► OOH LA LA PARIS.
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ooh la la paris, réouverture. 02/11/14.
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 va au diable, va au ciel. - Vadim

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MessageSujet: va au diable, va au ciel. - Vadim   va au diable, va au ciel. - Vadim EmptySam 15 Juin - 1:04

Ma colonne vertébrale craque lorsque je me relève un peu trop brusquement de ce matelas humide vulgairement posé sur le sol. Mes muscles brûlent de douleur aux premiers mouvements que j'exerce. J'ai l'impression d'être une momie se réveillant après des années de sommeil, enfermée dans son cercueil. Personne ne s'en était jamais préoccupé jusqu'à se qu'elle quitte ces quatre planches. Des regards se posent sur moi. Des regards que j'connais pas. Que je n'ai jamais vu. Ou du moins, je ne m'y suis pas attardé. Faut dire que j'ai jamais été du genre à m'arrêter sur les détails. Encore moins en matière de personne. J'suis rien de plus qu'un coup de vent qui effleure le monde. Il fait danser les feuilles des arbres, les fait parfois tomber mais rien de plus. On lui donne pas de prénom. On le pointe parfois du doigt et puis c'est tout. C'est tout.

Au fil des minutes, mon cerveau tente de se reconnecter à la réalité. Fin à la réalité, du moins, la mienne. Il découvre alors autour de lui des verres d'alcool, des couples qui s'embrassent. Quoi que non, ils se roulent des pelles, pour aller baiser un peu plus loin à la fin de la soirée. Y a pas d'amour ou de douceur dans leurs gestes, juste de la vulgarité et une envie bestiale. Ma bouche asséchée me rappelle comme je peux être défoncé. D'ailleurs ma vue est floue, comme si on venait de me jeter au milieu d'une tempête de sable. J'y vois pas plus loin que le bout de mon nez. La terre tremble sous mes pieds. Mes jambes parviennent à retenir mon poids. Pourtant, elles ne sont que du coton. Je lutte contre les éléments, dans cette minuscule pièce, la vie se déchaîne contre moi. Alors, fébrile, je dessine une nouvelle ligne de cocaïne sur le coin d'une table de salon. Elle me redonne la force, j'suis comme un robot qui retrouve de son énergie après avoir été rechargé. Je puise ma force dans la dope, c'est tellement héroïque, putain, j'me fais débander à moi seul.

La porte de la chambre claque derrière moi, du moins c'est ce que j'en déduis. Non, parce que soudainement, la musique résonne dans toute la maison. Cette barraque que je ne connais même pas. Je ne suis jamais venu ici, je crois. Alors qu'est-ce que je fous ? J'en ai pas le moindre souvenir. Je suis un spectre, vidé de sentiments. De vie. De tout. Une éponge à drogues. Les battements de mon cœur battent au rythme du son qui efface le bruit dans ma tête. Ce bruit qui me hante depuis des années. Cette cacophonie ou au contraire, ce rien du tout. Un truc tellement dérangeant que l'envie de m'écraser la tête contre le mur me traverse parfois l'esprit. Le cœur au bord des lèvres, je traverse la foule qui danse grossièrement dans le salon. Mes poumons sont si serrés que c'est à peine si je parviens à respirer correctement. J'étouffe à chaque pas que je réalise au milieu d'une débauche que je côtoie quotidiennement. Sauf que ce soir, j'ai juste envie de rentrer. Me coucher dans mon lit et avoir l'impression de crever. Me réveiller au petit matin et gerber toute ma folie dans la cuvette des toilettes. Juste pour me faire une raison, pleurer la vie et le mauvais sort. Promettre au monde que plus jamais, ja-mais je recommencerais. M'dire que la drogue c'est pour les autres et retrouver les amphét' le soir même.
Rentrer chez moi et moisir dans la solitude.

Cette drôle de pensée quitte mon crâne lorsque mes yeux s'attachent à Vadim. Vadim et son sourire. Vadim et sa façon de bouger. Vadim et ses tatouages. Vadim et sa vision de voir le monde. J'ai pas besoin de réfléchir que déjà mes pas me dirigent vers lui. Tout se passe si vite que ma main attrape fermement son poignet pour l'emmener vers moi. « Qu'est-ce que tu fous ici ? » Le timbre de ma voix peut paraître agressif, sur le coup de la surprise. La vérité c'est que j'suis content de le trouver ce soir. Mes bras se posent sur ses épaules tandis que mon visage s'approche du sien, sourire aux lèvres. J'ai des étoiles dans les yeux. Mes pupilles sont si dilatées qu'elles représentent à elles seules la voûte céleste. Mon corps se rapproche un peu plus du sien, comme ça, par pure provocation. Histoire de dévorer sa bulle et lui montrer que je suis ici. J'ai toujours été un gars plus ou moins envahissant. Le genre de mec incapable de rester dans son coin sans se faire remarquer. D'ailleurs mes yeux lâchent ceux de Vadim et se pose sur une blonde proche de nous. Ou plutôt de lui. Okay, il était peut-être sur le point de se la choper. J'en sais rien mais dans le doute je la dévisage. « Il est au dessus de tes moyens. » Et j'lui souris, comparable à un gamin un peu trop fier. Les battements rapides du coeur m'incitent à concentrer mon attention sur mon partenaire. « J'ai sauvé deux chats coincés dans un arbre. Un gosse un peu trop con qui avait tombé sa gameboy dans les égouts alors, tu peux bien m'accorder c'te soirée pour m'en féliciter non ? » Et je parle déjà trop, d'une voix un peu trop forte et puant l'alcool. D'un comportement bien trop envahissant. Juste Slim à l'état pur.
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MessageSujet: Re: va au diable, va au ciel. - Vadim   va au diable, va au ciel. - Vadim EmptyMar 18 Juin - 16:35

Assis sur un canapé dans un coin, je regarde les gens danser. Ou plutôt gigoter en se frottant les uns contre les autres au rythme de la musique. Si on peut appeler ça de la musique. C'est plutôt quelque chose non identifié, dont le volume est poussé tellement fort qu'il te défonce les tympans et fait vibrer tout ton être à tes dépens. Et moi je suis là, assis comme un con. Je pourrais me lever et aller danser, mais non, mon regard se perd dans les dizaines de paires de jambes qui bougent telles un mille-patte géant. Je suis défoncé. Je sais que si je me lève maintenant, je ferais pas deux mètres avant que ma face ne rencontre le sol. Et pas de façon amicale. J'ai cet espèce de coup de barre de milieu de soirée. C'est dans ce genre de moment que tu te dis que tu serais mieux chez toi devant la télé, vautré sur ton canapé avec tes chats couchés près de toi. Je sais que je vais me relever, repartir, et veiller jusqu'à ce que le soleil pointe le bout de son nez. Mais mes réactions sont longues, trop longues. Est-ce que je serais en train de tomber dans les vapes? Putain faut que j'fasse gaffe. Je tourne légèrement la tête, rien que ce petit geste bouscule brutalement mon monde, la pièce se met à tourner et mon estomac se vrille horriblement, prêt à expulser les litres d'alcool que j'ai ingurgités. Je grimace et rapidement, je me crée un rail de cette petite poudre blanche capable de faire des miracles. Et de me faire descendre en enfer. J'y pense pas. Non faut pas penser aux conséquences, sinon on fait jamais rien de fou dans sa vie. Je m'essuie le nez du revers de la main et j'attends. J'attends que ça fasse effet.

Pendant ce temps là, une fille vient s'asseoir à côté de moi. Elle est jolie, blonde, je crois, à moins que mon état ne la fasse paraître plus belle qu'elle ne l'est. Il m'est arrivé d'avoir des surprises le matin en me réveillant. Souriante elle me parle mais je n'entends pas ce qu'elle me dit. Je rigole et je hoche la tête. Bien que je n'aie pas compris ce qu'elle m'a dit, je ne tarde pas à le savoir. Elle se lève rapidement, et m'attrape les poignets en sautillant et riant niaisement. Je me laisse entraîner en souriant, et je me dis que ça n'a jamais été aussi facile de choper une fille. Sauf qu'elle s'arrête vers la piste de danse et se met à se déhancher. Ah. D'accord. Ça ne sera pas aussi facile que ça. Bon, tant pis, je me mets à danser moi aussi, la fête c'est fait pour ça au départ. Je me retrouve rapidement englobé dans la foule de gens transpirants. La fille est toujours près de moi, et a toujours ce même sourire mignon sur le visage. Je me vois bien finir la soirée avec elle. Ouais, c'est plutôt bien parti. Et pis de toutes façons c'est elle qui est venue me chercher, elle va pas me jeter. Enfin, on n'sait jamais, avec les filles. 

