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 Point final. - ALECTO

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MessageSujet: Point final. - ALECTO   Point final. - ALECTO EmptyMer 31 Aoû - 19:04

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D'après ce que disait Alecto, Vitali se trouvait dans le 15ème arrondissement. Je commençais à connaître les endroits où il trainait. Ma main se resserre sur le flingue, de peur le laisser tomber. Ma veste en cuir cache l'arme. Mine de rien je tremble comme une feuille morte, je n'sais pas si c'est la rage ou juste le fait d'avoir à nouveau un de ces trucs entre les mains. Je marche à vive allure en évitant le regard des passants. J'ai l'impression que tous savent. J'ai parfois envie de loger une balle dans la cervelle de ceux qui me fixent trop longtemps. On appelle ça la folie. J'en suis gravement atteint. Allez mec, va pas te dégonfler. C'est trop tard pour retourner en arrière, la rue Balard t'ouvre ses bras. Je n'cesse de penser à Alecto. Il est grand temps pour moi que je devienne un père. Mais j'pourrais pas l'être sans avoir réglé mes problèmes. J'fais une pause, sur ce trottoir, je manque de crever tant je m'étouffe. Donc, je suis quelque part dans ce putain de 15 ème arrondissement. J'pensais connaître cet endroit et pourtant, j'me souviens d'absolument rien. Bon, pas le temps de réfléchir, je continue ma marche vers l'inconnu, toujours sur mes gardes. On sait jamais, ce genre de type, c'est le genre à te sauter dessus au moment où tu t'y attends le moins. J'tente de paraître le plus calme possible pour alerter personne mais vu mon allure il m'est difficile de me fondre dans la foule. J'atterris enfin dans une petite rue, celle où j'ai déjà passé de nombreuses heures à attendre Vitali parce que celui ci était en retard à nos rendez vous. Je n'sais pas pourquoi mais je suis sûr qu'il n'est pas loin. Un putain de pressentiment à la con. Mes yeux balayet du regard les environs afin d'être sûr que personne ne traine dans les parages. Je sors le flingue de sa cachette, le tient toujours fermement entre mes doigts tremblants. C'est fou c'que j'ai l'impression de me sentir plus puissant avec cette merde.
    « Je pensais pas que t'aurais les couilles de venir. » Un frisson traverse ma colonne vertébrale.

Je me retourne vivement, mon regard se plante dans le sien. Vitali a toujours ce sourire à la con qui le rend si détestable. Sûr de lui, toujours. Je pointe le flingue en sa direction en serrant les dents. Mais il s'en fout, le voilà, qui déjà s'avance d'un pas en ma direction. Je recule donc, méfiant. L'atmosphère est lourde. Ma respiration est saccadée par la trouille. Je sais de quoi est capable ce type. C'est un peu comme se jeter dans la gueule du loup. Rajouter de l'huile sur le feu. Vous appellerez ça comme vous voudrez.
    « Tu vas pas me jouer le père protecteur … ça te va si mal ! » Il marque une pause, s'approche de moi. Je recule, à nouveau. Je sens alors un mur me faire barrière. Vieux bâtiment. Je le maudis soudainement. « Allez pose ce flingue. Tu sais autant que moi que t'as fille n'est qu'une petite allumeuse. » Comme d'habitude, je perds mon sang froid. « VA TE FAIRE FOUTRE. T'es qu'un connard, un espèce de petit d'enculé. » « POSE CE FLINGUE BORDEL DE MERDE ! »

Mon doigt se pose sur la détente, ce qui n'empêche pas Vitali de me sauter dessus comme un malade. Faible, je m'effondre au sol. Mes muscles me font souffrir, j'n'ai même pas la force de repousser ce sale type. Je n'trouve donc rien de mieux que de lui cracher à la figure. Ses mains entourent mon cou. Merde, on dirait que cette fois j'vais pas m'en sortir indemne. L'oxygène se faisant de plus en plus rare je plante mes ongles dans la peau de ses bras mais rien ne le fait lâcher. Ma main effleure le sol, j'me rends alors compte que je suis couché sur un tas de morceaux de verres. Connards de jeunes qui laissent trainer des dêchets. Mes yeux se ferment, s'ouvrent. Le visage de Vitali semble déformé. J'ai l'impression de flotter. Heureusement, par je ne sais quelle force je parviens à attraper l'arme. A bout de souffle, d'un geste vif je la ramène à moi. Mon doigt tremblant et hésitant appuie finalement sur la détente. La balle traverse sauvagement le corps du dealer qui tombe de tout son poids sur moi. Fatigué, je lâche le flingue, à la recherche d'un peu d'air pour ne pas succomber. Un liquide chaud coule sur mon t shirt. Rapidement, le sang de Vitali me recouvre. C'est à c'moment là que je me rends compte de la connerie que je viens de faire. Putain, j'ai tué un mec. C'est fou ce que la folie peut faire faire à un homme. D'un geste las je pousse le cadavre afin de me dégager de celui-ci. Mon corps tout entier reste sous le choc seul mon cerveau semble satisfait au fond de lui. Mes mains se mettent à fouiller les poches du dealer. Je parviens alors à sortir quelques sachets de drogues. Non en fait vous avez peut-être raison, je n'sais pas du tout ce que je fais. J'ai pas assimilé le fait que je vivrai avec un mort sur la conscience. Complètement en manque, j'ouvre un sachet, dans la précipitation celui-ci tombe au sol et s'éparpille. J'me mets à la sniffer comme un pauvre chien. Je me laisse tomber. C'est con mais en ce moment même j'suis soulagé. Je n'éprouve rien d'autre que le soulagement.
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MessageSujet: Re: Point final. - ALECTO   Point final. - ALECTO EmptyDim 2 Oct - 17:38

