MY EYES ARE NO GOOD, BLIND WITHOUT YOU ► Pour ne pas déroger à la règle que nous avions établi depuis l'arrivée de ma cousine dans la capitale française, nous avions donc passé notre journée hebdomadaire dans les boutiques. Et une fois de plus, la carte bleue avait chauffé. Cela avait occupé mon samedi et je n'avais pas eu le temps de m'ennuyer une seule seconde. Mais le soir était arrivé et Cléa avait des choses à faire, c'était bien ce que je craignais d'ailleurs. Elle avait été obligée de m'abandonner à mon triste sort pour rentrer chez elle. J'avais tourné rond un bon moment dans mon appartement, sans vraiment trop savoir quoi faire. Je détestais être seule, surtout un samedi soir en fait. A ce train-là, je sentais la dépression qui allai pointer son nez sous peu. Enfin, pas une profonde dépression, plutôt du désespoir on va dire. Mon seul remède était de me venger sur un pot de glace qui traînait dans mon frigo et qui allait me calmer quelques minutes. Quand je me fus emparée de celui-ci, je m'installais à table et commençais à vider le pot. Manger est d'un réconfort déconcertant. Mais je manquais toujours d'une présence, ce n'était clairement pas à mon pot de glace que j'allais faire la conversation. J'envoyais alors immédiatement un sms à Gautier : je me sens seule:( tu peux venir me voir ? xx C'était lui que j'avais envie de voir là, maintenant. Et je savais que si je l'appelais, il serait là en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. La perspective de finir la soirée avec lui m'enchantait bien plus, étrangement. C'est seulement moins d'un quart d'heure plus tard que je voyais ma porte d'entrée s'ouvrir et le bouclé débarquer chez moi. Un sourire se dessina sur mes lèvres quand je le vis apparaître. Par chance, je n'avais pas verrouillée. Il pouvait ainsi entrer à sa guise, ce qu'il faisait bien souvent d'ailleurs. Pour sa défense, je faisais pareil quand je me rendais chez lui. Il restait quelques secondes planté devant la porte à m'observer, en mode 'mais qu'est-ce que tu fous'. « Oui je bouffe. Ça m'arrive souvent quand je me sens seule et que je m'ennuie. Je t'assure que le pot de glace est un ami fidèle » lui certifiais-je. C'était toujours un regard interrogateur qu'il posait sur moi, alors je devais sûrement continuer mes explications. « J'ai passé la journée avec Cléa dans les boutiques, mon compte en banque a souffert d'ailleurs, mais passons, et quand elle est partie, bah c'était... mort » poursuivais-je. Gautier me connaissait et il était très bien placé pour savoir que j'avais horreur de la solitude. Il me demandait d'ailleurs souvent pourquoi je ne lu trouvais pas un coloc' de remplacement. Tout simplement, parce qu'aucun ne lui arrivait à la cheville, point barre.

MY EYES ARE NO GOOD, BLIND WITHOUT YOU ► Pour être tout à fait honnête, je pensais ma soirée totalement fichue. Je ne savais absolument pas comment faire pour tout arranger. J'étais limite en train de me dire que j'aurais peut-être mieux fait de rentrer chez ma cousine avec elle. J'aurais pu passer pour une fille collante, mais elle avait l'habitude. Et elle ne pouvait pas se passer de moi, tout autant que je ne pouvais me passer d'elle. Nous avions cela en commun, c'était certain. Mais apparemment, j'avais parfois des illuminations dans mon profond désespoir. Alors que j'étais en train de me goinfrer de glace pour éviter de me morfondre encore plus, je lançais un appel de détresse, ou plutôt un sms, à mon meilleur ami Gautier. S'il pouvait passer à l'appartement, il m'ôterait une belle épine du pied. Et il avait rapidement entendu mon appel, puisqu'il me répondait positivement et qu'il ne mit ps de temps pour se pointer, ce qui me ravit. Je lui expliquais immédiatement le pourquoi du comment qui faisait que j'étais en train de bouffer seule dans ma cuisine. L'image peut être assez bizarre d'ailleurs, mais si une petite souris pouvait m'observer, elle pourrait dire qu'il n'y avait rien d'inhabituel. Certain se console avec un paquet de cigarettes, ce que je fais pour ma part comporte moins de risques pour ma santé. Le bouclé vint s'asseoir à mes côtés et ne perdit pas une minute pour me retirer la cuillère des mains. Je m'apprêtais à répliquer : « Mais... » Je n'eus pas le temps d'en dire davantage. Puis, je fis la moue à ce qu'il me proposait, pour la énième fois. « Pour quoi faire ? Si ça se trouve, je vais tomber sur un con. Et j'ai déjà tenté la colocation, c'est pas fait pour moi je crois » expliquais-je, faisant référence à notre essai tous les deux. Je pouvais clairement dire que rien n'avait été bien concluant. C'était plutôt une catastrophe pour dire vrai. Et en y repensant, je m'en voulais un peu. J'avais dû abuser évidemment, j'avais encore bien de la chance qu'il me supporte. Par la suite, il voulait savoir ce que je comptais faire durant les heures à venir. Quand je m'apprêtais à répondre, je le vis entamer le pot de glace lui aussi, ce qui me fit lâcher un léger rire. « Je n'avais encore aucune certitude sur la question, mais te regarder prendre ces quinze kilos à ma place, me semble être un très bon compromis » affirmais-je, en posant ma tête sur ma main, comme pour regarder attentivement le spectacle qui se jouait devant moi. « Ne viens pas dire après que c'est de ma faute si tu ne peux pas garder la ligne. Moi par contre, je te remercierais pour la mienne » ajoutais-je. Autant être gentille, il m'évitait de prendre deux tailles, en les prenant lui-même. C'est qu'il prend soin de moi mine de rien.

