► OOH LA LA PARIS.
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ooh la la paris, réouverture. 02/11/14.
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 Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)

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Victor Trompette
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MessageSujet: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptyLun 24 Juin - 11:14




Théotime Puech lève ses yeux bleus vers le ciel. Pour changer. Et le ciel, il est bizarre. Comme coupé en deux. Fractionné. Il y a les gros nuages gris, ceux-là même qui n'ont rien à faire là en ce quatrième jour de l'été. Et il y a cette coupure. Une ligne. Pleine du soleil, tant désiré.
Nuage et soleil. Comme si la météo hésitait.

Théo a hésité.
Il avait à sa gauche un pull à motifs noël et à sa droite un gros sweat gris. Il avait déjà sur les hanches le jean qu'il porte en ce moment. Mais pour le haut, il pouvait juste pas se décider. Il a enfilé son bon vieux t-shirt blanc moche, il a fait le tour du métro. Et les gars de son âge, ils portaient tous ces sweats. Ils portaient surement des pulls de Noël quand c'était Noël. Maintenant, ils portent des sweats.

Alors voilà.
Théotime Puech porte un sweat couleur prune, un blue jean et toujours, les boots de Félix. Il faut être près pour voir que le sweat a quelques brûlures de cigarette. Le jean, quelques trous. Les boots, quelques rayures.
En somme, quand on le croise, on le prend pour un jeune. Normal.

Ça le fait sourire niaisement.

C'est juste pour aujourd'hui. Il a pas le temps, tous les matins, de fouiller au fin fond du sac à vêtements et de faire le tri entre ce qui est mettable ou pas. Il a pas le temps, tous les matins de laver les fringues.
Mais aujourd'hui, il voit Sephora, alors il a pris le temps.

Il s'est aussi coiffé, nettoyé la figure, coupé les ongles.
Une vraie poupée.
Et si Ondine achetait encore du fond de teint, il aurait même poussé l'affaire jusqu'à masquer son œil encore un peu violet. Mais ça fait bien longtemps qu'Ondine a arrêté de se maquiller - elle est plus belle, comme ça, lui dit Théotime.

Son œil. Les nuances de violet autour : derniers restes de la bagarre. Bagarre ? Quand la victime se laisse faire, c'est plus une bagarre. Un défonçage de gueule, purement.

Sephora. Elle est venue, hier matin. Elle allait travailler - et cette fois, il ne l'a pas retenue. Ils ont discuté une, deux minutes, le temps de convenir pour un rendez-vous le lendemain après-midi - ce vingt-quatre juin, dix-sept heures. Elle lui a dit : starbucks. dans le quatorzième. tu trouveras facilement.
Il l'a regardée partir. Elle marchait bien vite. elle aime pas le métro.

Et dans sa poche, quelques pièces. Elles s'entrechoquent au rythme de ses pas. Le bruit résonne joyeusement aux oreilles de Théo.
Ces pièces, c'est lui. Le résultat de son travail à lui, il a mendié tout seul, ce matin, pour elles. Pas de Félix. Juste Théo. Sa guitare. Sa main.
Sa main et ses cheveux pas encore lavés lui ont rapporté plus que son solo de guitare. C'était triste, il aurait presque pleuré.

Il y a une bombe rousse à dix mètres de lui. Assise, tranquillement, à une terrasse. C'est son amie, il s'est fait beau pour elle.
Il s'assoit en face d'aile, avec aisance. Comme si il faisait ça tous les jours.

Personne ne le remarque. À part une fille, pas très loin. Elle le trouve beau et émouvant. C'est tout. Les autres yeux le laissent tranquille.


Dernière édition par Théotime Puech le Mer 26 Juin - 17:39, édité 1 fois
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Louise Toscan du Plantier
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptyLun 24 Juin - 20:47

Dire que la caféine est une addiction est un doux euphémisme quand on parle de la rouquine. Si cela ne tenait qu’à la jeune femme, elle camperait dans l’un d’eux et bosserait dans un autre, pas trop loin. Peu de risque que sa maladresse point le bout de son nez, plus de risque de tomber en panne en plein milieu du périphérique, plus de risque de croiser des parisiens impolis qui ne vous laissent pas sortir de votre rame de métro – pour le peu qu’elle le prend, c’est ce que Sephora en a retenu. En bas, c’est le monde de la jungle, la loi du plus fort. Sauf qu’en bas, il y a aussi Théotime : la seule raison pour qu’elle s’y rende maintenant. De toute façon, il ne fait pas particulièrement beau, ces derniers jours, alors elle ne rate pas grand chose en haut. Dix, quinze minutes à l’abri où elle s’assure qu’il va bien. À peine retrouvé, elle s’inquiète. Tellement Sephora comme attitude. Elle s’est fait la promesse de ne pas se mêler de sa vie, de ne pas l’extraire du métro à l’unique condition qu’il aille « bien » (et encore, c’est un grand mot). L’autre jour, elle l’a invité pour prendre un café. Un nouveau, un vrai. Un café planifié pour que Felix et la demoiselle qui devait être Ondine ne lui volent son ami d’enfance.

Aujourd’hui, Sephora est venue avec sa bonne humeur, alors qu’ils s’étaient quittés sur une note plus triste. « Tu dois bien être en âge de te marier maintenant. » Il n’avait pas eu tort. Elle avait failli une fois (Gaël) et la seconde fois, mariage ou pas, elle était persuadée que Tay était l’homme de sa vie. Sauf que voilà, les choses ne se passent jamais comme prévu. Elle avait fait son deuil de ces histoires, les deux plus importantes jusqu’à aujourd’hui et qui avaient vaguement modifié sa manière de prendre la vie.
Elle s’était sentie bien mal une fois le sujet remis sur la table.
En prime, preuve qu’elle allait de nouveau mieux, la rouquine n’était pas venue les mains vides. Un cadeau ? C’est vite dit. Un maigre album photos ayant une valeur sentimentale plus qu’autre chose, au point qu’elle a retourné tout l’appartement et a vidé la moitié d’un grand cru (probablement du Petrus) sous les yeux effarés de Monsieur Chat et pour le plus grand plaisir d’Allegra lorsqu’elle rentrera. Des souvenirs auxquels elle demeure attachée, mais qu’elle est prête à partager – un drôle de concept que les gens ont tendance à oublier avec le temps. Sourire aux lèvres – pour les beaux yeux de son ami –, la jeune femme avait quitté le bureau à la va vite, oubliant presque sa tête ainsi que son téléphone au passage.

Elle attend Théotime au café, comme convenu. En terrasse, si ce n’est pas merveilleux. Quelque peu perturbée par une météo toujours aussi capricieuse, hésitante, indécise. À défaut de demander au barista une boisson dont la température s’adapte aux éclaircis, elle opte pour du chaud et du grand. Plus c’est petit (soyons honnête, cette fille est verticalement désavantagée à côté de ses collègues à la rédaction), plus ça fait les choses en grand, d’une façon générale : ça fonctionne aussi bien pour la nourriture que pour le caractère et les émotions. Son sourire s’étire au moment de l’accueillir. « Je vais finir par croire que j’arrive à être convaincante. » Elle avait bien compris qu’il n’était pas familier avec le Paris hors du métro.
Spoiler:
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptyMer 26 Juin - 13:20

J'me réveille en sursaut. J'sais même plus où j'suis.  Ah oui, l'appartement. J'arrive pas trop à ouvrir mon œil droit. J'essaie de me souvenir de la soirée précédente sans grand succès. Merde. Gueule de bois. Je me lève en titubant. Je pue. J'vais prendre une douche. Ouais, j'va is prendre une douche. J'arrive toujours pas à recoller les morceaux. Me reviennent seulement de brèves images. Je sens que ça va pas me plaire. Oh non. Ça va pas me plaire. J'me souviens du début de la soirée. Dans un bar. J’enchaînais les verres. Pour... Ah ouais, pour oublier. Donc je bois et après c'est le trou noir. Je sors de la douche. Regarde mon reflet dans le miroir. Un magnifique coquard en-dessous de mon œil droit. Normal que j'arrivais pas à l'ouvrir. Je m'approche. Je souris. J'en avais pas encore eu un comme ça. Aussi net. Aussi fin. Aussi douloureux. Elle a du cogner fort. La personne. J'enfile un jean. Un t-shirt. Sors de la salle de bain. Mon ventre crie famine. Tout comme ceux des deux chiens qui vivent avec moi. Alors j'les sers. Et puis je prends une bol de céréales. 15H42. Le temps passe trop vite à mon goût. J'ai même pas consulté mes mails de la journée. Ni commencé une commande. Depuis que Théo est passé dans mon appart. Ouais, il a fait une sortie plutôt intéressante. Enfin pour moi c'était plus troublant qu'autre chose. Mais bon, j'crois que je vais pas le revoir de si tôt. Alors tant pis. J'sais pas ce qu'il voulait en m'embrassant. Ni ce qu'il attendait. J'ai encore le goût de ses lèvres contre les miennes. Je les cherche parfois. Dans mon sommeil. Mais j'me ressaisi vite. Je prends ma veste, mets mes bottes. Je sors. J'crois que j'ai besoin de prendre l'air. De m'aérer l'esprit histoire de plus penser à ces conneries. J'sors mes lunettes de soleil pour cacher mon énorme coquard. J'ai de la chance. Il fait beau cet après-midi. Paris est couverte de monde. Y'a de la vie. J'aime pas trop croiser plein de monde. Je dévie dans une rue à droite et fini par me retrouver dans 14ième. J'avance. Je sors mon paquet de clope. Plus rien. « Putain de merde ! ». Sans clopes je vis pas. Je m'emmerde. Je suis en train de crever. J'entre dans le premier bureau de tabac qui se présente à moi et prends mon paquet habituel. Ça coûte cher. Mais j'peux pas faire sans sinon je crève. J'ai jamais essayé d'arrêter de fumer. J'en vois pas vraiment l'intérêt. Faut bien qu'on meurt de quelque chose. Et si c'est de la cigarette, ce sera au moins de quelque chose que je connaitrais.

