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ooh la la paris, réouverture. 02/11/14.
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 Some beer and discovered (Ashton Weber)

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MessageSujet: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyLun 29 Juil - 23:34


Some beer and discovered.


La musique adoucis les moeurs, c’est ce qu’on dit. Mais celui qui a inventé le proverbe n’a sans doute pas dû passer beaucoup de soirées comme les nôtres. Il n’y a rien de paisible ou de calme à aller voir un groupe comme tous les allumés que nous sommes dans ce bar les suivent… Mais notre génération est ainsi faite, nous sommes emplis de la volonté de dépasser nos limites, de nous exprimer, et quoi de mieux que la musique pour faire passer le message de nos émotions, du ressenti, ou tout simplement du ras le bol ?
Nous sommes facilement catalogués à présent. Il est facile de dire qu’une bande de jeune passant sa nuit dans le fin fond d’une salle sombre n’est qu’un rejet de la société, je suis plutôt pour le fait d’emmerder ces gens-là ! Passer ma nuit à boire des bières avec des potes ne fait pas de moi une asociale, ni une délinquante. Je bosse, je paye mes impôts, j’aime les gens, et tout ça à la fois !  

Un petit groupe se produit ce soir, un groupe d’amis. Nous sommes une petite bande à suivre leurs multiples concerts parisiens. J’aime leur univers, il m’arrive de jouer un peu aussi, dans mon coin. Sans grande prétention.
Une ambiance de dingue jusqu’à 2 h du matin ! Les amateurs repartent vite après le dernier rappel, tandis que les afficionados préfèrent se retrouver avec le groupe sur un canapé dans le fond de la salle. Les consos nous sont offertes en échange d’un peu d’aide avant le concert pour installer le matos et perfectionner les balances.

Dans ce genre d’after, personne ne se connaît vraiment. Mais c’est ça là tout l’intérêt. J’adore rencontrer du monde, je ne suis pas du genre à me ranger dans mon coin. Je viens de Vegas, là-bas la sociabilité n’est pas une qualité, c’est indispensable ! Je suis souvent la seule fille, nous sommes rarement à égalité avec le sexe masculin. Disons que j’ai tout de même plus en commun avec une bande de mec qu’une bande de Paris Hilton. Les revenus de ma famille n’ont pas fait de moi une petite fille modèle, bien au contraire. Je ne crache pas dessus mais je suis sur Paris par choix, à moi d’assumer, et pour le moment ma vie me convient totalement.

Il y a un jeune homme que je ne connais pas encore, et qui a tendance à rester discret pour le moment. Je n’ai pas encore entendu le son de sa voix. Son mystère est intéressant. Je me charge de ravitailler tout le monde en ramenant quelques bières du bar d’où je viens pour m’installer sur un bout du canapé, ayant au préalable demandé à ce bel inconnu si la place était libre.

- Tu fumes ?

Lui proposant mon paquet de cigarette. Le fait que nous soyons dans un lieu public ne perturbe pas le proprio à cette heure-ci. Il fait confiance au groupe pour lui rendre le bar en l’état, nous sommes tous prêts à donner un coup de main en cas de besoin. C’est aussi ça le monde des concerts itinérants. Une vie de bohème, une vie de débauche, mais une vie solidaire.

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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyMar 30 Juil - 11:47

Bon. Peut-être, il fallait le reconnaître, peut-être Ashton n’avait-il pas écouté tout le concert. Ni l’essentiel du concert. Mais, que voulez-vous, une chose en avait entrainé une autre et le jeune homme s’était retrouvé prisonnier de ses… obligations. Enfin, prisonnier : plaqué contre le mur du fond du bar, plutôt, par une jeune femme très amicale. Avant le concert, Ashton lui avait offert un verre, ils avaient bavardé, elle l’avait dévoré des yeux et, ce soir-là, comme il s’était senti un peu seul, il avait multiplié ses sourires ravageurs. Finalement, la musique avait commencé, ils avaient un peu dansé et hm, pour le reste de la soirée, ils s’étaient embrassés.

C’était presque du sport, après tout. Une saine activité. Un entraînement d’apnée pour quand Paris serait enseveli sous les eaux. Il avait laissé les mains au creux de ses reins, elle avait tâté consciencieusement ses pectoraux et ils s’étaient embrassés — juste cela. Quelques caresses à peu près innocentes, de temps en temps, des sourires, des regards, des baisers. Le concert s’était fini, la jeune femme lui avait souri, elle était repartie. Il y avait eu là-dedans quelque chose de simple et, assis sur le canapé, au fond de l’établissement, une bouteille de soda à la main, la tête calée contre le dossier, Ashton était désormais silencieux et rêveur. Apaisé.

Une jeune femme s’approcha de lui et Ashton se décala pour lui laisser un peu de place, après lui avoir adressé un sourire de politesse. Le visage de l’étrangère ne lui était pas complètement inconnu mais il n’était pas rare de croiser, dans les bars à musique, des têtes familières, sans jamais leur adresser la parole ni, à plus forte raison, pouvoir mettre un nom dessus. C’était le rôle des afters que de rapprocher un peu les mélomanes, et Ashton aimait ces moments, où les danseurs comme les musiciens, un peu épuisés par la soirée, s’installaient tranquillement pour discuter de tout et de rien, dans le calme nocturne et retrouvé d’une salle presque déserte.

Ashton secoua la tête quand la jeune femme lui proposa une cigarette. Il avait reconnu l’accent américain de sa voisine, aussi répondit-il dans un anglais très britannique :

— Non, merci.

Avant de préciser, pour qu’elle n’eût pas de scrupules à fumer à côté de lui :

— Mais vas-y, hein.

De toute façon, autour de quelques canapés arrangés vers la table basse hors d’âge, il y avait déjà une atmosphère bien enfumée. Sur le canapé d’en face, on discutait vivement des derniers arrangements apportés à la septième chanson : les avis étaient pour le moins partagés. Ashton suivait la conversation d’une oreille, jusqu’à ce qu’on l’appelât au scrutin.

— T’en penses quoi, Ash ?

Le Britannique haussa les épaules. Un autre habitué des lieux commenta ironiquement :

— Oui, j’crois que ce soir, Ash’ avait pas exactement la tête à la musique.

Le chanteur esquissa un sourire aimablement moqueur.

— C’est qu’il était occupé, notre petit tombeur.
— Les mains pleines.
— Comme d’habitude, d’ailleurs.


Les plaisanteries un peu lestes s’annonçaient d’un pas lourd et Ashton paraissait gêné de la soudaine attention qu’on portait à ses occupations buccales. Le bassiste, qui passait une partie non négligeable de son temps à l’observer d’un air admiratif, vola chevaleresquement à sa rescousse :

— Laissez-le tranquille, les mecs.

1. Il n’avait pas envie qu’on embêtât Ashton. 2. Il n’avait pas envie d’apprendre qu’Ashton embrassait des gens. Aussitôt, il relança donc la conversation sur les arrangements, offrant un répit salvateur au « petit tombeur », qui était pour sa part très heureux qu’on l’oubliât. Ce qui n’ôtait rien à l’inconfort déjà acquis — particulièrement quand la seule femme de l’assemblée était à ses côtés. Il lui jeta un regard et précisa, un peu timidement :

— J’suis pas vraiment un tombeur, hein.

C’était un pieux mensonge. En tout cas, il ne le faisait pas forcément exprès.

— Enfin, j’veux dire, j’suis désolé. Ils sont parfois un peu… lourds.

Il haussa les épaules et conclut :

— Des garçons, quoi.
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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyMar 30 Juil - 13:40

Some beer and discovered


L’éducation s’ajoute aux conventions sociales. Comme le fait de respecter son prochain. La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Mon droit de fumer s’arrête en général là où je rencontre des non-fumeurs, il y en a encore, et c’est honorable. Nous sommes tous jeunes et cons à un moment de notre vie. Je ne suis pas sûre d’en avoir terminé avec cette période, toujours est-il qu’il me reste mes habitudes de fumeuses des débuts de celle-ci. On ne peut pas dire que je sois la femme modèle, bien au contraire. Trop empreinte pour ça d’habitudes masculines de fond de bar ou de comptoir comme on les remarques maintenant avec le groupe.

