Mange cinq fruits & légumes par jour ▲ Végétarienne. Par nécessité surtout qu'par un choix d'orientation alimentaire prônant une position pour l'sauvegarde des animaux. L'viande, ç'coûte cher sauf quand t'chasse par toi-même. L'boucher fait pas d'cadeau et propose souvent des paiements en nature. Moi ? pas intéressée alors j'rongeais ma carotte comme Bug Bunny ... à défaut d'manger une autre carotte. POUAH ! Huile à moteur ▲ Vernis, brushing, coloration, mèche, paillettes, toussa, toussa, j'ai pas connu. Pas l'moyens. En plus l'vieille peau qui m'a élevé était tout c'qui avait d'rustre et d'âpre, pas une once d'féminité. Façon, la féminité pour elle, c'était synonyme d'salope qui lui rappelait sa catin de fille. A vivre dans l'campagne profonde, ton maquillage, ç'd'vient la boue et l'herbe. Tes désirs sont désordres ▲ Ma mère a été l'première à être un désordre sur deux jambes. Pas foutue d's'poser avec un mec en question et quand elle s'posait, c'était t'jours pour une seule raison : l'fric. Alors forcément, quand elle a trouvé l'bon filon pour s'faire entretenir sa graisse, elle a largué l'paquet gênant. J'ai été élevé par une vieille d'composée acariâtre qu'prônait qu'les hommes étaient l'pire race. Paradoxal'ment, elle m'a éduqué comme un mec. Forcément aujourd'hui, j'suis un paradoxe mal fichu perdu entre l'féminité et l'masculinité. Perdu entre Sam et Léonie.[H]ématome ▲ L'fessée c'pour les tapettes. La vieille peau, elle y allait pas d'mains mortes pour m'faire presque payer d'exister. Bout d'bois en pleine gueule, pelle dans l'dos, gueule enfoncé dans un seau d'eau jusqu'à perte d'connaissance etc... A la dure quoi ! J'me plais à dire que ça m'a pas détruit mais au fond ... au fond ... Bref j'ai pris l'habitude qu'ça passe toujours par les coups et qu'un être humain, ça sait qu'frapper quand ça veut avoir un geste envers toi.Paris. Pourrie. Pareil ▲J'aime pas Paris, j'déteste Paris. Trop d'ruelles, trop d'gens, trop d'gueulantes, trop d'trop. Dans mon coin perdu, c'était pas parfait, certes mais j'étais bien, au chaud, à l'abri. Paris, j'm'y sens pas à l'aise, c'te ville, elle m'aime pas. C'réciproque, ça, c'certain. C'qui manque le plus c'la terre et tout c'qui est vert autr'ment que des billets. J'veux ma broussaille, ici, il pousse qu'des bâtiments et du béton 100 origines ▲ Mère-journée-porte-ouvertes-des-cuisses, père inconnu, père spectre. Les origines sont floues mais le tampon clair : Bâtarde. Fille de salope. donc. Salope. J'suis le sopalin du village, c'lui sur lequel les gens s'mouchent pour avoir l'pif vide et l'visage ravis, ravis d'leur p'tite vie bien ordonnée. Ma mère m'a largué en Hiver et il sembl'rait qu'un printemps n'est jamais venu par l'suite. J'suis restée en hibernation 1+1 = 1 ▲ J'ai longtemps cru être seule sauf qu'un jour, Léonie a débarqué sa dégaine à j'ne-sais-combien-d'euros. Deux gouttes d'eau tombées comme un averse d'pisse à vache. Léonie et Samantha. Samantha et Léonie. L'une vendue aux plus offrants, l'autre balancé dans l'trou paumé comme on balance un sac poubelle dans une déchetterie. L'une dans une cage dorée, l'autre dans un clapet à lapins miteux. Deux larguées aux antipodes mais venant d'la même souche indigne. Et maint'nant j'suis les deux.   Liberté bridée ▲ J'ai t'jours vogué comme j'voulais dans les bois, les champs. J'faisais ma life tranquille mais t'jours avec la vieille sur l'dos. Bois pas. Fume pas. Fréquente ça c'lui là, celle là. Ne flirte pas. Ne va pas au bal du village. Ne laisse aucuns garçons t'embrasser. Porte pas de soutien-gorge, c'est les putes qui en porte etc... La liberté mais étouffée alors ouais, j'suis comme l'nouveau né qui n'a jamais vraiment vécu et j'reste ignorante à la vie tout court. J'ne sais à vrai dire pas grand chose et là, j'apprends autr'chose avec une autr'sorte de liberté, la liberté financière et l'étouff'ment des apparences. Être pauvre, c'une chose, être riche, c'en est une autre.   Schyzo ▲ A être trop Léonie, j'en perd Sam. A être parfois Sam, j'perd la sécurité d'être Léonie. C'est quitte ou double dans c'te vie. C'est apprendre à jouer la comédie sans s'perdre, c'est agir comme une personne qu'j'n'serais jamais ni même eus le temps d'bien connaître. C'comme avoir être une SDF et n'trouver sa place nulle part vraiment. Le jeu des 7 différences ▲ Outre les univers et les personnalités bien différents qui m'séparent de ma jumelle, j'ai une tâche de naissance sur l'omoplate, deux cicatrices dans l'dos et une plus discrète sur l'poignet. Quand elle, elle avait moins d'tâches de rousseurs qu'moi et la trace d'un piercing à l'arcade et au nombril.