Je m'assois au bord d'un trottoir. Ouvre le paquet de clope. J'adore l'odeur d'un paquet de clopes neuf. Cette odeur de tabac. C'est presque orgasmique pour moi. Ouais, j'en suis fan et si je pouvais, j'en achèterais seulement pour cette odeur particulière. Je sors la première cigarette du paquet et la place entre mes lèvres pincées. Sors le briquet. Allume. Tire. Soupire de bonheur. Je peux enfin me relever et continuer mon chemin à travers la foule. Toujours avec mes lunettes de soleil vissées sur le nez. Je haie la pitié. Je haie le regard des gens. Ils croient vous comprendre. Ils vous demandent comment vous allez. Alors qu'ils veulent seulement nourrir leur curiosité et savoir comment vous vous êtes fait ce magnifique coquard. En plus lorsqu'on est une femme, on croit que c'est des violence conjugale. J'ai personne dans ma vie. A part deux clébards et un gros paumé. Théo. C'est le gros paumé. Les clébards. C'est Bob et Marley. J'décide de déboucher dans une voie piétonne. J'ai faim. Encore. Et toujours. Une boulangerie. Non. Un carrefour market. Non. Un glacier. Oh ouais putain. Une glace. Je me dirige vers le glacier et commande une glace trois boules. Menthe-chocolat. Straccatella. Et noix de coco. Paie l'homme qui me fait un sourire radieux. J'souris pas. Je sais pas sourire. Et ça ferait mal si je tentais un sourire. Alors j'me casse. Je marche. Lentement. Regarde la ville de Paris derrière mes verres teintés. Me retrouve en face d'un Starbucks. Je haie les grandes chaînes américaines qui viennent se faire du blé chez nous. A part MacDo mais c'est autre chose. En fait, j'crois que j'aime pas Starbucks. C'est tout. J'me plante là. Observe l'enseigne. Soupire. Même moi j'aurais mieux fait comme logo on dirait le dessin d'un gosse de quatre ans sous acide. Je souris à cette pensée amère. Mon œil me fait mal. Je grimace. Je regarde rapidement les gens attablés dehors comme des cons. Je tire longuement sur ma clope. Une rousse. Un mec. J'connais le mec. Time. Je fronce les sourcils. Retire mes lunettes de soleil et vérifie par mes propres yeux. Des gens se retournent sur mon visage tuméfié. J'en ai rien à foutre. J'observe le jeune homme et la jeune femme. Elle est belle. Elle est trop belle. Trop bien fringuée pour être aussi proche de Théo. C'est pas normal. Depuis quand il peut se payer un Starbucks ?

Je m'approche. Un pas. Deux. Puis trois. Juste pour être sûre et certaine que l'homme qui se trouve attablé devant moi est bel et bien celui que j'ai soigné. J'entrouvre les lèvres. Croise son regard. Le soutien. Je me demande à quoi il pense. Pourquoi il fait ça. Je tire sur ma clope. Expire longuement l'air. Je me mors la lèvre. Penche légèrement la tête. J'aimerais bien être dans sa tête. Comprendre pourquoi il est ici. Il est où son métro. Sa guitare. Son petit bonheur. Il a même pas la possibilité de regarder le ciel. Les parasols en cachent la vue. Le pauvre. Il doit exploser là-bas. Je remets mes lunettes. Je tire sur ma clope. Croise mes bras sur ma poitrine. Sans m'en rendre vraiment compte. Je m'étais rapprochée plus que de nécessaire. La fille allait bientôt me voir. J’espère qu'elle va pas devenir jalouse. Au moins une chose est sûre c'est pas Ondine. Je haie Ondine. J'ai envie de frapper Ondine. En pleine gueule...
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Victor Trompette
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptyMer 26 Juin - 21:28


Un grand sourire, une grande banane lui illumine le visage.
Un beau sourire qui va jusqu'aux yeux, pas un de ces sourires auxquels il a eu droit la dernière fois : sourire de pitié, sourire de compassion, sourire gêné. C'est un vrai sourire, ça réchauffe son petit cœur sec. Des années qu'il lui a pas vu un si beau sourire. Ça remonte : c'était les années Azur.

- Je vais finir par croire que j’arrive à être convaincante.
Son sourire s'agrandit. Il prend ce petit air satisfait - ça fait bien cent ans qu'il s'est pas senti comblé comme ça, cent ans, au moins.
- J'ai l'air bien, t'as vu. Bien propre et tout. J'ai même des sous, regarde ! Quatre euros, j'aurais quoi avec ça ? Non mais admire moi. Je me suis vraiment fait tout beau pour toi.

Il jubile. Extase complète. Alors c'est ça la vie parisienne. Traîner dans les cafés, où vous retrouvez des amis. Ces amis-là pour lesquels vous vous êtes faits bien présentables.

- T'es très bien aussi, je dois dire. Très belle.
Peut-être que c'est mieux. Comme ça. Qu'il fasse, de temps en temps, sa toilette, et puis un bond dans le monde de Sephora. Bien mis, Théo arrive à s'y sentir à peu près à l'aise - parce qu'elle est là, surtout, et que cette fois, il porte pas ce t-shirt infâme. Ils sont biens, là, tous les deux.
Et Sephora est très belle. À la différence de moi, elle a pas besoin de vêtements, de bien se mettre, elle est toute belle tout naturellement, qu'il pense.

Il repense à cette remarque - indiscrète, pour des gens restés inconnus pendant trois ans.
Tu dois bien être en âge de te marier, maintenant.
Il a envie de reposer la question. Hésitation. Et si elle avait déjà été mariée ? Et que son mari était mort ? Qu'elle se retrouvait veuve à vingt-trois ans ? Ou alors, si elle était amoureuse de son boss ? Lui, marié, déjà ?
La question pourrait déclencher une catastrophe, alors non.

Il opte pour du léger.
- Désolé, au fait, pour l'autre jour. Félix et Ondine. Il fallait qu'on aille faire quelque chose. Puis bon j'allais pas les abandonner quoi ...

Ils avaient ce truc fort autrefois.
La même chose qu'il a avec Félix.
Une amitié soudée.

Ils commencent à parler. De petites choses, du travail de Sephora, de ses amis. De ses parents. Théo aussi évoque ses parents; il paraitrait qu'ils sont morts. De méchanceté, ça l'étonnerait pas. Sephora fait la grimace. Elle n'a pas eu de nouvelles de ses parents, désolée. Il hausse les épaules. Félix et Ondine sont ses nouveaux parents, ainsi que ses frère et sœur.

Il s'arrête au milieu d'un phrase.
Pire, en plein milieu d'un mot. Le mot est coupé en deux, castré.

Il y a, là-bas, une fille. Blonde. Relativement basse. La clope au bec. Un œil au beurre noir.

Nausicaa.

Il lui semble voir encore, sur ses lèvres, la marque des siennes.
Stupide Théotime. C'était bien. Et bête. Mais bien. Mais surtout bête.
Il s'est emporté.
Elle a eu cette phrase parfaite : Tu m'as fais quelque chose... en m'embrassant. À la façon dont elle avait dit ça, c'était un joli sentiment - elle avait grimacé, donc : joli sentiment. Il n'y a que les bonnes choses pour faire grimacer Nausicaa.

Elle a eu cette phrase parfaite et c'était comme si l'Univers disait à Théotime : t'as réussi mon vieux ! t'as réussi à mettre du bonheur en elle !
Gourmand, il a voulu en redonner.

Il s'excuse auprès de Sephora. Il quitte encore la table pour rejoindre quelqu'un - et elle va finir par croire qu'il connait tout Paris, bon Dieu. Mais cette fois, il revient. Il lui dit bien : je reviens. Avec une pression à l'épaule.

Il s'approche de Nausicaa.
Vous avez déjà vu la tête d'un petit garçon après qu'il ait fait une bêtise ? Un petit garçon sur le point de se faire fâcher. C'est la tête du Théotime, là, tout de suite.

Gamin pris en faute.

Elle sent bon la cigarette.
Et il lui dit, en regardant son hématome plutôt que son regard, en la regardant à peine :
- Hé, on est accordés de l’œil ...
Ton gêné, sourire gêné, regard gêné, Time gêné.
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Louise Toscan du Plantier
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptyJeu 27 Juin - 19:41

Les cafés parisiens sont des lieux privilégiés pour tous les types de rendez-vous. Pour les professionnels. Pour les amoureux (surtout quand ils peuvent s’exhiber sur la terrasse). Pour un simple flirt. Pour une mise au point qui se conclura certainement sur une séparation. Pour réconforter celui ou celle qui vient de se faire larguer. Tant qu’ils ont entre un et deux euros pour leur noisette, ou petit noir, les personnes d’en haut aiment les cafés parisiens. D’ailleurs, Sephora ne serait pas étonnée que même des hommes s’y rendent avec leur escort-girl, juste pour de la compagnie, sans aller jusqu’au plaisir de la chair. « J’ai l’air bien, t’as vu. Bien propre et tout. J’ai même des sous, regarde ! Quatre euros, j’aurais quoi avec ça ? Non mais admire moi. Je me suis vraiment fait tout beau pour toi. » La jeune femme s’extirpe de sa rêverie et jette, cette fois, un coup d’œil attentif à son ami : cheveux, visage, vêtements, il a fait un véritable effort. En prime, quelques pièces. Elle n’en demandait pas autant, mais elle est touchée – par le compliment. Tout ça, pour elle. En dehors de ses deux compères d’infortune, Théotime ne doit pas voir un tas d’amis, alors elle doit compter un tant soit peu ou quelque chose comme ça. Pour en revenir à ses quatre euros, il peut toujours avoir une boisson ou une de ces grosses parts de cheesecakes qui vous calent pour toute la journée. Comme il le sent. C’est peut-être là l’avantage de la chaine américaine : ça peut paraître cher, mais c’est toujours plus raisonnable que les cafés où ont lieu les retrouvailles quasi-mensuelles avec les parents. « Je suis vraiment fière de toi. Du coup… le jour où tu as un rendez-vous avec une fille, tu nous sors le costume ? Étape suivante, j’exige d’être ton témoin quand tu te marieras ! » Peigné correctement pour l’occasion avec ledit costume, Théotime doit être aussi charmant que n’importe quel type que la rouquine côtoie tous les jours. Le côté altruiste fait tout si on l’écoutait. « T’es très bien aussi, je dois dire. Très belle. » Sans la moindre gène, Sephora lui répond avec un grand sourire. « Désolée, au fait, pour l’autre jour. Félix et Ondine. Il fallait qu’on aille faire quelque chose. Puis bon j’allais pas les abandonner quoi … » Et là, elle se sent un peu blessée. Enfin, elle s’en remettra très facilement, c’est juste une sensation à la fois inconnue et étrange. Ne pas abandonner Felix et Ondine, pour l’abandonner elle. Ça aussi, elle ne comprend pas, peut-être moins que son mode de vie, en bas. Pourtant, on n’a cessé de leur répéter en école que le temps c’est de l’argent, malheureusement. La jeune femme ne saisit pas encore à quel point le temps est important pour le trio. Elle a pris ce départ soudain d’une façon trop… personnelle.