J’aime ces ambiances chaudes. Ces ambiances de fin de soirée, de pression et de tension qui retombe. Le concert s’est bien passé, après l’effort le réconfort. Je ne pourrais pas justifier du fait qu’ils soient aussi frais qu’au commencement. Disons que certaines choses circulent. Rien de bien méchant à ma connaissance concernant ce groupe. Quelques joints, un peu de tequila, de la bière. Presque que du bio !

J’étais partie pour m’offrir une cigarette mais mon voisin ne fume pas, loin de moi l’envie de l’enfumer de ma substance presque illicite aux vues des interdictions qu’on trouve un peu partout dans le pays. Il m’offre cependant le droit d’en allumer une. Le bar est certes enfumé, mais ce n’est sans doute pas une raison pour déranger mon voisin. Je ne me fais pas prier et libère une flamme d’un briquet traînant sur la table. Ces soirées sont celles de l’oubli. Personne ne rentre chez lui sans s’apercevoir de la disparition d’un briquet, d’un paquet de clope ou d’un gadget quelconque.

J’observe l’échange du groupe avec un grand sourire. C’est tout ça qui me plaît, cette ambiance parfois potache, de bons potes, de blagues lourdes, salaces et parfois même très déplacées. Je suis sans doute la seule fille à rester aussi longtemps dans les afters, mais il en faut plus pour me perturber. Leurs discussions sont un peu celles que j’entretenais à l’époque du lycée où je séchais le cours de sport pour aller boire une bière et fumer des clopes volées avec mes potes derrière le stade ou encore sur le parking.

- C’est dommage, tu pourrais.

Etre un tombeur. Sans se mentir, ce garçon est tout de même très agréable à regarder. Un visage fin, un regard expressif, un mystère profond qui donne envie de lui tourner autour. Il aurait de quoi en faire tomber quelques-unes, et apparemment il y en a déjà un de conquis. Il ne faut pas sortir de St Cyr pour remarquer les regards ravageurs qu’il lance comme des fleurs à l’inconnu près de moi.
Le groupe repart dans une discussion qui leur est propre, et l’inconnu en question se charge de s’excuser pour les débordements.

- J’ai l’habitude, et je suis moins délicate que ce que je ne peux paraître.

Je lui souris et me mets même à rire, tirant sur ma clope avant de l’éloigner en posant mon bras sur le dossier, histoire de ne pas l’enfumer gratuitement.

- Je ne pense pas t’avoir déjà croisé dans ce genre de soirées. En tout cas pas ici. Musicos, toi aussi ?

J’adore rencontrer du monde, je suis très éclectique dans mes rencontres. Monsieur est un tombeur selon le groupe, lui s’en défends. A moi de m’en faire un opinion propre et objective à présent.

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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyMar 30 Juil - 14:26

Tombeur, pas tombeur : c’était une question de point de vue. Objectivement, Ashton était rarement seul en soirée et rarement avec la même personne. Tout aussi objectivement, il était rare qu’il draguât de lui-même et rouler des mécaniques pour impressionner la galerie n’était pas vraiment son genre. C’était peut-être précisément pour cela que les musiciens prenaient un malin plaisir à l’embarrasser : parce qu’ils savaient pertinemment qu’entre les multiples succès de leur ami auprès de la gente féminine comme masculine et le tempérament de celui-ci, il y avait un fossé, presque un paradoxe.

Dont il se chargea d’apporter la preuve en répondant au compliment de l’inconnue par un sourire — pas vraiment embarrassé, juste… discret. Comme s’il avait finalement l’habitude d’être l’objet des attentions, un peu tombeur quand même, mais certainement pas le désir d’attirer les regards, pas trop tombeur non plus. Machinalement, il jeta encore un regard au bassiste qui l’observait plus ou moins à la dérobée et lui adressa un sourire aussi — assez pour que l’homme pût continuer à se faire des idées.

Il hocha la tête quand Loïs souligna aimablement qu’il ne fallait pas la prendre pour une petite fleur perdue au milieu d’un univers hostile parce que trop masculin. Message reçu. Ashton glissa à son tour :

— Alors j’suis plus délicat que je ne le parais, sans doute.

Lui, il ne se sentait pas toujours très à l’aise dans les atmosphères trop masculines. En tout cas quand la conversation se rapprochait de trop près de la sexualité parce que, inévitablement, bien entendu, ça finissait par lui retomber dessus. Il y avait toujours au moins quelqu’un qui avait vu un film ou qui savait, tout simplement, et alors on le mettait en demeure d’abreuver l’auditoire de détails censément croustillants sur sa folle vie sexuelle — Ashton préférait encore être noyé sous les détails techniques des arrangements de basse, auxquels il ne comprenait rien.

Parce qu’il ne comprenait pas grand-chose. Il secoua la tête.

— Musicos, pas vraiment. À peine si je sais aligner trois notes sur un synthé.

Il n’avait jamais eu de cours de musique : ce n’était pas dans son école publique de Liverpool qu’il y aurait le budget pour une pareille éducation. Et ses parents ne pouvaient certes pas s’offrir un professeur particulier, un billet pour le conservatoire ou des rudiments de solfège. Le Britannique haussa les épaules.

— Simple amateur. J’aime bien la musique. J’aime bien l’ambiance, aussi.

Ce qui n’expliquait certes pas comment il pouvait se retrouver à l’after et pourquoi les musiciens l’appelaient par son prénom. Par un simple amateur, il avait des liens plutôt étroits avec la communauté.

— Puis, je sais pas, de temps en temps, je donne un coup de main, si je peux.

C’était un doux euphémisme. Ashton connaissait du monde, beaucoup du monde : il avait le contact facile et se faisait une spécialité de mettre les gens en relations. Il connaissait les salles qu’on pouvait louer, ceux qui étaient prêts à donner un coup de main, les graphistes qui pouvaient faire des affiches pour pas cher et s’il fallait passer des heures à mettre des gens en contact ou négocier un ou deux pris, il ne rechignait pas à sa tache. Ça et quelques solides notions d’électronique l’avaient amené à côtoyer de près certains groupes.

— J’m’appelle Ashton, au fait.

Puis il posa une question très anglo-saxonne :

— Tu viens d’où aux États-Unis ? Je reconnais pas l’accent.

Il fallait dire qu’en dehors de la côte Est, il n’était pas très versé en dialectologie américaine.
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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyMar 30 Juil - 15:08


Some beer and discovered


Voyez-vous ça, monsieur fait dans l’humour ! Je ne suis pas contre ce genre d’échange. Des joutes verbales visant à se découvrir l’un et l’autre dans la douce épreuve qu’est celle du premier échange. Certaines vies se jouent sur ces échanges. Il suffit d’une seconde, d’un mouvement, d’un détail pour faire basculer la vie d’une personne. C’est l’effet papillon. Les faits s’emboitent et forment un tour, qui crée le hasard. Hasard calculé ou non. Il faudrait me reposer la question après un joint chargé, je vous répondrais avec la plus grande lucidité sans doute.

Les apparences ne sont-elles pas le fondement des nuits parisiennes ? Du milieu de la nuit tout simplement ? Je sais que si, pour avoir assez pratiqué le milieu et pour le pratiquer encore. J’ai été élevée dans ce milieu. J’en connais tous les retours, les risques, et ce qui pousse un être à agir comme il le fait. La nuit, tout est permis, les limites sont moindre, il n’y a plus vraiment de justice, ni même de code d’honneur. La nuit tout se révèle.

- Les amateurs sont ce que les musiciens préfèrent.

Ainsi, pas de raison de se voir jugés, dévoilé, ils se content d’apprécier la musique et de donner un avis extérieur sans pour autant apporter leur touche de « génie ». Je joue aussi un peu, mais me contente de faire ce que je fais de mieux, laisser faire les professionnels. J’ai une connaissance accrue du matériel, des différents mouvements artistiques reliés à chaque époque, mais ne me demandez pas d’apporter quelconque touche artistique, je laisse ça à ceux qui s’y connaissent vraiment. Ces mecs là n’ont que la musique dans leur vie !

Mon inconnu se présenta, il est agréable, considère son interlocuteur malgré le fait qu’il ait une touche non pas potentielle mais évidente avec le batteur. C’est limite s’il ne serait pas prêt à vendre sa mère pour un rencard avec celui qui me fait face.