Mais soudainement cette fille inconnue au bataillon n'est plus du tout au centre de mon attention. On m'arrache à elle, quelqu'un vient de m'attraper par le poignet. Je tourne la tête, prêt à réagir au quart de tour et à m'énerver, quitte à provoquer une baston là au milieu pour cette fille que je ne connais même pas. Parce que ouais, il est comme ça Vadim, il pète des câbles plus vite que son ombre. Seulement, ce que je vois me coupe dans mon élan et un franc sourire s'installe sur mon visage. Non, j'peux pas faire la gueule à ce mec là. Je suis toujours heureux de le voir, heureux d'être avec lui, heureux de le savoir près de moi. Slim c'est l'un des rares mecs que j'me permettrais pas d'abandonner. Peut-être parce qu'on se supporte mutuellement. Mes amitiés sont souvent éphémères parce que les gens me supportent pas. Trop instable. « Qu'est-ce que tu fous ici ? » qu'il me d'mande. Je rigole, un peu à l'ouest. « La même chose que toi j'suppose... » A vrai dire j'en savais trop rien, c'était à peine si je savais où on était et chez qui. J'me rends vraiment compte qu'il est très proche de moi quand il enroule ses bras autour de mon cou. Faut dire que l'espace personnel n'a pas la même valeur en soirée. Je sens qu'il essaye de me provoquer et moi, complètement déconnecté de la réalité, je rentre dans son jeu sens hésiter, quitte à aller encore plus loin. Alors je pose mes mains sur ses hanches. Ses pupilles sont complètement dilatées, preuve qu'on est presque autant défoncés l'un que l'autre. Son regard bleu dévie vers la blonde restée plantée là, à nous regarder. J'avais presque oublié son existence, tiens. Et à voir son expression, elle pense qu'on est ensembles ou un truc du genre. Et ça la choque, la pauvre. « Il est au dessus de tes moyens. » Je trouve la scène tellement comique que j'éclate de rire, et ça achève la fille qui disparaît entre les corps serrés. Mais bien vite, j'en ai plus rien à foutre d'elle. Faut dire que Slim est tellement, tellement plus intéressant qu'une fille aussi aléatoire et ordinaire. « J'ai sauvé deux chats coincés dans un arbre. Un gosse un peu trop con qui avait tombé sa gameboy dans les égouts alors, tu peux bien m'accorder c'te soirée pour m'en féliciter non ? » « Ouah, bien joué mec! » Comme je ne suis plus sobre, il n'y a aucune trace d'ironie dans cette phrase, et je suis totalement admiratif. Slim, ce héros. De toutes façons, même sobre j'l'aurais félicité, parce que je suis un gamin et que j'ai besoin d'un héros dans ma vie « Tu mérites cette soirée, et tu mérites aussi un bisou. » Un bisou ouais, plus viril tu meurs. Sans qu'il ne puisse réagir, je m'empresse de déposer un baiser sur sa joue, non loin de ce vingt et un tatoué sur son visage. Et je rigole, parce que je suis défoncé, et parce que la nuit est à nous.
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MessageSujet: Re: va au diable, va au ciel. - Vadim   va au diable, va au ciel. - Vadim EmptyJeu 20 Juin - 3:04

L'idée même que Vadim puisse m'envoyer chier ne m'a pas traversé l'esprit. Tout comme le fait qu'il puisse avoir autre chose à faire. Parce qu'encore une fois, je suis persuadé qu'il est là pour moi. Personne ne peut être plus intéressant. Ouais, le genre de désir parfaitement irréaliste et égoïste dans lequel je baigne depuis toujours. Lorsque Slim Curtiss vous fait face, vous n'avez qu'à vous prosterner. C'est tellement risible que c'en est presque ridicule. Et pourtant, il m'est presque impossible de me détacher à cette détestable habitude. Celle de vouloir l'attention, toute l'attention. Posséder chaque respiration de la personne qui m'approche et l'obliger à ne vivre que pour moi. Pendant un moment éphémère, le regarder sourire uniquement parce que j'en suis la cause. J'crois même que je ressens du soulagement lorsque cette blonde disparaît dans la foule. Je n'sais pas réellement ce que c'est mais ça m'enlève un putain de poids des épaules. Celui qui vous écrase les entrailles et vous empêche de respirer normalement. Possédé par la coke et la folie, je suis capable du meilleur mais surtout du pire. Mes gestes partent directement vers l'extrême. Je n'ai plus de juste milieu, j'agis sous le coup de la pulsion, à la recherche d'une solution parfois surréaliste. Alors oui, je suis parfaitement capable d'en retourner une à cette inconnue. A elle ou n'importe qui d'autre. Les voir s'étouffer avec leurs dents. Parce que ce soir, Vadim est celui avec qui je veux finir la soirée. Lui et personne d'autre. Une putain d'obsession que mon cerveau ne veut plus lâcher. J'ai l'impression d'être un aimant, là, collé à son corps. Mon regard reste planté dans le sien, pour ne surtout pas l'autoriser à lâcher une seule seconde de mon attention. Vadim rit, et je ris avec lui, sans trop savoir pourquoi. Il a l'air heureux et c'est là le plus important. Défoncé aussi, mais c'est à peine si je peux m'en rendre compte. Tous ces détails traversent mon esprit sans y rester. Un coup de vent qui caresse mes pensées et puis c'est tout. « Ouah, bien joué mec! » Je lui souris un peu plus et ressens une certaine fierté à l'annonce de mes bonnes actions. Comme un gamin à qui l'on donnerait une image pour de bonnes notes, j'ai envie de recommencer. Redoubler d'efforts et gagner le respect des autres, au moins une fois dans ma vie. Si seulement c'est encore possible.

« Tu mérites cette soirée, et tu mérites aussi un bisou. » Les battements de mon cœur s'accélèrent, comme une sorte d'adrénaline qui vous possède au moment où il ne le faut pas. Incontrôlable elle reste pourtant agréable. Mon visage se dirige instinctivement vers celui de Vadim afin d'autoriser ses lèvres à se poser sur mon épiderme. Transpirant, des pores de ma peau s'échappent ma lucidité. Mon nouveau rôle de père. Mais aussi Siham. Ina. Absolument tout quitte mes pensées. D'un battement de cils j'efface mes bonnes résolutions et mauvaises pensées pour me perdre dans les méandres de ma folie. Mon corps se colle un peu plus à celui du jeune homme, à la recherche d'un peu de chaleur humaine. Il est de loin le seul à savoir me supporter réellement, sans jamais me faire la moindre réflexion ou vouloir me changer. Ouais, ce doit être pour ça d'ailleurs que je m'accroche autant à lui. J'retrouve dans son comportement une partie de mon existence que j'ai perdu : mon frère. Vadim ne pointe pas du doigt ma folie, il la partage. Il y croit. Et j'passe pas pour un pauvre gars mais plutôt comme un héros. Un vrai, comme je l'ai toujours voulu. La musique résonne à nos oreilles, plus douce, plus apaisante. La lumière tamisée parvient à peine à me faire capter la couleur de ses yeux. Alors, résigné, mon menton se cale sur son épaule tandis que mes paupières se ferment. Et pendant quelques minutes, à moins que ce ne soit des secondes, je reste là, à remuer calmement contre lui. Mon cœur bat toujours aussi rapidement sous ma cage thoracique, emporté dans le tourbillon de la dope. Il pompe le sang à une allure si rapide que le reste de mon être semble ne plus pouvoir suivre. « Pour mon costume de super héros, j'ai commencé à le dessiner. J'ai pensé à enlever la cape. Parce que la cape, c'est ringard, tu trouves pas ? » Ma voix est totalement détachée, si basse que c'est à peine si Vadim doit l'entendre. Je parle dans le vide pour ne pas laisser le silence s'immiscer entre lui et moi. Je parle pour ne surtout pas perdre de son attention, pour ne pas le laisser à une meilleure contemplation que la mienne. Mes mains se perdent dans son dos tandis que mes ongles s'enfoncent légèrement dans le tissu de son t shirt. « Tu seras le premier à le voir et tu me prendras en photo avec. » Un bête sourire prend place sur mon visage pâle et humide. Je monte d'un cran dans mon euphorie.

