Haley sortie de son cours plus énervée que jamais, elle s’était une fois de plus pris la tête avec son professeur de droit. Elle avait rendu son devoir dans les parfaits délais et pourtant, monsieur Martins avait affirmé qu’il n’avait jamais reçu ce travail. Ca n’était pas la première fois qu’il perdait un de ses devoirs, comme s’il y prenait un malin plaisir. La plus ennuyant était qu’il n’accordait sa lecture qu’au devoir écrits à la main, Haley ni aucun autre élève ne possédaient donc de copies.

La jeune femme claqua la porte avec la ferme intention d’aller dès le lendemain chez le doyen pour lui exposer les faits.

En attendant, elle avait une pause de deux heures avant son prochain cours. Haley avait surtout envie de rester seule pour le moment, ça n’était pas une grande solitaire mais lorsque celle-ci était énervée il ne fallait mieux pas se retrouver à ses côtés.

La jolie blonde n’avait envie que d’une chose à cette instant, un McDo, oui cela peut paraître banal, mais en même temps qui ne rêve pas d’un bon hamburger remplie de sauce qui vous fera prendre 5 kilos d’un coup, toutes les dix secondes ?

En moins de quinze minutes, elle se retrouva garer devant l’un des restaurant fast-food les plus connu au monde. Merci papa et maman, pour la Mini Cooper fraîchement offerte. Apparemment il trouvait que la jeune femme ne pouvait pas rester plus de deux ans avec la même voiture.

La file était énorme, mais Haley s’y était préparée, si ses parents savaient qu’elle venait régulièrement dans ce genre d’endroit, ils en seraient...outrés. Ce qu’ils étaient les trois quarts du temps. Ils n’aimaient pas non plus se «mélanger » avec les gens de la société moyenne, c’est pour cela qu’il recherchait le mari idéal à tous prix, enfin pour eux. Il devait être beau, très riche et ayant fait de grandes études, le reste peu importe. Mary et John n’en avait rien à faire non plus des désirs de leur fille.

Haley se plaça dans la file, de là où elle était, elle n’arrivait même pas à apercevoir le serveur, autant dire qu’avant qu’elle soit servie ça allait prendre pas mal de temps. Elle soupira tout en regardant la famille juste devant elle, le genre de personnes tout à fait exécrables et qui allait surement mettre des plombes à commander.

La fraicheur environnante avait commencé à s'étendre aux plaines Parisiennes. D'après les différents bulletins météorologiques de notre chère et tendre Catherine Laborde, présentatrice groupie cinquantenaire du groupe Bouygues Télécoms, oui, notre cher Martin était également le patron de cette chaine typiquement française où l'on bourre les pauvres cerveaux de filles à deux balles avec des Secret Story, des émissions stupides où il fallait deviner le prix d'un bidon de semoule, d'une boite de purée à mélanger. Oui, c'était véritablement dégueulasse. En sachant que des gens n'avaient rien à bouffer, en sachant qu'ici même, à Paris, des sans domiciles fixes n'avaient rien à se mettre sous la dent, on gâchait de la nourriture pour que des pauvres beaufs puissent se vanter d'avoir gagné des centaines de milliers d'euros de cadeaux. Au mon Dieu, le Juste Prix venait de débuter... Honteux, honteux. Cela révoltait bien le jeune rouquin qui roulait au volant de son scooter, slalomant entre les automobilistes matinaux comme si il évitait des centaines de petites bactéries extrêmement dangereuses pour sa pauvre et idiote santé.

Matthias fuyait bien rapidement le trafic paranoïaque des périphéries. Il vivait dans un petit coin de Paris, ni une banlieue trop pauvre -il ne fréquentait pas les cités- ni un endroit trop riche, c'était plutôt le contraire... Il vivait dans un petit quartier où ses parents, deux anciens ouvriers en usine avaient pu lui payer un petit logement d'étudiant, dilapidant les économies de toute une vie. Ces deux personnages avaient donné leur vie pour que Matthias puisse vivre la sienne correctement. Ils vivaient maintenant dans un tout petit HLM mais ils affichaient toujours un grand sourire, parce qu'ils étaient heureux que Matthias, le gosse de la famille soit entrain de réussir ses études de littérature à la Sorbonne. Saloperie de surdoué ! Sa préparation littéraire ? Elle était magnifiquement bonne ! Oui, il était un type vraiment doué dans son cursus, les professeurs étaient tous d'accords sur ce point : ils sont géniaux, ces petits riches. A un détail près, Matthias n'est pas le stéréotype de cet infect gosse de riche, il n'a pas une cuillère en or dans la bouche et un manche à balais en argent dans les fesses. Non, lui ce qu'il a, c'est les yeux pour pleurer, et son cerveau, pour endurer les moqueries subites.