Et puis, il remet ça. Il part. Sauf que c’est différent aujourd’hui. Il la rassure, lui promet qu’il reviendra. La gorge nouée, elle acquiesce, elle le croit.

Elle suit Théotime du regard, non pas qu’elle se mette à épier ses faits et gestes ou qu’elle s’assure qu’il tienne sa promesse, elle est juste un peu curieuse. Elle a bien fait : Théotime parlant à une fille. Oh. Et encore, Sephora n’a pas vu la tête qu’il fait.

Les deux jeunes femmes ne se connaissent ni d’Ève, ni d’Adam, mais pourtant une idée traverse rapidement l’esprit de la rouquine. Ça ne sent pas spécialement bon pour les deux. Grand sourire aux lèvres, visage toujours illuminé par ce qu’elle a en tête, elle leurs fait signe de venir. Tous les deux. À cette table. Dommage qu’elle ne soit pas au courant de la répugnance de la blonde pour la chaîne américaine de cafés et de son attirance pour toute forme de violence.
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptyJeu 27 Juin - 20:55

Oh putain de merde. Il ramène sa fraise ici. Alors là j'my attendais pas du tout. J'aurais du m'enfuir en courant mais à la place je reste plantée là. Comme une conne. J'attends sagement qu'il ramène son cul jusqu'ici. Je lèche ma glace. Il a l'air gêné. J'comprends pourquoi. A vrai dire. Si j'en avais quelque chose à foutre. J'serais problème aussi gênée que lui. La je ressens juste un truc désagréable. Et une envie de vomir aussi. Je pioche dans ma glace. Observe Time qui arrive jusqu'à moi. Il est beau comme ça. Il a prit une douche. Un exploit. Il porte pas le même t-shirt. Quelque chose à changé... Sûrement pour la demoiselle avec qui il se trouve. J’espère qu'il lui a pas aussi roulé une pelle. Sinon j'serais un peu déçue tout de même. Moi qui pensait être l'élue. SARCASME. Il ouvre la bouche pour dire de la merde. J'hausse un sourcil l'air de dire "tu te fous de ma gueule puissance 10 ou quoi ?!" mais je finis par hausser les épaules et soupirer. « Faut bien que je m'occupe. J'me souviens pas d'hier soir... Je suppose que j'ai du jouer au ninja et que j'me suis prise une roustée... C'est un putain d'hématome. Ca fait mal quand j'souris. Heureusement que j'souris jamais. Tu joues au pingouin ? ». Foutage de gueule intersidéral. C'était bien trop tentant pour que je laisse passer l'occasion. Il avait pas le droit de se ramener normalement alors j'en profite. J'fais un petit sourire. Ca fait mal. Je refais la gueule bien vite. J'aime pas avoir mal. C'est chiant. Mais j'aime bien mon coquard. Ca fait bien. J'regarde la rousse au-dessus de l'épaule de Time. Je soupire. Je la désigne de la tête. « Tu sors avec Miss France ? J'pensais pas que t'étais comme ça.. T'habiller bien. Pour sortir avec une nana. Comme lorsque tu t'es enfui après m'avoir embrassée. J'my attendais pas du tout ! ». Faux rire. Ouais. J'suis un peu amère après son départ précipité. J'ai rien compris. J'suis vraiment pas contente de son attitude de connard. Sur ce coup-là, il a pas assuré. Slim aurait fait ça. Pas Théotime. Il est normal. Il est timide. Il est réservé. Mais il est trop franc. Il l'aurait dit. Il aurait pas du s'enfuir comme une couille molle. Son image en a prit un sacré coup. Il aurait du me frapper. J'aurais compris qu'il me frappe. Ouais. J'aurais compris qu'il me casse la gueule. J'aurais tout aimé sauf qu'il m'embrasse comme il l'a fait.

Oh putain. J'ai envie de l'embrasser. Une putain d'envie de merde. Je lèche ma glace une nouvelle fois. Soupire. Lève les yeux au ciel. Ca m'énerve d'avoir encore le goût de ses lèvres. Ca m'énerve surtout de pas être passée à autre chose depuis cette aventure débile. J'suis sujette au suicide immédiat. Et maintenant l'autre débile attablée nous fait signe de nous ramener. J'en reviens pas. La j'crois que j'vais m'étouffer avec ma glace. Je regarde Time. Lui fait les gros yeux derrière mes lunettes de soleil. « T'as pas intérêt à me faire un coup de pute Time ! ». Je décide d'avancer. Un pied devant l'autre. Je hausse un sourcil. Je déteste l'idée de pas pouvoir contrôler la situation. Nausicaa n'a aucun contrôle et elle stresse. Je rougis un peu. Je lèche ma glace. Entre dans le café. Garde mes lunettes bien vissées sur mon pif. J'ai pas envie qu'elle voit mon coquard. Sinon elle va avoir pitié. Elle a l'air d'être friquée. Elle a rien à foutre avec un mec comme Time. Elle a l'air du genre de fille qui passe à côté avec un air dégoutté. Je comprends pas ce qui se passe. J'ai envie de m'enfuir en courant. J'aurais jamais du sécher les cours de sport au lycée. Oh et puis j'men fous. Au pire je fais semblant de pas avoir de cerveau. Je fais semblant d'en avoir quelque chose à foutre. Je fais semblant de sourire. Un service se ramène avec un air niais et me demande c'que je veux. Je commande un chocolat. Avec un supplément de chantilly. Et encore de la chantilly. J'ai la dalle. J'men fous de devenir une baleine. Les voix dans ma tête me disent que cette histoire pue du cul. Elle pue énormément. J'ai envie de cloper. Je soupire. Je jette ma glace dans la poubelle la plus proche et reviens m'asseoir. Sors ma paquet de clopes. En pose une entre mes lèvres. Allume. Souris faussement et tend la main vers la rousse en face de moi. « Salut... Moi c'est Nausicaa... Mais appelles-moi Nausi... Et d'où tu connais Time alors ? J'lai jamais vu comme ça... Il a l'air d'un pingouin sortit de son trou... Enfin j'dis pas que j'aime pas mais j'suis surprise... ». Je regarde mon compagnon de pétage de gueule. Il est trop attirant comme ça... Voilà ce qui me gêne. Il est trop mignon. J'aurais presque envie de l'embrasser de nouveau. Et je peux pas l'embrasser. Je veux pas l'embrasser comme la dernière fois. Ca fait trop bizarre. Mon cœur supporte pas d'être remué comme ça.

Je sais plus quoi dire. Alors je fume. Je tire sur ma clope. Et expire longuement. Le serveur me rapporte la commande. Je goûte. J'ai presque envie de vomir. C'est à moitié dégueulasse. Je regarde Time. Un appel à l'aide. Il le comprend. Il doit le voir. J'ai l'air d'un chien battu. J'ai l'air d'être écrasée par un rouleau compresseur. Rien ne va plus à mes yeux. Je décide donc d'avaler ma salive. Je tire sur ma clope. Voit que la main de Time n'est pas sur la table mais sur le rebord de la chaise. Je pose la mienne dessus. Tremblante. Froide. Il va comprendre. Il va savoir. J'aime pas du tout cette situation. J'aime pas du tout la tournure que prennent les choses. Je reprend ma main. La met sur ma clope. Tire. Soupire. Ferme les yeux. Grogne. « Hmmm... Cette situation est fort intéressante mais là j'suis un peu lassée. ». Je hausse les épaules. Passe une main sur mon œil. Soupire. Ca fait super mal. J'aurais du rester chez moi.
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Victor Trompette
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptyVen 28 Juin - 21:51


Elle hausse le sourcil pour souligner sa phrase complètement hors de propos. Et lui glisse un regard qui crie avec colère : connard de lâche.
- Faut bien que je m'occupe. J'me souviens pas d'hier soir... Je suppose que j'ai du jouer au ninja et que j'me suis prise une roustée... C'est un putain d'hématome. Ca fait mal quand j'souris. Heureusement que j'souris jamais. Tu joues au pingouin ?
Typiquement Nausicaa. Elle lui dit la même chose à chaque fois qu'ils se croisent. Ces mêmes mots reviennent - roustée, hématome, putain.
On dirait presque que tout est comme il faudrait que ce soit.
Ouais. Presque.

- Tu sors avec Miss France ? J'pensais pas que t'étais comme ça.. T'habiller bien. Pour sortir avec une nana. Comme lorsque tu t'es enfui après m'avoir embrassée. J'my attendais pas du tout !
Elle aura mis plus de deux minutes à aborder le sujet.
Et en un sens, c'est presque étonnant.

La Nausicaa qu'il connait depuis quelques mois serait arrivée comme une furie. Elle aurait gueulé, elle aurait insulté le monde entier. Elle aurait conclu le monologue par une baffe. Elle l'aurait frappé en plein sur son œil toujours douloureux.
Elle serait partie dignement. En rechignant.

Qu'est-ce que t'as encore fait, Théotime Puech ?

Mais c'est pas ce que lui a fait, le problème.
C'est ce que Sephora vient de faire : inviter Nausicaa à les rejoindre.
Elle sourit du sourire-Sephora, ce sourire si spécial.
Elle doit être la seule à être fière de son idée : Théo commence à respirer un peu vite. Nausicaa râle :
- T'as pas intérêt à me faire un coup de pute Time !

Non. C'est pas le genre de l'énergumène.

Nausicaa roucoule.
- Salut... Moi c'est Nausicaa... Mais appelles-moi Nausi... Et d'où tu connais Time alors ? J'lai jamais vu comme ça... Il a l'air d'un pingouin sortit de son trou... Enfin j'dis pas que j'aime pas mais j'suis surprise...
C'est quoi cette situation à la con ?

Sephora est contente.
Nausicaa fait semblant de l'être.

Time caresse son hématome avec gêne. C'est son nouveau tic - et quand y aura plus d'hématome, il faudra reprendre à se passer la main dans les choses.
Mais pour l'hématome, peut-être que Nausicaa va l'arranger.

Puis il a cette drôle de sensation - Nausicaa se fout de Sephora. Elle la prend de haut. Vous avez vu Subway ? Elle est Helena, quand elle parle avec sa voisine de table à ce grand dîner - quand elle a cette plume d'oiseau sur la tête.
C'est la sensation qu'il a.
Son amie a pas l'air de saisir - ou fait la polie. En fait, c'est plus probable.
Il carre les épaules, en l'honneur de sa plus vieille copine.

- Seph venait en vacances dans ma ville du sud. On passait nos étés ensemble, jusqu'à ce que je monte à Paris.
Lui revient en tête des bribes d'images associées aux mots étés et Sephora. Des lacs. Des barbecues. Des robes pour elles, des shorts d'enfant pour lui.
Il sourit en même temps qu'il a envie de pleurer.