Le bout de mon nez caresse son cou, me laissant le temps de reprendre ma respiration avant de continuer, toujours sur le même ton. Pas une note au dessus ou en dessous. « La musique me fait mal aux oreilles. Tu veux pas qu'on sorte ? J'habite pas loin et j'ai de l'alcool meilleur. » J'ai peut-être pas l'alcool meilleur mais l'envie de quitter ces lieux est grande. Suffocante. Vad n'a très certainement jamais mis un pieds dans mon appartement. Jusqu'ici je devais être suffisamment lucide pour ne pas le laisser entrer totalement dans mon monde. Seulement voilà, ce soir, tout prend une allure différente. Mes pensées se mélangent et forment un horrible nœud. J'ai du plomb dans les muscles, encore un peu de poudre sur le bout du nez. J'sais pas vraiment si je suis à deux doigts de l'overdose ou quoi que ce soit qui y ressemble mais le monde tourne sauvagement autour de Vadim et moi. Je me raccroche à lui comme s'il était mon ultime pilier. Et même avec les jambes cotonneuses, je ne cesse de lui sourire, reculant de quelques pas pour l'inciter à venir avec moi. « J't'autorise même à conduire ma trottinette. J'te demande pas ton permis de conduire. » Non parce que si je prends le volant de ce morceau de féraille je suis persuadé de finir le nez explosé contre le goudron. Ou bien noyé au fond de la Seine. Ce soir, j'suis absolument tout sauf une agréable compagnie. Rien qu'un gars pot de colle et incapable d'aligner trois pas sans manquer de se casser la gueule. Mais c'est pas grave, ouais c'est pas grave parce que même dans cet état, Vadim ne m'échappera pas. C'est presque maladif ce besoin de vouloir s’approprier le monde. Ce doit être un truc de sauveurs de monde. Après tout, ils ont le monde à leur pied. Moi aussi j'la veux, cette triste planète, sous mes pieds.
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MessageSujet: Re: va au diable, va au ciel. - Vadim   va au diable, va au ciel. - Vadim EmptySam 22 Juin - 19:17

Cette fille a déjà disparu de mon esprit, c'est comme si elle n'avait jamais existé. Elle n'était qu'un plan de secours, une opportunité qui s'était présentée à moi pour m'éviter de passer la soirée seul. Mais bien mieux que ça, maintenant il y a Slim. Nos folies sont complémentaires, elle s'emboîtent et font des étincelles. Elles se comprennent. Et au lieu d'essayer de se tirer mutuellement vers le haut, on se jette dans leurs bras pour qu'elles nous entraînent vers leur monde, notre monde. Je le vois sourire, et le fait que ça soit en partie voire complètement grâce à moi me fait tellement plaisir. J'adore le voir fier de ses exploits, j'adore le soutenir dans sa cause même si ça le berce dans son euphorie. Au moins on est heureux. J'me perds un peu dans ses pupilles dilatées, tellement que j'pourrais m'y noyer, alors je dois faire attention. Il est collé contre moi, et ça me viendrait jamais à l'esprit de le repousser, j'suis trop bien, là, à le sentir contre mon corps. J'lui offre ce bisou, symbole de la virilité dont je suis capable de faire preuve. J'suis qu'un gosse, coincé dans un corps qui a déjà terminé sa croissance depuis longtemps. J'ai grandit à l'envers, j'fais tout à l'envers, personne ne sait, personne ne saura jamais pourquoi j'suis comme ça. L'image du visage souriant de ma mère se matérialise dans la foule, et l'espace d'une seconde, cette hallucination me prend la tête, puis elle s'évanouit. J'irai la voir ce weekend. Sa peine est bientôt terminée. Peut-être que je lui présenterai Slim, un jour. Elle le jugera pas, elle n'est pas comme ça, maman.

La musique ralentit, se calme lentement. La lumière s'abaisse, devient acceptable pour un épileptique. J'comprends pas trop ce qu'il se passe mais je cherche pas à comprendre non plus. La seule chose qui ne se calme pas, ce sont les battements de mon pauvre petit cœur, qui a des ratés tant il ne suit plus le rythme effréné de la cadence imposée par cette merde qui a épousé mon système sanguin. Slim se rapproche un peu plus, jusqu'à être parfaitement calé contre moi. Je sens ses mains se glisser un peu plus dans mon dos, m'arrachant un frisson sans que je sois réellement sur qu'il provienne de là. Après tout mon corps a des réactions étranges et incontrôlables, ça peut-être à cause de la drogue de l'alcool ou j'peux même être en train de choper froid, tant la transpiration dégouline de mes pores. Mais j'm'en fous, je suis bien, et je passe mes bras derrière le cou de mon partenaire, et me laisse aller à la musique, dans une joie calme dont seuls les battements de mon cœur sont en désaccord. Je ferme les yeux, expire par le nez, essaye de calmer ce tintamarre qui sévit dans ma poitrine. J'sais bien que c'est vain, mais j'aurais essayé au moins. Le torse de Slim vibre de façon étrange et je mets un certain temps à réaliser qu'il me parle. Je capte que la fin de ce qu'il me dit et comprends qu'il me parlait de son costume, de sa cape et de ringardise. « Si ça l'est, comme les slips sur les collants d'ailleurs. En plus c'est dangereux, tu peux te faire aspirer par les réacteurs d'avion et tout. » Je réponds sur le même ton que celui qu'il emploie. Bien sur mes références aussi sont celles d'un gosse, je sors ça d'un dessin animé. A cet instant précis, la dope me tire vers le fond, mais elle m'aide à croire que Slim est réellement capable de voler. J'en suis même convaincu. « Tu seras le premier à le voir et tu me prendras en photo avec. » Mon sourire, invisible à ses yeux, s'intensifie encore un peu plus.  « J'en serais ravi. », je souffle doucement, en le pensant réellement. De toutes façons tout ce qui se raccroche à mon métier, à ma passion, la photographie, me fait toujours plaisir. Le temps se déforme, j'en perds la notion, j'en chope la nausée.

« La musique me fait mal aux oreilles. Tu veux pas qu'on sorte ? J'habite pas loin et j'ai de l'alcool meilleur. » « Ouais, t'as raison. » Je trouve cette fête assez ennuyante à vrai dire. Peut-être parce que maintenant j'ai Slim avec moi, et qu'il est désormais le centre de mon attention. En même temps, c'est difficile de le louper. Il a toujours cette capacité à m'empêcher de l'oublier ne serait-ce qu'une seconde lorsqu'il se trouve dans le coin. Mais j'm'en plains pas, au contraire, je préfère ça à quelqu'un qui ne parle jamais, qui est trop coincé et qui te transmet son mal-être. Je me rends compte que j'ai aussi envie de découvrir où est-ce que Slim vit, je veux rentrer un peu plus dans son monde. Une excitation nouvelle me prend les tripes, tel un gamin qu'on mène vers une surprise. Slim recule et me lâche, tout en m'offrant un de ses sourires auxquels on ne peut rien refuser. « J't'autorise même à conduire ma trottinette. J'te demande pas ton permis de conduire. » Je marque un temps d'arrêt, à le contempler dans une surprise heureuse. J'ai beau être défoncé, je sais quelle valeur ce tas de ferraille a à ses yeux. « Merci, mec! » Mon sourire, mon expression, tout mon être est euphorique et fébrile. La pièce tangue dangereusement et le seul point fixe dans mon champs de vision, c'est Slim. Je le suis et à nous deux on finit par trouver la sortie. Mais juste avant de sortir, comme si mon corps voulait marquer son territoire, je sens mes tripes se retourner, et je rends dans tout ce que j'ai ingurgité cette soirée. Je tousse légèrement et m'essuie la bouche du revers de la main. J'me sens légèrement mieux, le sol semble moins instable. Je me redresse et souris à Slim, comme si rien ne s'était passé. Après tout, c'est pas comme si c'était nouveau qu'je gerbe en soirée. Je regarde aux alentours, cherchant sa monture en fronçant les sourcils. « Elle est où? » Je demande en espérant qu'il soit assez lucide pour se rappeler où il l'a posée, et pour savoir de quoi je parle.
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MessageSujet: Re: va au diable, va au ciel. - Vadim   va au diable, va au ciel. - Vadim EmptyDim 23 Juin - 15:52

