premier point ▲ nous avions 15 ans cette année-là et pour la plupart des gosses de notre collège, jakob n'était rien d'autre qu'un enfant turbulent et immature. parfois, au détours des couloirs, certains le disait même goujat. jakob, ce jakob là, le mien. Il pouvait bien être le dernier des salauds que ça n'aurait jamais rien changé pour moi. il pouvait voler autant d'argents qu'il le voulait dans le porte-monnaie de sa mère, passer ses mains autant de fois qu'il  fallait sous la jupe des jeunes filles et dire tout les jurons que la littérature pouvait compter. je m'en foutais, hier et à tout jamais. Alors, lorsqu'un jour, une jeune fille l'a prit à part pour discuter et venir flatter sa joue de sa main fine et manucurer, la mienne était parti toute seule. juste un peu moins jolie sans doute. je n'ai jamais aimé frapper les filles, ce n'est d'ailleurs plus jamais arrivé après cette fois-là. je ne supportais juste pas qu'on puisse le frapper pour une raison de fierté brisée. fillette ou pas. alors, du jour au lendemain, j'étais devenu sully, l'ordure du goujat. celui qui frappe les filles pour s'amuser. mais de nos yeux à nous, je venais de prouver d'une façon tout aussi solennel qu'une promesse que je serais son plus précieux pilier, aussi fourbe soit le poids.deuxième point ▲ la personnalité de sofie et jakob sont si écrasantes que parfois, souvent, je me sens totalement écrasé. Alors, du regard des autres, je suis le plus timide, le plus sage, le moins facile à approcher. C'est vrai, je ne touche pas aussi facilement que jakob et je ne me déshabille pas avec la sensualité de sofie. je ne fais rien à vrai dire, si ce n'est rester dans mon coin, souriant et silencieux lorsque le monde m'étouffe un peu trop. pourtant c'est faux. de nous trois, le sage, ça n'a jamais été moi. je crois que parfois,les gens sont trop stupide pour que je prenne la peine de discuter avec eux. trop fade, pas assez brillant. pas comme jakob, pas comme elle. eux, ils sont tout ce que je recherche chez l'être humain. alors oui, je ne me mêle pas. je me contente d'être polie quand l'humeur est là, de sourire, de répondre et puis, lorsque je me m'agace, la vision des autres se fait moins brumeuse et soudainement, ils réalisent à quel point je ne suis pas celui qu'ils pensent voir. les plus timides ne sont pas forcément les plus gentils. et les plus froid ne sont pas forcément les plus méchant. troisième point ▲ Jakob a le don particulier de ne s’intéresser qu’à des filles aussi stupides que sans intérêt. Alors, la plupart du temps, jakob se contente de jouer et parfois, rarement, il lui arrive d’oublier le jeu au profit d’un truc qui bat trop fort. Lorsque nous avions dix sept ans, mon crétin est tombé sous le charme d’une fille. Le genre pour lequel il serait sans doute devenu sérieux si elle n’était pas infâme. Elle avait une si grande dose d’égoïsme que même moi, connaisseur du genre n’arrivait à l’égaler. Alors, lorsque jakob lui a demandé dans un élan de féminisme une babiole pour prouver leur attachement et qu’elle c’est contenté d’un message romantique sur facebook, je lui ai offert une bague. C’est aussi stupide que ça. Pourtant, il n’y a que le message et la fille qui ont disparus. La bague, jakob la porte encore et de temps en temps, lui invente une histoire d’amour brûlante pour attendrir les demoiselles. quatrième point ▲ Régulièrement et depuis que nous sommes en âge de faire véritablement nos propres choix en la matière, les gens tentent de me, nous persuader qu’il y a, derrière notre amitié quelque chose de plus fort, comme de l’amour, du sexe et soupçon de passion. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi deux filles peuvent partager ensembles une amitié aussi forte qu’ambigüe sans que cela choque et pourquoi, moi, nous, n’avons pas le droit d’avoir ce truc-là nous aussi. Oui je l’aime. Non, pas comme ça même si c’est tout autant. Non, je ne veux pas savoir quel goût il a et non, je ne suis pas curieux de partager ses draps. Surtout pas. Jakob c’est quoi ? C’est un ami, un frère ou alors c’est juste moi, en mieux. cinquième point ▲ Sofie et jakob me taquine souvent à ce sujet. Le sexe. Oh ouai, je suis de ces garçons qui en connaissent tout un rayon sans jamais avoir touché une cuisse, une hanche, des courbes. Tout ça sans vraiment savoir pourquoi. Timide, peu  entreprenant, pas assez intéressé ? Ou tout simplement ailleurs. Oui, tout simplement ailleurs. Pourtant, les occasions ne manquent pas. Lorsque j’étais au collège, j’ai passé toute une soirée dans la chambre d’une fille sans ressentir l’envie d’aller plus loin. Pourtant, la jolie blonde avait le don de laisser un peu trop souvent ses sous-vêtements à ma vue. Il y était blanc, ou rose. Ça n’avait pas vraiment retenu mon attention, tout simplement parce qu’à l’époque, de blonde, je ne voyais que sofie. Son corps a sans doute été trop tôt ma référence en matière de fille. Puis, plus tard, il y a eu ce gars, persuadé que je pouvais être gay, tout comme la moitié du lycée. Il