Soirée en solo. Déprimant. Toi, Saad Al-Kâtib, le type qui passe ses soirées dehors à te défoncer, t'as rien prévu. Inhabituel. Anormal. Incompréhensible. Pure action de flemme. T'as juste la flemme de prévoir quelque chose. Et apparemment c'est pareil pour bon nombre de tes potes. Aucun appel. Aucun message. C'est ça quand la flemme gagne Paris faut croire. Tu te lèves du canapé et rejoins la cuisine pour te prendre un truc à manger. Tant qu'à faire, autant en profiter pour faire une soirée canapé, chips et gears of war. Ça détend, c'est pas mal. Et c'est quand tu allumes la xbox que le destin en décide autrement. Ton téléphone vibre. Tu lis le message d'Hayat, étonné mais ravi, qui te demande si tu peux la rejoindre au Queen parce qu'elle se sent seule. Parfait. Tu savais que ça marchait et qu'elle finirait par bientôt te tomber dans les bras. Irrésistible. Plan infaillible. Tu vas bientôt la pécho, c'est sûr. Ni une ni deux, tu te lèves et va te fringuer relativement décemment. En moins de dix minutes, ce qui est un exploit en soi, tu te retrouves dans ta voiture en direction de la boîte. T'en as même oublié de lui répondre, alors tu lui dis rapidement que tu seras bientôt là. Pas de soucis. T'y seras en un claquement de doigts. Tu te gares. Passer le barage de videurs : done. Trop simple. Maintenant, la mission va être de la trouver. Plus compliqué, déjà. Bon, première étape : commencer par commander deux verres. Parce que tu te sentirais con d'arriver les mains vides. Deux vodkas commandées, tu tends ta carte bleue pour payer. L'ennuie, c'est qu'il n'y a plus une thune sur ton compte, t'en es bien conscient. T'espères juste que tu n'as pas encore atteint le seuil de découvert autorisé, auquel cas tu te sentirais bien con. Petit instant d'angoisse et.. ça passe ! Soulagement. Tu recupères ta carte, les deux verres et pars à la recherche d'Hayat. Bon, elle ne devrait pas être bien compliquée à repérer. Et après avoir galéré environ deux minutes et t'être trompé trois fois de dos, tu la trouves enfin, assise seule en train de refouler un type sans doute en train de la draguer. C'est là que, fier de toi, tu la salues et lui tends le verre. "Pour me faire pardonner du temps que j'ai mis" tu dis, en la gratifiant d'un sourire beaucoup trop charmeur pour n'être qu'amical. "Tu t'es faite belle dis, avoue qu'c'est pour moi, t'avais prévu ton coup !" que tu dis sur le ton de la plaisanterie. Certes, il y a bien une part de vérité dans le fond, mais tu ne doutes pas du fait qu'elle va rentrer dans ton jeu. Elle le fait toujours. Elle va bientôt finir par craquer. C'est sûr, sinon pourquoi Najia t'encouragerait à foncer ? C'est sa meilleure amie, elle la connaît. Et si Najia t'encourage, c'est que tu peux l'avoir dans la poche. Ça sera peut-être plus difficile que les autres, mais ça rendra le jeu d'autant plus intéressant et le trophée d'autant plus savoureux. Nouveau sourire.

Le Queen. Ça fait un petit moment que tu n’y as pas mis les pieds. Sans raison particulière. T’aimes bien cette boîte. Mais peut-être est-ce simplement parce que t’as une légère préférence pour les soirées organisées chez tes potes. Exception pour ce soir, aucune soirée de prévue. Et une demande d’Hayat de la rejoindre au Queen. Parfait. Sortir et la voir, le tout combiné en une soirée, pour ton plus grand plaisir. Une soirée qui promet d’être amusante, si ce n’est pas mouvementée. Arrivé aux côtés d’Hayat, tu tentes de te faire pardonner par un verre d’alcool. Ou si ça se trouve, tu tentes de la saouler. Qui sait ? « t’aurais pas dû, j’aime même pas vu le temps passé. et puis c’était à moi de t’offrir quelque chose vu que t’ai fait déplacer. » Elle te sourit, tu l’as presque dans la poche, c’est sûr. T’en fais de même et tu hausses les épaules. Tu ne vas pas la laisser te payer à boire non plus. Et si elle savait à quel point te demander de la rejoindre t’avait fait plaisir, elle n’aurait pas dit ça. Tu l’observes de haut en bas. Pas d’un regard déplacé, d’un regard curieux, admiratif. Elle est belle, ouais. Bien habillée, bien coiffée, bien maquillée. Elle te plaît, c’est indéniable. Mais même habillée simplement, comme quand Najia la ramène à l’appartement, elle te plaît. Elle se rapproche de toi, ton sourire ne peut pas s’empêcher de grandir. Elle rentre dans ton jeu, comme toujours. Et toi, tu ne te doutes même pas qu’elle n’a strictement aucune arrière pensée. Pas comme toi. « tu m’as percée à jour, je me confesse. tout ça c’était pour toi, saad, vu que je n’arrête pas de penser à toi une seule seconde, tu hantes mes jours, et surtout mes nuits. » Tu te rapproches un peu d’elle, et elle éclate de rire. Son rire enfantin, cristallin, envoûtant. Et communicatif. Tu te mets à rire toi aussi, subitement. Sans réelle raison apparente. Mais son rire te fait rire. C’est comme