Sujet: à quelques encablures. w/ qui voudra Jeu 18 Juil - 9:03
« t’as tout ? t’es sûre ? bordel j’aime pas ça. Sérieux Béa pourquoi tu restes pas ici ? » « parce que toi t’es resté peut-être ? » « nan mais ça n’a rien à voir, tu le sais... ici t’as papa et maman, ils peuvent s’occuper de toi. tu bosses comme une tarée en plus » « et je peux prendre soin de moi » « j’veux pas. si moi j’peux pas veiller sur toi, j’veux au moins que ce soient les darons. » « tommy c’est quoi cette crise de possessivité ? tu m’la joue surprotecteur ? je change que d'quartier, pas d'pays ! » « ferme la morveuse, allez viens »
Le petit rire qui s’échappe de ses lèvres alors qu’elle grimpe à l’avant de la voiture. Le claquement de la portière du côté conducteur. Le moteur qui démarre. La voiture qui s’ébranle. Thomas qui ne dit plus un mot. Béatrice qui fixe la route. Le regard hasardeux sur les rues qu’elle connaitra bientôt par cœur. Thomas qui tente encore de la dissuader. Son rire, encore.
La toute petite fenêtre de sa chambre de bonne laisse passer les premiers rayons du soleil qui viennent caresser son visage. Derrière les paupières fermées, les yeux jouent encore. Plus pour longtemps. Doucement elle se réveille, encore toute saisie du rêve qu’elle vient de faire. Du souvenir qu’elle vient de revivre. Sa première pensée, ce matin, va à son frère. Un demi sourire retrousse les coins de sa bouche et elle rejette la couette à ses pieds, sereine. C’est samedi semble-t-elle se souvenir. Huit heures trente et peut-être quelques secondes. Cela lui laisse un peu de temps pour se préparer, enfiler le sempiternel uniforme couleur de deuil et affronter le métro jusqu’à la bibliothèque. Mais avant, un thé. La tasse à l’effigie du couple princier d’Angleterre, trône, seule sur l’étagère de la petite kitchenette. Béatrice s’en saisit et verse l’eau brûlante de la bouilloire sur le petit sachet de thé vanillé. Le quotidien la tient prisonnière. Une sorte de litanie tranquille dont elle a du mal à se défaire ces derniers temps. Métro, boulot, boulot, dodo. Le métro, la bibliothèque, les devoirs et enfin l’heure du coucher. (…) Le samedi est un jour docile. Facile à dompter, il se plie à ses exigences comme un chaton apprivoisé. Une moitié de journée pour gagner de quoi vivre et le reste, elle l’occupe selon son bon vouloir. Un film à Bercy et quelques heures de lecture sur les pelouses ensoleillées du parc. Quand elle relève la tête de son bouquin, Béa remarque que le parc se vide des familles et de leurs bambins. Et l'assaut des pelouses par la population nocturne commence. Elle serait bien restée encore un peu mais le soleil semble vouloir se coucher et il serait temps qu'elle rentre. Elle se relève. Le vent chaud qui claque contre sa nuque en ce début de soirée. La rumeur lointaine de la ville et des voitures. L’uniforme lui colle à la peau sous la chaleur vespérale du mois de juillet, et les escarpins lui scient les pieds. Mais déjà, une solution se profile à l’horizon. Elle se faufile dans la cabine de toilettes publiques et sort de son sac un accoutrement plus adapté à la température. Elle se change entre une cuvette mal nettoyée et un lavabo bouché. Pieds nus sur un carrelage pulvérisé à la javel, elle détaille les tags incrustés à l’encre indélébile sur les murs de la cabine. L'art dans les W.C. On dirait du Marcel Duchamp. Dehors, il fait bon marcher. La robe se soulève au gré du vent mais qu’importe. Le sac pèse un peu sur l’épaule meurtrie de toutes ces années à porter cartables, eastpacks et sacs à main. Béa regarde droit devant elle, prend des chemins de traverse et se perd. Elle aime ça, se perdre dans Paris. Ca lui rappelle sa petite enfance. Ca lui rappelle le neuvième et puis la butte Montmartre. Ca lui rappelle les cache-cache au détour des rues, là haut. Et puis le passe muraille et puis le carrousel. Pour la deuxième fois de la journée, ses pensées vagabondent du côté de son frère. Et au détour d'une rue, elle se retrouve devant les quais. Le soleil se couchant au delà de la Seine lui colle des frissons. Elle s'avance, elle descend. Paris plage n'est pas fermée. Le vent fait s'envoler quelques grains de sable qui viennent caresser ses jambes nues. Fantasme de petite fille que cette étendue dorée en pleine ville. A vingt ans, elle y met les pieds pour la première fois. Et d'ailleurs, ses pieds, c'est dans un bassin improvisé qu'elle va aller les tremper en regardant les rayons orangés du soleil se refléter sur l'eau dégueulasse du fleuve. C'est une belle manière de terminer la journée.
