il était partant pour un jogging avec moi, ce qui serait son premier entrainement au final. Tout d'un coup, il me parut bien mûr, un peu comme moi quelques années plus tôt. J'appréciais grandement le fait qu'il ait compris aussi facilement que je ne préférais pas qu'on me voit avec un de mes élèves, même si c'est strictement éducatif. Je lui rendis son sourire, hochant de la tête par la même occasion. Et je finis par lui dire sur un ton désolé. « Je m'excuse de t'imposer cela. » Si seulement j'avais 40 ans, aucune attirance pour les garçons et donc aucune chance de coucher avec un de mes élèves, je ne prendrais sans doute pas toutes ces précautions mais là, ce n'était présentement pas le cas et je ne tenais vraiment pas à mettre en péril ma place d'enseignant.

Cédric me fit rire quand il m'expliqua qu'il m'offrirait une bouteille d'eau après notre jogging. Il avait l'humour facile et c'était un véritable délice de discuter avec lui, même si au final, nous ne discutions plus vraiment du cours de sport. Je lui répondis alors avec un large sourire. « Si cela peut te faire plaisir, je ne vais pas t'en empêcher. » J'aimais beaucoup l'attention ! Le serveur arriva donc et je passais commande, suivi par le blond qui prit la même chose que moi. C'était étrange mais j'avais presque l'impression d'être à un rendez-vous, avec mon partenaire qui prend la même chose et tout. Mais par la suite, c'était plutôt l'impression d'être avec un ami qui vint, enfin pas celle d'être avec mon élève en tout cas. C'était assez sympathique bien que assez étrange. J'aurais sans doute réagi différemment si cela avait été un de mes élèves de lycée mais là, le jeune homme devait avoir à quelque chose près le même âge que moi donc...

Finalement, la discussion dériva sur le taux de testostérone. La réaction du garçon me surprit mais je ne le montrais pas. Il fallait que j'arrête de le considérer comme quelqu'un de beaucoup plus jeune. Je me surpris moi-même en répondant quasiment aussitôt. « En même temps, il y a du niveau à cette table. » Je venais, sans y réfléchir de lui avouer que je le trouvais plutôt beau gosse, tout comme je me trouvais beau également. Après cela, il n'allait plus jamais me voir de la même façon. Mais en même temps, c'était le risque à prendre et le risque que j'avais pris en acceptant de boire un verre avec lui alors que j'aurais tout simplement pu lui parler de tout cela dans mon bureau de la fac. Je n'allais pas me focaliser la dessus, il serait toujours temps de redresser la barre lors du prochain cours. Là, je n'étais plus professeur, juste Brownie. Le serveur revint, nous apportant nos deux bières, avant de repartir presque aussitôt. Toujours aussi aimable ! Cédric eut la même pensée que moi à ce sujet à priori après ce regard qui voulait à la fois tout dire et ne rien dire que nous avions échangé. « Ce n'est pas moi qui lui en laisserait pour le coup. » Je n'avais jamais été radin pourtant. Ayant été élevé de manière très catholique, on m'avait appris à partager et par conséquent, à laisser des pourboires mais bon, il ne faut pas abuser de ma gentillesse non plus. J'en fais preuve uniquement si on est gentil et aimable avec moi en retour !

Et ce fut le moment que choisi Cédric pour m'en demander plus sur mon métier. Plus précisément, il me demanda depuis combien de temps j'étais professeur. Ceci me fit sourire. Il avait posé la question avec tact, une question que l'on me posait bien souvent d'ailleurs. « C'est vrai qu'il n'est pas commun de voir des professeurs de fac de mon âge. » La plupart de mes collègues avaient entre 35 ans et 50 ans environ et j'étais donc le petit jeune à qui on ne faisait guère confiance, même si j'avais réussi à m'affirmer au fil de l'année. « Cela fait deux ans que j'enseigne au lycée et c'était ma première année à l'université là, ce pourquoi je ne donne des cours que aux options et non aux licences, etc. » Même si cela allait changer dès l'année suivante avec la bonne nouvelle que je venais d'apprendre. Je fis un sourire en y pensant. « Et toi, quels sont tes projets de métier ? »