- Loïs. Comme dans Superman…

Non je préfère devancer la vanne, vue que je l’essuie depuis la nuit des temps… les enfants sont cruels et manquent d’imagination, j’ai pu le remarquer à plusieurs reprises durant mes jeunes années. Je ne dis pas que mon prénom est un fardeau, disons que ça me donne une touche d’originalité que je persiste à chercher pour me démarquer de la foule.

- Amateur et observateur, tu te révèles.

En réponse à sa question sur mon accent. Je souris, il m’intéresse, il me plaît presque. J’aime ce genre d’échange mystérieux qui ne mènent en apparence à rien alors que chaque geste, chaque parole équivaut à une révélation.

- Las Vegas, Nevada. Mais le tient trahis celui des Beatles. Grande Bretagne ?

Je reconnais assez bien les différentes nationalités que je peux rencontrer à présent. Etre exilé ouvre les portes des autres exilés, et finalement ces soirées ne ressemblent qu’à un immense Melting Pot comme on pourrait les retrouver ailleurs dans le monde.

- Tu fais quoi sur Paris ?

Son raclement de gorge trahis une certaine gêne. Mettre les pieds dans le plat est un peu mon activité de prédilection. Loïs Kesler n’est jamais loin d’une argumentation de trop.

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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyMar 30 Juil - 15:32

L’allusion à Superman ne parut pas évoquer grand-chose à Ashton. Enfin, Superman, en gros, il voyait de qui il s’agissait, mais il n’avait grandi ni avec la série télévisée, ni avec les comics, alors de là à connaître Mademoiselle Lane. Comme à son habitude lorsqu’il était confronté à son ignorance, Ashton se contenta d’adopter un silence prudent : il ne manquerait plus que tout le monde se rendît compte que sa culture générale était un vaste gruyère. Même la culture populaire le complexait.

Il secoua la tête quand Loïs le complimenta sur son sens de l’observation et se déroba par une boutade :

— Il faut être américaine pour mâcher ces mots comme ça.

Ça, c’était certain : rien à voir avec son accent typiquement britannique. Il hocha la tête et précisa à son tour :

— Liverpool.

Ce qui faisait certes moins rêver que les palaces flamboyants et les casinos de Vegas. Ashton s’était toujours demandé ce à quoi ressemblait la ville, la vraie, loin des images de télévision, la ville des employés de supermarché de Las Vegas, des plombiers et des écoles élémentaires. L’idée de se trouver au milieu d’un désert et tout à la fois au centre de l’attention était un peu singulière. Sa curiosité allait l’entraîner à poser quelques questions sur le sujet, puisqu’il tenait une locale sous la main, mais la locale en question le devança avec la question interdite.

Heureusement, Ashton avait l’habitude : il avait déjà des histoires toutes prêtes pour rendre sa vie professionnelle tout à fait mensongère mais tout à fait respectable.

— Je suis s…

L’un des types qui suivaient assidument le groupe et qui servait, plus ou moins, de régisseur, attiré par la conversation, vint s’installer sans ménagement entre eux et passa un bras autour des épaules d’Ashton.

— J’entends qu’on parle du métier du petit tombeur.

Ashton se dégagea du bras et murmura :

— T’as pas une bière qui t’attend quelque part, Marc ?

Déjà, quelques regards commençaient à se poser sur eux. Marc secoua la tête.

— Toutes les bières du monde valent pas ton métier, Ash.
— On essayait de discuter, là, en fait…
— J’t’accorde qu’il doit falloir une sacrée dose d’énergie. Tu fais ça combien de fois par jour ?

Ashton promena un regard suppliant sur l’insistance et le chanteur de groupe entreprit de voler à sa rescousse.

— Marc, sois pas lourd, laisse-le tranquille.

Mais Marc était un peu trop aviné pour être accessible aux voix de la raison. Il se pencha vers Loïs et, sur le ton de la confidence alcoolisée, proposa :

— J’te prêterai son dernier. Attends que je me souvienne du titre…

Le très pacifique Ashton était à deux doigts de fendre le crâne de Marc d’un coup de bouteille de coca. D’un ton glacial, il murmura :

— Franchement, Marc, dégage ou je…
— … La Verge du Maître.

Silence consterné dans les rangs. Décidément très serviable, Marc décida d’expliquer à l’Américaine le jeu de mots dans ce titre spirituel.

— Parce que tu vois, verge, c’t’un bâton de bois, mais en français, c’t’aussi…

Le chanteur du groupe se leva, attrapa Marc par le col.

— Viens, Marc. La demoiselle a compris et toi, tu vas aller te rafraîchir un peu.
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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyMar 30 Juil - 16:32

Some beer and discovered


L’accent du Sud est le pire qui soit, on nous rappelle souvent qu’étant autrement natif que de la côte, il est difficile pour certain de nous comprendre. Dans mon propre pays, mon accent ne passe pas inaperçu alors je vous laisse imaginer en France… Ici leur accent est pointu, le plus pointu qui soit, surtout sur Paris. Je n’ai encore jamais été dans le Sud de la France, mais il paraît qu’il y fait bon vivre. Disons que ce qui me manque sur la capitale, ce serait le climat estival. Les nuits sont fraîches dans le Nevada, mais les journées sont atrocement chaudes. Quoi que certaines nuits sont réchauffées par l’ambiance de Vegas… Ce qui se passe à Vegas reste à Vegas, c’est bien connu, et tant mieux pour la plupart.

- C’est bien la preuve que tu n’as jamais été en Louisiane Razz

Arquant un sourire amusé avant de vider ma bière de quelques gorgées. S’il trouve mon accent marqué, attendez de voir à quoi ressemble celui d’un Texan ou bien d’un natif de Bâton Rouge ! Ce n’est pas la même histoire, c’est même presque impossible de les suivre tant leur accent est présent et les expressions nouvelles.
Au pays des cowboys, on ne cherche pas à se démarquer, au contraire, plus ça file droit, mieux ça vaut pour nous, et faire partie de l’effet de masse n’est pour une fois pas un mal.

Je le sens gêné au moment de me révéler l’objet de son activité professionnelle. Cependant ça semble beaucoup amuser un certain Marc qui ne manqua pas l’occasion pour le mettre à mal. Un mec bourré est quand même la plupart du temps semblable au dernier des crétins. Je ne dis pas que j’apprécie ce genre de comportement, même si j’y suis souvent confronté de par mon mode de vie. J’évite de me mettre à l’envers tous les soirs, je sais me tenir, un minimum… Disons que je sais aussi et surtout faire la part des choses.
Le monde de la nuit est assez dangereux pour avoir appris à le fréquenter avec précaution. Je ne suis plus une de ces novices qui essaie tout ce qui s’offre à elle comme le premier jour des soldes. La prudence et la méfiance sont la clé. Rencontrer du monde implique aussi le fait de pouvoir tomber sur n’importe qui, et ce n’est pas franchement le but. J’ai assez donné dans les soirées glauques et dans les rendez-vous craignos, surtout à mon arrivée ici.

- Ça… Son dernier ?

Trop de mystère tue le mystère, il faut savoir que ma patience est limité et que je n’ai pas spécialement envie de jouer aux devinettes, encore moins enfoncer cette nouvelle connaissance dans le jeu de son pote pour trouver un quelconque avantage sur la conversation.
En effet, le titre de ce que j’identifierais être un film plus que tout autre chose, à moins que ce ne soit un tableau, est pour le moins équivoque et vendeur.
Mais le dit Marc se perdit d’autant plus dans certaines explications sur la langue française. Je pense la pratiquer assez pour faire la différence. Ça et tout le reste.

- J’ai appris ce qu’était une verge bien avant que ta copine ne sache se servir d’une capote. Tu devrais aller cuver ailleurs… Marc.

Je le connais de certaines soirées, c’est souvent le premier à finir dans cet état. Quel intérêt de boire si on ne tient pas l’alcool ? Profite-il au moins de sa soirée ? Je ne suis pas certaine au final. Alors à quoi bon ?
Une fois mis à l’écart, je sens mon inconnu se refermer sur lui-même. Ashton donc. Typiquement anglais, rien à redire là-dessus. Il a même la pudeur de ses origines.

- Ne te sens pas mal à l’aise pour si peu. J’aurais pu partir en courant, mais je suis bien trop habituée de ce milieu pour en faire tout un plat comme le feraient tes potes.

Je n’ai pas la moindre envie que cette relation s’arrête une fois les barrières levées. Je fini ma bière avant de la reposer sur ce qui nous sert de table et m’enfonce dans mon siège en tirant une latte sur ma cigarette.