Nausicaa le sort de son passé avec cette intervention qui le blesse :
- Hmmm... Cette situation est fort intéressante mais là j'suis un peu lassée.

Il voudrait s'excuser.
J'aurais pas du.
Mais il a eu cette impression - que ça lui plaisait.
Alors peut-être qu'il devrait pas, s'excuser.
Elle a dit j'm'y attendais pas. C'est différent de t'aurais pas du me faire ça.

Et pourtant.
Elle a eu ce regard blessé, ce sourire gêné.
Mais Sephora est là. Et Sephora a l'air de s'imaginer des choses. Des trucs, des mensonges. La pauvre, elle essaie juste de comprendre ce que personne veut lui expliquer.

Il regarde un instant Sephora avec tendresse. Il a vu grandir cette fille. L'autre personne qui a partagé sa vie : Félix. Mais Félix, ça a rien à voir, Félix était déjà grand à l'âge où Sephora était encore une petite fille. Félix n'a jamais eu besoin de grandir. Il a évolué. Si petit et déjà si vieux.

Sephora. Nausicaa l'a appelée Miss France - ça par exemple.
Elle connait pas la douceur de Sephora. Ses blessures secrètes, sa fragilité dissimulée sous des jolies robes. Est-ce qu'elle la connaitra un jour ? Elles représentent deux mondes différents.

Un peu comme Théotime et Sephora - mais ils ont le passé avec eux, leur relation à eux, elle peut marcher, quand même.

C'est bizarre tout ça.
Il se commande un frappuccino glacé au cassis pour se donner une consistance. En espérant : faites que ça coûte moins que quatre euros. Il prie Dieu Besson en fixant ces quatre misérables pièces de un euro.
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Louise Toscan du Plantier
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Louise Toscan du Plantier
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptySam 29 Juin - 20:25

Confiante, la rouquine a toujours ce sourire quand ils rejoignent la table. Pour changer, elle est à mille lieux de la réalité. Cette seconde chute en quelques semaines risque d’être aussi douloureuse que la précédente, à savoir : le quotidien de Théotime. Dure réalité pour cette fille de bourge qui n’a jamais rien connu de tel. Trop préservée. Toujours. Que ce soit par ses parents que son entourage, ses amis. « Salut… Moi c’est Nausicaa… Mais appelles-moi Nausi… Et d’où tu connais Time alors ? J’lai jamais vu comme ça… Il a l’air d’un pingouin sortit de son trou… Enfin j’dis pas que j’aime pas mais j’suis surprise… C’est quoi cette situation à la con ? » Après réflexion, la jeune femme comprend qu’elle aurait mieux fait de les laisser tranquilles, tous les deux, à discuter dans le coin, quitte à reporter une nouvelle fois leur conversation. Elle aurait du réfléchir avant de l’inviter. Aux premiers abords, cette fille semble froide.

Elle a beau être simple à vivre, elle n’apprécie guère l’accueil, mais n’en fait rien paraître pour autant. Disons qu’elle lui laisse une seconde chance – en réalité, elle préfère éviter les confrontations. Cette fille c’est tout l’opposé de Nausicaa. Elle finit par articuler son prénom, sans rien ajouter : pas de réponse à sa question, pas de commentaires sur ses remarques. Encore heureux que Sephora ne soit pas au courant de leur conversation précédente. Le « Miss France » ne serait absolument pas passé. Elles détestent ces filles qui ont vraiment tout pour elles : jolies et intelligentes, pour la plupart. « Seph venait en vacances dans ma ville du sud. On passait nos étés ensemble, jusqu’à ce que je monte à Paris. » Dieu merci, elle peut compter sur le blond pour faire la conversation et préciser les présentations. Un peu naïve, Sephora n’est pas conne pour autant. Derrière la pseudo-politesse de la nouvelle venue, elle se doute bien qu’il n’était pas de circonstance de déballer toute leur histoire. « Hmmm… Cette situation est fort intéressante mais là j’suis un peu lassée. »

Amertume.
Pas un mot. Des regards. Nausicaa – Théotime. Théotime – Nausicaa. La jeune femme ne s’est décidément pas trompée quant à la nature de la relation. Elle se mord la lèvre inférieure, boit une gorgée de son café. « Je voulais voir à quoi ressemblait la copine de Théotime. Malheureusement, on ne peut pas compter sur lui pour parler. » Elle n’est nullement mauvaise à ce moment précis, elle ne cherche pas à provoquer quoique ce soit non plus ; elle est juste convaincue qu’ils lui cachent tous les deux quelque chose. Regard inquisiteur, elle hausse les épaules avant de reprendre. « Enfin, je peux déjà constater que vous avez quelques points communs. »

Les hématomes.
À peine a-t-elle retrouvé Théotime après toutes ces années qu’elle n’accepte pas l’idée de voir quelqu’un d’autre tourner autour de lui – Félix étant à part dans l’histoire. Un trait typique du sud ouest – entre son nom de famille, son lieu de naissance, plus besoin de le préciser – même s’il n’y a pas la moindre attirance entre les deux. Cependant, Sephora n’est pas jalouse de ce point commun. Peau de rousse oblige, elle marque facilement – une simple pression lui suffit – et ce sur une longue période. Pire encore, c’est douloureux. Elle n’a nul besoin de douleurs physiques après ces derniers mois de reconstruction.

Le barista revient avec la commande de Théotime. Les quatre pièces orphelines suffisent, mais après un échange de regard qui en dit long pour les initiés entre l’employé et la jeune femme, elles resteront sur la table.
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptyLun 1 Juil - 10:35

J'ai l'impression horrible de ne pas du tout être à ma place. Les gosses de bourge. Ça me débecte. Ils sortent leurs billets. Comme si c'était du petit lait. Ils nourrissent la grosse firme. J'comprends pas. Je détonne. J'le vois. Les regards portés sur moi. Avec mon trou dans mon pantalon. C'est même pas fait exprès. Cette fille ressemble à un mannequin. Qu'on voit dans les magasines. Celles qui ont droit au papier glacé. J'serais jamais comme ça. J'suis pas jalouse. Juste observatrice. Curieuse. J'étudie le bourgeois dans son environnement habituel. Théo a l'air tendu comme un string. Bien fait pour lui. Il aurait pas du venir me chercher. J'suis un nid à emmerdes. Un bon vieux sac de nœud dont on trouve jamais la solution. J'manque de m'étouffer lorsqu'elle dit « La copine ». Je suis la femme de personne. Elle s'est fourrée le doigt dans l’œil jusqu'au cul cette idiote. Et au pire ça ne la regarde pas. Mais alors pas du tout. Je fronce les sourcils. Regarde Théo pour lui faire comprendre qu'il est un gros connard. Reporte mon attention sur la rousse. Je haie les rousses. Elles sont toujours des saloperies. Sûrement une vengeance de quand elles étaient gamines et que les autres les traitaient de poil de carotte. J'ouvre les lèvres. Me penche sur la table. Sourit largement. Sourire faux. Bien évidemment. Retient cette envie de lui coller mon poing dans la gueule. Parle. « Soyons claires toutes les deux. Time et moi c'est rien. Si tu le connaissais un peu mieux tu saurais que Mossieur se la joue grosse merde et préfère attendre désespérément que la copine de son meilleur ami daigne le voir autrement que comme le valet de service. Et comme tu l'as sûrement remarqué. J'ai beau avoir des seins et un vagin, c'est pas pour autant que je donne envie qu'on me fourre. ». Je me remets confortablement dans mon siège. J'ote mes lunettes de soleil. Les gens voient mon coquard. Ils font les choqués. Voir une femme balafrée c'est comme si elle se faisait tabasser par son mec tous les soirs. Sauf que j'ai pas de mec. Et que je le cherche bien généralement. Ces petits bourges me donnent envie de vomir. Je tire longuement sur ma cigarette. Regarde à ma droite la bande de petites salopes qui parlent de moi. Je soupire. « Ta gueule petites connasses. Vas renifler le cul de tes copines et lâche-moi les basques. ». Je suis encore plus lassée. Je haie ces regards. Ces commentaires. Et l'espace d'une seconde. Je reviens peut-être 10 ans en arrière. Quand les gamines me disent que j'suis une idiote. Une sans-père. Parce qu'il m'a vue et qu'il a eu envie de s'enfuir. L'espace d'une seconde je redeviens cette gamine fragile. J'observe ma main posée sur ma cuisse. Si j'avais pu j'aurais pleuré à cet instant précis. Heureusement, je pisse pas mal.

Je me reprends. On apporte la consommation de Théotime. Il a l'air encore moins détendu que tout à l'heure. J'ai envie de le frapper. Juste pour voir si il va bouger. L'autre pimbêche en rajoute une couche. Je l'observe. On aurait des points communs ? C'est sur qu'on détonne dans cet environnement. En tout cas, elle est comme un poisson dans l'eau. Je hausse mes épaules et soupire. Tire sur ma clope. « J'crois pas être aussi tendu que Time à cet instant précis. Disons que oui, cette situation est fort désagréable pour nous deux. Et oui... Lui comme moi on est pas du genre à passer notre temps dans des cafés de bourges avec des noms complexes pour cacher le faite que c'est de merde et que dans les cafés. Bah y'a que 20% de café et le reste c'est que de la merde... ». Ca c'était fait. Et franchement c'était bien mérité. Je haie ce genre de grosses chaînes américaines débiles qui font du profit en te vendant des conneries qui ont que de la merde dedans. En fait, j'crois que je haie Starbucks surtout pour sa clientèle. Une bande de gosses pourris gâtés qui croient qu'ils sont les rois du monde et qui trouvent les USA tellement cool que plutôt que de s'acheter un cerveau, ils vont s'acheter un capuccino bourré de conneries pour faire comme les américains. Je commence à boire ma consommation. Soupire. Dégueulasse. Comme je l'avais prédit en moi-même. Je décide de le jeter dans la poubelle la plus proche. J'en ai rien à foutre d'avoir perdu je sais pas combien. Je compte pas boire de la merde. Oh ça non. J'ai l'impression que le temps passe à zéro à l'heure. On en est toujours au point de départ. J'crois même que si je me pendais ça ferait autant de bruit qu'un chat qui tombe dans une piscine remplie de plume. Que dalle. Je regarde la jeune femme en face de moi. J'me demande si elle a que sa beauté ou si elle a une cervelle en plus. Ouais, elle doit bien avoir un minimum de neurones pour traîner avec Time... Tu m'diras. Ondine est pas super élevée... Enfin bref. Je tire une dernière fois sur ma clope. L'écrase soigneusement dans un cendrier au milieu de la table. Croise mes doigts sur ma poitrine. « Alors... Seph. Tu fais quoi dans la vie ? Parce que t'es trop bien fringuée pour faire un métier pénible et t'as l'air de gagner pas mal de tune... J'imagine que ta vie doit être réellement passionnante pendant que le reste du monde joue de la guitare dans le métro. ». Ca c'était vache. J'évoquais clairement Time. D'ailleurs, il avait rien à dire là-dessus. J'étais presque sure que cette fille ne prenait jamais le métro et ne le voyait jamais dans sa merde. Moi je l'avais vu. Moi je savais. Elle ne devait même pas connaître la teneur de sa situation. Si elle avait su, elle l'aurait sûrement pas invité dans un endroit où la seule boisson coûte le prix d'au moins trois pains.