L'université prenait la plus grande partie de mon temps après les cours que je donnais au lycée. J'adorais mon métier, c'était tout ce que je voulais faire depuis mon plus jeune âge et rien que l'idée que je pourrais perdre tout cela en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, juste à cause de la proximité d'âge entre moi et mes élèves et du fait qu'un professeur ne doit en aucun cas sortir ou coucher avec un de ses élèves, me faisait réfléchir un maximum. Je n'étais cependant pas du genre à reculer quand quelqu'un me demande de l'aide et cela m'avait paru totalement naturel d'accepter de donner des cours particuliers à Cédric. Le problème maintenant était de faire attention mais heureusement pour moi, il semblait parfaitement comprendre et même mieux, du même avis que moi puisqu'il m'avoua qu'il se sentirait mieux si nous n'étions pas observés. Je n'avais pas pensé une seule seconde qu'il pouvait avoir « honte » qu'on le voit prendre des cours particuliers mais maintenant qu'il m'en parlait, je me sentais presque idiot de ne pas y avoir pensé. « Dans ce cas, c'est parfait si ça nous arrange tout les deux ! » Je lui souris encore une fois, comme pour le remercier ou lui montrer ma gratitude, ou peut-être tout simplement parce que j'avais envie de sourire après tout.

J'appris bientôt que le blond faisait des études en management, ce qui expliquait le fait que je ne l'avais encore jamais vu sur le campus, en dehors des cours que je donnais à sa classe. En même temps, l'université de Paris est tellement grande que la possibilité de croiser mes étudiants plusieurs fois par semaine est assez minime, je l'avais très vite compris. En même temps, cela ne me dérangeait pas car du coup, je ne me faisais pas accoster lorsque j'allais jusqu'à ma voiture pour un renseignement sur le prochain cours. Mais d'un autre côté, on me confondait souvent avec un étudiant et les filles m'approchaient comme si j'étais au même niveau qu'elles, avec peut-être deux années de plus d'études. J'essayais de ne pas me focaliser, de les envoyer balader gentiment en leur disant que je suis en fait un professeur mais parfois, certaines le prennent vraiment mal en me sortant que ceci n'est qu'un prétexte. Et dire que ce n'est que la simple réalité. « Il est vrai que de nos jours, c'est assez compliqué de savoir ce que l'on veut faire, et même quand on le sait, il faut encore y arriver. » Combien de personnes j'avais vu à avoir un rêve de carrière depuis leur plus tendre enfance, faire les études pour et au final, ne dégoter aucun boulot dans leur branche ? Je ne les comptais plus mais en tout cas, c'était le cas de la plupart de mes amis du lycée. « J'ai eu de la chance personnellement, je fais ce que j'ai toujours voulu ! Mais dans tout les cas, accroche toi jusqu'au bout. » Car oui, au final, le plus dur n'est pas d'avoir son diplôme de faculté, mais de trouver l'emploi de ses désirs par la suite, un patron qui ne vous embêtera pas trop, ce genre de choses.

Le jeune homme but une gorgée, j'en fis autant, histoire de le suivre. Et il me parla ensuite du fait qu'il pourrait tout plaquer pour suivre quelqu'un par amour. Personnellement, c'était typiquement le truc que je ne ferais jamais, ayant trop trimer pour en arriver là où j'en suis aujourd'hui mais à son âge, peut-être que j'aurais pu éventuellement. Après tout, des études on peut en faire partout, même si cela peut s'avérer assez compliqué selon les circonstances. Ce qui me fit cependant le plus tilter fut le fait qu'il venait de m'apprendre qu'il était célibataire, même si ce n'était pas dit explicitement, ou alors il était avec quelqu'un qu'il n'appréciait pas plus que cela. « Ce n'est pas idiot comme raisonnement mais j'espère pour toi que tu trouveras la femme de ta vie sur Paris car c'est tout de même nettement plus simple que de devoir tout recommencer à zéro. » Je me mêlais vraiment de ce qui ne me regardait pas à ce point de la conversation mais à vrai dire, je n'y prêtais plus vraiment attention.