- Ma mère tient une boite d’escort sur Vegas. J’ai appris à voir le vrai visage des gens derrière leur rôle de production.

Bien que je ne sois pas réfractaire au fait de juger de son jeu d’acteur si l’occasion se présentait. Tout ça pour dire que les apparences et les étiquettes, j’ai appris à m’en méfier et surtout à passer au-dessus. En tout cas pour l’opportunité que nous offre cette rencontre, amicale j’entends et c’est sans doute pour ça que je me sens si à l’aise, je trouverais dommage de nous interrompre pour si peu. Il n’a pas cherché à me charmer, c’est sans doute de là que je tire ma confiance.

- On peut aller faire un tour... si tu préfères.

Avant d'avoir à se confronter à un nouvel assaut de Marc.

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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyMar 30 Juil - 18:17

Le silence continua à planer sur le petit groupe pendant quelques secondes, jusqu’à ce qu’un autre des habitués fît un commentaire assassin sur le dernier album d’un groupe de rock néo-zélandais parfaitement inconnu, que tous les autres connaissaient. Aussitôt, une discussion enflammée reprit sur fond de controverse à propos d’un certain type de guitare électrique dont Ashton n’avait jamais entendu parler de toute sa vie. Il les regarda tous — le chanteur qui avait tiré Marc à part, l’amateur qui avait détourné à nouveau la conversation, les autres qui se laissaient volontiers prendre au piège. Un sentiment de reconnaissance l’envahit.

Bien sûr, désormais, il allait avoir un peu de mal à faire croire à Loïs qu’il n’était pas un tombeur et que son unique passion dans la vie n’était pas de mettre la main (pour commencer) sur toutes les filles qui passaient à moins d’un mètre de lui. Être le rôle-titre dans la Verge du Maître ne plaidait pas exactement pour son innocence. Encore heureux que la jeune femme n’eût pas vu la jaquette du DVD — ni le film en lui-même.

Mais Loïs n’était décidément pas aussi fragile qu’elle en avait l’air et Ashton comprit rapidement pourquoi. Si elle avait grandi plus ou moins près d’une boîte d’escorts, il ne devait pas être le premier acteur qu’elle croisait. Entre le strip-tease, l’escort, la prostitution et la pornographie, les voies de communication étaient plus que nombreuses. Rares étaient les acteurs, à l’âge de la production en masse et de la diversification des studios, qui pouvaient vivre de leurs seules performances à l’écran et il fallait avoir une carrière comme Ashton pour dicter ses conditions — surtout lorsque l’on était un homme.

Ashton hocha la tête à la proposition de l’Américaine et les deux jeunes gens se levèrent du canapé, attrapant leurs boissons au passage, pour aller prendre l’air devant le bar, dans l’indifférence générale : ils ne furent suivis par aucun commentaire narquois. Il fallait dire que les guitares néo-zélandaises et les cordes surnuméraires étaient un sujet de conversation beaucoup plus brûlant que les frasques pornographiques d’Ashton.

Le Britannique resta un moment silencieux, en regardant la rue désormais déserte, avant de murmurer, avec une timidité authentique :

— Merci.

Chaque jour, il avait sa dose de commentaires gras, d’insultes à peine voilées et de regards de dégoût et, même s’il avait autour de lui des gens compréhensifs, tous les contrepoints étaient bons à prendre. Le jeune homme avala une gorgée de coca, avant d’expliquer :

— J’ai pas spécialement honte. Enfin… Je sais pas. Juste, j’évite de m’étaler sur le sujet. Les gens sont pas toujours très… Ouverts.

Bel euphémisme.

— La plupart des mecs ont l’impression que j’ai la vie rêvée. Tu sais, c’t’un peu comme les gamins qui jouent au football une fois de temps en temps le dimanche et qui rêvent de passer pro, sans se rendre compte qu’à raison de dix heures par jour, quand le plaisir se transforme en travail, les choses sont tout de suite moins sympas.

Après tout, eux, tout ce qu’ils voyaient, c’était le produit fini : une scène de vingt minutes, c’était vingt minutes. Ils ne s’imaginaient pas les deux heures de tournage, les coupures, les reprises, les caméras à cinq millimètres du corps, l’éclairage aveuglant, les conseils du réalisateur tout au long de l’acte — pas grand chose à voir avec une relation sexuelle véritablement excitante. Ashton avait beaucoup tourné et les acteurs qui faisaient vraiment le métier pour satisfaire des fantasmes, il n’en connaissait pas — pas sur le long terme, en tout cas.

— Et les femmes…

Il haussa les épaules.

— Généralement, elles trouvent ça dégoûtant. Elles te regardent comme si…

Il esquissa un sourire triste avant de murmurer :

— Comme si t’étais sale. Dégénéré.

Ashton fixa sa bouteille de coca. C’était une chose de le penser, c’en était une autre de le dire à haute voix et, d’un coup, le plaisir de l’after lui paraissait un peu gâché. Il haussa de nouveau les épaules et tenta de prendre un air dégagé en concluant :

— Enfin, c’pas très grave, hein.
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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyMar 30 Juil - 19:44

Some beer and discovered


La discussion entre les membres du groupe prit un tournant complètement inattendu. C’est là qu’on remarque qu’un musicien est quand même dans un monde qui lui est propre. Il n’y a qu’un guitariste pur et dur pour se détacher d’une conversation sur le sexe et le porno en vertu d’une autre sur les modèles de guitare les plus légendaires. Pas que le besoin de m’en mêler fut insoutenable, mais un avis féminin n’est-il pas toujours bon à prendre en compte ?

- Evidemment que la Les Paul de Gibson et la Stroadcaster de Finder sont indétrônables, et même par la SG Jason, je te voir venir.

J’ai dit ce que j’avais à dire, me voilà neutre pour le reste de la conversation. J’aime débattre, mais pas dans un milieu aussi hostile Razz Disons que laisser leur engouement artistique parler sera dix fois plus bénéfique que prendre le risque incalculé de s’en mêler. Imaginer deux modèles sur le genre de Paris Hilton se prenant la tête sur un modèle de ceinture bleu azur ou bleu céruléen. C’est un peu la même histoire, même l’intitulé de la question est difficile à saisir…

Nous partîmes prendre l’air, il devient irrespirable ici et il est difficile de s’entendre. Quitte à poursuivre une conversation délicate, autant le faire en milieu moins hostile. Je suis très ouverte d’esprit et je l’ai toujours été. Ma tolérance, je la tiens de mon éducation. Je n’ai pas eu le choix de préférer les riches ou les pauvres, j’ai connu les deux, je n’ai pas tout à fait adhérer aux codes de chacun. Je me suis fait les miens, à présent ça marche plutôt pas mal pour moi.

- Les gens sont cons, ce n’est pas un scoop…

Je sais que je n’ai pas grande estime des hommes en général. Je ne suis pas très douée non plus pour faire la part des choses, toujours est-il que je sais à quel point il a été difficile pour moi de me faire respecter en traînant l’image de la boite de ma mère, située dans l’aile Ouest du manoir que l’on habitait tous les trois, ma mère, mon frère et moi…

- Je connais le principe. Je n’ai jamais conçu le fait qu’on puisse prendre du plaisir à se faire mater 15 h par jour, même pour de la baise.

Je suis un peu crue, mais personnellement il n’aurait pas été possible de faire de mon corps une monnaie d’échange. Le manque de confiance en moi, le manque d’ouverture d’esprit des gens, le monde en général ?

- Je ne te cache pas qu’une femme préfère de loin être celle qu’on désire. Et par elle, j’entends elle seule. Avoir un genre d’exclusivité, une façon de se rassurer sur le fait que ta virilité ne reviendra qu’à elle. Après tout, tu es payé pour faire illusion, comment être sûr que tu sois vraiment sincère ?

Prenons l’exemple de l’actrice. Comment savoir qu’elle pleure pour de vrai ou non ? Je ne dis pas qu’il est à blâmer, au contraire, je prêche simplement pour ma paroisse !

- A moins que tu ais des talents cachés, capables de faire la différence. Le ressenti, c’est pas mal pour séduire une fille.