Je regarde Time. Il a l'air d'être la moitié de lui-même ici. Les gens voient la pauvreté. Ils la jugent. Ils la débecte. Et elle, elle l'oblige à se ramener dans cet endroit. Elle l'exhibe comme un animal de foire. Je les vois bien. Ces gens. Qui nous observent et qui voient qu'on est pas pareils qu'eux. On est inférieur. Leur race domine dans cet endroit de Paris. Personnellement je déteste ça. Ces filles à papa. Ces fils de bonne famille. Qui sortent entre amis. Qui ont le luxe de se payer ce genre de choses tous les jours pendant que des mecs comme Théotime passent leur vie à compter les misérables pièces que la couche moyenne de la société donne tant bien que mal. Ils me donnent envie de vomir. Ils m'énervent. Et savoir qu'un jour il puisse en faire partie grâce à cette grognasse me donne envie de taper du poing sur la table. Non. Il avait pas le droit. Pas comme ça. Pas pour elle.

hj: désolée qu'elle soit aussi sur la défensive et méchante avec Sephora, mais franchement, c'était trop tentant et ça lui ressemble plus que de rester planté là mow de wiwe
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Victor Trompette
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptyMar 2 Juil - 21:22


Et Sephora de dire :
- Je voulais voir à quoi ressemblait la copine de Théotime. Malheureusement, on ne peut pas compter sur lui pour parler.
L'idiot commence par sourire avec timidité. Les joues à la limite du rouge. Comme les adolescents sourient en pensant à leur amoureuse quand leur mère découvre que leur fils en a une.
Ici, l'adolescent = Théotime, l'amoureuse = Nausicaa, la mère = Sephora.

Fucked up situation.
Et Ondine dans tout ça ?


Ondine elle est pas là. Elle est pas là pour voir l'espèce d'épouvante sur le visage de son ami quand l'imbécile se rend compte que ce sourire, ce rougissement, c'était complètement hors de propos.

Il aurait du avoir une autre réaction.

Mais pas celle de Nausicaa.
- Soyons claires toutes les deux. Time et moi c'est rien. Si tu le connaissais un peu mieux tu saurais que Mossieur se la joue grosse merde et préfère attendre désespérément que la copine de son meilleur ami daigne le voir autrement que comme le valet de service. Et comme tu l'as sûrement remarqué. J'ai beau avoir des seins et un vagin, c'est pas pour autant que je donne envie qu'on me fourre.
Sa délicatesse est sauvagement attaquée. Il sait la vulgarité de Nausicaa, et elle l'amuse - quand il n'est pas concerné. Quand sa plus vieille amie, son amie de toujours, ne prend pas ses autres amies pour ses petites amies.

Fucked up situation.
Vraiment.

Et La Nausicaa continue. Bien partie sur sa lancée. Elle insulte des passantes. Critique l'endroit où ils se sont posés. Typique Nausicaa. Si ce n'est qu'il y a une méchanceté dissimulée dans ses paroles, cette fois. Une espèce de rancœur. Ça atteint le pauvre Théotime, fragile comme le cristal. C'est à la limite de briser son petit cœur de fillette.

Bon, mais. Et Ondine, alors ?

Ondine c'est Ondine.
Ondine c'est son soleil. Celle qui éclaire ses journées mornes dans le métro. Elle est sa veilleuse la nuit quand il a peur de s'endormir dans le noir complet. Elle est la chevelure blonde qu'il cherche dans la foule quand il a perdu le groupe au milieu des parisiens. Elle est celle qu'il a sauvé de la bourgeoisie. Elle est la première fille à avoir versé des larmes chaudes sur ses épaules.
Qu'ils ne soient pas ensemble en ce moment ne veut pas dire qu'ils ne le seront jamais.
Le Théotime, il a de l'espoir en ce qui concerne leur future histoire. Plus que de l'espoir, c'est la foi.
Ou de la bêtise.


Il se passe pas un jour sans qu'il regrette ce baiser nausicaaien. Vis à vis d'Ondine. C'est comme une trahison.
Et en même temps, depuis ce truc qu'elle a dit, que ça avait fait quelque chose, il sait plus trop quoi penser vis à vis de Nausicaa. Et du bisou. Et d'Ondine.
Largué, le Time.

Le nom d'Ondine traine encore dans sa tête quand Nausicaa passe à la vitesse supérieur. Il essaie de la stopper d'un petit « Nau » mais elle est lancée.
- Alors... Seph. Tu fais quoi dans la vie ? Parce que t'es trop bien fringuée pour faire un métier pénible et t'as l'air de gagner pas mal de tune... J'imagine que ta vie doit être réellement passionnante pendant que le reste du monde joue de la guitare dans le métro.
Et puis, il a juste plus de mots.

Puis il les retrouve.
Il inspire bien profondément pour pas s'énerver.
Il rougit un peu, parce qu'il a pas l'habitude.
Il carre les épaules, pour se faire gros dur.
- C'est dégueulasse ce que tu fais là. Ça a rien à voir avec Sephora. C'est pas juste de la mettre entre nous comme ça, puis elle pouvait pas savoir ce qui se passait entre nous puisque je lui ai pas dit - désolé, Seph.
Il a le front en sueur et les mains, la voix qui tremblent, mais merde, il continue.
- Si t'as des choses à me dire tu me les dis. Mais arrête de te donner en spectacle ou - ou en je sais pas quoi.
Et un peu plus bas :
- Je sais que tu m'en veux pour ce que j'ai fait. Moi je t'en veux pour pas avoir compris que je voulais juste te donner un peu de mon bonheur - mon bonheur, parce que moi qu'ai rien, on dirait des fois que je suis plus heureux que toi. Je voulais partager un peu. Voilà.

Ah. Le retour du concept du baiser d'amitié.
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Louise Toscan du Plantier
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptySam 6 Juil - 22:00

Sephora prend sur elle pour ne pas partir au quart de tour. Pourtant il y a de quoi. Que Nausicaa soit vulgaire en parlant de sa petite personne ou du monde d’une façon générale, peu lui importe. Qu’elle se permette de la juger juste sur les apparences alors qu’elles ne se connaissent pas… La rouquine se contente de grincer des dents et de respirer profondément. Dans une version alternative, typique de Fight Club, elle se serait jetée sur la jeune femme pour l’étriper de ses propres mains.

Et puis, il y a toutes ces autres choses qui l’énervent, la perturbent, la perdent, la déstabilisent. Théotime et Ondine ? La fameuse Ondine qui sortirait avec Félix. Pauvre petite – ou pas – Sephora n’a même pas encore eu l’occasion de la rencontrer personnellement qu’elle vient de tomber bien bas dans son estime. Si Nausicaa raconte bien la vérité – quel serait son intérêt à mentir de toute façon – il doit souffrir de la situation. Vivre avec un couple et aimer la fille, tout ça en même temps.

Gymnastique et yoga dans sa petite tête.

Elle prend également sur elle pour ne pas se laisser envahir par ce stupide sentiment de culpabilité. Apparemment, Théotime en a trop fait pour venir jusque ici. Trop propre, par exemple. Un pingouin selon la deuxième jeune femme. Pourtant, Sephora n’en demandait pas tant. Juste sa présence, les souvenirs en commun et ses belles paroles, plutôt réconfortantes. « Alors… Seph. Tu fais quoi dans la vie ? Parce que t’es trop bien fringuée pour avoir un métier pénible et t’as l’air de gagner pas mal de tune… J’imagine que ta vie doit être réellement passionnante pendant que le reste du monde joue de la guitare dans le métro. » La jeune femme reste silencieuse, affalée sur sa chaise. Intérieurement, elle sourit : aucune des deux ne vit dans le métro ou y joue de la guitare pour survivre. C’est si facile de critiquer.

Ce n’est pas parce que l’on fait quelque chose par passion que ce n’est pas pénible. C’est pénible de sacrifier sa vie de famille, sa vie amoureuse pour son travail. Il y a ceux qui écument les bars et les dealers de coke ; il y a eu la Sephora qui écumait les agences et qui gagnait également en notoriété. Toujours travailler plus et mieux. Le salaire suivait, la santé moins. Et dire qu’elle ne prenait rien à côté pour « tenir le coup ». La jeune femme aurait bien pu connaître le même épisode que Frédéric Beigbeder lors de son passage chez Young & Rubicam, ou Octave Parango chez Ross & Witchcraft.
Et bien que ce soit son ancienne vie, avant la case rédactrice dans ce magazine, il y a toujours des stigmates. Il y en aura toujours. De la peur surtout.

Mais c’est le blond qui prend la parole le premier, au plus grand étonnement de Sephora. « C’est dégueulasse ce que tu fais là. Ça a rien à voir avec Sephora. C’est pas juste de la mettre entre nous comme ça, puis elle pouvait pas savoir ce qui se passait entre nous puisque je ne lui ai pas dit – désolé Seph. Si t’as des choses à me dire tu me les dis. Mais arrête de te donner en spectacle ou – ou en je sais pas quoi. » Se passer quelque chose entre eux ? Mais de quoi parle-t-il ? Elle hausse un sourcil plein de questions ? Sephora avait prétendu que Nausicaa était la copine de Théo sans fondement, mais là… Il y avait anguille sous roche et ils ne pouvaient pas lui laisser entendre la moitié des informations comme ça ! « C’est sur, je ne suis pas dans le bâtiment, ni dans la mécanique. Ce qui n’est pas plus mal pour le bien de tout le monde. » Avec sa maladresse, elle aurait certainement fait quelque chose de travers et il y aurait eu des morts par la suite. Déjà qu’elle est tout sauf douée avec sa propre voiture. Trop de responsabilités pour la peine, alors très peu pour la rouquine. « Enfin la féminité n’a pas toujours de lien avec le travail. De ce que j’ai pu observer, tu n’as pas les mains particulièrement abimées et en dehors de ton hématome autour de l’œil, tu présentes bien : tu ne dois pas avoir un métier trop pénible non plus, je me trompe ? Donc… si ma présence te pose tant de problèmes que cela et que tu n’es pas sa copine, tu peux toujours repartir d’où tu viens. Tu n’es pas enchaînée à cette chaise. » Elle ne jubile pas de ses paroles, la petite Sephora. D’ailleurs, ça la fait plus chier qu’autre chose, parce que voilà, elle n’aime pas les ambiances pesantes ainsi que le sentiment de haine – un peu bisounours dans le fond, notre rouquine. Et cela, même si elle sent que Nausicaa l’a provoquée tout le long pour en venir là.