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Sujet: Re: à quelques encablures. w/ qui voudra Jeu 18 Juil - 22:47
Le samedi. C’était une journée que j’adorais. Pourquoi ? Il n’y a pas de cours. Je ne suis pas obligée de me réveiller à 6h30 tapante lorsque mon réveil sonne. Je peux faire une grasse matinée dans mon superbe appartement du huitième arrondissement. On dit de moi que je suis une gosse de riche. Ce n’est pas totalement faux puisque ma mère m’a payé un appartement dans le plus beau quartier de Paris. Il doit être dix heures lorsque j’émerge. J’ai fait un rêve cette nuit mais je ne me souviens plus vraiment ce que c’était. Je me redresse sur mon lit, j’ai l’impression d’avoir un éléphant qui m’a marché sur le crâne. Une migraine insoutenable. J’ai envie de rester au lit mais il faut que j’aille faire du shopping. Cela fait un sacré moment que je n’ai pas acheter de vêtements, de sacs, de chaussures ou même d’accessoires en tout genre. Péniblement, je me lève. J’ouvre mes volets. Le soleil m’aveugle. Je ne me souviens pas exactement de la veille. J’étais en boite de nuit, je parlais à un parfait inconnu, qui, physiquement, était plutôt pas mal. On a dû danser et boire. J’avais dû ingurgiter énormément de verre de Vodka pour avoir un mal de tête comme celui-là. Je me déplace jusque dans la salle de bain et cherche à tâtons les dolipranes. Ca n’arrêtera pas le mal de tête, ça le calmera juste. Tant pis, je ne peux pas rester une minute de plus avec ce tambour dans ma tête. Je vais ensuite jusque dans la cuisine. Je me prépare un café. J’aurais pu le boire sur ma terrasse, mais je préfère le prendre à l’intérieur. J’essaie de bouger le moins possible pour ne pas que ça me fasse trop mal. Je bois mon café, le regard fixé devant moi. A quoi je pense ? J’en sais rien, je suis perdue dans mes pensées. Tellement loin d’avoir les pieds sur Terre à ce moment précis, je ne remarque même pas que je viens de finir mon café. C’est lorsque je porte une nouvelle fois ma tasse à ma bouche que je vois qu’il n’y a aucun liquide dedans. Je soupire doucement. Il faut vraiment que je me trouve une domestique ou un truc de ce genre. A Antibes, c’est ma mère qui faisait tout à la maison. Je ne vais pas dire que j’étais une petite princesse mais presque.