Les autres étudiants ? De véritables ordures. A le rabaisser parce qu'il doit se salir les mains, à se moquer parce qu'il n'a pas de Ferrari ou parce qu'il n'a pas les derniers portables à la mode dés le jour de sa sortie. Putain de vie. Salope de société ! Matthias fulmine tout seul sur son scooter, en prenant de la distance, il passe par de petites artères commerçantes. Tout est plutôt sympathique dans le coin, les gens sortent leurs poubelles, des asticots bouffent les restes. Il arrive devant le MacDo par derrière. Il est déjà en uniforme, il le termine par se visser une putain de casquette avec un "M" majuscule en tissu brodé. Il salue ses collègues en entrant par la petite porte, ça pue la frite, maman ! Il tourne au coin et se met directement dans le bain du service. On lui demande d'ouvrir directement une nouvelle caisse, trop de peuple. Sans conviction, il se dirige vers un ordinateur et gueule, pour couvrir le brouaha ambiant à une fille, le style BCBG insatisfaite, une bourge... Logique.

-Miss, la caisse vient d'ouvrir, si vous souhaitez aller plus vite pour s’empiffrer ! Allez, venez gouter à mon hamburger, c'est le meilleur !

La première fois qu’elle avait mis les pieds dans un McDonald datait de ses treize ans, jour ou toute sa classe avait éclaté de rire en ayant appris qu’elle ne connaissait aucun des restaurants de la sorte. Quick, KFC, Pizza Hut, certes Haley savait plus au moins de quoi il s’agissait mais de très loin, ce n’était pas le genre de ses parents à aller dans ces snack de restauration rapide, plutôt mourir.

Ca n’était pas la seule chose que la jeune femme avait loupé dans son enfance, à cause de son statut et surtout du nombre de billet que contenait le portefeuille de ses parents, elle n’avait pas eu droit à certaines choses qui étaient accordées à la société de « basse » classe.

Haley avait toujours rêvé jouer dans une pleine de jeu en compagnie d’autres enfants de son âge, lorsqu’elle avait fait part de son désir à ses parents, ils avaient ris. Le lendemain, bonne ou plutôt mauvaise surprise, sa salle de jeux – qui faisait la taille d’un gymnase – était dès à présent munis d’une petite pleine de jeu personnelle : toboggan, ponts, filets, balançoire ; tout ce dont le moindre gamin souhaiterait, mais pas Haley ce qu’elle voulait c’était ne plus être seule, surtout.


La file vers la caisse semblait interminable, ça n’avançait pas, comme si aucun n’employé ne s’occupait des clients, or il y en avait bien un, une plutôt. Brune aux cheveux courts, une trentaine d’années tout au plus, le genre de vieille fille qui devait posséder un journal intime et habiter dans un petit studio accompagnée de deux chats. Bref, l’heure n’était pas à la critique d’une pauvre paumée mais à l’attente d’un bon hamburger.

Un jeune homme se plaça à la caisse d’à côté, lui priant de passer chez lui. Pendant qu’il ventait les mérites de ses sandwich, Haley eut tout le temps de l’observer, ça n’était pas le sosie de Johnny Depp, mais il avait un charme fou. Quelque chose dans son sourire, son regard qui faisait littéralement fondre la jeune femme.

« Faites attention, je vous prends au mot ! »

Elle lui sourit tout en gardant son air sur de soi et supérieur qu’elle avait malheureusement hérité de sa mère.

Ca recommencé, encore et encore, alors qu'il était entrain de faire sa propre publicité, parce qu'il était payé à la commission et qu'il devait se payer ses études, l'essence de son scooter, ses deux paquets de cigarettes par jour et les médocs pour sa maladie... Enfin parce qu'il n'était pas véritablement malade, c'est juste qu'il était un peu dérangé, il avait quelque chose de différent que les autres. Ces derniers, dans la plus grande normalité ne voyaient pas ce que lui voyait, ils n'arrivaient pas à entendre les voix que lui pouvait entendre, mais cette fois, c'était bien différent...