Des regards se posent sur nous, depuis tout à l'heure. Sans trop savoir pourquoi, ni comment. Mais ils sont là, à nous scruter comme des bêtes de foire. Une grimace déforme mon visage lorsque je manque de me prendre l'encadrement de la porte. Des rires résonnent dans mes tympans, mes poings se serrent, dans le vide. De haine. De honte. D'incompréhension. L'envie de faire demi tour pour frapper un type, au hasard, me traverse l'esprit. Heureusement, lorsque mon front rencontre ce foutu mur, mes pensées se remettent légèrement en place. Si je venais à déclencher une colère quelconque chez quelqu'un mes chances de perdre seraient nombreuses. Mes chances de gagner ne dépasseraient pas les un pour cent. Puis quand on y pense, le sang ça salit. Ça pue aussi. Et c'est même pas élégant. Vadim a autre chose à faire que supporter mes gamineries alors, sur le fil, je me reprends et continue ma route, dans ce grand couloir. J'ai l'impression qu'il est infini. Qu'il se rallonge sans cesse. Comme dans une partie de Mario sur nintendo 64. Sauf qu'il ne me manque pas des étoiles pour arriver à mon but mais des neurones. Et une pointe de lucidité. Je me retourne pour vérifier que Vad me suit encore. Et il là, à quelques centimètres, le visage pâle. L'atmosphère est si lourde que les murs semblent se resserrer sur nous. Ce doit être pour ça d'ailleurs que son visage porte autant de fatigue. Ma main se pose sur la poignée, ouvre la porte. L'air s'enfile sous mon t shirt et caresse ma peau humide. Un frisson traverse mon être, de bien être. De froid, aussi. Mais surtout de bien être. Un bruit de régurgitation m'arrache à ce moment de calme. Je retourne vivement la tête et croise Vadim. Il est là, à lâcher sur le sol toutes ses tripes. Un sourire prend place sur mon visage. C'est comme si, soudainement, je me voyais en lui. J'suis le premier à vomir toutes ces conneries que j'avale pour le plaisir. Fin non, vu mon stade c'est même plus un plaisir mais plutôt une question de survie. J'peux même la sentir, la douleur, revenir après quelques heures sans rien. La drogue est devenue vitale à mon organisme même s'il m'arrive encore de nier ces faits. Si on enlève Siham, personne ne doit être au courant du toxicomane que je suis. Y en a qui appelle ça de l'autodestruction. Mais c'est pas ça, c'est juste une façon comme une autre rêver les yeux ouverts. Et ce soir, je rêve avec Vadim. Les battements de mon cœur s'accélèrent lorsqu'il quitte la maison en ma compagnie. Un sourire détaché et sincère règne sur mes lèvres. « Elle est où? » Merde, c'est vrai ça, elle est où ? Il faut plusieurs à minutes à mon cerveau pour y réfléchir. Pourtant, à mon plus grand étonnement il y parvient. D'un pas rapide je me dirige vers un buisson et plonge mes bras dans celui-ci sans faire gaffe. Mes bras se retrouvent écorchés par les ronces. C'est à peine si je ressens la douleur. Mon esprit est trop loin pour autoriser une connexion entre le réel et la folie. Les ténèbres m'aspirent dans leur spirale.

« Tiens, j'habite à deux rues d'ici et au rez de chaussée. Tu m'fais pas le coup de la panne hein ? » Mon regard ne croise à présent plus le sien. Parce qu'avec la lumière des lampadaires, mon teint est encore plus dégueulasse que tout à l'heure. Mes pupilles se contentent alors de fixer ses lèvres. La trottinette posée entre nous deux, je le laisse prendre le guidon et me glisse derrière lui, m'accrochant fermement à sa taille. Silencieux, mon menton se pause sur son épaule, accueillant l'air frais de la nuit contre mon épiderme. Mes paupières se ferment pour ne pas se perdre dans le paysage qui défile autour de nous. J'ai la tête qui tourne suffisamment comme ça, comme si je venais de descendre d'un manège. Le cœur au bord des lèvres, le parfum de Vadim m'enivre et apaise mes muscles tendus à l'extrême. J'essaie de me focaliser sur lui pour oublier que la terre tourne beaucoup trop vite sous nos pieds. Mon regard part dans les vagues, j'ai envie de sombrer dans un profond sommeil. Mais j'me reprends, lorsque mes doigts s'accrochent au t shirt de Vad, j'me ressaisis. Parce que j'ai pas envie de le laisser seul. Pas après lui avoir demandé de venir chez moi. D'ailleurs en parlant de chez moi. C'est peut-être pas une bonne idée. C'est sombre, bordélique, sale. Puis y a Fauve. Fauve et les scorpions. Les scorpions et mon laboratoire. Mon laboratoire et toutes les seringues qui épousent le sol. Mais c'est trop tard maintenant, parce que nous sommes sur le palier de mon immeuble. Il va découvrir que les super héros ne sont pas si supers que ça. Qu'ils possèdent vices et faiblesses. Faut dire que les miens sont nombreux. Les démons font même parti intégrante de ma vie. Ils s'foutent sur la gueule, sans cesse, sous ma cage thoracique, je peux les sentir, prendre possession de mon cœur. Après avoir volé mon âme et mes pensées. La trottinette s'arrête et mon souffle se coupe. Comme jamais. J'ai l'impression de suffoquer. J'ai envie de lui faire le coup du 'j'ai paumé mes clés'. On a vu plus crédible comme situation. Même dans cette situation, où j'sens que je vais regretter des tas de choses je parviens à sourire et garder une euphorie certaine. Le ciel noir tombe un peu plus sur nos têtes alors que je descends du bolide. Mes mains attrapent les siennes pour les serrer. Ah putain ça faisait longtemps que je me l'étais plus joué princesse romantique. Ça me va tellement pas quand on y pense. Mes lèvres s'ouvrent légèrement. « T'as pas peur des gros chiens j'espère ? » J'ai le cœur qui bat à 300 à l'heure et je sais même pas pourquoi. Un gros chien. J'ai rein trouvé de mieux que définir un alligator de gros chien. C'est tellement risible putain. Légèrement tremblant, j'attrape tout de même ma trottinette et nous dirige vers la porte d'entrée que j'ouvre avec une certaine appréhension. Dans la nuit totale, mes doigts caressent le mur, à la recherche de l'interrupteur. Et enfin, la lumière brise le mystère. L'alligator est là, au milieu de mon bordel, de ma folie quotidienne. Je me retourne en direction de Vadim et d'un signe de la main lui désigne le salon. « Vazy entre, fais comme chez toi. » Ouais, bon c'est particulièrement difficile d'être à l'aise en milieu aussi hostile mais on s'en fout.

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MessageSujet: Re: va au diable, va au ciel. - Vadim   va au diable, va au ciel. - Vadim EmptyJeu 4 Juil - 14:14

Je le suis de près, de peur de le perdre, et le regarde farfouiller dans un buisson empli de ronce. Ben au moins, il était sur que personne ne viendrait la chercher ici. Il se retourne vers moi et dépose le tas de ferraille entre nous deux. « Tiens, j'habite à deux rues d'ici et au rez de chaussée. Tu m'fais pas le coup de la panne hein ? » Fébrile, j'empoigne le guidon de la trottinette, excité tel un gosse sous le sapin de noël. C'est même pire que ça. On m'autorise à conduire la trottinette de Slim, c'est pas rien bordel. Je lâche un petit rire à sa question. « T'inquiètes pas pour ça, ça devrait le faire. » J'affiche un sourire assuré, alors qu'au fond, je suis même pas sur d'arriver chez lui sans me ramasser royalement au moins une fois. Mais comme on dit, qui ne tente rien n'a rien. Alors je monte sur l'engin, et laisse Slim s'accrocher à moi. Les premiers coups de pieds sont hésitants, j'ai déjà fait de la trottinette, mais jamais avec quelqu'un derrière moi, non pas que Slim soit lourd, mais je subis cette première expérience complètement déchiré, ce qui n'arrange pas les choses. Mais je finis par filer à peu près droit, assez vite pour que l'air frais caresse mon visage et rentre sous mon T-shirt. Je sens la tête de Slim venir se caler contre mon cou, et malgré les grammes de trucs toxiques contenus dans mon sang, et mon cœur qui bat à tout rompre, la quiétude du moment réussit à m'atteindre. Je me sens apaisé, enfin au calme, après toute cette musique vibrante qui résonnait dans la tête et faisait battre mes tempes. Désormais le bruit des petites roues de la trottinette ricoche contre les murs des rues désertes, et donne une impression rassurante de continuité. Je pourrais presque m'endormir, là, mais c'est moi qui conduis, alors je dois prendre mes responsabilités. Et sentir les mains de Slim se resserrer un peu plus sur mon T-shirt me motive d'autant plus. Il se passe cinq minutes, ou un quart d'heure peut-être, je perds toutes les notions fondamentales, du temps, d'espace, et toutes les autres, mais on finit par arriver au pied de l'immeuble de Slim. Souriant, et pas peu fier d'avoir réussi à nous emmener jusqu'ici sans une égratignure, je me retourne vers mon passager. C'est alors qu'il me prends les mains, et que son regard bleu accroche le mien. « T'as pas peur des gros chiens j'espère ? » J'éclate d'un rire bête. « Non, c'est bon! » Un mélange d'excitation et d'apréhension régit mon être tandis qu'on monte les escalier jusqu'à son appart. Je sais pas trop ce que j'espère, et j'ai un peu peur d'être déçu par ce que je vais trouver dans son chez lui.