Une heure et demie passe. J’ai eu le temps de prendre ma douche, de m’habiller, de me coiffer et de me maquiller. Il faut que j’aille faire les boutiques. J’ai besoin d’acheter de nouvelles fringues ou tout simplement me donner des idées pour mes futures créations. La mode c’est ma passion. Personne ne pourra m’enlever ça. Je sais que j’ai du talent pour cette activité. C’est peut-être la seule chose pour laquelle je suis douée, dans le fond. Habillée d’une robe d’été bustier et d’une paire d’escarpin d’au moins dix centimètres si ce n’est plus, je descends les escaliers et me dirige vers les champs Elysées. J’aurais pu prendre un taxi ou même les transports en commun mais je préfère marcher. Il fait bon. Le soleil est radieux. Je colle mes lunettes de soleil sur le nez et me voila partit pour une journée de shopping. Ma mère m’a souvent dit que l’argent ne faisait pas le bonheur et que je ne devais pas le dépenser dans n’importe quoi. Je l’avais toujours écouté et c’est pour ça que je n’étais pas énormément dépensière. J’achète souvent des vêtements de marque mais ça s’arrête là. J’adore faire du shopping, mais je ne passe pas non plus des journées et des journées à arpenter les rues de Paris pour avoir une garde-robe surdimensionné. Après avoir mangé dans un restaurant non loin des champs Elysées et après avoir acheté deux ou trois hauts ainsi qu’une robe et deux shorts, je décide qu’il est temps de rentrer. J’ai toujours mal à la tête. Moins, mais il est toujours présent. J’ai décidé de me reposer. Mes projets pour ce soir ? Aucun pour le moment. J’irais sûrement faire un tour dans Paris. Peut-être aller faire un tour en boite de nuit ou faire la tournée des bars. J’ai encore mal à la tête mais ma théorie c’est de combattre le mal par le mal. Si je finis la soirée complètement ivre, je ne me souviendrais même plus de ce fichu mal de tête. Je change de robe. J’en mets une robe bustier, qui fait un peu plus chic. Je prends le petit sac qui va avec, mes escarpins et je ressors. J’arpent les rues de Paris sans vraiment savoir où je vais. Le soleil commence à décliner. Il fait encore bon. Sans vraiment savoir combien de temps j’ai marché, ni par où je suis passée, j’arrive sur les quais. Je les remonte. J’arrive devant Paris plage. Les gens commencent à replier leurs affaires. Ils commencent à rentrer. Il n’y a plus grand monde. J’aurais bien voulu me baigner. Mais pas dans l’eau du fleuve. Je vois une jeune fille, les pieds dans l’eau. J’arque un sourcil. Attend-elle quelqu’un ? Pourquoi reste-t-elle plantée là comme ça ? Je la regarde quelques instants, puis m’approche d’elle. Une fois à sa hauteur, je passe mon regard sur elle et lui dit sur un ton gentil, avec un petit sourire aux lèvres :
« Je serais toi, je ferais attention à cette eau… »
Je lui souris ensuite. Ce n’était pas réellement un conseil. J’avais juste envie de venir lui parler. J’étais comme ça, un peu trop extravertie. J’étais loin d’être timide, j’allais facilement vers les autres. C’est aussi pour ça qu’au lycée, je faisais partie de cette catégorie de populaire. J’allais vers tout le monde, j’étais gentille. Beaucoup trouvait que c’était une façade. Il me trouvait fausse. Chacun son point de vue, j’ai envie de vous dire. Je regardais quelques minutes, la jeune fille puis posa mon regard sur l’autre quai de la Seine. Il n’y avait pas grand monde pour selon qu’on était Samedi soir et qu’il faisait plutôt chaud.