MY EYES ARE NO GOOD, BLIND WITHOUT YOU ► Me goinfrer de glace avait toujours été un de mes passes-temps favoris, et il le devenait encore davantage quand quelqu'un m'accompagnait dans ma prise de poids. C'était donc Gautier qui s'était porté volontaire pour remplir ce rôle, ce qui m'allait très bien. A croire que finalement, il venait chez moi pour bouffer tout ce qui traînait finalement. Alors que j'expliquais mon espèce de crise de boulimie par le fait que je me sentais désespérément seule. C'est là que Gautier me re-servait son excuse habituelle. Non je ne comptais pas prendre un nouveau colocataire, à moins qu'il ne se propose pour le rôle. Sauf qu notre expérience récente nous avait tous deux vaccinés sur le sujet je pense. Et visiblement, il fut plus ou moins d'accord avec mon argumentation. J'étais effectivement mieux seule, plutôt qu'avec quelqu'un qui allait me taper sur le système toute la journée. Nous abordions ensuite le programme de la soirée. Et il était clair que je n'avais encore rien prévu puisque je l'avais appelé en lui affirmant que je m'ennuyais. Et c'est quand je le vis manger à son tour, que ce que j'allais faire durant les heures à venir, m'apparut comme une évidence. Le regarder se nourrir pouvait être étrangement captivant. « Je l'ai cru un instant, mais visiblement, ce n'est pas ce que tu as prévu » commençais-je. La cuillère vint à moi, comme quand on donnait à manger aux enfants. « Aaaaaahhhhh ! » fis-je simplement, en éclatant de rire et tout en ouvrant la bouche. « Ne fais pas ça trop souvent, parce que je pourrais y prendre goût et tu devras t'occuper de moi tout le temps après » déclarais-je, avec un petit sourire. Cette glace était décidément délicieuse, je comprenais que personne ne pouvait y résister. « Dis, je n'ai pas gâché tes plans de la soirée hein ? » m'enquis-je tout de même, peut-être un peu amèrement. Je savais que ses plans de soirées n'étaient pas bien divers. Il passait la plupart de ses nuits à s'éclater avec des filles, ce qui avait tendance à m'agacer. Quand la jalousie apparaît, elle fait de vilains dégâts. Au moins, je savais qu'il ne ferait rien de bien compromettant ce soir puisqu'il était coincé avec moi.