Comme s’il avait besoin de conseil ! Encore que je pense qu’il ait un souci avec le fait d’avouer tout ça au premier qui passe. Il est mal à l’aise quand ses potes en parlent. Je ne sais pas comment il s’est retrouvé à jouer les acteurs pornos, mais il y a toujours une raison à ce genre de choix. On ne nés pas en rêvant d’être acteur de charme.

- Si ça peut te rassurer, je ne suis pas la seule fille tolérante en ville. Et puis t’es plutôt beau gosse, je ne suis pas sûre que tu ais beaucoup de mal à conclure. Hors tournage j’entends… !

Les gaffes de Loïs Kesler, j’en avais parlé déjà non ? Razz

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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyMar 30 Juil - 22:09

Ashton tendit le bras pour jeter sa bouteille vide dans une poubelle et enfonça les mains dans les poches de sa veste. Il ne parlait pas souvent de son métier et, même après l’avoir fait, il n’était pas sûr d’en être soulagé. Sa politique, d’habitude, consistait à ne pas trop y réfléchir. Il ne trouvait pas la chose déplaisante au jour le jour, alors quel besoin avait-il de s’interroger pendant des heures sur son propre bonheur ? Les gens n’étaient pas heureux, personne n’était heureux. Lui, il survivait, ce n’était pas si mal que cela.

Mais manifestement, Loïs trouvait que « pas si mal que cela », ce n’était pas suffisant. La jeune femme entreprit de lui donner quelques conseils. Certains relevaient de l’évidence, sans doute, mais l’évidence, Ashton ne l’entendait pas souvent. Paradoxalement, un studio de films pornographiques n’était pas vraiment le lieu où les collègues échangeaient des conversations intimes et ses amis à lui restaient en général sur la réserve : la réserve mystérieuse d’Ashton ne le rendait pas toujours très accessible aux confessions et aux avis amicaux.

Ashton laissa échapper un soupir.

— L’exclusivité, c’est peut-être pas mon genre…

Il faut dire que l’affection pour le moins limitée que ses conquêtes, masculines comme féminines, lui avaient jusque là accordée n’était pas très encourageante et n’invitait guère à prendre des engagements. Ashton était un amant exceptionnel, c’était un fait, et c’était généralement pour son physique qu’on venait à lui. Sa conversation, ses sentiments et ses talents cachés n’avaient jamais intéressé grand-monde — essentiellement parce qu’il ne faisait de conquêtes dans la nuit et que toute conversation un peu intime, propre à susciter un intérêt plus sincère, était esquivée.

Le jeune homme haussa les épaules.

— Je sais pas. C’pas comme si c’était mon seul handicap, en fait. Ça complique les choses, c’est sûr, mais…

Il chercha ses mots pendant un moment, puis finit par reprendre la parole d’un temps songeur :

— Y a quelque temps, j’étais avec un gars. Gentil, tu sais. Et puis, mon travail, tout ça, ça ne le dérangeait pas trop. Il était pas forcément ravi que ses copains me reconnaissent dans les films, mais bon. Enfin, bref, ça se passait plutôt bien. Au bout d’un moment, il vivait presque tout le temps chez moi. J’me suis dit : c’est peut-être ma chance. Peut-être que j’ai trouvé le bon.

Un sourire un peu triste s’installa, dans la nuit éclairée par les lampadaires, sur le visage d’Ashton.

— Mais je sais pas, j’ai dû faire des trucs mal, ou manquer des choses, parce que peu à peu, il est devenu distant. Et puis il est parti. Sans vraiment d’explication. Je crois que je l’ennuyais, surtout.

Ashton s’interrompit. Les disputes, il avait l’habitude. Généralement, les hommes ou les femmes qui restaient un peu avec lui partaient dans les éclats de voix. Parce qu’il était trop secret. Trop distant. Parce qu’ils avaient vu par hasard l’un de ses films et qu’entre savoir qu’il il tournait ce genre de choses et le voir pénétrer cinq personnes en un quart d’heure, il y avait une marge qu’ils avaient mal évaluée. Ce genre de choses. Mais le lent refroidissement d’une relation, à l’époque, cela avait été une expérience nouvelle pour lui et particulièrement douloureuse. Il était jeune encore et, sous ses airs calmes et résignés, il en était encore à découvrir la vie — pas de la manière la plus simple qui fût.

Il releva les yeux avec un sourire nerveux.

— J’suis pas très intelligent, en fait. Pas très intéressant.

C’était parfaitement faux, mais Ashton n’avait jamais passé un test de QI et, pour lui, comme pour beaucoup de gens, l’intelligence se mesurait à l’aune de la culture générale et des résultats scolaires. Et l’école, il ne s’y était pas attardé. Avec une profonde amertume, il conclut :

— Je suis doué pour les érections. Voilà. C’est bien pour conclure, mais ça rend pas les conversations palpitantes au petit-déjeuner, le lendemain matin.

Il secoua la tête pour se débarrasser de ces pensées et adopta sa tactique favorite pour éviter d’affronter ses problèmes : prétendre que ce n’était pas grave et changer de sujet.

— Enfin, peu importe. Toi, raconte. Qu’est-ce que tu fais si loin du Nevada ?
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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyMar 30 Juil - 23:28

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L’exclusivité est pour beaucoup, le fondement même d’une relation. Pas pour tout le monde, je vous le confirme, mais une relation sérieuse passe en général par la fidélité. Encore que la fidélité ne peut être prétendue rompue si ça rentre dans le cadre du travail, je crois… Je ne sais pas s’il est possible de faire la différence entre l’amour pur, l’amour physique certes mais avec des sentiments, et le fait de faire l’amour de façon mécanique sur un plateau. Je n’imagine bien sûr pas une relation platonique mais de là à me lancer dans l’industrie du porno, je ne sais pas. Ils doivent y trouver une forme d’art, une façon d’être eux même, d’exulter, je ne sais pas. Ce n’est pas le genre de questions qu’on pose au premier rencard en fait.

- Mais t’y a cru. Ça fait de toi quelqu’un de « normal ». T’aspire à quelque-chose de sérieux, t’as déjà passé une étape.

Combien de mecs ne pensent qu’à la frime, la baise et la picole ? Surtout dans ce milieu. Je dois avouer qu’on m’aurait avoué sa profession avant même de le connaître, je n’aurais pas été capable de faire la part des choses. Je l’aurais catalogué, comme je déteste qu’on le fasse avec moi. Je suis comme les autres en fait, je relativise. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour changer la mentalité des gens à mon égard sans grand succès, je comprends maintenant que le fait de cataloguer rassure, et fait partie du genre humain.

- Personne n’a vraiment le droit de juger de ça tant qu’il ne te connaît pas. Y a des cons partout, ne les laisse pas te dire ce que tu es ou tu n’es pas. Tu es qui tu veux. Point barre.

J’ai appris à me blinder, à inventer qui je suis pour le devenir par la suite. Je ne dis pas que je suis un modèle, toujours est-il que je me suis battue pour être la grande gueuler et la fille en apparence sûre d’elle que je suis aujourd’hui. J’ai la trouille, c’est une chose de sûre, mais je fais avec.

- T’es en train de me dire que tu n’es qu’une machine à bander. Je suis sûre qu’il y a autre chose chez toi qui fais de toi ce mec spécial.

Je me découvre psy, ou coach, mais je n’aime pas spécialement remarquer qu’une industrie aussi noire que je la voie peut détruire à ce point le mental d’une personne. C’est un métier valorisant vu de l’extérieur mais avilissant au fond de soi-même.

- Un coup de tête. J’en avais marre d’être la fille de Lady Heather. Les gens confondent trop facilement escort et prostitution. Alors j’ai tout plaqué pour prendre un nouveau départ, peu importe où du moment que ça ressemblait au bout du monde. Mais je ne suis pas sûre d’avoir bien fait. Je galère.

Les fins de mois difficiles, les galères de logement, de boulot, les doutes, la solitude… Tout ça est assez difficile à gérer. Toujours est-il que je ne renoncerais pas tout de suite. Un jour peut-être !

- Je fais des photos pour me faire un peu d’argent. Ça paye pas des masses mais ça me suffit à sortir la tête de l’eau pour le moment. Le mannequinat, t’as déjà essayé ?

Ce serait peut-être l’occasion de lui faire miroiter autre chose que son univers, il se ferait une idée de ce qu’il peut faire en dehors de ça, à moins que ça ne lui plaise vraiment et dans ce cas, c’est tout à fait respectable.