Slim entre et allume la lumière. Elle est trop vive pour mes pauvres pupilles dilatées, ce qui explique que je mette un certain temps avant d'arrêter de plisser les yeux. Quand ma vision se fait à peu près nette, je découvre un bordel monstre. Il y a tellement de choses que mes yeux ont du mal à accrocher quelque chose en particulier. Je cherche un gros chien, prêt à caresser une grosse bête poilue, mais à la place, mon regard tombe sur un reptile. Mon pouls s'accélère à sa vue, chose que je n'aurais pas crue possible tant les battements de mon cœur étaient déjà rapides. « Vazy entre, fais comme chez toi. » J'essuie mes mains moites contre mon jean et je pénètre dans l'appartement. Tout ce que je ceux, là maintenant, c'est m'asseoir. Mes jambes semblent sur le point de m'abandonner, la fatigue se réveille et elle se fait menaçante. Je réussis à m'échouer sur un bout de canapé vierge. Mon attention se repporte sur le reptile, qui n'a toujours pas bougé. Je me dis qu'il doit être en train de dormir, et qu'il vaudrait mieux ne pas chercher à le réveiller. « Tu m'avais pas dit que t'avais un crocodile, mec! » Il n'y a pas de peur dans ma voix, juste de l'euphorie et une pointe d'admiration. Il garde un putain de reptile dans son appart, c'est plutôt balaise. Moi j'ai juste trois chats dans mon appart, c'est tout de suite moins impressionnant. Le fait que j'aie appelé son animal un crocodile et non un alligator et qu'il puisse me corriger ne me vient pas à l'esprit puisque dans ma tête, c'est un crocodile. J'ai jamais su faire la différence entre un crocodile et un alligator, pour moi, ce sont tous les mêmes, tous des crocodiles, point barre. Je fronce les sourcils. « Du coup, il est où ton gros chien? » Ouais bon, j'aurais mieux fait de me taire là, c'est ridicule. Vadim t'es pas con, t'es tellement pire. Vautré dans le canapé, tu te sens bien, au milieu de tout ce bordel, c'est un peu comme chez toi, sauf que t'as Laure pour te gueuler dessus quand c'est vraiment trop horrible. Ce sont les désavantages de la collocation. Slim lui il s'en fout, il peut faire ce qu'il veut, même avoir un crocodile chez lui s'il en a envie. D'ailleurs, je regarde ce mec tatoué, encore debout là au milieu. « Tu veux pas v'nir t'asseoir, tu me stresse là. » Il m'avait dit de faire comme chez moi, je fais comme chez moi. Il faut pas faire un telle proposition à Vadim, il le prendra au pied de la lettre. Je saisis le bas de mon T-shirt et le soulève pour essuyer mon visage plein de sueur, révélant un instant le bas de mon ventre tatoué. Puis je le remets en place et souris à Slim, en lui faisant signe de venir s'asseoir. J'ai envie d'être tranquille, même de dormir, mais j'essaye de rester éveillé, ça serait pas cool de laisser Slim tout seul à me regarder ronfler et baver dans mon sommeil. Je suis quand même pas égoïste à ce point.
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MessageSujet: Re: va au diable, va au ciel. - Vadim   va au diable, va au ciel. - Vadim EmptyDim 7 Juil - 17:14

Mes muscles se contractent anormalement, même mon cœur. Il en peut plus, il se sent mal. La drogue le fait battre trop vite. Il me hurle de calmer un peu le speed. Son agonie me pousse pourtant à vouloir une autre dose. Heureusement pour lui, ou pour moi, je n'ai plus rien dans mes poches. Je prends alors une longue inspiration et entre dans la jungle que peut-être mon appartement. Ça pue la pisse, ça pue le mort, ça pue l'abandon. On peut pas vraiment dire qu'il me ressemble, moi, le type plein de vie et incapable de tenir en place. Au fond, il représente rien de plus que mon âme cabossée et mon esprit étriqué. Donc, j'avance d'un pas, pousse les affaires sur le côté à l'aide de mon pied. Afin de mettre un peu d'ordre et laisser Vadim accéder jusqu'au canapé. J'ai envie de lui dire que c'est pas tous les jours comme ça, que j'ai pas vraiment eu le temps mais ça me paraît con. Pourquoi j'ferais ça, après tout ? C'est mon ami, il va pas me laisser pour ça, pour un peu de crasse sur le sol. Et les murs. Je mérite juste une putain de claque dans ma gueule. Pour douter de lui comme ça, pour me rendre malade à cause de telles conneries. Nerveux, je caresse du bout des doigts ma nuque et fixe Fauve sans réelle conviction. J'pourrais très bien fixer le vide que ce serait pareil. Y a pas d'amour, pas d'affection, c'est juste le néant. Mes deux petites pupilles brillent à cause de la fatigue et puis c'est tout. « Tu m'avais pas dit que t'avais un crocodile, mec! » Un sourire se dessine sur mes lèvres. Comme si j'allais lui dire, comme ça. 'oh mec j'ai un alligator' ! Au début, j'savais pas qui était réellement Vadim. S'il était du genre à dénoncer les gens. Ma voix légèrement détachée brise le silence. « J'ai pas vraiment le droit d'avoir ce genre de bête ici. » Faut de la paperasse pour ça et la paperasse c'est long et chiant. J'suis la plupart du temps trop défoncé pour parvenir à la faire mais j'évite de lui dire. Même si au fond, il est pas con, il doit s'en douter. Y a qu'à voir comme j'suis maigre et taré. Y a qu'à voir toutes ces seringues qui dorment sur le sol. Je m'avance d'un pas et me baisse pour poser ma main sur Fauve. Elle est calme, même pas affolée par la présence de Vad. Elle voit pas grand monde passer ici. Juste Siham et Ina. Les autres … les autres j'ai jamais su leur faire réellement confiance. Et là, ce soir, laisser le tatoué entrer chez moi n'est pas une décision prise comme ça, à la légère. Non, j'lui ouvre les portes de mes entrailles, de mon véritable moi. L'alligator, c'est juste une entrée. Y a encore tellement de choses surprenantes sous ce toit que j'sais pas par où commencer. Peut-être ne faut-il pas commencer, après tout. L'animal ouvre légèrement la gueule, mes doigts se perdent sur ses crocs acérés dans une fascination toujours nouvelle. Comme si, à chaque fois, je venais à redécouvrir Fauve. C'est fou ce que la passion peut prendre parfois aux tripes. « Du coup, il est où ton gros chien? » Un gros chien ? Ah oui. Mes yeux se plantent dans les siens, lumineux. « Elle l'a mangé. »

c'est au milieu de cet humour vaseux que je me relève finalement. Légèrement perdu, je fixe les gestes de Vadim en m'attardant sans réellement le vouloir sur son bas ventre. J'me surprends à sentir une chaleur naître au plus profond de mon âme. Comme une flamme, ravageuse, pleine de désirs jusqu'ici inconnus. Je ferme alors les yeux, pour les dissimuler, me concentrer sur sa voix. « Tu veux pas v'nir t'asseoir, tu me stresse là. » A ces mots, je m'approche du canapé, me fige quelques secondes avant de me pencher au dessus de lui, délicatement. « Bouge pas. » Ma voix est calme, elle n'est en réalité qu'un simple murmure. Et tandis que mes lèvres effleurent de près son visage ma main se perd dernière sa nuque, délicatement. Mes doigts semblent se resserrer dans le vide. « ça s'rait con de finir aux urgences. » Je recule légèrement mon visage du sien et relève la paume de ma main en direction du plafond. Un scorpion y est niché, là, apeuré. Certainement prêt à lâcher son poison sous ma peau muette. Une fois celui-ci posé au sol je me laisse tomber sur le canapé, de tout mon long, de toute ma fatigue. Ma tête prend place sur les genoux de Vadim, à la recherche d'un certain confort. Mon regard se plante dans le sien, comme si rien ne c'était passé. Comme si, jamais, il n'y avait eu de bête étrange prête à l'attaquer. Mes doigts cherchent le contact moite de sa joue. Ils s'y perdent, doucement, j'ai l'air d'un gamin. « Tu peux dormir ici s'tu veux. J'te laisse ma chambre, je prends le canapé, j'ai pas envie que tu termines en steak pour alligator. » Ouais ça serait quand même con, autant pour lui que pour moi. Perdre Vadim, ce serait la fin du monde, carrément. Faut dire qu'avant de le rencontrer, je me faisais bien chier. Mais depuis qu'il est là, ça va mieux. Fin, mieux, y a rien qui s'arrange pour moi mais au moins j'suis heureux et pas uniquement grâce à la drogue. J'remarque au passage qu'il a l'air crevé. L'espace d'un instant, je me fous même à paniquer. Ma voix s'élève, encore un peu brisée. « Le scorpion t'a piqué ? » Il avait pas l'air agressif mais on sait jamais. Je me relève vivement et plonge mon regard dans sa nuque, tout en passant mes doigts dans celle-ci, à la recherche d'une éventuelle piqûre. Mais y a rien, rien du tout. J'suis qu'un flippé de la vie. J'me fais pitié. « Tu peux m'le dire s'il t'a piqué hein. Faut qu'on soigne ça sinon. » Je continue, dans la même optique, sur ma voix légèrement tremblante. Celle qui veut tout dire, complètement débile quand on y pense. Quelle idée de posséder une armée de scorpions chez soi. Et surtout, d'emmener Vadim ici.
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MessageSujet: Re: va au diable, va au ciel. - Vadim   va au diable, va au ciel. - Vadim EmptyJeu 11 Juil - 0:53