était brun, blond, peut être même un peu des deux. Il avait le goût de la vodka et on j’ai lu au moins la moitié de ses mangas au cours de cette soirée là. je suppose qu’il aurait aimé que je regarde autre chose. Je suppose qu’il voudrait tous que je fasse autre chose. Sauf que l’envie, je ne l’ai tout simplement pas. Encore. sixième point ▲ L’appartement dans lequel je vis en compagnie de jakob et sofie ne dépasse pas les 18 mètres carré. C’est tellement petit que parfois, souvent, il m’arrive de marcher sans le vouloir sur jakob, échoué après six verres de vodka en plein milieu de la pièce. Pourtant je l’aime cet appartement, si fort et mille fois plus que celui dans lequel je vivais à berlin en compagnie de berlin. Evidemment, tout n’est pas plus beau à paris. Les tours de Marzahn me manquent, me sentir invincible me manque. Ici, il n’y a en face de nous qu’un immeuble de béton, si proche qu’il me suffirait peut être de tendre la main pour avoir à l’effleurer. C’est si risible. Sofie se déshabille n’importe où, sous nos yeux parfois alors qu’on tente de se trouver une place pour manger. Il n’y a rien de stable chez nous. La table se plie, les meubles se poussent, les matelas s’additionnent. Les murs changent de gueule tout les matins, parfois, c’est de poster dont il est couvert et le jour d’après, c’est de graffiti, ajoutés au courant de la nuit. Paris, cet appartement, il me donne l’impression de vivre de nouvelles glorieuse, de tout recommencer, autre part. septième point ▲ Je n’ai jamais ressenti le désir de m’adapter véritablement à la vie parisienne, lorsque nous avons débarqué dans le coin, nous n’avions ni argent, ni appartement. Il a fallut trouver un emploi, profiter de l’été pour dormir dehors et compter les jours qui nous séparent de l’automne. Alors, au bout de quelques semaines, c’est jakob qui le premier a sorti la tête de l’eau. Sofie a suivit, puis moi. Bien plus tard. Un bar allemand, pour un allemand. J’avais la tête de l’emploi. Et j’en ai mis du temps, à apprendre plus au moins le français. Ce que j’en savais à l’époque de berlin se résumait à je t’aime, veux-tu coucher avec moi, champs Elysée et bonjour. Et c’est lorsque je parle français, lorsque j’observe la tour effeil que berlin vient à me manquer. Tout parait si bien ici que je ne suis pas sur d’aimer vraiment ça. huitième point ▲ Je n’ai jamais aimé les études. Au collège, au lycée, je me forçais un peu. Histoire d’obtenir ne serais-ce que la moyenne. Ça n’a jamais été dans mes priorités. Alors, maintenant que j’ai un diplôme ridicule en main, je me rends compte que je n’ai absolument aucune idée de ce que je veux faire dans ma vie. Mon univers à moi ne se résume pas à ça lorsqu’il est le centre de celui des autres. Petit, je ne rêvais que de voir Berlin s’illuminait pour l’éternité. C’est ainsi que je voyais mon avenir. Pompier, policier, musicien, acteur, médecin, professeur, astronaute. Je n’ai jamais eu ces vœux-là. Alors quoi ? Peut être bien que mon vœu est plus simple qu’il n’y parait. Je suppose que si je pouvais voir toute les villes du monde s’illuminait pour un jour revenir sur berlin, je serais heureux. Même si pour ça, je dois abandonner tout ce qui aurait pu faire mon bonheur. neuvième point ▲ Je n’ai jamais été doué pour parler de moi. Non, généralement, je préfère laisser les autres le faire à ma place. Et des choses, les gens en ont toujours une tonne à dire lorsque ça ne les concernent pas. Si pour moi, jakob est la réponse même à la perfection que je n’ai pas, pour lui, je suis ce qu’il y à part de ce monde. Je ne sais pas si c’est tout aussi beau. Je n’ai jamais marché dans les rangs. Pas que je n’aime pas ça. C’est juste que le rang, je n’ai jamais été capable de le voir clairement, alors, à défaut d’être entouré, j’ai préféré prendre un chemin à part, marcher seul et attraper le t-shirt de jakob au bout de quelques kilomètres. dixième point ▲ La dernière nuit passée sur berlin fut sans doute la plus douloureuse de notre vie. sofie n’était pas là. Nous avions fini par l’aimer, réellement mais, quitter berlin, s’en aller, c’était quelque chose de particulier pour nous deux, quelque chose que même elle ne pouvait comprendre. Nous avions passé tellement de temps perché en haut de notre immeuble, à rêver de dévorer tous ceux qui nous ont un jour fait peur que tout quitter signifiait que nous allions laisser derrière nous une partie de notre existence, de nos rêves d’enfant. Alors, ce soir-là, de la même façon que nous avions fêté à une époque nos 24 mois d’amitié, jakob et moi sommes monté le plus haut possible afin de voir Marzahn et berlin s’éveillait, nos sacs de voyage, échouaient non loin de nos. Nous sommes restés silencieux, à écouter une fois encore why does my heart feel so bad, je crois que j’aurais pu en pleurer, de peur et d’appréhension et je crois bien que dans le fond, il n’y a que mon égo qui m’empêche de dire que c’est ce qui c’est passé. Après tout, malgré nos 19 ans, peut être que nous sommes encore que deux enfants.