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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyMer 31 Juil - 15:36

Lui, il était persuadé qu’en dehors de ses performances physiques, exceptionnelles il était vrai, il n’y avait pas grand-chose qui le rendît spécial. Naturellement, comme il ne laissait à personne l’occasion de s’approcher assez de lui pour s’attacher réellement, sa petite théorie ne souffrait guère de contradiction. D’une certaine façon, c’était une solution de facilité : il préférait ruminer son hypothétique médiocrité plutôt que de laisser quelqu’un s’installer dans sa vie et courir le risque de l’abandon, de la tristesse et de la déception.

Mais à ce petit jeu, Ashton était très doué. Il en arrivait à se berner lui-même. Ils avaient changé de sujet de conversation, un peu, et déjà le Britannique renfermait tous ses sentiments dans une boîte, rangeait la boîte dans une étagère et tirait un rideau devant, pour ne plus y penser. C’était comme cela qu’il faisait depuis des années, et ça marchait très bien : ça permettait de passer les jours les uns après les autres, sans grand enthousiasme mais sans grande tristesse. C’était toujours beaucoup mieux que de craquer nerveusement, pas vrai ?

Et en écoutant Loïs évoquer sa propre fuite en avant, loin du Nevada et de Las Vegas, loin de sa famille, en écoutant surtout la jeune femme souligner la difficulté à s’installer dans une ville comme Paris, où rien n’était donné, Ashton était convaincu de sa propre chance. Après tout, il n’avait pas de problème d’argent — il ne roulait pas sur l’or, mais enfin, il vivait confortablement. Il avait un travail stable, même s’il n’était pas très valorisant. Pourquoi diable irait-il se plaindre ?

Quand la jeune femme lui suggéra de faire du mannequinat, Ashton balaya la proposition avec un sourire :

— Bien sûr que non. Il faut être beau pour ça.

Il était parfaitement sincère — à croire qu’il n’y avait pas de miroir dans son appartement. De toute évidence, Ashton était persuadé (ou l’on avait persuadé) n’être qu’un athlète du sexe et strictement rien de plus. Il ne s’arrêta même pas une seconde pour réfléchir sérieusement à cette éventualité et enchaîna tout de suite :

— Si tu veux, si t’as des problèmes pour te loger, j’peux demander à des gens s’ils recherchent pas une colocataire. Des gens réglos. C’est toujours mieux que de chercher au hasard.

Surtout à Paris : les annonces pour les logements pouvaient réserver des surprises désagréables, quand elles n’étaient pas tout simplement sordides et dangereuses. Ashton était plutôt bien tombé mais il ne manquait pas d’amis qui s’étaient vus faire les propositions les plus audacieuses pour une petite chambre au septième étage sans escalier et il imaginait qu’en débarquant des États-Unis, il devait être plus compliqué encore de naviguer entre les offres véritables et les chausse-trappes.

— Sinon, chez moi, y a toujours un peu de place, si un jour t’es entre deux apparts et que t’as besoin.

Ashton avait toujours été très serviable — aider les autres, c’était plus facile que de s’aider soi-même — mais il n’ouvrait pas habituellement les portes de son appartement au petit bonheur la chance. Loïs cependant lui inspirait spontanément confiance : la vertu d’une approche directe et d’un secret éventé dès les premières minutes de la rencontre, sans aucun doute.

— Et puis, bien sûr, y a toujours les p’tits boulots. Serveurs, ce genre de trucs. Avec la saison touristique qui approche, les restos vont chercher des anglophones. Parce que le serveur moyen, j’te raconte pas…

Il vivait immergé dans la langue française depuis assez longtemps, désormais, pour ne plus rencontrer que des difficultés épisodiques dans sa vie quotidienne, mais il se souvenait parfaitement du parcours du combattant à son arrivée : les Français avaient une conception toute personnelle de ce que l’anglais pouvait être et entre ce qu’ils pensaient dire et ce qu’ils disaient vraiment, il y avait souvent une distance considérable propre aux incompréhensions.

— J’connais aussi quelques photographes, remarque.

Il jeta un regard à la jeune femme et s’empressa de préciser :

— Qui ne font pas que des photos… explicites. De la mode aussi. Ou des publicités. J’pourrais me renseigner un peu si tu veux, mais c’est un panier de crabes.

Se renseigner pour elle, bien sûr, pas pour lui. Il la détailla du regard : avec son côté sauvage, il ne doutait pas que Loïs pût conquérir quelques marques et, sans devenir la nouvelle égérie d’un grand couturier, se faire une place sur le marché, le temps de s’ouvrir de nouvelles opportunités.
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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyJeu 1 Aoû - 10:36

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Son manqué de confiance en lui est plus qu’évident à présent. Je ne pensais pas pouvoir trouver une personnalité aussi fragile autour de ces bières. Ces endroits son généralement reservés à des esprits libertaires, voir un peu rebelle et pour ça il faut un minimum de caractère, de confiance en soit, disons qu’il donne bien le change au premier abord, c’est fascinant.

- C’est pour ça que je te le propose.

Souriant légèrement en récupérant son regard par en -dessous. Il n’a pas confiance en lui et j’aimerais l’aider, même si je suis loin, très loin d’être un exemple pour tout avouer. Je ne suis pas du genre à faire les choses à moitié, et si je peux aider une personne qui me touche, comme c’est le cas à présent, étant donné sa fragilité cachée, je le fais.

- J’ai déjà des collocs, on n’a pas vraiment le même rythme de vie, c’est tout. J’ai un toit, j’évite de me plaindre.

Certains sont à la rue, dans des squats, expulsés tous les quatre matins, je refuse ce genre de vie. Ça m’aurait fait rêver il y a quelques années ! Sur les coups de 17 ans, en pleine rébellion, j’aurais rêvé de vivre sous les ponts, mais ça ne marche pas exactement comme ça pour tout avouer.
Etre SDF à Vegas, c’est comme l’être à New-York, c’est faire partie de ces minorités cachées dans les sous terrains que tout le monde connaît mais feint d’ignorer. Ce n’est pas une vie plaisante, être libre à Vegas c’est tout risquer. De jour comme de nuit. La ville est toujours très différente et très animée.

- Je retiens, c’est sympa, merci. Tu vois que t’es pas si sauvage.

Il vient me dire qu’il était plutôt du genre à se mettre en retrait, difficilement en phase avec les codes sociaux, moi je trouve qu’il s’en sort plutôt bien. Ce n’est sans doute pas le genre à faire ce genre de choses, surtout avec une fille rencontrée il y a moins d’une soirée, mais après tout pourquoi pas ?

- Je fais quelques extras les weekends, dans une boite pas très loin de Pigalle. C’est un peu glauque mais ça paye bien.

Disons que pour les heures que je fais, je ne me plains pas. Je n’ai pas à me déshabiller sur scène et je profite de l’ambiance. Je ne dis pas que c’est mon truc, j’ai trop vécu là-dedans pour apprécier, mais ça peut être sympa vu de l’extérieur, avec un peu plus de recul je dirais.

- OK on fait un deal. Si on trouve, tu la fais avec moi cette séance photo. Ensuite tu vois si t’es fait pour ça ou pas. Juste pour te prouver que t’es bon dans ce que tu fais, mais que tu peux aussi être bon ailleurs.

Je lui tends la main pour sceller le deal, ou non. Je le mets au défi, sur moi ça marche très bien, je relève tout sans rechigner, un peu trop même parfois et ça ne me vaut pas que des avantages, il suffit de voir mon casier judiciaire Razz
Dealer pour un pote, c’est fait. Un striptease sauvage sur un bar, c’est fait aussi. Piquer une voiture de police en patrouille et la garer au commissariat, c’est fait… En somme, j’ai vécu ma jeunesse Razz

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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyJeu 1 Aoû - 14:31

Éviter de se plaindre : c’était exactement la politique d’Ashton. Sauf qu’elle ne reposait pas sur des fondements très raisonnables. Au fond de lui, Ashton était un gamin perdu, qui avait réussi à conquérir une certaine sécurité, des habitudes, une stabilité, et qui se trouvait pris au piège d’une vie construite un peu malgré lui, au fil des occasions présentées. Il n’avait pas de diplôme, il n’était pas français, il ne savait pas quoi faire, alors il continuait, jour après jour, à faire la même chose qu’à l’ordinaire. Au moins, pas de mauvaise surprise.