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Sujet: Re: à quelques encablures. w/ qui voudra Ven 2 Aoû - 16:29
Deux minutes, cinq, dix, quinze, la ville s’éteint. Paris plage se vide, les badauds désertent et elle reste, irréductible, les yeux fixés sur le coucher de soleil de l’autre côté du pont. Ses pieds se balancent dans l’eau. Un hurlement sur la rive opposée. Elle plisse les yeux et fait le point sur la silhouette floue qui se tient debout de l’autre côté du fleuve. Une bouteille dans la main, une bière sans aucun doute. La population nocturne déferle sur les quais et Béa se surprend à vouloir les rejoindre. Comme une nostalgie du temps où elle sortait plus. «Je serais toi, je ferais attention à cette eau…» L’intéressée se retourne et tombe nez à nez avec une paire de jambes beaucoup trop longue. Troublée dans ses pensées, elle fronce les sourcils et relève la tête afin que son regard englobe entièrement la jeune femme qu’elle a devant elle. Elle jette de nouveau un coup d'oeil à la Seine avant de se relever. Les pieds trempés sur le bitume parisien, elle replace une mèche de cheveux derrière son oreille, fixant la nouvelle arrivée. « tu sais, y'a pas tant de cadavres que ça là-dedans » affirme-t-elle en pointant l'eau du menton. Elle se veut drôle ce soir. Elle détaille son interlocutrice. Elle a l'air plus vieille qu'elle mais béa ne se fie pas aux apparences. Elle a un physique de gamine et elle le sait. « maya » lâche-t-elle simplement en tendant sa main. Il semblerait que la nuit va être longue. Et il semblerait que béa doive la passer avec cette fille. Autant faire les présentations immédiatement. Mais rien n'interdit un peu de fun. Béa aime bien jouer à ça. Elle va se prendre pour quelqu'un d'autre le temps d'une soirée. Un autre nom, une autre vie, peut-être une de celles qu'elle aurait aimé vivre. Peut-être une de celles qu'elle est heureuse de n'avoir pas vécu. Se rêvera-t-elle fille de la nuit, adepte des orgies baignées de Moët et immortalisées sur blackberry ? Se rêvera-t-elle globe trotteuse, partisante de virées sauvages, frivole extravertie ? Tant de choix s’offrent à elle, elle n’a qu’à tendre la main, on n’a qu’à lui serrer. C’est son quotidien d’étudiante qui s’efface et son imagination qui s’ébranle. De toute façon, cette fille, elle ne la reverra jamais. De l’autre côté du fleuve, les animaux nocturnes s’agitent toujours et pour longtemps encore. Elle les entend siffler les filles, claquer leurs bouteilles contre le sol rocailleux et rire à gorge déployée. Elle aurait besoin de Val’. Cette fille devra faire l’affaire. Et puis elle veut pas faire son asociale.
La main toujours tendue. Le sourire qui pointe au coin de ses lèvres. La tête qui bouillonne. L’inconnue. La Seine qui mugit doucement parce que les bateaux l’emmerdent. Les cons qui gueulent. Les salauds qui draguent. Les souvenirs. La mémoire sale. Le manque. Le regard perçant qu’elle lance à la compagne de jeu nouvellement trouvée. Parce qu’elle ne le sait pas encore mais ça n’est pas elle qui a abordé Béa, c’est Béa qui l’a abordée. L’esprit dérive déjà vers un nouveau personnage. Elle commence à penser comme l’héroïne qu’elle se créé. Maya. Maya aime faire la fête. Maya aime faire la conne. Maya est bête. Maya a eu plus de conquêtes que de bonnes notes. Maya s’est tirée de chez elle. Maya parle bien anglait et c’est peut-être la seule ligne valable dans on CV. Maya ment, mais Béa aussi. Maya se perds souvent dans les nuits fauves. Maya sert la main de la blonde et la garde. Elle l’agrippe et la traîne. Elle n’est pas patiente. Le prochain transat est salvateur. Et elle s’assoit. Elle sort une cigarette, bizarrement elle fume les mêmes que Béa. « t’en veux une ? ». L’inconnue a-t-elle mentionné son prénom ? Parce que si c’est le cas Maya ne l’a pas retenu. Elle l’appellera Carole. Ou pas.
sorry pour le retard, j'ai eu du mal à retrouver l'inspiration et le temps d'écrire avec les fêtes de bayonne et la fucking chaleur sur le pays basque. mais voilà, j'ai réussi. j'espère que ça te convient, j'essaye de rendre le truc fou