t'es née. ouai fallait bien que tu le sois pour être ici. santa amaro, ton brésil, ta terre natale, ta famille, ta vie. oi, tout simplement.

não chore mais. cette phrase t'a été assimilée dès ta naissance. tu n'as pas pleuré, même pas un seul cri. t'as juste observé ce qu'il se passait autour. bien sûr, tu te souviens de rien. c'est à peine si t'avais la mémoire d'un têtard, mais tout de suite t'a comblé de désire ta mère. elle qui n'avait qu'un garçon, son trésor tu étais. ton frère aussi t'a trouvé pas mal dans le genre, fin' pour lui t'étais moche et toute petite, mais il t'appréciait déjà. et toi aussi. quand tu le voyais, tout de suite tu sortais ton rire de bébé. au contraire de ton père, il n'était pas très présent et tu le sentais, alors il était normal que dans ses bras tu ne sois pas contente. puis au fond il ne savait pas vraiment y faire avec les enfants et il ne le saura jamais au final.


quinze ans le bel âge. tu n'as pas fait partie de ses filles précoces qui sortaient déjà avec les garçons. non ça ne t'intéressait pas, ta famille te suffisait amplement. à cette époque tu passais le plus clair de ton temps entre ta famille et ton école d'art. danseuse, c'est ce que tu voulais être. ton père te l'a concédé, comme pour se faire pardonner de ne jamais être là. tant mieux, t'aimes bien ton école parce qu'en plus d'évoluer dans ta passion, tu te découvres également un talent pour la comédie et t'adores ça. la plupart du temps, tu utilises ton frère comme cobaye, mais ça ne le dérange pas plus que ça, au contraire. et ta mère spectatrice de votre fratrie n'a dieu que pour ses enfants chéris. c'était bien. tout était parfait.
puis ton frère va à paris. il ne reviendra pas. du moins si, mais juste pour te dire au revoir. des adieux déchirants pour ta part. t'étais tellement habitué à l'avoir prêt de toi que ce changement si soudain, fut très brusque pour toi. et comme une mauvaise nouvelle ne vient jamais seule, tes parents t'apprennent qu'ils vont divorcer. t'accuses le coup. il fallait bien que ça arrive un jour où l'autre, mais t'en veux énormément à ton père. son boulot, son absence, lui, tu détestes. de ce divorce, ta mère en tirera beaucoup de sous. ton père quant à lui retourne aux états-unis, il ne te propose même pas de venir, il se contente juste d'alimenter ton compte en banque et de céder à tous tes caprices.

la première année de ton frère à paris, tu ne la vois pas vraiment passé. msn, facebook, skype, vous ne perdez pas vraiment de temps. il te raconte tout, tu lui racontes tout, mais plus le temps passe et vos conversations deviennent de moins en moins fréquente. au téléphone, ça devient juste un { salut, ça va ? rien, ok. bisous. } tu te consoles en te disant que de ton côté tu grandissais tout comme lui et que tu devais lui laisser de l'espace. alors tu t'en es contenté. du moins jusqu'à ce que tu viennes à paris pour t'installer à ses côtés tout en étant dans l'une des meilleures écoles de danse du monde. oui à dix-huit ans, on t'avait donné le choix être dans une école à new-york ou à paris. new-york signifiait être avec ton père et pour tout l'amour que tu portais à la danse, il t'était impossible de vivre avec lui. tu détestes bien trop ton père, le voir lui et son fameux boulot. non merci. puis entre ton père et ton frère, le choix était vite fait. mais, parce que dans ta vie il y a toujours un mais, ce que tu as trouvé à paris ne t'as pas plu du tout. tu as mis du temps pour t'en rendre compte, mais petit à petit ça en devint évident. Tay, c'était juste ton père.

plus que de l'éloignement, dorénavant tu fuis ton frère. toute façon, superstar qu'il est, il ne s'en rendra même pas compte. monsieur est bien trop occupé avec son émission de radio dont en secret tu ne rates pas une miette. toi, de ton côté tu continues dans la voie de la danse, t'es pas sur d'aller loin, mais tu le fais quand même parce qu'à part faire ta capricieuse, ta pute tous les soirs, c'est tout ce que tu sais faire. c'est tout ce que tu as.

actuellement; il est parti. il t'a quitté. t'es là avachi comme une grosse conne sur le parquet avec ce papier dans la main. une lettre parait-il que tu tiens. il dit qu'il t'aime fort, mais que cette ville n'était pas pour lui, qu'il n'avait plus envie d'y être, qu'il t'avait payer le loyer pour un an et qu'il t'aimait encore. ouai, ton con de frère t'a laissé seule et t'as même pas su lui dire au revoir. merde.