Cette fois, il entendait autre chose que des vois, il entendait bien autre chose que de sales perturbations dans sa pauvre tête, c'était les hauts-parleurs du MacDonald's, ces affames caissons peu chers tous achetés dans des magasins hifi pas chers, c'était encore une putain de saloperie pour moutons enragés, c'était de la merde à l'état pure.

Il entendait quelque chose d'encore plus horrible que les voix qui lui ordonnaient d'être quelqu'un d'autre, de faire mal à un salopard d'humain, de fumer de cette substance illicite à la sortie de l'université, de la drogue, de la pure drogue du Mexique. Mon Dieu que c'était bon de s'envoyer un joint ou deux... Il avait entendu pire que ces voix, il entendait... La musique des hauts-parleurs, c'était OZone, ce groupe roumain à deux balles qui ne savaient chanter rien d'autre que de la bêtise en sachet, une incarnation parfaite de l'idiotie américaine. Il avait envie de s'envoyer une clope, de se droguer à mort pour oublier sa vie, ses parents, son frère, crevé dans les jardins de l'enfer, il était mort sans être mort, en fait, il avait été bouffé par un chien, tout cru tout cru comme on dit. Les pieds lacérés, le visage en miettes, le pauvre avait crié quelques longs instants, il avait suffoqué à la mort, puis il était décédé à l'hôpital. C'était une vie infernale, alors on se droguait pour oublier l'horreur. La vie c'était beau ou moche.

-Vous pouvez, vous pouvez. Et ce sera quoi pour la jeune beauté qui s'offre à moi ?

Il fit un sourire. Charme quand tu nous tiens...

Finalement, Haley avait bien fait de prendre un risque en confiant à Matthias le choix de son menu. Malgré sa taille si fine, elle n’aurait aucun de mal à engloutir un maxi menu et un hamburger. La jeune femme n’avait pour ainsi dire jamais fait attention à son poids, elle faisait partie de ses rares mais chanceuses personnes à ne jamais prendre de kilos. Beaucoup de filles l’enviaient à ce sujet, après tout, qui ne rêvait pas de pouvoir manger tout ce qu’il désire sans avoir besoin de se préoccuper de se qu’indiquerait la balance.

Haley n’eut pas le temps de lui répondre qu’il s’attelait déjà à rassembler ce qu’il lui servirait de repas. Son estomac gargouillait, elle était morte faim, évidemment comme à son habitude, elle n’avait pas pris de petit déjeuner. La jolie blonde préférait se lever à peine une demi-heure avant les cours histoire de profiter à fond de son sommeil, pas le temps de manger donc.


Le jeune garçon répondit à sa seconde question, cette fois-ci beaucoup plus personnelle. Elle avait raison, Matthias était à la Sorbonne, en filière littéraire. Haley adorait écrire, mais elle n’avait jamais voulu en faire son métier, elle se trouvait plus douée en droit. Cependant, devenir juge n’était pas complètement SON rêve mais plutôt celui de ses parents.

« Oui, je suis en troisième année de droit. Je compte devenir juge, enfin ça c’est ce que mes parents voudraient.»

Depuis quand Haley Pearl Blake racontait sa vie à un inconnu ? Ca n’était encore jamais arrivé, mais bizarrement elle se sentait à l’aise avec Matthias, elle pouvait être elle-même, pas besoin des bonnes manières et de tout ce qui va avec.

Ce sentiment n’était pas encore arrivé à la jeune femme, elle ne parlait que très rarement aux hommes et c’étaient généralement quelqu’un que ses parents lui avaient présenté. Certes, elle avait certains amis de la gente masculine mais rien avoir avec cette impression qu’elle ressentait auprès de Matthias. Enfin, « auprès », il y avait un comptoir entre les deux jeunes gens et ils se connaissaient à peine depuis cinq minutes. Autant ne pas se faire de faux espoir.