ça, tu n’y peux rien, après tout. Votre proximité dure, mais pas assez longtemps à ton goût. Elle s’éloigne brusquement, et ça a le don de stopper net ton rire. Tu l’observes. Un peu comme un lion qui observe chacun des faits et gestes de sa proie. C’est un peu ça, après tout. Hayat est ta proie. Et tu comptes bien réussir à l’attraper entre tes pattes. Stratégiquement. Il te suffit de gagner sa confiance, et tu en feras ce que tu en voudras. Et tu es certain d’être très près du but. Oui, très, très près du but. Alors qu’elle se met à boire doucement son verre, tu remarques qu’elle tousse, comme si elle n’avait jamais bu vodka de sa vie, et tu ne peux pas t’empêcher d’afficher un sourire un peu moqueur qu’elle remarque. « te moque pas, je bois pas ce genre de choses habituellement. je suis pas certaine que l’alcool et moi, on fasse très bon ménage. » Oh, serait-ce là un aveu ? Finalement, ce sera sûrement plus facile pour toi encore de la saouler, si tel est ton but. Tu portes ton verre à tes lèvres, ton sourire encore et toujours scotché à tes lèvres. "Les habitudes, ça se change, tu sais.." Oui, tout se change. Tu peux peut-être l’habituer à l’alcool. La vodka aime tout le monde, ce sont les gens qui n’aiment pas la vodka. Alors tu n’as qu’à faire en sorte qu’elle, aime la vodka. Elles pourraient être de grandes copines. Peut-être pas dès ce soir, mais ça pourrait venir après tout. Tu finis d’une traite le reste de ton verre, comme pour te donner du courage dont tu n’as pas réellement besoin, que tu poses ensuite sur le comptoir du bar. Et tu t’approches furtivement d’Hayat pour te poster derrière son dos. "Finis ton verre, on va danser !"

ton esprit est à l’amusement, tu veux juste t’éclater, ne plus penser, te déchirer, et puis même pourquoi pas danser. autant tout tenter. tout faire. tout, et n’importe quoi, tant que tes pensées sont ailleurs, tant que tu ne réfléchis plus. mais ta mission, avant tout, est d’entraîner hayat à en faire de même. hayat, qui pourrait s’éclater davantage si elle se laissait aller un peu plus souvent, si elle se perdait dans ses sentiments et ses désirs. hayat, que tu as décidé d’aider. hayat, qui te plaît. « t'as pas tord, mais pour cela, faudrait que 1. je sois d'accord pour cela et que 2. quelqu'un m'aide à changer ce genre d'habitudes. après j'suis pas certaine que ma famille voit ça d'un très bon oeil. » tu ris franchement et jette un regard lascif dans sa direction. "moi je peux t’aider, et, t’es majeure, pas vrai ? alors ta famille n’a pas à être au courant.. reste à voir si tu en as envie" léger sourire. non, sa famille n’a pas à être au courant de quoi que ce soit. peut-être sera-t-il également de mise de l’aider à faire ce dont elle a envie et non ce que ses parents l’autorisent à faire. il semble que le chemin pour réussir à ce qu’elle se laisse aller sera long et non sans peine. mais au moins, il en vaudra la peine. à commencer par l’entraîner avec toi pour danser, ce dont elle semble ravie. avec un verre dans le sang, la frénésie engendrée par vos corps en mouvement ne fait que s’accentuer. vos hanches se frôlent dangereusement, entraînées avec excitation par la musique qui s’infiltre dans vos veines. la danse se veut lascive et décadente. tes mains sur ses hanches la rapprochent toujours un peu plus près de toi. ton souffle chaud tape abruptement sa nuque, sur laquelle tu déposerais bien quelques baisers si tu ne cherchais pas à réfréner tes envies. elle se tourne face à toi. ses doigts contre ton torse, vos lèvres si proches, l’exaltation s’empare de toi. désormais, plus rien n’importe. l’impression que plus personne ne se trouve autour de vous s’ancre dans ton esprit. tu te laisses emporter par ses mouvements, tu suis chacun de ses pas, attiré comme un aimant contre elle. ton visage se rapproche de son cou, inhalant savoureusement son parfum, découvrant chaque parcelle de sa peau du bout de tes lèvres, doucement, sans jamais rien brusquer. mais la fin de la chanson s’annonce peu à peu, te coupant dans ton excitation. tu refuses pourtant de la lâcher. tu ne veux pas que cette danse s’arrête. tu en veux une autre. encore, et encore. sans jamais s’arrêter. que cet instant dure une éternité. que vos corps ne se détachent plus. le dj se met à parler, perçant la bulle dans laquelle vous vous trouviez. ton réveil est brutal. tu es perdu, comme un enfant qui se réveille dans son lit en s’étant endormi au canapé. où es-tu ? que s’est-il passé ? tu ne sais pas combien de temps cette danse a bien pu durer. était-ce cinq minutes ? dix ? vingt ? trente ? tu n’en as strictement aucune idée. tu t’en fiches, à vrai dire. tu plonges ton regard dans le sien. un sourire se dessine sur tes lèvres. mais le silence persiste. d’habitude bavard, tu ne sais plus quoi dire. tu te tais. tu te contentes de sourire. bêtement.