Elle doute qu'elles puissent devenir les meilleures amies au monde, mais elles peuvent toujours se supporter dans l'immédiat. Pour Théotime.
Spoiler:
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptyDim 7 Juil - 9:10

Ils commencent à m'énerver. Tous les deux. Surtout Théotime qui s'énerve. Je l'ai jamais vu comme ça. Il parle. Enchaîne les mots, les phrases. Il m'en fout plein la gueule. M'explique sa vision des choses. J'en ai rien à foutre. J'ai envie de le frapper. J'ai envie qu'il comprenne que ce qu'il a fait est mal. Qu'on embrasse pas les gens comme ça. Qu'on embrasse pas les gens tout court. J'suis pas un cobaye. J'suis pas un animal. J'aimerais qu'il comprenne. Que ce qu'il a fait est déplacé. Pas normal. Déroutant. Ils voit rien. Je l'observe. Il a terminé. Il m'énerve. Il me donne envie de vomir. J'ai envie de frapper. J'ai envie qu'il comprenne qu'on joue pas avec les sentiments des gens. J'ai envie qu'il comprenne que même si elle n'a rien à voir avec ça. Sephora serait du même avis que moi. Je la regarde. Elle doit me prendre pour une saloperie. Comme tout le monde. Je sais. J'ai beaucoup de problèmes. Je soupire. Regarde ailleurs. J'ai envie de dire beaucoup de choses. Les mots restent bloqués au fond de ma gorge. Je sais pas quoi faire. Ni quoi dire. J'attends que le temps passe. J'attends. Il doit comprendre. Il devrait comprendre. « On embrasse pas ses amies. T'avais pas le droit de m'embrasser comme ça. T'avais pas le droit de faire durer le dernier baiser. T'avais pas le droit de t'enfuir comme un voleur. T'es sensé aimer Ondine. Alors tu l'embrasses elle. Pas moi. Parce que moi je peux pas ressentir des choses. Parce que sinon j'deviens un pantin. ». Je l'avais été. Cette fille qui ressentait des choses et qui croyait que les hommes étaient tous bons, tous gentils. Et mon père s'est barré. Comme un connard. Et j'ai compris. Qu'on était juste des pions dans leur vie. Sur le grand échiquier. Ils avaient besoin de sexe et ils se barraient quand ils l'avaient eu. Alors j'étais devenue un homme. Pour mieux me sentir. Pour ne pas laisser le monde entier voir que je suis une femme. Les hématomes. C'était la plus belle des choses. Je regarde autre part. Théotime sait pas ce que c'est d'attendre de quelqu'un. Mon père était toute ma vie. Et il est parti.

Ils ne comprennent pas. Que je suis différente. Que je sais pas m'exprimer. Que je veux pas mettre les formes. J'aime pas cacher les choses en mettant les formes. Je sais. C'est peut-être idiot. Mais tant pis. Elle a du cran. Cette fille a du cran. Elle ose me répondre quand pas mal de petite filles pourries gâtées se la ferment et grognent. Je souris. Je regarde dans l'autre sens. J'aime réellement quand les filles ont du répondant. Je sors une clope. Je la pose entre mes lèvres. Écoute le reste de sa tirade avec un léger sourire. Sincère. Pour une fois. Je l'allume. Tire longuement. Hoche la tête en accord avec ses derniers mots. J'ai plus franchement envie de partir. Elle me plaît. A me répondre. A avoir du cran. Enfin quelqu'un avec du caractère. Qui assume ce qu'elle est. Qui emmerde le monde. Elle me ressemble un peu finalement. Elle est sympathique. « J'suis infographiste. A domicile. J'suis une je m'en foutiste compulsive alors j'ai tendance à rendre mon boulot en retard... Donc ouais, j'hérite de mes hématomes en me faisant tabasser à la sortie des bars. C'est comme ça que je me sens vivante. J'aurais tendance à dire que t'es une connasse pourrie gâtée   avec ton allure. Mais en fait t'es intéressante. Tu réponds Nausicaa. Personne ne me réponds. Même pas Théotime. Tout à l'heure il lui a fallu le courage de trois siècles pour me répondre. J'le rend malade. ». Je souris. Ouais. Elle a eu du cran de me répondre. Mais c'est Théotime qui a eu le plus de cran aujourd'hui. Je me rends compte. Qu'il a eu les couilles de s'exprimer pour une fois. De pas rester planté comme un idiot. Je l'apprécie pour ça. Le regarde. Croise son regard. Lui dit « merci » seulement avec les lèvres sans qu'aucun son ne sorte de ma bouche. Cette fille ne devait pas nous comprendre. Elle ne devait pas me comprendre. J'suis pas normale. J'suis dérangée. J'suis méchante. Je suis rempli de haine et de violence. Si seulement ils m'avaient connu avant mes 16 ans, ils m'auraient adorée. S'il m'avait connue avant mes 16 ans il serait tombé amoureux de moi. Comme il aime Ondine aujourd'hui. Je sais pas pourquoi je la haie. A chaque fois que j’entends son nom j'ai envie de la frapper. Je suis pas jalouse. Enfin. Je crois pas l'être. J'ai juste envie qu'elle crève écrasée par un bus. « J'suis désolée pour tout à l'heure... J'adore provoquer les gens pour voir s'ils vont me répondre. Si ils ont du caractère ça veut dire qu'ils pourront me supporter. Sinon, ils auront peur de moi. T'as pas peur de moi... Alors c'est bien... ». Je souris. Tire sur ma clope. Expire longuement. Observe les gens autour de nous. Soupire. Ces gosses de riche me donnent  envie de vomir. Je sais pas comment Time fait pour rester assit sur cette chaise sans avoir l'horrible impression d'être de trop. C'est ce que je ressens. L'impression d'être de trop. Chaque jour, chaque heure, chaque minute et chaque seconde de ma vie.

« Je haie cet endroit. Les gens se prennent pour des gros riches de merde. Ils croient qu'on va leur lécher le cul. Ca m'énerve. Je haie ce genre d'endroit. Comment tu fais pour rester ici ? ». Je tire longuement. Une nouvelle fois. Peut-être que les gens me voient comme une saloperie qui aime se plaindre constamment. Moi j'pense qu'on devrait pas passer sa vie ici... Je m'emmerde. Je sais pas quoi dire. Je sais pas non plus quoi faire. J'suis pas dans mon monde. Cette fille nous voit comme des pantins. Elle pense qu'on est des jouets qu'elle traîne dans son monde. J'y comprend rien. J'ai envie de me téléporter. J'aime contrôler la situation. J'aimerais juste la contrôler. Là je contrôle rien, j'suis terrifiée. Déboussolée comme un chiot qu'on ramène chez soi. On vient de m'enlever à son chenil.
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Victor Trompette
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptyMar 16 Juil - 16:35


- On embrasse pas ses amies. T'avais pas le droit de m'embrasser comme ça. T'avais pas le droit de faire durer le dernier baiser. T'avais pas le droit de t'enfuir comme un voleur. T'es sensé aimer Ondine. Alors tu l'embrasses elle. Pas moi. Parce que moi je peux pas ressentir des choses. Parce que sinon j'deviens un pantin.

Cassé.

Elle a raison. Si on suit son raisonnement.
Dans la logique de Théotime, c'est lui qui a raison.
Il continue de faire la tronche.

Et Sephora, qui prend la suite.
- C’est sur, je ne suis pas dans le bâtiment, ni dans la mécanique. Ce qui n’est pas plus mal pour le bien de tout le monde.
Pause. Rire étouffé de la part de Time. Sephora, mécanicienne. C'est la même chose qu'un Théotime riche. Une bonne blague.

- Enfin la féminité n’a pas toujours de lien avec le travail. De ce que j’ai pu observer, tu n’as pas les mains particulièrement abimées et en dehors de ton hématome autour de l’œil, tu présentes bien : tu ne dois pas avoir un métier trop pénible non plus, je me trompe ? Donc… si ma présence te pose tant de problèmes que cela et que tu n’es pas sa copine, tu peux toujours repartir d’où tu viens. Tu n’es pas enchaînée à cette chaise.
Oui. Tu peux partir Nausicaa. Et revenir me crier dessus un autre jour. Quand je serais tout seul dans mon métro, qu'il n'y aura pas Sephora comme spectatrice. Avec ça, faut croire qu'il saura jamais si elle s'est mariée.
Merde.

Elle est un peu étonnée, la Nausicaa.
De l'ardeur de Seph. Un peu surprise du courage de la bourgeoise. Les paroles audacieuses de Théotime l'ont à peine effleurée, mais celles de Sephora la laissent un peu sur le cul.
Elles l'adoucissent.

Et Nausicaa s'ouvre un peu :
- J'suis infographiste. A domicile. J'suis une je m'en foutiste compulsive alors j'ai tendance à rendre mon boulot en retard... Donc ouais, j'hérite de mes hématomes en me faisant tabasser à la sortie des bars. C'est comme ça que je me sens vivante. J'aurais tendance à dire que t'es une connasse pourrie gâtée avec ton allure. Mais en fait t'es intéressante. Tu réponds à Nausicaa. Personne ne me réponds. Même pas Théotime. Tout à l'heure il lui a fallu le courage de trois siècles pour me répondre. J'le rend malade.
Il décide de rire un peu, parce qu'elle a pas tort.

Mais elle le rend pas malade. Faut pas croire.
Alors quand elle lui dit merci en silence, il essaie de lui répondre qu'elle est sa meilleure amie.

Elle dit qu'elle est désolée.
C'est petit Théthé qui est sur le cul.
Ça le concerne pas : les excuses, c'est pour Sephora.
N'empêche.