Depuis le canapé, j'observe le reptile dans un mélange de crainte et d'admiration. C'est vrai que c'est quelque chose de fascinant et d'effrayant, une bête aussi dangereuse. Ce mélange de sensations contradictoire me plaît, et je commence à me faire à l'idée même que cette bête puisse cohabiter avec Slim. « J'ai pas vraiment le droit d'avoir ce genre de bête ici. » Je lève le regard vers lui, souriant comme à mon habitude. Pleins de gens autour de moi disent que je suis un rayon de soleil. J'ai jamais compris la métaphore. « T'inquiètes! J'dirais rien, ça sera notre secret! » Je lui fait un clin d’œil, accompagné d'un sourire en coin. Les clins d’œil c'est tellement démodé et ridicule, mais je suis défoncé, alors il faut pas trop m'en demander. Pourtant je suis sincère, j'irais jamais le dénoncer. Je pense que s'il perdait fauve, ça serait comme si je perdais mes chats. Enfin sauf que lui risque d'aller en prison. Mais en tout cas ça le blesserait, ça le ferait souffrir, et je pourrais jamais plus me regarder dans le miroir après ça. Je lui demande à propos du gros chien, et sa réponse m'amuse. « Elle l'a mangé.» Un léger rire s’échappe de mes lèvres, le rire d'un enfant à qui on raconte une blague improbable, mais qu'il trouve drôle quand même. Je n'suis qu'un gosse malade, perdu, coincé dans un corps trop grand. Les choses toxiques dans mon sang ne font qu'empirer les choses. Les ténèbres me cherchent, m'appellent, me tirent vers le sommeil. Et alors les cauchemars débarqueront, et je ferai peur à Slim. Personne ne m'a jamais vu me réveiller en sursaut au milieu de la nuit. Personne ne connait mon enfance ratée, bousillée. Ces pensées empoisonnées s'envolent quand son visage se rapproche du mien. « Bouge pas. » Nos respirations se mélangent tandis que je reste immobile. Je garde même le silence en sentant sa main effleurer ma nuque, sans que ça soit réellement nécessaire. L'espace de quelques secondes, les seuls choses que je perçois sont le corps de Slim si près du mien, et mon pauvre cœur qui bat comme un dératé. Une chaleur se réveille dans mon bas ventre, infligeant une nouvelle accélération improbable à mon rythme cardiaque. Si ça continue je vais faire une crise cardiaque, c'est pas possible autrement. A cause des drogues mes réactions ne sont pas vives, et le temps que je cherche à faire quoi que ce soit, Slim a déjà ramené sa main vers lui. « ça s'rait con de finir aux urgences. » Je comprends pas trop de quoi il veut parler, jusqu'à ce que mon regard se pose sur ce qu'il y a à l'intérieur de sa main. C'est un scorpion, sa carapace luit sous la lueur faiblarde de l'ampoule. J'ouvre de grands yeux étonnés, et me redresse un peu dans le canapé. Je jette un regard furtif autour de moi, pour m'assurer qu'il n'y en a pas d'autres. « Dans la salle d'à côté t'as des mygales, c'est ça? » Je rigole tout seul, la drogue me fait oublier que j'aurai pu me faire piquer et y passer. J'ai déjà du mal à évaluer le danger en règle générale, mais là j'en ai complètement perdu la notion. Je regarde Slim poser la petite bête par terre, comme s'il relâchait une coccinelle, comme s'il n'y avait rien eu, comme si je ne venais pas de frôler la mort, ou du moins quelque chose de grave.

Il vient finalement se coucher sur le canapé, calant sa tête sur mes genoux. Je lui souris, d'un sourire tranquille, posé. Sa main vient toucher ma joue, et je ne cherche en aucun cas à l'en retirer. Je me sens apaisé, étrangement, le sentir près de moi me procure quelque chose que les autres n'ont pas. Je n'arrive pas encore à savoir de quoi il s'agit, et si c'est vraiment lui qui en est la cause. Mais j'ai envie que ce soit lui. Je pose une main sur son torse, instinctivement. « Tu peux dormir ici s'tu veux. J'te laisse ma chambre, je prends le canapé, j'ai pas envie que tu termines en steak pour alligator. » Il y a quelque chose qui me dérange dans cette proposition.  Je ne me voyais pas passez la nuit séparé de lui. « Tu veux pas venir avec moi, dans le lit, j'veux dire. C'est le rôle de Batman de protéger Robin des scorpions, nan? » Étrangement, il n'y a pas de pensée déplacée derrière tout ça. Je suis juste crevé, et je veux avoir Slim près de moi. Est-ce que j'en demande trop? J'en sais rien, et je m'en fous. Je suis mort, près à m'endormir d'une minute à l'autre. D'ailleurs, ça a l'air d’inquiéter mon copain. « Le scorpion t'a piqué ? » Je secoue la tête pour lui affirmer que non. Il prend tout de même la peine de vérifier. Un frisson parcourt mon échine alors que sa main effleure ma nuque à nouveau. « Tu peux m'le dire s'il t'a piqué hein. Faut qu'on soigne ça sinon. » Le voir aussi inquiet me rends nerveux, et je déteste ça. Je suis une éponge, les sentiments des autres déteignent souvent sur moi. Je saisis délicatement son visage entre mes mains tatouées. « Hé, c'est bon je vais bien. » Mon regard se perd dans le sien, bleu électrique, alors que nos nez sont à quelques centimètres l'uns de l'autre. « J'ai pas été piqué, d'accord? Je suis juste mort, cette soirée m'a tué. » Ma voix s'est faite calme et douce. Je scrute son expression, pour être sur qu'il s'est calmé. J'attire alors son front vers ma bouche pour y déposer un baiser. J'ignore d'où m'est venue cette envie subite, toujours est-il que je me sens heureux de l'avoir fait. Je finis par le lâcher. A ce moment là, j'ai un peu tout oublié, les scorpions, l'alligator, et tout le reste. A ce moment là, il n'y a que Slim.
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MessageSujet: Re: va au diable, va au ciel. - Vadim   va au diable, va au ciel. - Vadim EmptyVen 12 Juil - 17:59

J'ai peut-être l'air ridicule, au final. Couché, là, contre lui, à chercher une morsure quelconque dans sa nuque. Mon cœur bat, de façon infernale, comme un tambourin coincé sous ma cage thoracique. Un espèce de malin claustrophobe prêt à tout pour retrouver sa liberté. C'est à peine si mon cerveau parvient à réfléchir correctement, de façon presque lucide et calme. Non, bien au contraire, il cherche des solutions, s'imagine des situations aussi folles les unes que les autres. Et moi … le pantin de chair qui s'exécute, presque naturellement. De façon maladroite. Ma bouche asséchée ne laisse à présent plus s'échapper un simple mot. Mes lèvres closes me plongent dans un profond mutisme, comme pour m'empêcher de dire une débilité de plus. Un ange gardien qui pose sur ma bouche son index. Je peux l'entendre murmurer, de sa voix fragile 'tais toi, tais toi, laisse le faire … laisse faire.'
Et c'est ce que je fais, malgré ce besoin encore compulsif d'en rajouter une couche. Je ferme ma putain de grande gueule. Là, collé contre Vadim, à tenter vainement de retrouver une lueur de normalité. J'en reviens à regretter de m'être envoyé autant de saloperies dans le sang. Une barrière semble être entre nous, invisible. Perdu dans ma bulle, je tente pourtant de la détruire pour le rejoindre pleinement.

« Tu veux pas venir avec moi, dans le lit, j'veux dire. C'est le rôle de Batman de protéger Robin des scorpions, nan? » L'espace d'une seconde, mon regard quitte le sien. J'ai déjà passé la nuit aux côtés d'un homme, des amis d'adolescence, des trucs du genre. Mais pas avec Vadim. Vadim pour qui j'ai les yeux qui pétillent de façon presque exagérée. Un frisson traverse ma colonne vertébrale à cette pensée. J'sais absolument pas ce qui se passe, là, dans les battements de mon cœur. Ce n'est donc que d'un geste léger de la tête que je lui réponds positivement. Accompagné d'un sourire presque niais. Un sourire à la Slim. Sincère et enfantin, un poil trop discret. Son visage se rapproche à présent du mien, en même temps que ses mains touchent mon visage. Instinctivement, mes doigts se posent sur son bras, comme pour mieux figer le moment. Mieux le vivre, n'en perdre aucune miette. Même pas sa respiration chaude contre ma joue. Il a beau sentir la gerbe et moi la transpiration, absolument rien ne pourrait ternir ce contact. Même pas les scorpions, même pas Fauve, même pas la drogue. Parce que Vadim c'est mieux que tout ça. Et il le sait, y a qu'à voir mon regard pour le comprendre. « J'ai pas été piqué, d'accord? Je suis juste mort, cette soirée m'a tué. » Ses lèvres se posent sur mon front. Front qui semble brûler, comme si le sang venait soudainement se coaguler à l'endroit même où sa bouche rencontre ma peau. « C'est bon, j'te crois. » Mes yeux se glissent une dernière fois sur l'arrête du canapé afin de me persuader qu'un scorpion ne s'est pas faufilé.
Il n'y a rien, rien que le vide et l'atmosphère légère du moment.

