lien entre vous et le scénario ▲Tu fermes les yeux, tu essaies de te concentrer sur autre chose que le bruit de ses sanglots étouffés. Elle ne pleure pas souvent Leva. Mais quand elle le fait, c'en est souvent toi la cause. Tu es lâche alors tu dissimules ta tête sur la couverture. Seulement, ce n'est pas suffisant pour étouffer le bruit de ses plaintes. Tu te demandes pourquoi elle est encore là, comment elle fait pour rester allongée de toi, même si tout ce que tu vois d'elle c'est son dos et ses longs cheveux emmêlés autour de son corps frêle. Vous vous êtes disputés ce soir et ça a dégénéré. Tu l'as trouvé trop oppressante, trop présente pour toi alors tu es sorti de tes gonds et le ton est monté. Tu es allé jusqu'à la pousser un trop fort contre ce mur, ses poignets fortement emprisonnés dans tes mains. Ce n'est pas la première fois que ça arrive. Pour ta défense, tu te dis que c'est elle qui a un peu trop insisté. Tu tournes la tête vers elle. D'ici, malgré l'obscurité, tu peux voir les quelques bleus qui viennent rompre la blancheur de sa peau sur ses bras. Tu te hais, tu te demandes comment elle fait pour aimer ce monstre que tu es, ce monstre que tu es devenu. Tu lui as demandé de partir mais tu ne le pensais pas. La vérité, c'est que tu es plus attaché à elle que tu ne le voudrais. Donc tu es en colère. Tu voudrais une pierre à la place du coeur parce que tu es incapable d'assumer le caractère éphémère de l'amour. Tu ne veux pas t'attacher à elle. Tu veux juste t'amuser d'elle, la rendre folle, regarder quelqu'un souffrir pour oublier que toi même tu souffres. Depuis quelques temps, ce n'est plus comme avant. Tu sais que tu l'apprécies cette fille, même si elle t'est bien trop dévouée et qu'elle est prête à tout pour toi, rien que pour te plaire. Seulement, la seule chose que tu sais faire, c'est lui voler son innocence, la détruire plus qu'elle ne l'est déjà. Elle pense que tu es sa chance, tu en ris car tu sais que tu es son enfer. Mais ce n'est pas si simple. Leva, Leva, Leva. Il t'arrive de penser à elle dans d'autres circonstances. Si tu la rappelles constamment, c'est parce que tu aimes cette douceur qu'elle t'offre, cet intérêt, cette sincérité, cette manière de t'aimer de tout son être et surtout de ne rien attendre en retour. Ces regards affectueux quand tu te glisses dans les draps tard la nuit et qu'elle t'attend, encore éveillée et heureuse de voir que c'est elle qui aura le privilège de dormir contre ton torse. Dans les yeux de Leva, tu vois Clara. Et c'est ça, c'est cette raison qui te pousse à la garder près de toi, cette raison pour laquelle ce sera toujours vers elle que tu te tourneras, cette raison pour laquelle elle est différente pour toi. Tendrement, tu te rapproches d'elle et entoures son corps de tes bras. Tu poses de petits baisers sur sa nuque alors que ses sanglots s'éternisent. Leva, arrête. Tu n'as pas le droit de pleurer, tu es trop jolie pour ça, tu lui murmures à l'oreille, posant ta tête contre son épaule. Puis tu restes là, à la bercer comme une enfant, jusqu'à ce que les sanglots cessent et qu'elle trouve le sommeil.