Une fois que j’eus reclapé la porte de l’appartement derrière moi, je me mis à courir. Il n’y avait aucune trace de mon père. Aucun des passants que je croisai dans la rue n’arborait une crête ou une gueule de drogué. Il fallait que je me grouille avant qu’il ne fasse une connerie. Qui sait ce dont il était capable une fois qu’il était armé. Je m’en voulais de lui avoir révélé la position de Vitali. J’avais un instant cru en ses bonnes intentions mais plus j’y réfléchissais, plus je me disais que c’était impossible que mon géniteur résiste à la tentation d’appuyer sur la gachette. Il n’allait pas faire que menacer le dealer, non, il allait commettre un acte irréparable. Indirectement par ma faute. Jamais je n’aurais dû revenir. Maintenant que je repensais à tout ça, je me disais que j’aurais préféré vivre dans l’angoisse de me faire tuer par ce cinglé plutôt que de savoir que mon vieux allait avoir un meurtre sur la conscience à cause de mon imprudence. A cette pensée, j’accélérai l’allure. Je ne tardai pas à l’apercevoir au loin. Il marchait vite. Il savait où il allait. Mes petites jambes ne parvenaient pas à tenir le rythme. J’avais du mal à le suivre. J’étais essoufflée et pourtant, je ne m’accordai pas la moindre petite pause, au contraire, j’allongeai mes foulées pour le rattraper plus rapidement. J’étais sur ses talons, maintenant. Dans ma tête, il était clair que j’allais pouvoir l’empêcher de faire une connerie. Alors qu’il venait de tourner à l’angle d’une ruelle, je m’étais arrêtée. C’était dans cette ruelle que le dealer m’avait violée. J’avais beau vouloir stopper mon père de tout mon cœur, mon corps refusait de faire un pas de plus dans cette direction. Putain de merde. C’est pas vraiment le moment de flancher, Lecto. Ton père est dans cette rue, et armé qui plus est, reprends toi, spèce de couillonne. Je respirai bruyamment. Quand faut y aller, faut y aller. A l’instant précis où je m’étais remise en marche, un coup de feu retentit. Mon sang se glace. Non, putain, dites moi que c’est pas vrai. Dites moi que ce n’est qu’un mauvais rêve. Dites moi qu’il n’a pas fait ça. Par pitié, que quelqu’un me le dise … Les secondes s’écoulent et le silence règne à nouveau. Je m’avance timidement dans la rue en sachant pertinemment bien ce que j’allais y découvrir. Mon père penché au-dessus d’un cadavre. Et pas n’importe quel corps, non, le corps d’un des dealers les plus importants de Paris. En tuant Vitali, mon vieux venait de signer son arrêt de mort. L’exécuter n’était pas la solution à mon problème. L’Ukrainien avait des sbires un peu partout dans la rue qui prendrait sa relève, et qui mettrait les menaces du violeur à exécution si mon père ne payait pas ses dettes. Kyros Senior n’avait pas réglé ses problèmes comme il le pensait, non. Il venait encore une fois de se mettre dans la merde jusqu’au cou comme il savait si bien le faire. Parfois, je le maudissais pour ça.

Il me fallut un certain temps pour me remettre de ce que je venais de voir. Même si je tentais de me persuader du contraire, j’avais peur. Voir mon père dans cet état me terrifiait. Si je m’étais écoutée, je serais probablement rentrée à l’appartement comme si rien n’était. Sauf que mon imbécile de géniteur avait besoin de quelqu’un pour effacer les traces derrière lui. J’étais ce quelqu’un. Pendant que ce crétin fini était occupé à sniffer la drogue qu’il avait découvert dans les poches du dealer, moi, je résiste à la tentation pour réparer les pots cassés. Je ramasse un sachet en plastique qui traine par terre et je m’empare de l’arme que mon père a laissé tomber non loin de lui. Je réfléchis alors à une cachette potentielle. Mon regard se pose sur le mur de briques et mon cerveau s’illumine. Minutieusement, je retire une des pierres du mur que le ciment ne maintient plus correctement et je cache l’arme derrière avant de la remettre en place. Personne ne pensera à aller chercher là. Bon, ça, c’est fait. En ce qui concernait le cadavre, j’allais avoir un peu plus de mal à m’en débarrasser toute seule. Je me précipite alors au chevet de mon vieux qui vient à l’instant même de s’effondrer au sol comme une loque. Bon, pour le moment, il n’a pas l’air trop choqué par ce qu’il vient de faire. Juste dépassé par les événements. Avec une infime douceur, je m’accroupis à ses côtés et passe mes bras sous les siens pour l’aider à se relever. Si j’agis de la sorte, ce n’est pas parce que j’ai pitié de lui mais bien parce que j’ai appris à mes dépens qu’il ne valait mieux pas le brusquer quand il était sous l’influence de la drogue. Une fois mon padre sur pieds, je lui balance d’un ton qui se veut le plus neutre possible, bien que la peur perce dans ma voix :

    « Va falloir que tu m’aides à me débarrasser de lui. » Je désigne Vitali du pouce pour être sûre qu’il comprenne. « Puis, t’as de l’argent sur toi ? Comme ça je vais t’acheter de nouvelles fringues parce que c’est pas que tu fais peur avec tes vêtements pleins de sang, mais c’est tout comme. Pendant ce temps, jette-le dans un container. Je te conseille de faire brûler le tout pour être sûr, on sait jamais. »


Je m’appelle Alecto, j’ai dix-sept ans et je viens de me rendre complice de meurtre.
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