Tu es le fils d'un rabbin ▲ On dit que la religion et l’ethnie ne façonne pas forcément un homme et pourtant, ta vie semblait tournée autour de cela. Tu es né à Varsovie au sein d’une communauté juive extrêmement renfermée sur elle-même et bien entendue pratiquante. A la maison il n’y avait pas de place pour les gamineries, tu étais le fils du rabbin et tu n’avais droit à aucune erreur : seule l’excellence comptait. Ton père menait votre famille d’une main de fer et à quinze ans, il te fit fiancé avant la fille d’un autre éminent de la communauté. Tu ne la connaissais pas mais docile, tu acceptais cet avenir tout tracé sans t’y opposer et puis, après votre rencontre tu as décidé qu’elle te convenait plutôt bien. Homosexuel refoulé ▲ Tu faisais tourner la tête aux filles et parfois tu en profitais malgré tes fiançailles mais tu as toujours su que quelque chose clochait chez toi, tu sentais que ta façon d’apprécier la compagnie des beaux jeunes garçons de la communauté n’avait rien de bien mais tu ne pouvais t’empêcher d’en vouloir toujours plus. C’est comme ça qu’un beau matin, ton père te retrouvait dans une des remises avec un copain à toi dans la position des prières mais crois-moi, tu ne priais aucuns dieux à cet instant malgré toute ta ferveur à la tâche. Tu ne l’avais pas entendu arriver mais aujourd’hui encore tu te demandais lequel de vous deux était le plus surpris, lui ou toi ? C’était en tout cas lui qui réagit le premier et quand il t’empoigna, tu n’as pas eu le temps de faire quoique ce soit, ton ami avait remonté son pantalon et fichait le camp sans demander son reste. Ton père était entré dans une rage folle et il te cognait de toutes ses forces, comme si la violence pouvait absoudre son fils de son homosexualité, comme si en te cognant il pouvait te réparer. Il n’en fit rien du tout pire, on dut l’arrêter pour ne pas qu’il te tue. Il t’avait déjà battu par le passé, mais jamais aussi fort. Diminué ▲ Ton père te battait parfois quand tu n’étais pas assez bien pour lui mais jamais jusqu’à te blesser aussi cruellement, les dommages cérébraux furent lourd et aujourd’hui encore, plus de deux ans après cette histoire, tu en payes les séquelles : ton système nerveux s’est retrouvé endommagé si bien que tu as perdu une partie de l’usage de tes mains et tes bras. Vous vous êtes probablement déjà réveillés au beau milieu de la nuit avec un bras complètement endormi ? Pas seulement les fourmis non, vraiment endormi comme un bout de viande morte. Joshan, toi tu vis avec cette sensation, jour après jour. Tes mains ne t’obéissent plus vraiment et quand tu forces, tes mains se mettent à trembler. N’est-ce pas malheureux ? Vingt-trois ans et même plus capable de tenir un stylo entre tes mains, oublié ton rêve de médecine, bonjour l’handicap. Dépendant ▲ Diminué. Voilà ce qu’il reste de toi ! Tu n’es plus que l’ombre de toi-même, fini le garçon aux fières allures et l’attitude de petit con égocentrique, terminé de te pavaner dans les rues de Varsovie tel un coq dans sa basse-cour. Il ne reste plus rien de tout ça, aujourd’hui tu as sans cesse besoin des autres. Dépendant, voilà ce que tu es. Pas à l’alcool, pas à la drogue non, toi tu as sans cesse besoin des autres pour tout, lacer tes chaussures, fermer tes boutons, écrire une lettre…pour tout. Vois-y néanmoins une aubaine, les jeunes filles aiment toutes les pauvres petites choses cassées. Caractère pourri ▲ Avant, tu étais un vrai petit merdeux mais aujourd’hui, tu es pire que tout ! Irascible, tu n’as jamais su accepter ton handicap et un rien t’énerve ! Tu n’as aucune forme de patience et tu as quelque peu du mal à contenir ta colère ! Tu détestes ne pas parvenir à faire ce que tu veux et tu es le champion pour en vouloir la Terre entière. Nombreux sont ceux qui se sont pris tes insultes en pleine face parce que oui, tu es agressif et grossier en prime. Bref, t’as l’air mignon quand tu la boucles mais quand tu l’ouvres, c’est toujours pour gueuler comme un putois.  Etudiant étranger ▲ Tu es toujours très intelligent et c’est bien la raison pour laquelle tu as obtenu une bourse d’étude mais pour cela, inutile de compter sur ton père ! Tu as du apprendre à te débrouiller seul et c’est presque par hasard que tu as postulé pour des études à l’étranger et c’est ainsi que tu as choisi Paris. Pourquoi Paris ? Parce que. Pas plus de raisons que ça, ce n’est pas comme si tu étais particulièrement déterminé à quoique ce soit, hein ? En fait, tu aimes juste profiter du système social français. Vive la famille ▲ Ta famille…tu n’as plus tellement de contacts. A vrai dire ton père n’a jamais regretté de t’avoir foutu en l’air pas plus que tu ne lui as pardonné, autant dire que vos repas familiaux n’eurent plus jamais rien de chaleureux, quoique…vous n’étiez jamais une famille très soudée. Ta mère ? Elle n’a jamais su s’opposer à l’autorité du paternel, oh elle a bien pleuré en voyant ce que tu étais devenu mais cela te faisait une belle jambe, hein ? Moins tu leurs parles, mieux tu te portes. Polyglotte ▲ Les langues…s’il y a bien une chose que tu maîtrises, c’est bien ça. Polyglotte, tu parles couramment l’anglais, le français, l’allemand, le polonais et l’hébreu mais visiblement cela ne te suffisait pas, tu as choisis d’ajouter le russe et l’arabe en option à la faculté. Titulaire d’un master de langues, tu poursuis tes études pour devenir interprète même si ça te saoule d’avance. Tu voulais être médecin quoi…pas faire le guignol à traduire des conneries dont tu te fous complètement. Toujours aussi homo ▲ Revenons sur un point : on t’a battu parce que tu as pris ton ami pour une sucette, crois moi qu’aujourd’hui on ne t’y reprendra pas ! Marquant un terrible mépris pour les gays, tu es aussi insultant que menteur ! Oh oui, quand tu leur balances ces injures au visage, est-ce vraiment eux que tu insultes ? En fait, ne te sentirais pas plutôt jaloux de ces gens qui osent afficher leur sexualité ? Peut-être mais toi tu sais ce qui arrive aux homos et tu ne tiens pas à ce qu’on te foute davantage en l’air que ce que tu ne l’es déjà alors tu fermes ta grande gueule et tu te contentes d’imaginer un bel éphèbe à la place des jeunes filles que tu chevauches. Un jour j'irais voir la mer ▲ T’as jamais été à la mer. T’aimerais y aller un jour. T’as même un voilier tatoué près de ton épaule, comme si tu pouvais étendre des bras comme des voiles, foutaises.