MY EYES ARE NO GOOD, BLIND WITHOUT YOU ► Si dans un premier temps, Gautier avait décidé de m'empêcher de manger puisqu'il m'avait confisquer la cuillère pour en bénéficier lui-même, il changea finalement d'avis. Il ne jugeait pas utile de prendre du poids seul, donc il me faisait manger moi aussi, tel un bébé. C'était à n'y rien comprendre, je ne savais plus si j'avais le droit de bouffer ou non au final. Mais je n'allais pas me plaindre puisque je pourrais profiter de mon meilleur ami toute la soirée, je n'aurais pas pu rêver mieux. Je lui faisais quand même avoir que s'il prenait trop souvent soin de moi comme ça, je risquais d'y prendre goût et il ne serait plus en droit de me refuser quoique ce soit. Mais visiblement, ça ne le dérangeais pas plus que cela. « D'accord, alors si je pleure toute la nuit et que je te réclame un biberon, tu vas venir ? » demandais-je, tentant de garder mon sérieux. Mais ce fut peine perdue puisque j'éclatais de rire seulement quelques secondes plus tard. « Si j'ai besoin d'un nounours en forme de toi, mon vœu sera exaucé ? » continuais-je, affichant un petit sourire d'enfant timide. Je ne pourrais que dormir profondément s'il me tenait compagnie toute la nuit, je le savais très bien. C'est peut-être psychologique, mais c'est tout moi dans le fond. Par la suite, je faisais au moins semblant de m'assurer que je n'avais pas gâché une de ses nombreuses soirées en discothèque, entouré de filles. C'était mesquin, je voulais bien le concevoir, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Même si je n'étais pas là pour le voir, je le connaissais, et je savais très bien ce qu'il faisait malheureusement. Et tout ça me touchait comme toujours. J'aurais aimé que ce ne soit pas le cas pourtant, tout serait bien plus simple pour moi. Gautier m'expliquait alors qu'il comptait seulement passer sa soirée devant la télé, avec des sucreries sous le coude. Un sourire s'étira sur mes lèvres à l'entente de sa réponse. J'étais rassurée, un petit peu. Il pouvait très bien me cacher délibérément ses plans, il savait aussi comment je réagirais sinon. « Je peux te proposer le même programme, en ajoutant que tu devras me supporter et partager le canapé du coup » déclarais-je. Mon canapé était bien assez grand pour deux, mais quand même.

Spoiler:

MY EYES ARE NO GOOD, BLIND WITHOUT YOU ► Voyant que mon meilleur ami semblait prêt à s'occuper de moi, vu qu'il me donnait déjà à manger à l'aide d'une petite cuillère comme si j'étais encore une enfant, je décidais de tester ses limites sur ce point-là. Je tentais alors la demande du biberon en pleurs, pendant la nuit. Et j'avançais même le fait que je pourrais éventuellement réclamer un nounours en forme de Gautier pour faire de beaux rêves. J'avais demandé tout ceci le plus innocemment du monde, pour juste voir sa réaction, et comprendre si je pouvais profiter un peu de lui. C'est pour mon plus grand plaisir qu'il répondit d'ailleurs que c'était où je voulais et quand je voulais. « C'est bien ce je pensais, tu es le meilleur des meilleurs ! » affirmais-je, un grand sourire aux lèvres. Vous en connaissez beaucoup vous des gens qui seraient prêt à accepter n'importe quoi pour vos beaux yeux ? Et bah moi pas, et je savais donc que Gautier était une perle que je n'échangerais pour rien au monde, j'y tiens bien trop pour ça. Quant aux plans qu'il pouvait avoir prévu pour sa soirée, ils étaient bien plus soft que ce que j'aurais pu penser dans ma petite tête de fille jalouse. Si je ne lui avais pas demandé de débarquer chez moi à toute vitesse, il aurait tout simplement passé son temps dans son canapé à regarder la télé. Cette idée me rassura, mais j'aimais autant l'avoir auprès de moi. Autant profiter du maximum. Moins je passe de temps loin de lui, et mieux je me porte. Notre programme fut donc vite établi, ce serait dans mon canapé et à mes côtés qu'il allait regarder un film et manger des cochonneries. Il ne perdait pas de temps pour aller prendre place dans ce fauteuil qui était bien plus confortable que ma chaise de cuisine. Chose faîte, il m'appela pour que je le rejoigne. Pour ma part, jusqu'ici, je le regardais prendre place. « Ça dépend, tu me proposes de regarder quoi ? » le questionnais-je, dans un léger sourire. Pour être honnête, je pense que je me fichais bien de ce qu'on allait pouvoir regarder. Au pire ou au mieux, j'avais déjà le plus beau des spectacles devant moi. Je vins quand même me poster devant le canapé, en attendant sa réponse. « Fais bien attention à ce que tu vas dire » déclarais-je, tentant de prendre un ton de circonstances.