« Viens, j'te conduis au lit. » Ma voix reprend enfin de son assurance bien qu'elle soit encore basse, à la limite de l'audible. Je me relève calmement, attrapant du bout des doigts les siens pour l'emporter avec moi jusqu'à la chambre. La porte s'ouvre et se referme sur une pièce rangée. Un lit fait. Ce qu'on appellerait plus facilement, un terrain neutre. Personne n'y vient jamais, même pas moi. Lumière éteinte, seule la lueur des lampadaires éclairent la pièce. De leur rayon faible, agonisant, à croire qu'ils pourraient rendre l'âme à tout moment. Les ampoules de la ville sont aussi fragiles que nos corps épuisés par la vie. Mais surtout par ses substances qui nous mènent vers la tombe et nous emmènent toujours plus haut, de façon paradoxale. Lorsque je me retourne, je peux apercevoir le visage de Vadim à quelques centimètres de moi seulement. « C'est pas un hôtel trois étoiles. » Même pas une, à vrai dire. Qu'est-ce que l'on peut espérer plus de moi, après tout ? Cet appartement, aussi dégueulasse soit-il correspond parfaitement à ce que je suis. Un putain de grand bordel. Un tas de sentiments qui se posent en vrac sur une parcelle de mon âme. C'est dans ce silence presque pesant que je continue, toujours sur le ton de l'humour, dans le but de lui faire oublier mes folies. « Mais au moins ici, on aura plus de problèmes. Y a pas de monstres sous mon lit, j'te promets. » Mon lit, si seulement on peut encore appeler ça comme ça. J'y ai dormi si peu de fois que le matelas y est encore comme au premier jour.

Mes doigts se lient aux siens, une nouvelle fois, tandis que je recule d'un pas lent pour l'emmener avec moi dans le lit sans jamais lâcher son regard des yeux. Une fois au pied de celui-ci mon corps se fige. Dans un tremblement incontrôlé, mes bras enlacent son corps fermement. Juste de quoi le sentir contre moi, une nouvelle fois. Le genre d'attache rassurante qui ne fait qu'accentuer les battements trop rapides de mon cœur. C'est dans un ultime geste que je relève le visage en sa direction. Lui, Vadim, légèrement plus grand que moi. Mes lèvres se plaquent contre les siennes, timides, brûlantes. Je me consume lentement contre son corps, durant ce baiser, aussi éphémère soit-il. C'était prévisible, au fond, cette réaction de ma part. Suffit d'un simple baiser pour me donner l'envie de vouloir un peu plus. Mais pas beaucoup, parce que plus encore, c'est effrayant, trop effrayant. L'inconnu est attirant en même temps qu'il impressionne. Ressentir un quelconque sentiment plus fort que l'amitié pour un homme, c'est nouveau. Ça vient de sortir, comme ça, de façon totalement inattendue. La dernière tendance du cœur. Pour ne pas lui faire prendre la fuite, je me recule d'un pas, laisse mon corps s'échouer sur le matelas et ramper jusqu'au coussin pour y poser ma tête. « J'voulais pas te … fin si tu veux prendre une douche, c'est la porte juste à droite en sortant. » Ouais, faut pas qu'il pense que je sois l'un de ces gamins qui passe son temps à lui courir après. Qu'il croit je ne sais quoi … j'suis juste Slim. Slim le gamin un peu paumé qui enfonce sa tête dans l'oreiller pour se fondre un peu plus dans la masse dans le but de disparaître. J'veux pas qu'il perde de l'estime pour moi, oh non.
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MessageSujet: Re: va au diable, va au ciel. - Vadim   va au diable, va au ciel. - Vadim EmptyMar 30 Juil - 15:50

( désolée du retard j'ai pas trop d'inspiration en ce moment )

« C'est bon, j'te crois.» Un peu plus d’air s’échappe de ma bouche, preuve que je suis enfin soulagé. L’éponge à sentiments que je suis peut enfin se détendre. Je me perds un instant dans ses prunelles bleues, souriant, puis je me laisse retomber au fond du canapé. Je ferme les yeux pendant quelques secondes, à deux doigts de m’endormir dans le salon, au milieu des seringues, des scorpions et de l’alligator. « Viens, j'te conduis au lit. » Je sens ses doigts venir chercher les miens, et me laisse guider jusqu’à la chambre. Je ferme la porte derrière nous, et ce que je découvre m’étonne un peu, il faut bien l’avouer. A la faible lueur des lampadaires, la seule source de lumière éclairant la chambre, c’est une pièce rangée, un lit fait qui s’offrent à moi. A croire que cette chambre fait partie d’un autre appartement. Est-ce que Slim est même déjà venu ici ? Il se tourne vers moi, son visage à quelques centimètres du mien, mais ça ne me dérange pas. Vadim et l’espace personnel, ça fait deux. « C'est pas un hôtel trois étoiles. » J’esquisse un léger sourire amusé. Il me connait, il sait que je suis capable de dormir n'importe où. « Je n’en attendais pas tant. » Déjà, trouver une pièce propre est assez inattendu dans un appart appartenant à Slim. Ce qui confirme l’hypothèse qu’il ne doit pas y dormir bien souvent. « Mais au moins ici, on aura plus de problèmes. Y a pas de monstres sous mon lit, j'te promets. » Cette fois je laisse échapper un rire. Je ne vais pas relancer le sujet du scorpion, j’ai trop peur que ça l’angoisse à nouveau. Il m’attrape la main et me guide jusqu’au lit, son regard ancré dans le mien. Mon sourire ne quitte pas mes lèvres, mais Slim semble un peu plus sérieux, un peu moins amusé. Soudainement ses bras viennent entourer mon corps, et les miens en font de même avec le sien, tandis qu’un frisson parcourt mon échine. Est-ce la sueur qui dégouline dans mon dos, ou est-ce autre chose ? Je sais pas, mais il se passe avec Slim quelque chose d’étrange qui n’arrive jamais avec les autres. Son visage se lève vers le miens, et ses lèvres viennent effleurer les miennes avec timidité. Ce baiser, je le lui rends sans hésiter, avec un peu plus de passion que lui, passant mes bras sur sa nuque. Mon bas-ventre se réveille quelque peu, mais je suis trop fatigué pour lui accorder de l’importance. Slim recule, je le fixe silencieusement. Il n’est pas prêt de toute façon. Ca se voit à son expression. J’ai appris à reconnaître ce genre de choses. Et puis, quelque chose me dit que le faire avec lui serait étrange. Je veux dire, ce n'est pas n'importe quel type avec qui j'ai bien pu coucher, c'est Slim. Il se laisse tomber sur le lit et je ne le quitte pas des yeux, tout en cherchant encore comment réagir. « J'voulais pas te … fin si tu veux prendre une douche, c'est la porte juste à droite en sortant. » « Nan ça va aller. Je… me doucherai demain.» A vrai dire, vu mon état, j’ai un peu peur de perdre connaissance dans la douche. Alors je m’échoue sur le lit, et je me mets sur le côté, de façon à être en face de loin. De mes deux mains, j’attrape l’une des siennes que j’amène près de mon visage. Je ferme les yeux, je pars immédiatement pour le royaume des rêves et des cauchemars.