- Je haie cet endroit. Les gens se prennent pour des gros riches de merde. Ils croient qu'on va leur lécher le cul. Ca m'énerve. Je haie ce genre d'endroit. Comment tu fais pour rester ici ?
Elle s'adresse à Sephora. Time, qui rigole dans sa tête. Elles vont bientôt devenir copines et lui demander de dégager. Si je vous gêne, vous le dites.
Non pas que cette chère Nau soit des plus sociales, mais Sephora, il lui suffit d'un rien, un petit mot gentil, un petit ton gentil, et elle est partie, et elle vous aime. C'est beau. Elle est belle cette fille. Il en sourit.

Elle doit être larguée et pourtant elle sourit, et pourtant elle discute.

Elle a cru apprendre que son Théo avait une petite amie - une fille avec des bleus, une fumeuse compulsive, un gros mot ambulant. Et puis elle a compris que Théo et Nausicaa, ils étaient peut-être seulement amis, mais ils s'étaient embrassés, et Nausicaa en était outragée. Finalement, on parlait d'Ondine. Cette Ondine qui était avec Félix le jour où ce dernier a traîné son meilleur ami hors du café. Et on disait qu'il était amoureux de cette Ondine, cette petite fille aux grands cheveux blond sale.
Beaucoup en si peu de temps.

Et pourtant, elle carry on. Comme les anglais.

C'est une belle personne sa Sephora.
Différente de Nausicaa.
Deux nouvelles copines.
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Louise Toscan du Plantier
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptyJeu 18 Juil - 20:56

La jeune femme ne regrette rien de ce qu’elle a dit. Cependant, elle est sceptique, surprise par ses propres propos, son courage. En temps normal, elle se serait tue. Les secondes passent, mais c’est horriblement long. « J’suis infographiste. A domicile. J’suis une je m’en foutiste compulsive alors j’ai tendance à rendre mon boulot en retard… Donc ouais, j’hérite de es hématomes en me faisant tabasser à la sortie des bars. C’est comme ça que je me sens vivante. J’aurais tendance à dire que t’es une connasse pourrie gâtée avec ton allure. Mais en fait, t’es intéressante. Tu réponds à Nausicaa. Personne ne me réponds. Même pas Théotime. Toute à l’heure il lui a fallu le courage de trois siècles pour me répondre. J’le rends malade. » Ouais, cette fille pourrait bien rendre Théotime malade. Enfin, aux yeux de Sephora, elle le rend « tout chose » surtout. Il n’a pas de sourire béat. Il y a un peu de gêne dans l’air et surtout une absence de parole. Le blond, il parle. Il pose des questions. Il s’inquiète, rassure quand il le faut. Il ne reste pas sans parler. Elle se fait peut-être des films, qui sait. Théotime les laisse faire connaissance, toutes les deux, sans se montrer intrusif. « Théotime est encore un gosse dans le fond. »

Il a démontré à Sephora qu’il savait plus ou moins s’occuper de lui-même pour survivre, mais l’air de rien, il a toujours une attitude enfantine quand il s’agit des relations humaines un peu plus… amicales. Et puis Sephora s'en veut de ne plus s'être rendues à Azur, de ne pas avoir été capable de lui dire ce que ses parents étaient devenus depuis le temps. Pas même un indice s'ils sont vivants ou décédés.

Cessons de nous voiler la face, ils ne sont pas de simples amis ces deux-là, même s’il n’y a peut-être pas de terme particulier pour définir ce qu’il se passe entre eux. Ce n’est peut-être pas de l’amour, genre celui avec un grand A. Le grand, le beau, le sublime. C’est certainement pour cela qu’elle n’en rajoutera pas une couche. Cependant, elle n’oubliera et ne mettra pas de côté cette hypothèse. Les premières impressions sont souvent vraies. « J’suis désolée pour toute à l’heure… J’adore provoquer les gens pour voir s’ils vont me répondre. Si ils ont du caractère ça veut dire qu’ils pourront me supporter. Sinon, ils auront peur de moi. T’as pas peur de moi… Alors c’est bien… » Ouais, disons que temps que Nausicaa ne cherche pas à coller son poing dans la figure de la rouquine, alors cette dernière ne voit pas de raison d’en avoir peur. C’est devant le fait accompli qu’elle a tendance à paniquer, voire à fuir. « Je haie cet endroit. Les gens se prennent pour des gros riches de merde. Ils croient qu’on va leur lécher le cul. Ca m’énerve. Je haie ce genre d’endroit. Comment tu fais pour rester ici ? » Un coup d’œil inquiet vers le pauvre Théo qui n’a pas pu en placer une depuis un bon moment. À croire qu’elles doivent se parler pour s’acclimater l’une de l’autre et tenter de se comprendre. Mais vu son sourire, c’est bon signe. Elles peuvent continuer. Et puis un Théotime comme le leur, ça ne s’oublie pas. Jamais de la vie. Lui et Sephora en sont la preuve vivante. « J’ai peut-être des aires de connasse pourrie gâtée, je suis très certainement une de ces bourges, je ne prête pas attention à la fréquentation. C’est tout. De toute façon, j’y reste rarement. D’habitude, je prends un café et file à mon bureau ou chez moi… Ou ailleurs. » Elle hausse les épaules. Les rares fois où Sephora reste sur ces terrasses ou dans ces cafés, c’est pour travailler. Pas très distrayant.

Ailleurs. Son nouveau passe-temps, s’égarer dans Paris et ses pensées. Chercher de l’inspiration partout et surtout ailleurs.

Paris qui petit à petit entraîne dans sa chute des fragments de nos vies. Paris c'est tellement sain, et nous sommes des gens biens.
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptySam 27 Juil - 13:44

Le théotime a fini de parler. Il semblerait que sa bouche se soit enfin fermée pour notre bonheur. Il a sûrement dépassé son quota de mots journaliers en s’énervant contre moi. Tant pis. Pendant ce temps-là j’apprends à découvrir une jeune femme différente. Sephora. La jolie rousse a du mordant, un caractère trempé. J’aime ça. Les gens ont peur de moi. De ma façon de parler. De ma façon de les regarder. Je suis comme une tueuse. Juste avec le regard. J’aurais tendance à croire qu’elle n’est pas toujours comme ça. Qu’elle est pas toujours aussi franche et dure. Mais qu’elle aime se faire respecter. Tant mieux. Ce serait triste qu’il existe des gens qui aiment à se faire totalement bouffer par les autres. Non, elle a du courage la Sephora. Et de la gueule. Un peu comme moi. Je me demande ce qu’est la relation qu’il peut y avoir entre Théotime et Sephora. C’est pas normal qu’un jeune homme comme lui rencontre une demoiselle comme elle. En tout cas pas à Paris. Et pas dans le métro. J’ai pas de préjugés. Seulement une façon de voir les choses comme elles sont réellement. Les gens et les milieux ne se mélangent pas facilement, et c’est clair que si la demoiselle n’est pas riche, elle peut se permettre de se faire un restau, chose que Théotime ne doit connaitre que lorsqu’il gagne assez d’argent… Nous nous découvrons. Elle dit même que Théo est encore un gamin. Je rigole. Amusée par la situation dans laquelle il se trouve. Bientôt elles vont parler de lui sans faire attention à sa présence… Je relève pas l’information. La laisse glissée. J’imagine qu’elle connait assez Time pour dire ça. C’est pas à moi d’en juger.  Je me laisse même aller à critiquer le lieu où l’on se trouve. C’est vrai que je haie Starbucks. Elle se la joue fine en répondant. Comme si elle avait peur des gens autour d’elle qui peuvent la juger et la ranger dans une case. Je connais déjà ma case : celle de la parfaite connasse. Elle a l’air d’apprécier leurs boissons. Chose qui me dégoute particulièrement. Je fais partie de ces bons vieux français qui aiment le petit noir ou le petit crème du café du coin. Mais qu’importe. Les gouts et les couleurs sont souvent biens différents entre les personnes et sûrement encore plus aujourd’hui. Alors je me la ferme. Je fume ma cigarette déjà bien entamée. L’écrase soigneusement dans le cendrier. Soupire longuement. Les clopes et moi c’est une belle et grande histoire d’amour. Peu de monde peut dire qu’ils aiment autant la clope que moi. Chose rare et essentielle à mon bien être.

On se jauge. S’observe tous les trois. Je passe mon regard sur Théotime qui reste muet comme une carpe depuis tout à l’heure. Je reviens à la roussette devant mon nez qui semble attendre que le temps passe. Cette situation je l’ai rarement connue. Je suis plus habituée à la solitude et à l’ennui qu’à la compagnie des autres êtres humains. Alors je sais pas quoi dire. Ou quoi faire pour détendre l’atmosphère. Et après tout, j’en ai très peu envie. De détendre l’atmosphère. Les gens autour de nous rigolent fort, parlent fort comme s’ils étaient seuls. On dirait un vaudeville très mal écrit. Un genre de farce burlesque qui dépeindre ironique les parisiens et leur grande gueule. Ou les français en général. J’aurais tendance à dire que le tableau ne me plait pas fortement. Et que si j’en avais le choix, j’utiliserais d’autres couleurs. Mais qu’importe. Je suis une goutte d’eau dans un océan. Une pisse de chat sur un sol déjà humide. Alors je ressors une clope. L’allume soigneusement et tire. Encore. Histoire de passer le temps avec une certaine élégance. Histoire aussi de me détendre. « C’est moi ou on a vraiment l’air de trois cons incapable de trouver de quoi parler à cet instant précis ? Non, parce que j’ai conscience que Théotime n’est pas une pipelette mais personnellement, je sèche un peu… A part si vous voulez que je vous parle de ma vie trépidante... ». Ironie quand tu nous tiens, tu nous tiens bien. Je hausse les épaules. A vrai dire ça me tente que très peu de parler de ma vie. Plus les gens en savent et plus ils ont pitié de vous ou croient qu’on est tenté par l’idée de devenir des amis. J’ai pas d’amis. Ou très peu. Je sais même pas si je considère Théotime comme un ami… Surtout depuis qu’il m’a embrassée dans le parc… C’est clair et net que je suis un peu perdue. Et je le sens. Je le vois. Cette relation bouge. Evolue. Sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit. Ca me frustre. Putain que j’ai envie de contrôler cette relation.

