Le boulot, j'y avais survécu. Là, c'était le soir. Le vendredi venait d'arriver, et je n'avais qu'une envie : me défouler. Cette semaine différait de la précédente de par le fait que j'avais des envies bien prononcées ; celle de danser. D'habitude, je voulais simplement pécho, me prendre un petit verre de téquila avant de ramener un beau brun chez moi ... Mais ce soir, ce ne serait pas ça, mon objectif principal, oh que non. Il fallait que je bouge pour libérer mon corps de la tension écopée cette semaine ; non, parce que j'avais bien cru que j'allais suffoquer, moi, lorsque l'ascenseur s'était coincé en plein milieu du bâtiment, l'autre jour ... Ce mécanicien de mes deux avait été une grosse larve pour réparer le tout depuis la dernière fois, si vous voulez mon avis. J'y étais déjà allé plusieurs fois, au Queen. Je crois que son nom est dérivé du terme péjoratif "Drag Queen". Non pas que je m'en plaignais. Je débordais de sass, je le savais, et j'en étais même fier. Je porte donc ma veste en cuir, ce soir, avec un jean noir et un tee-shirt gris bien moulant. Il fallait bien que ces abdominaux précieusement forgés servent à quelque chose, après tout. J'étais venu plus tard que l'heure d'ouverture. Minuit deux. Cela peut vous sembler absurde, mais, croyez moi, c'est assez chiant pour entrer passé le cap de Cendrillon. Je m'avance lentement mais surement vers l'entrée, au même rythme que la queue, et, lorsque le tour vient de parler au videur, je souris, légèrement. J'le connais, lui. Gérard. J'me l'étais fait, le mois dernier ... C'était imprévu, d'ailleurs. Un coup improvisé, comme on dit. Bref. Je me retourne alors et je vois une nana, brune, assez belle, je crois ... Et je lui souris, légèrement.