J’ignore combien de temps j’ai eu véritablement le droit de dormir. Je suis assis dans une salle sombre. Je suis en train de rêver. Une vieille lampe pendue au plafond s’allume sur une chaise électrique. Une femme s’y trouve, et je me rends compte que c’est ma mère. Je comprends aussi que je ne suis pas le seul à regarder ce spectacle. La foule s’étend à l’infini derrière moi. Et chaque personne, chaque homme, chaque femme qui la constitue, a la tête de mon père, une expression sadique collée au visage. Je veux bouger, mais je ne peux pas. Un policier s’approche du levier, même lui est un clone de mon paternel, et active la chaise électrique. C’est à ce moment là que la foule se referme sur moi en brandissant le poing. Le premier à entrer en collision avec mon visage provoque mon réveil. Je me redresse dans le lit en inspirant bruyamment, les yeux grands ouvert. Mes mains tremblent, et sans même vérifier si j’ai réveillé Slim, je me lève, ouvre la fenêtre et allume une clope. C’est mon rituel d’après cauchemars. C’est aussi la preuve que ça m’arrive souvent, puisque je le fais par habitude. Si les gens le savaient, ils me diraient d’aller consulter. Penché en avant, les bras posés sur le rebord de la fenêtre, je regarde sans vraiment la voir la rue éclairée par la faible lueur des lampadaires. J’aimerais que cette merde me laisse enfin tranquille. Mais même mort, mon père réussit à me pourrir l’existence. Les battements de mon cœur sont toujours aussi rapides. On me voit toujours comme Vadim le gamin souriant, mais jamais comme Vadim le gamin traumatisé. C’est une facette de moi que j’arrive à cacher, mais mon subconscient prend un malin plaisir à me rappeler qu’elle est toujours là. Je le revois souvent, ce couteau couvert de sang dans mes rêves. Dans un coin de ma tête j’ai encore tendance à avoir l’impression que mon père va débarquer pour me coller une raclée. Je tire une nouvelle latte, expulse un nouveau nuage de fumée. Je laisse l’air frais glisser sur mon visage. Slim va surement bientôt se lever, faut dire que j’ai pas vraiment fait d’effort pour être discret. J’me pose la question de lui expliquer mon rêve, de lui expliquer ma vie, de lui expliquer mes problèmes. Je pense qu’il n’ira pas le raconter à tout le monde, pas lui, et s’il le fait, de toutes façons, il me perdra. Il y a pas mal de choses que je déteste, et parler dans mon dos et raconter ma vie en font partie. Je suis quelqu’un d’assez rancunier, capable de faire la gueule pendant des semaines. Mais je pense qu’il peut peut-être me comprendre. Je l’espère en tout cas. Je passe une main sur mon crane rasé en soufflant de la fumée par le nez. Si je m’écoutais, j’irais me soûler la gueule dans un bar, mais heureusement ou malheureusement pour moi, y en a surement pas d’ouvert à cette heure-ci.
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MessageSujet: Re: va au diable, va au ciel. - Vadim   va au diable, va au ciel. - Vadim EmptyJeu 1 Aoû - 23:59

Ma respiration se coupe lorsque Vadim se couche dans le lit, juste en face de moi. Ça fait bien longtemps que j'ai plus passé la nuit avec qui que ce soit. Trop habitué à jeter les filles après les avoir vulgairement baisé. Les draps froids, je les connais. Ils ont une sensation d'infini parfois dérangeante. Mais on finit toujours par s'y faire. Ce doit être pour ça, au fond, que je passe mes nuits sur le canapé. Parce que dans le salon, il n'y a pas de porte fermée, pas de draps. Y a rien. Juste une télé allumée, l'odeur de nicotine dans l'air et une seringue dans les veines. Ma seule compagnie régulière ces derniers mois, c'est Fauve. L'alligator aussi gros qu'un meuble. Aussi froid que le marbre. J'en ai oublié ce que pouvait être le contact d'une peau contre l'autre. Je parle pas d'un contact sauvage et dégueulasse. Non, juste d'une caresse, un peu comme maintenant. Vadim et moi, les doigts liés. Nos respirations qui se mélangent et l'atmosphère légère. Un faible sourire se dessine sur mes lèvres sans laisser un seul mot s'échapper de celles-ci. Le silence vaut parfois mieux que tous les mots. Les battements de mon cœur sont si rapides qu'il me faut plusieurs minutes pour trouver la force de m'endormir. Alors, comme un gamin, je passe mon temps à fixer le visage du tatoué. Paupières closes, sa respiration est calme. Je profite de son sommeil pour rapprocher mon corps du sien et laisser mon visage se perdre contre lui. C'est dans cette douceur enfantine, qu'enfin, mes pensées s'éteignent dans ma boîte crânienne.
La nuit sera douce, moins dévorée par la solitude que peuvent l'être toutes les autres.
Alors, profite, Slim, profite avant que tout cela ne s'évapore.

Son corps se défile. Je peux le sentir, laisser le vent se perdre contre moi. Instinctivement, mes yeux s'ouvrent sur les mouvements de Vadim. Ils sont rapides et trop nerveux. Comme, si, soudainement, j'avais fait quelque chose de mal. Je passe les premières secondes à me remémorer notre soirée mais rien ne vient. Y a juste le vide total. Notre baiser et puis c'est tout. J'ai l'impression d'avoir reçu un coup de pioche dans la gueule. Le simple fait d'ouvrir les yeux me fait souffrir. Le manque se fait déjà sentir. Il est même toujours présent, sur mon corps. Faudrait que je passe ma vie avec une seringue dans le bras. Une seringue qui se renouvellerait à l'infini. Elle se plierait aux besoins grandissant de mon corps. Mais j'ai rien de tout ça. Et cette pensée ne fait qu'accentuer un peu plus mon envie de me défoncer la tête. Je relève alors mon torse transpirant en silence. Le cœur bat à nouveau plus vite lorsque mon regard se perd dans celui de Vadim. J'y croise des tas de sentiments jusqu'ici inconnus. Il a l'air paumé. Mais pas comme d'habitude. Effrayé, aussi. Et ça, ça lui ressemble pas. J'ai pris le temps de le connaître assez pour savoir quand quelque chose cloche. Clope au bec, il respire le mal être. Et sur le moment, je me retrouve comme un con, incapable de bouger. Je ne dis rien. C'est à peine si je respire. J'ai peur de faire une connerie, d'empirer les choses, de dire un truc qu'il faut pas. Tout peut si facilement basculer. J'en suis le premier témoin. La vie va et vient, comme le bonheur, comme les sourires, comme l'amitié … Comme tout. Alors, c'est pas le moment de déconner.
Les poumons me brûlent, mon être entier n'est que souffrance. Tais-toi donc, maître du vice, la drogue ne viendra pas hanter ton âme.

« Hey. » Mes pieds rencontrent le sol. Ma voix est basse, douce. D'une douceur que j'ai cessé d'utiliser depuis des années. J'dois en avoir à revendre, un stock d'avance. Mes coudes se posent sur le rebord de la fenêtre. Un moment de silence s'impose au dessus de nous. Je laisse aussi une distance entre nos êtres, j'ai pas envie de passer pour le pot de colle de service, bien que j'en sois un. Je garde ce périmètre de sécurité pour lui laisser le temps de respirer. Mes pupilles sombres se perdent sur la rue d'en bas pour y fixer un point invisible. J'ai dans la tête des millions de nouvelles pensées. Mon cerveau n'arrête jamais. Il tourne à plein régime, à s'en épuiser, à exploser. J'ai parfois envie de me taper la tête contre un mur pour oublier ces voix insaisissables. Perdu dans le torrent de mes sentiments, je me penche d'ailleurs un peu trop dans le vide. La sensation de tomber est si effrayante qu'elle en deviendrait presque rassurante. Au fond, sauter serait peut-être la solution à tout. Il ne serait plus question de mon passé. Plus question de Siham et Soan. Sid n'existerait plus non plus. La souffrance, elle s'écraserait sur le goudron comme une œuvre d'art.
C'est fou ce que le manque peut rendre vulnérable, j'en suis encore la preuve.
Suffit d'un rien pour que mon envie d'en finir se pointe.

Sourire aux lèvres je me relève finalement pour planter mon regard dans le sien. Et ce sourire, il est pas comme les autres, il se veut rassurant, sincère. Le genre de sourire si rare et dont tout le monde a besoin au moins une fois dans sa vie. Un sourire comme je n'en ai plus jamais vu ou donné. Mes doigts s'entremêlent entre eux, entrent dans une danse mal assurée. C'est plus facile de s'exprimer quand les mains sont occupées, c'est c'que disait souvent ma mère. J'en aurais bien besoin, de ses conseils parfois. Mais depuis le temps, le lien qui nous unie ne peut même plus être définie. Mon absence l'a poussée à me détester. Son attitude m'a fait oublier l'amour que je lui portais. On pourrait presque dire de moi que je suis orphelin. Foutue réalité. Ma bouche s'ouvre légèrement, elle prépare sa phrase à l'avance. Une connerie que l'on dit trop souvent mais je trouve rien d'autre à dire de mieux. Autant commencer dans le simple, le reste viendra avec le temps. « ça va pas ? J't'ai vu te lever et là ... » Mes mots se coupent. J'ai envie d'ajouter que je le vois moins briller que quelques heures plus tôt mais j'me retiens. Pour pas qu'il prenne ça pour un reproche, ce serait trop con. « Même si tu me connais peut-être pas assez ou que t'as pas assez confiance, tu peux en parler, si t'as besoin. » Ouais, il m'arrive de pas penser qu'à ma gueule. « Et tu sais que j'suis mal placé pour te juger. » Mes yeux lâchent les siens, se posent sur mes doigts à la peau arrachée et aux ongles rongés.
J'ai peut-être pas la meilleure allure mais le cœur y est, j't'assure.
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