Comme la plupart des gens s’en tenait à son air distant et à son regard un peu froid, ou, dans le pire des cas, à la réputation de dominateur que l’industrie pornographique lui avait construite et qui lui valait son succès sur le marché, personne ne se souciait d’aller creuser derrière cette façade. Pourtant, il avait suffi à Loïs d’un peu de persévérance et, surtout, d’un ton franc et direct, pour révéler un jeune homme bien moins certain de ses choix qu’il ne voulait bien le dire.

Quand l’Américaine lui assura qu’il n’était pas sauvage, Ashton esquissa un sourire un peu timide. Bon. Sur ces bonnes paroles, le sujet était clos, très certainement, et ils allaient pouvoir reprendre une conversation bien moins problématique. Le Britannique croyait s’en tirer à bon compte, mais c’était sans compter sur l’insistance de sa nouvelle protectrice attitrée. Ashton posa un regard incertain dans celui de la jeune femme — il avait décidément beaucoup de mal à s’imaginer sous le feu des projecteurs pour autre chose que ses performances sexuelles.

Finalement, cependant, il serra la main que Loïs lui tendait et murmura :

— D’accord.

Il n’avait toujours pas l’air très convaincu mais, au moins, comme ça, il était prisonnier de la parole donnée, et c’était précisément ce dont il avait besoin : quelque chose qui le forçât à surmonter ses peurs et ses incertitudes pour recommencer à aller de l’avant et cesser de se comporter comme si, à vingt-trois ans, sa vie était réglée pour le reste de ses jours. Il lâcha la main de Loïs et laissa échapper un petit soupir.

— Quand j’étais petit, mon père m’amenait toujours à la caserne des pompiers. Tu sais, pour voir les camions. Les uniformes. Des fois, il y avait des entraînements, ce genre de choses. C’était un truc de mecs, quoi. Pour lui, c’est devenu une espèce de tradition. Je sais pas, il essayait d’éveiller une vocation, en moins. À l’adolescence, on continuait à y aller. Lui pour voir les nouveaux modèles de camions. Moi, pour voir les pompiers se changer. Je me souviens plus trop à quel moment j’ai cessé de vouloir devenir pompier ou astronaute pour me contenter de fantasmer sur les pompiers et les astronautes.

Le Britannique esquissa un peu amer.

— C’qui est ironique, c’est que maintenant, dans les films, j’ai mes petits déguisements. Je peux jouer au pompier. Mais je déteste ça. Jouer la comédie. J’ai du mal à…

Il haussa les épaules.

— Me contenter de la fiction. Du faire semblant. Mon métier est pas forcément désagréable, tu sais. En tout cas, moi, j’ai le bon rôle. Pas forcément en accord avec mon tempérament, avec ce que j’aime faire moi dans un lit, mais, disons, c’est pas… Humiliant. Ou quoi que ce soit. Ça se passe plutôt bien. Je veux dire, souvent, je me dis pas que je fais ça par défaut. Juste que ça marche bien pour moi, que je suis en sécurité. Des studios cleans, des réalisateurs compétents, ce genre de choses. C’est toujours mieux qu’être serveur dans un café, je crois.

C’était qu’il avait un peu peur que Loïs le prît pour un dépressif fini sous prétexte qu’elle l’avait rencontré un soir où l’humeur n’était pas au beau fixe.

— Juste, je crois que je manque de… D’ambition, peut-être. Ou de rêve. Je ne sais pas trop. D’un côté, quand je vois une jolie fille ou un beau garçon acheter des gnocchis au supermarché du coin, je rêve d’être dans leurs bras. Mais de l’autre, j’me dis que la vie que j’ai est pas si mal et que ça sert à rien de jouer si c’est pour tout perdre.

Pourtant, le fait qu’il fût un Britannique de Liverpool en plein Paris prouvait bien qu’il n’était pas nécessairement frileux lorsqu’il s’agissait de prendre des risques.

— Je sais pas, moi. Toi, par exemple, dans l’idéal, tu voudrais faire quoi ? C’est quoi tes projets ? Tes rêves d’avenir ?
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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyJeu 1 Aoû - 18:28

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Une fois sortis du bar, nous marchâmes machinalement tout en poursuivant notre conversation. C’est le genre de choses qui pourrait nous mener au bout de la ville sans même prendre la peine de s’en rendre compte. Il faut avouer qu’en agréable compagnie, on en perd facilement le fil de l’espace-temps. Je dois reconnaître que la compagnie de ce personnage pour le moins atypique est plus qu’agréable. Il y a longtemps que je n’avais pas croisé de personnalité aussi complexe, mais c’est plaisant. J’aime les gens, et leurs revers. Leurs retords aussi, il est parfois difficile de les cerner, mais parvenir à le faire est une belle récompense.
Nous fûmes tellement absorbés par notre conversation que nous ne remarquâmes qu’à peine que nous venions d’atterrir du côté des quais. C’est sans doute mon endroit préféré de Paris. Nous prîmes place sur la berge, observant les lumières parisiennes se refléter dans la Seine, tout en écoutant attentivement son histoire.

- Les pompiers et les astronautes, je note. Personnellement, j’ai toujours eu un penchant pour les mecs qui n’en valaient pas le coup Razz Ou les filles à problème.

On taperait même presque dans la même came ! J’ai toujours eu des mœurs très larges, mais je ne me suis jamais posé la question de savoir par quoi je devais ou ne devais pas être attirée. Ce que je dois reconnaître à mon éducation est d’avoir été très libre de mes choix, et d’être qui je voulais.
On pourrait trouver une séance photo à son goût. Que dirait-il d’un trip pomper ou astronaute ? On peut faire tout et n’importe quoi sur un shooting pour peu d’avoir un peu d’imagination.

- Tu n’as connu que ça, je me trompe ? C’est peut-être la peur de l’inconnu qui te cantonne à ce que tu fais, bien que tu y sois très doué. Je ne sais pas en fait, je n’ai jamais vu un de tes films, c’est peut-être ça qui me permet d’avoir autant de recul sur toi.

Et je ne trouve aucun point commun entre ce qu’il me dit et le garçon que j’ai face à moi. Pour moi, j’ai un homme asse peu sûr de lui et ayant peur de l’inconnu face à moi. Je ne suis pas du genre à juger les gens mais je trouve sa carapace touchante pour tout avouer. Son personnage lui permet de se rassurer, même s’il doit pouvoir être autre chose.

- Je t’avoue que c’est un milieu assez fermé. Mais rien ne t’empêche de faire autre chose à côté. Tu as bien des passions, un but, un rêve ? Même si tu manques d’ambition… Petit, tu te voyais comment ?

Je pense manquer d’ambition aussi et sa question me laissa coite. Pour tout avouer, je ne m’attendais pas à tomber sur ce genre de question. Mais il joue le jeu de se confier, à moi d’en faire autant. On dit toujours que les conseilleurs ne sont pas les payeurs, je le vois !
Mon regard se perd alors sur la Seine calme et profonde, noire à cette heure de la nuit. Je prends une grande inspiration et rallume une cigarette. Mon visage se ferme, bien malgré moi.

- Je… Je ne sais pas en fait. La seule chose que je voulais en quittant Vegas était me défaire de l’image de ma mère, de son club, de tout ça… Mais je me rends compte que devenir quelqu’un n’est pas si facile que ça au final. Je voudrais… juste me trouver. Trouver ma place, dans ma tête ce serait déjà pas mal.

J’ai toujours eu une grande passion pour la musique et le cinéma. Des connaissances j’en ai plein, le goût, je l’ai aussi, les connaissances un peu moins et la patience pas du tout ! J’ai un tempérament tout feu, tout flamme qui me fait parfois perdre quelques opportunités. Mais aider mes amis reste une vocation, qui ne rapporte pas, il est peut-être temps que je pense à faire quelque chose de ma vie et de mon arrivée sur Paris !

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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyVen 2 Aoû - 16:28

Des penchants, des penchants, Ashton n’irait pas jusque là. Parce que si son expérience dans le domaine sexuel était pour le moins étendue, elle était aussi inversement proportionnelle à son expérience sentimentale. Alors les filles ou les garçons, qu’ils eussent des problèmes ou non, il voulait bien les rencontrer : ce serait un bon début. Séduire les gens à un concert, il pouvait faire, les garder assez longtemps pour les découvrir, c’était, à son humble avis, beaucoup plus compliqué et il se demandait comment les autres s’y prenaient.

