premier point ▲ Au nom du père, mon père était un sacré con et l'est toujours d'ailleurs. Il passe son temps à distribuer sa misère avec son caractère de chauvin, tiens, il porte bien son nom. Bourgeois méchanthomme qui croit qu'il suffit d'avoir des pécules pour réussir dans la vie. L'avare qui se retranche dans la pénombre parce que côté sentiments, il saigne. Avec lui, c'est Molière que l'on revisite - à la mauvaise. deuxième point ▲ Au nom du fils, celui que j'ai failli avoir, qui n'a jamais vu le jour et je remercie le seigneur d'avoir coupé court à une existence écrite comme un échec. C'est un secret qui a suivi la mère dans sa tombe et avec lequel tombent encore les larmes, les pleurs à une date funeste. Comme un anniversaire que l'on fête, comme l'son d'une suture qui pète.  troisième point ▲ Au nom du St Esprit - là où il devrait être, qui sait, dans ma tête ou dans des formulations religieuses où la piété côtoie la saleté du cœur. Là où dorment les squelettes, délocalisés du placard aux ventricules. L'esprit que j'ai fini par avoir à trop réfléchir sans jamais fléchir, seul, dans un coin de mon monde. Et putain, ce qu'il est moche, ce monde. quatrième point ▲ Mon corps est un temple que je respecte. Dénué de déchets ce qui n'est pas le cas de ma tête, des démons qui n'ont de cesse de me molester. Des cauchemars qui prennent place dans mon dépotoir à  regret. Avec son visage séraphique qui vient tout moduler, tout foutre en l'air. Tout.est.de.ma.faute. Point-barre.  cinquième point ▲ Mes soeurs qui ne me parlent plus. Qui ne me voient plus. Qui me déposent en haut de leurs cheminées. Dans un cadre photo comme les morts que l'on ne reverra plus. Que l'on salue aux grandes occasions. Qu'on ne reconnaîtrait pas de l'autre côté de la rue. Et le verbe que l'on conjugue le mieux : ignorer. Ignorons-nous, maudites. Mais ne sommes-nous pas les brebis d'un même troupeau ? A ça, je dis merde. La famille , il fut un temps où c'est autour d'elle que je gravitais. Lunaire, la terre s'est faite la malle et ne me regardera plus. De toute façon, j'en avais un peu mare de jouer aux satellites.   sixième point ▲ Elle, celle que je fume, celle qui je hume, qui m'exaspère comme la honte , elle me hante. Elle est l'ectoplasme d'une autre existence qui plâne au dessus de ma tête. Elle est mon vice. Celui duquel je ne peux me séparer. Longiligne, apaisante, néfaste et repoussante. Elle enrobe le paradoxe. Ma clope - celle que je consomme à l'abri des regards et pour laquelle je ferai mieux de me flageller. septième point ▲ La bagnole hors de prix qui dort dans un garage, un bien matériel dont je n'ai pu me séparer - sous son linceul blanc comme un cadavre, elle attend patiemment le jour où je lui reviendrai. A dire vrai, je n'ai même plus la force de la regarder et de me dire : putain, quel enculé. Tu es égoïstes. Tu ferais mieux de la vendre et de distribuer les thunes à ceux qui crèvent de faim. Mais, je crève aussi. Personne n'a l'air de le remarquer. huitième point ▲ D'un naturel fâché avec la tondeuse , ne criez pas "MALHEUR" si vous me voyez un jour arriver, pour vous confessez, avec une barbe de gros vendeur de churros. C'est moi, Père Séverin tirant sur Robinson Crusoé quand la flemme s’immisce pernicieusement dans mon rituel à la mécanique bien huilée. Dépareillé à tendance tiré à quatre épingles. Je flingue un peu le mythe du religieux toujours lisse, toujours beau. Non, moi, je pique, moi, je gratte. Moi, j'suis pas beau. Et puis, je suis méchant. Voila, c'est dit. Pour les réclamations : le bureau n'ouvre jamais. neuvième point ▲Sanguin – ça afflux – ça chauffe, surchauffe et certaines situations alarmantes encouragent ma verve, encouragent la bête, surtout gardez-vous de la réveiller. Elle ne sait faire aucune différence entre le bien et le mal, elle ne reconnait que l’injustice, elle a la fureur de vivre. Elle est bien là où elle est. Planquée, endolorie, recroquevillée. En latence, attention. Se battre : je fais tout pour ne pas avoir à le faire. Quelques cicatrices ornent ma peau, quelques vis tiennent mes os comme un mémo tangible. L’écho du passé qui influe toujours sur le présent. Je médite, je fais du yoga, comme un con, - pour arrondir les angles.  dixième point ▲ Va te faire foutre, c'est ça, le dixième point comme le dixième vice. Amen, Halleluya, ouvre ton aumônière la vioc, les caisses sont vides