J’ai envie de l’embrasser. De retrouver ce contact maladroit mais je comprends rapidement que c’est ni l’endroit, ni le moment. Cette Sephora m’intrigue. Leur relation aussi. Alors je hausse un sourcil. Expire longuement et sourit comme pour les adoucir. « Alors d’où est-ce que vous vous connaissez tous les deux ? J’imagine que ça vient pas du métro étant donné que vous avez l’air d’être très proches… ». Ma curiosité est attisée. Toujours lorsqu’il s’agit de Théotime. Je sens qu’il y a plus qu’une simple amitié entre eux. Ca se voit. Sans un mot ils se comprennent. Un regard suffit pour qu’elle sache ses mots. Chose qui ne se passerait jamais s’ils se connaissaient depuis peu. Finalement je crois que cette relation qui les lie m’énerve. J’aurais aimé pouvoir en capter la teneur bien avant. J’ai l’impression d’être de trop. Raison pour laquelle j’me fais jamais d’amis. C’est toujours des emmerdes. Des préférences. Et des histoires de connasses. Jalousie quand tu nous tiens…
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Victor Trompette
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptyLun 29 Juil - 21:43


Et puis le silence tombe. Boum.
Entre eux, seulement. Le silence. Parce qu'autour d'eux, sur cette terrasse, ça gueule, ça jure, ça rit, ça répond au téléphone, ça commande des cafés en plus, ça vit.

Ça fait du bien ce silence à l'intérieur du trio.
Ça apaise le Théotime. Mais ça le gêne surtout pas. Il est de ces gens, rares, qui peuvent préférer le silence aux banalités, qui, au final, n'emmènent pas la conversation bien loin.

Il s'en va un peu. En voyage, dans sa tête.

C'est ça, qui lui plaît dans le silence. C'est que c'est le seul moment où il a tout le loisir de se tirer d'ici pour aller ailleurs, de plus beau, moins pollué, Azur peut-être. Si vous lui parlez, si vous le tenez emprisonné dans une conversation, pas moyen pour lui de s'évader. Les mots, ça l'embrouille. Mais dans ce silence qui dure, lui, il peut en profite pour partir, un peu.

Et quand il revient, il a une chanson d'Eddie Vedder dans la tête.
Society, you're a crazy breed, I hope you're not lonely without me.
Ses chansons sont tellement pleins d'un quelque chose d'autre qu'il est jaloux que Félix et lui n'écrivent pas des choses comme ça.

Et quand il revient, c'est Nausicaa qui casse le silence.
Et au revoir Eddie Vedder.
- C’est moi ou on a vraiment l’air de trois cons incapable de trouver de quoi parler à cet instant précis ? Non, parce que j’ai conscience que Théotime n’est pas une pipelette mais personnellement, je sèche un peu… A part si vous voulez que je vous parle de ma vie trépidante...

Time hausse les épaules.
Sephora, gênée. Parce que c'est Nausicaa. L'inconnue brutale qui a embrassé son ami d'enfance. Bazar dans sa tête rousse. Et une envie de poursuivre la conversation, même pour rien dire, juste pour pas penser aux lèvres de Théo sur celles de Nausicaa.

Peut-être.

- Alors d’où est-ce que vous vous connaissez tous les deux ? J’imagine que ça vient pas du métro étant donné que vous avez l’air d’être très proches…
Il sourit en grand.
Ils vont devoir repartir en arrière, voyager, à Azur, à l'aube des années 2000, tout ça.
Alors il sourit d'avance.
Ça manque tellement.

- On pourrait t'dire : on est amis d'enfance, Seph venait en vacances à Azur, ma ville à moi. Mais c'est nul de dire ça comme ça. Faut retourner à Azur en 2001, faut restituer la scène de mon point de vue.
Pause. Grand sourire. Suspense.
Il rayonne, le gamin.

- C'est comme dans les films. T'as la rue principale, avec les cafés, les boutiques. Tout Azur se retrouve là en juillet. Y a les gosses, les parents, les vieux, les vieilles filles, tout l'monde, j'te dis. Et là, t'as cette rousse qu'arrive - avec ses parents évidemment. Comme dans un rêve. Une rousse comme t'en as jamais vue. Elle débarque comme ça, très innocemment, comme si elle était tombée du ciel, un peu par hasard.
Quelle belle vision des choses qu'il a.

- Y a pas que moi, le gosse de sept ans, qui suis sur le cul, hein. Tout l'monde l'est. Tu comprends, Azur c'est petit. Y a pas beaucoup de jolies filles comme ça, plus des campagnardes qu'autre chose. Y a bien Angélique, mais Félix en a déjà fait sa propriété. Et maintenant, y a cette autre fille. Cette lumière.
Geste exagéré vers Sephora, qui se fait petite.

- Une fille de la ville, avec des belles robes fleuries et tout le tintouin. Rousse. C'est vraiment important, la couleur des cheveux. Ça nous a tués, j'te jure.

Petit rire.
À Sephora :
- T'as certainement pas eu cette vision là à ton arrivée chez nous ...
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Louise Toscan du Plantier
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MessageSujet: Re: Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r)   Dans le labyrinthe des 4.000 îles. (r) EmptyJeu 1 Aoû - 22:11

Grand blanc.
Il faut croire que vous avez fait le tour de tous les sujets de conversations possibles. Non pas que Nausicaa l’impressionne, mais il est tout naturel que la rouquine ne puisse pas dire certaines choses devant elle. « C’est moi ou on a vraiment l’air de trois cons incapables de trouver de quoi parler à cet instant précis ? Non, parce que j’ai conscience que Théotime n’est pas une pipelette mais personnellement, je sèche un peu… À part si vous voulez que je vous parle de ma vie trépidante… » Un sourire s’étend sur ses lèvres. Elles ont beau être diamétralement différentes, elles semblent être sur la même longueur d’onde à propos de certaines choses. En attendant, c’est surtout qu’à la base, Sephora se rend ici pour travailler et non parler, encore moins pour rattraper le temps perdu. Et puis, ni elle, ni Théotime ne s’attendait à la visite de Nausicaa. Les deux jeunes femmes ont l’air de bien s’entendre, pourtant il y a encore des sujets qu’elles n’aborderont pas ensemble, et puis il y a également des questions que le blond ne poserait pas. « Alors d’où est-ce que vous vous connaissez tous les deux ? J’imagine que ça vient pas du métro étant donné que vous avez l’air très proches… » Ajoutez à cela que Sephora ne se sent pas bien au point d’angoisser une fois sous terre. C’est bas, étroit, les utilisateurs courent dans tous les sens pour ne pas être en retard, on vous bouscule, on ne s’excuse pas, etc. Et puis, il y a une tonne de bactéries, aussi. En effet ce n’est pas dans le métro qu’ils auraient pu faire connaissance ces deux là. « On pourrait t’dire : on est amis d’enfance, Seph venait en vacances à Azur, ma ville à moi. Mais c’est nul de dire ça comme ça. Faut retourner à Azur en 2001, faut restituer la scène de mon point de vue. » À la place de Théotime, elle aurait commencé son récit exactement de la même façon. Cependant, elle commence à prendre peur. Qu’est-ce qu’il pourrait dire d’autre, de plus ? « C’est comme dans les films. T’as la rue principale, avec les cafés, les boutiques. Tout Azur se retrouve là en juillet. Y a les gosses, les parents, les vieux, les vieilles filles, tout l’monde, j’te dis. Et là, t’as cette rousse qu’arrive – avec ses parents évidemment. Comme dans un rêve. Une rousse comme t’en as jamais vue. Elle débarque comme ça, très innocemment, comme si elle était tombée du ciel, un peu par hasard. » Sephora s’enfonce dans sa chaise. Cette fois, c’est elle qui se retrouve mal à l’aise dans la conversation. Elle ne sait même plus où se mettre, se cacher. Elle a chaud, elle a changé de couleur : presque aussi rouge que sa tignasse. Voilà, c’est la fin de sa dignité. « Y a pas que moi, le gosse de sept ans, qui suis sur le cul, hein. Tout l’monde l’est. Tu comprends, Azur c’est petit. Y a pas beaucoup de jolies filles comme ça, plus des campagnardes qu’autre chose. Y a bien Angélique, mais Félix en a déjà fait sa propriété. Et maintenant, y a cette autre fille. Cette lumière. Une fille de la ville, avec de belles robes fleuries et tout le tintouin. Rousse. C’est vraiment important, la couleur des cheveux. Ça nous a tués, j’te jure. » Trop de jolies choses dites d’un coup, d’une façon on ne peut plus poétique en plus. Elle ne s’y attendait tellement pas la petite… Si bien que quelques larmes perlent sur ses pommettes et s’étirent sur ses joues. Sensible, il lui en faut peu pour être touchée. « T’as certainement pas eu cette vision là à ton arrivée chez nous … » Elle reprend son souffle. Voilà, elle va passer pour une pleurnicharde aux yeux de la nouvelle venue. Il faut croire que ce fut un mal pour un bien. La jeune femme n’avait jamais eu connaissance de cette vision de leur rencontre. Jamais. Ils se voyaient l’été, jouaient. That’s all. Elle l’a adoré tout ce temps, toutes ces années. Elle l’a adoré comme s’il était un membre de sa propre famille. Un frère, un cousin relativement proche. « Je suis surtout confuse par cette confession. J’aurai jamais pensé… que tu aies eu cette vision en me voyant débarquer dans ton adorable ville. » Quelques mots qu’elle lui glisse à voix basse, tout en séchant les dernières larmes, avant de reprendre sur un ton plus léger. « En réalité, j’étais cette gosse émerveillée à l’idée de quitter la ville. Un peu trop innocente, peut-être. Les habitants de la province, d’Azur… Ils ne sont pas comme les parisiens. Ma famille n’était pas trop mal vue, car nous avions un pied à terre dans le coin, Seignosse. Ça ne faisait pas de nous des étrangers. Du coup, on avait pas de regards noirs, mais de grands sourires. » Sephora s’humecte les lèvres et reprend son souffle : elle est meilleure observatrice que grande bavarde. La preuve, elle reste persuadée qu’elle a raté un épisode Théotime-Nausicaa en un simple coup d’œil. D’ailleurs, elle finira pas connaître le fond de l’histoire. Un jour ou l’autre. En réalité, elle aimerait bien bouger dans un bar. Parler autour d’une bière fraîche, c’est toujours plus facile qu’autour d’un café que tout le monde n’apprécie pas forcément. Les langues finissent par se délier aussi. « Et puis, il y avait ce petit blond. Je dois avouer que ça aurait pu être lui, comme un autre. Mais il aura marqué mon enfance, parce qu’il était pas comme tous les autres avec qui j’allais à l’école. Il était simple, toujours souriant. Facile à vivre, à aimer. » Un coup d’œil vers Théo. « Et voilà, tu sais tout. » La jeune femme se mord la lèvre, timidement, puis lâche un sourire en direction de Nausicaa. L’histoire est longue, elle n’en demandait peut-être pas autant, après réflexion. Voilà, ces dernières minutes, Théotime et elle se sont transformés en véritables pipelettes.
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