Bref, oui, il n’avait connu que cela. Il hocha la tête. Enfin, il avait fait quelques petits boulots, avant de devenir majeur et de pouvoir se lancer dans l’industrie pornographique, mais dans l’ensemble, sa carrière, c’était cela. D’autres en auraient été fiers. Ce n’était pas les succès d’audience qui lui manquaient, ni les récompenses. S’il s’était investi plus à fond dans le star système, il eût déjà émigré aux États-Unis dans la vallée de San Fernando.

Les deux jeunes gens s’arrêtèrent de marcher pour s’accouder aux rambardes des quais et regarder s’écouler la Seine. À la chaleur, c’était à peine si l’on se rendait compte que la nuit était tombé, mais Paris offrait l’un de ses spectacles grandioses : en face d’eux, des bâtiments anciens, qu’Ashton était, comme d’habitude, bien incapable de reconnaître, éclairés par quelques projecteurs, dominaient le fleuve. Ils s’étaient éloignés du quartier fréquenté dans lequel se trouvait le bar et, ce soir-là, les passants commençaient à se faire rares.

Ashton aimait goûter à ce paradoxe : une solitude parisienne. Cela ne durait jamais très longtemps et on ne savait jamais précisément pourquoi, pendant un quart d’heure ou une demi-heure, on ne croisait pas grand-monde. Soudain, on se retrouvait à nouveau dans un grand boulevard et, de jour comme de nuit, c’était la même activité bourdonnante. Un instant, le jeune homme détourna son regard de l’eau pour observer le profil de la fumeuse qui reprenait la parole.

En l’écoutant, il se rendait compte qu’il ne se sentait pas aussi perdu que cela. Son problème était presque exactement inverse : sa vie était toujours déjà trop réglée. Loïs avançait au petit bonheur la chance ; lui, il avait cessé d’avancer. Et finalement, ils en arrivaient tous les deux au même point : à ne pas savoir exactement ce qu’ils désiraient pour leur avenir. Ashton reposa son regard sur l’eau.

D’un air songeur, en regardant le fleuve, Ashton interrogea :

— Tu t’souviens du poème de Keats ? Celui qu’on apprend toujours à l’école ?

Enfin, il supposait que les grands classiques, aux États-Unis et en Grande-Bretagne, n’étaient pas si différents que cela. Il réfléchit une ou deux secondes, mais il ne lui en fallut pas plus pour sortir de sa mémoire rarement mise en défaut les premiers vers que le courant lui évoquait :

— Bright star! would I were steadfast as thou art—
Not in lone splendour hung aloft the night,
And watching, with eternal lids apart,
Like Nature’s patient sleepless Eremite,
The moving waters at their priestlike task
Of pure ablution round earth’s human shores


Parfois, tel était un peu son idéal : regarder, immobile, tranquille, seul, sans inquiétude. Un peu vide, sans doute, mais protégé de tout. Il haussa les épaules et entreprit de répondre plus clairement aux questions de Loïs.

— J’ai toujours été quelqu’un de… calme. Je crois. Enfin, de mon point de vue. Il paraît qu’à l’école, j’étais turbulent. Perturbateur. Mais je me suis jamais senti perturbé. Ennuyé, ça, oui, beaucoup. Parce que le monde est trop… Lent. Fade. J’ai besoin de m’occuper. Mais généralement, je me sens pas angoissé, ou brutal. Ou passionné…

Ashton n’avait pas une seule seconde conscience qu’il décrivait le tableau typique du surdoué en échec scolaire — et ses professeurs, à vrai dire, n’avaient jamais chercher à voir au-delà de l’insolence d’un élève difficile à gérer.

— Mais y a des trucs que j’aime bien, hein. L’informatique, par exemple. Les plantes, aussi. Et hmm… La politique. Pas exactement la politique, mais les lois, les institutions, le droit, ce genre de choses. En fait, j’aime bien les classements, les catégories et les systèmes, je crois.

Il esquissa un sourire désabusé :

— C’est pas très sexy, je suppose.
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MessageSujet: Re: Some beer and discovered (Ashton Weber)   Some beer and discovered (Ashton Weber) EmptyLun 12 Aoû - 23:17

(HJ : Pardon pardon pardon ! Gros soucis de connexion ces derniers temps :S)

Some beer and discovered




- Not in lone splendour hung aloft the night,
And watching, with eternal lids apart…


Voilà que notre conversation tourne à présent autour de la poésie ! Je ne pensais pas que ce garçon aurait tant de ressources, et c’est ce qui me plaît chez lui, sincèrement, ce mystère, ces nombreuses couches que je découvre au fil de la conversation, à chaque pas que nous faisons. Comment se fait-il qu’il ait tant de mal à se trouver des amis ? En tout cas des amis différents de ceux que nous avons croisés tout à l’heure dans le bar. Ce sont ce genre de potes que nous fréquentons tous dans les soirées du genre, les bars à scène ouverte, les petits concerts dans les salles exigües. Tout ça j’en ai l’habitude et j’adore ça, c’est moi, c’est ce que je suis. Bien qu’une conversation un peu profonde de temps en temps ne soit pas désagréable.

- Je n’ai pas appris grand-chose à l’école, mais ma mère nous apprenait beaucoup sur la littérature. Elle en a toujours été passionnée.

Et c’est très étrange quand on voit l’image qu’elle renvoi aujourd’hui. Je ne comprends pas toujours comment elle fait pour paraître aussi différente qu’elle ne l’est. Vendre une image OK, mais à part pour une femme facile et un peu borderline, on ne devine pas une culture grandissante. Remarque, chez moi non plus, en dehors d’une punk camée, on ne distingue pas grand-chose !
Mais j’adorais apprendre de ces moments-là, c’étaient les nôtres, à tous les trois. La famille est une valeur importante à mes yeux, même si ce n’est pas flagrant là tout de suite, surtout en ayant tout quitté pour partir à l’autre bout du monde, me trouver une place.

Ses révélations sur son enfance me font tout de suite penser au schéma classique, l’incompris de base. Je connais ça, encore que je ne puisse pas me venter d’être supérieure aux autres, je n’ai pas une rapidité d’esprit exemplaire, je ne trouve pas le monde fade, il me correspond, même si je cherche avant tout un peu plus de calme et peut-être d’équilibre.

- Et tu n’as jamais eu l’impression de te sentir en avance ? Fait abstraction de ce qu’on a pu te dire. Les « t’es bon à rien », « t’es un cas désespéré », « tu ne feras rien de ta vie à ce train-là… ». T’étais sûrement pas au niveau, mais pas en dessous, plutôt au-dessus.

Je ne suis pas très calée troubles pédopsychiatriques ni même comportement infantile, mais je pense pouvoir dire que s’il ressentait un certain décalage, c’est qu’il n’avait pas grand-chose à faire avec ce genre de personnes.
Il s’inquiéta de son statut de beau gosse et de son sex-appeal en me parlant de ce qui le branchait. J’esquissa un sourire amusé, et le regarde par en-dessous, remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille.

- Je dirais que les classements te rassurent, et je pense qu’on a chacun notre truc pour le faire. Moi j’ai l’habitude faire, défaire, écouter, classer et ranger mes vinyles dans tous les sens. Enfin ça c’était après avoir compris que le shoot que je me trouvais à chaque fois que je me sentais seule ne me servirait pas toute ma vie. Pas très sexy non plus, tu vois…

Nous fûmes rapidement interrompus par mon téléphone. Pour une fois qu’il est en sonnerie ! Etonnant vu l’heure matinale. Il ne doit pas être loin de 6 h du matin, ça se fait en France ça de téléphoner à toutes les heures ?

- Excuse-moi.

C’est le boulot, je ne peux pas refuser, il comprendra sûrement vu son métier. Les artistes n’attendent pas ! Un photographe est considéré comme un artiste, s’il a une idée en tête, il appelle ses pions, c’est comme ça que ça marche, l’inspiration n’est pas à heures fixes… J’en sais quelque-chose.

- Une séance photo, tout à l’heure, dans le 16ème, t’es libre ? Genre… 20 h ?

Le téléphone sur l’épaule, prête à répondre à mon photographe dans la minute, l’ayant fait patienter pour recueillir les disponibilités de mon nouvel acolyte sur ce projet. Il cherchait un couple, je lui propose un couple !

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