Ma main frappa mon réveil. Et comme d'habitude je quittais aussitôt mon lit, retirais mon boxer et me ruais sous ma douche. L'avantage de vivre seul. Aucune contrainte. Je laissais déjà l'eau chaude encrer mon visage. J'étais debout depuis trente secondes seulement. Mon dynamisme était déconcertant et peu apprécié par tous. Mais j'étais ainsi. Peu capable d'épargner la moindre seconde de vie. Peu capable de posséder des regrets si futiles. Je frottais mon visage, ébouriffais mes cheveux, quittais ma chambre, me séchais et me glissais dans un jogging propre. J'attrapais un large t-shirt, une banane, mon sac, enfilais mes chaussures et quittais déjà mon appartement. En dix minutes, j'étais prêt. Efficace vous dites ? Le mot est faible. Je mangeais tandis que je m'aventurais entre les parisiens peu réveillés. Bientôt, j'arrivais auprès du métro et m'y engouffrais après avoir jeté la peau de ce fruit qui allait me servir d'énergie pour la matinée. Je m'installais dans le dernier wagon, et me calais sur la barre du milieu. J'attrapais mes écouteurs, les glissais dans mes oreilles et attendais. Je l'attendais. Jusqu'à ce qu'elle finisse par atterrir devant moi. J'en souriais, discrètement, et la laissais prendre place à mes côtés. J'avais parfois la naïve sensation d'être le seul à être capable de canaliser la folie d'Aelan. Jamais, jamais je n'avais eu de problèmes avec elle. Tout était simple entre nous, ou presque. Je rangeais mon portable lorsque le métro nous déposa au pied du conservatoire. Je m'y engouffrais déjà avec ma coéquipière, ravi de constater que nous étions comme souvent en avance. Alors, monsieur le professeur en carton, tu veux qu'on commence par quoi ? Je posais mon sac au sol, retirais mes baskets et relevais mes hautes chaussettes jusqu'à mes genoux. Je pense qu'une séance d’étirement ne fera pas de mal à ton corps de femme âgée lui répondis-je tout en me glissant sur le sol, déjà prêt à tirer sur mes jambes fatiguées. Enfin, là, tout de suite, j'avais la flemme. Et possédais qu'une unique envie : celle de lui parler, de tout, comme de rien. Celle d'en apprendre davantage sur sa personne. Parce que c'est bien ça qui me plaisait avec Aelan, j'avais beau la connaître depuis genre, toujours, elle possédait encore des secrets que je n'avais pas réussi à atteindre. Me ferais-tu l'honneur de ta présence chez moi ce soir ? J'aimais bien me poser avec elle. Simplement. Devant un film à la con, sans intérêt, mais qui allait tout de même réussir à nous faire rire que deux bons innocents à la con. L'professeur en carton te demande de tirer sur tes jambes marmonnais-je tout en attrapant ses chevilles afin de l'attirer vers moi. Je lui écartais brusquement les cuisses et la regardais, sourire à la con sur le coin des lèvres.

Aelan, et moi. Au pire, de qui d'autre avais-je besoin ? A partir du moment où elle était là, j'avais tout ce don j'avais besoin : sauf de passions sexuelles. Ce n'est pas faute d'en avoir parfois des pulsions. Mais Aelan, jamais, t'entends bien, jamais, je glisserais mes mains le long de ses cuisses afin de l'attirer contre mes reins. Je l'aimais trop d'amour pour ça. Je la respectais trop pour la souiller comme ça. N'allez pas non plus croire que j'étais un vieux dégueulasse : les femmes je ne les baisais pas, je leur faisais l'amour, mais le faire avec Aelan était tout sauf exécutable. Si tu me laisses avoir la plus grande place dans ton lit, y a pas de problème mon chou. Je pinçais mes lèvres, simulant la petite pétasse mécontente. J'oubliais que malgré ton petit gabarit, tu étais celle de nous deux qui prenait le plus de place ... marmonnais-je, un brin dépité. Aelan et son petit cul, occupait autant de plus qu'un mammouth. Quand j'dormais avec elle, ce n'était pas rare que je prenne la sage décision de finir ma nuit dans le canapé, ou contre ses bras. Bien décidé à profiter du temps passé à ses côtés tout en réveillant mon corps, je me rapprochais d'elle lui demande de s'étirer. Elle essaya de me tuer du regard, j'en haussais un sourcil, peu convaincu. J'attrapais ses chevilles, l'attirais vers moi et lui écartais les cuisses. Elle était prête. Tu sais si tu voulais juste avoir une vue sur mon entre-jambe, il suffisait juste de demander. Je rigolais, stupidement. Je n'ai pas besoin d'ça pour aller faire un tour entre tes jambes soufflais-je, ce n'était pas faux. Je pouvais très bien m'invité avec elle sous la douche, ou la prendre par surprise quand elle dormait avec elle. Je n'étais tout simplement pas comme ça, plus poli. En plus, je pense que ça peut s'appeler du harcèlement monsieur l'professeur en carton. Pas le temps de réagir, une plume se jeta contre mon dos. Ses cheveux tombèrent contre mon visage et son odeur s’empara soudainement de mon espace. Je laissais ma tête tomber contre mon visage tandis que je sentais exprimer sa colère par de léger tremblement. Je ne supportais pas cette position. Je ne la supportais pas. C'est pourquoi, doucement, je me redressais. Doucement, je glissais mes bras sur le côté et l'obligeais à tomber à côté de moi. Je reprenais le dossier en étalant mon torse contre son buste. Fier, je souriais, et allais sagement pincer le bout de son nez, puis embrasser son menton. M'fais pas ça, biatch ! Je roulais sur le dos, m'installant alors contre ses jambes. Ma tête tomba sur son ventre et mes paupières se refermèrent toute seule. Oh oui chérie quelle belle idée, masses-moi le crâne ! marmonnais-je tout en allant attraper ses poignets. Je m'amusais déjà à les masser. Tout moi. L'Gabriel, trop tactile. Mais qui avait besoin de ça, pour ressentir, transmettre et éprouver.