MY EYES ARE NO GOOD, BLIND WITHOUT YOU ► De temps à autres, il m'arrivait de tester les limites avec Gautier. Je voulais juste savoir jusqu'où je pouvais aller, avant qu'il ne tire le sonnette d'alarme. Et visiblement, pour mon plus grand bonheur, je m'apercevais que j'avais encore de la marge. Ce pourquoi je lui faisais savoir que je n'avais jamais douté de son dévouement envers moi, et qu'il était donc vraiment le meilleur. J'avais le meilleur des meilleurs amis, c'était un fait, et je ne m'en cachais pas. Je me satisferais même plutôt bien d'un Gautier à mes petits soins, et qui me servirait de nounours pour la nuit. Je n'avais pas besoin de grand chose en somme, tant qu'il était là, j'étais au top. Par la suite, il fallut bien trouver de quoi occuper notre soirée, et il se trouvait que le canapé ainsi que la télévision semblait être notre meilleure option. Le bouclé fut d'ailleurs le premier à aller prendre ses aises au salon, tandis que je regardais faire. Je vous assure que c'est un spectacle à lui tout seul, et puis avouons que je suis aidante, je demande même pas un show hors de prix, j'en ai gratos juste chez moi. Le jeune homme enfin installé, il m'invitait finalement à le rejoindre. Sauf que je ne comptais pas céder aussi vite, je voulais d'abord savoir ce qu'il comptait me faire regarder. Bien que j'étais loin d'être chiante sur ce sujet, j'aurais regardé n'importe quoi pour ses beaux yeux je crois. Sa réponse fut sans appel, et si j'avais réfléchi, il est évident que je l'aurais deviné. « Je ne regarde jamais de film de nunuche » m'exclamais-je, tentant de me défendre du mieux possible. « Et puis, si ça se trouve, y'a que ça ce soir donc tu devras faire avec » ajoutais-je, en lui tirant la langue. Ensuite, je m'approcha davantage de lui. J'étais debout, alors qu'il était assis, position stratégique. Je passa mes deux mains dans ses cheveux et entama un shampoing imaginaire. Il n'y avait pas mieux pour l'énerver, mais c'était ce que j'avais envie de faire, je crois bien. Puisqu'il me cherchait, il allait me trouver. « Allez, va te recoiffer maintenant ! » lançais-je, toute fière de moi, juste avant de me jeter dans le canapé. J'en profitais même pour le pousser un peu. C'est que ça prend de la place ces choses-là (a).

Spoiler:

MY EYES ARE NO GOOD, BLIND WITHOUT YOU ► Il fallait bien avouer que nous n'avions rien fait de concluant depuis que Gautier était arrivé à la maison. Nous nous étions contenté de blablater, pour ne rien dire comme la plupart du temps, et l'heure filait. Il faudrait donc peut-être trouver une occupation intéressante. C'est alors tout naturellement que le canapé nous avait appelé à lui. Et pour continuer sur ma lancée, je décidais de ne rejoindre mon meilleur ami que s'il choisissait bien ce qu'on allait regarder. Évidemment, il ne semblait pas emballé par le genre de films que j'avais l'habitude de regarder, ce qu'on pouvait aisément qualifier de 'films de filles' en gros. Tentant de ne pas perdre la face, je lui assurais que ce n'était pas du tout mon style. J'aurais peut-être mieux fait de ne rien dire, Gautier me connaissait et mes explications n'avaient donc aucune chance d'avoir un quelconque impact sur lui. D'ailleurs, je le voyais rigoler suite à mes discours. Se payer ma tête était décidément un de ses passes-temps favoris. Qu'importe, il allait me le payer un jour ou l'autre. Et j'avais même décidé de commencer maintenant, puisque je m'attaquais à ses cheveux. Chose dont il avait horreur. Il ne fallait pas décoiffer sa chevelure, sous peine de se faire engueuler très fortement. J'osais encore espérer qu'il ne me ferait pas l'affront de s'en prendre à moi. Quand ma mission fut accomplie, je lui conseillais d'aller se recoiffer au plus vite, et prenais enfin place dans le canapé. Peu de temps après, je vis le bouclé se tourner dans ma direction et esquissais un léger sourire, ne sachant pas vraiment à quoi je devais m'attendre. Sauf que dans ma réflexion, je ne réagis pas assez vite, et il me sauta littéralement dessus. J'étais la fille plus chatouilleuse que le monde ait connu, il le savait, et il avait tout gagné à coups sûrs. Je commençais aussitôt à me débattre, tout en le suppliant d'arrêter : « Gautier, arrête ça tout de suite ! Ou je te fous à la porte ! » Ma menace n'était pas alarmante pour le moins du monde, puisque je n'étais pas en position de force, et que je ne pouvais par conséquent rien faire du tout pour le moment. « Je vais te mordre sous peu si tu continues à me chercher » lui assurais-je. Il fallait à tout prix que je me montre dangereuse si je voulais arriver à mes fins. Puis, j'eus finalement l'idée de passer mes bras autour de sa taille pour l'aplatir contre et l'immobiliser par la même occasion. « Aaaaaahh ! Tu m'écrases curly ! » m'exclamais-je instantanément. Réaction typique de Francie qui ne gère plus la situation dans laquelle elle s'est foutue toute seule, et qui essaie de sauver les meubles. J'étais vraiment irrécupérable, et je me désespérais moi-même. « Tu seras privé de dessert pour la peine » lui certifiais-je, en lui montrant mon air contrarié. Sauf qu'il n'en était rien et que Gautier n'accorderait certainement aucun crédit à mes affabulations.

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