Un bruit sans cesse. Putain, mais ces connards de roumains ne fermeraient jamais leurs pauvres, leurs minces bouches et ainsi faire taire des voix perçantes, trois horreurs cumulées à jamais, un single puant condamnait à flotter, à errer dans des tas de radios et dans les BACS des grandes enseignes sociétaires qui vendaient des merdes à répétition, ils vendaient tous des CDs de moutons, des trucs à la con pour gros connards en manque. Oui, c'était comme cela qu'on voyait la chose, c'était un peu la marque de fabrique de notre bon vieux Matthias.

Le jeune homme adorait par dessus tout flâner dans les couloirs remplis de monde, il aimait fixer les autres, plonger son regard, ses deux opales vertes dans les pales regards des gens. Des personnages qui n'avaient plus aucune individualité, des gens qui n'avaient plus aucune vie que de mener celles des autres. Ils rêvaient tous d'être comme quelqu'un. Ils voulaient tous ressembler à un seul homme, ils voulaient tous être les mêmes, parce que si l'on ne se ressemblait pas, nous n'étions plus dignes de figurer dans les arcanes du pouvoir, dans les signes de quelque chose dont on voulait tous : la vie. Un pauvre sans domicile fixe, une gamine en manque, qui mouillait devant Castaldi entrain d'exhiber des "c'est quoi ?" et des types de la régie à la voix puante entrain de gueuler "La Pub". Ouais, c'était ça le problème, qu'on soit un petite pute, qu'on soit un connard de patron ou un enfoiré de bouddhiste, on voulait simplement vivre correctement. Il fallait vivre, vivre pour s'attacher, vivre pour aimer, et puis, comme une apothéose, comme un dernier coup de grâce d'un Roi Arthur un peu trop sucré, il fallait vivre pour mourir.

C'était un petit modèle de société que ce MacDonald's. Oui, lorsqu'on observait le petit restaurant sans prétentions aucunes, on pouvait voir des gens très divers, du gros américain immigré qui venait s’empiffrer à la petite secrétaire toute menue qui avait décidé de prendre une salade, pensant à sa ligne mais ne sachant pas que les calories étaient encore plus violentes dans les salades. Ouais, c'était peut-être sanglant, mais c'était ainsi. On voyait également des gosses crades, des gosses tous sales, des gosses tous riches, bien vêtus. On voyait des blancs, des noirs, des jaunes, et même des bleus, si j'vous jure, les cadeaux dans le Happy Meal étaient des personnages et accessoires de la saga "AVATAR".

Il la fixa pour enchainer sur sa première question, celle qui venait de le tirer de sa torpeur la plus ultime. Le jeune homme gratta délicatement son bras, puis il fit un petit sourire. Il réfléchit cinq secondes. Il était pas vraiment à l'aise dans ses putains de godasses, dans sa putain de tenue de merde, il était mal, très mal. Il prit la parole, tel un vieux sage à la réflexion aiguisée.

-Je ne pourrais jamais me décider entre le Big Tasty et le CBO, deux merdes en puissance mais au très bon goût. Je vous mets un menu Maxi Best of Tasty et un sandwich CBO en plus ?

Sans attendre de réponse aucune, il tapota sur son espèce d'écran tactile. Il mit rapidement la commande de la jeune femme en préparation. Alors qu'il allait ordonner à ces connards de serveurs de se dépêcher, elle lui posa une question plus personnelle. Faire plus amples connaissances avec cette jeune femme donnait fortement envie.

-Tu as le futur Stephen King devant toi. Je suis à la Sorbonne, dernière année de préparation littéraire ! J'en déduis que tu étudies dans là bas aussi ?

Le plateau était complètement remplie, heureusement que la faim de la jeune femme n’était pas descendue, elle aurait pu effectivement avaler un bœuf. Lyra attrapa une paille, essayant de la caser sur le plateau débordant, elle sourit à la remarque de Matthias.

L’argent, l’argent et toujours l’argent, cela manquait a beaucoup de personnes, pourtant lorsque qu’on en a trop ça devenait banal, envie d’un nouvel ordinateur, on achète, une nouvelle voiture, on achète, une nouvelle entreprise, on achète.

Rien de tout cela ne faisait plus envie à la jeune blonde, elle avait déjà tout ce dont elle avait besoin, et même plus (36 paires de chaussures ne sont pas considérées comme indispensables, et non...).


« Je te donne de l’argent et toi tu me trouves des parents cool ? »

Elle éclata de rire, elle sortit sa carte Visa Gold, celle-ci était tellement remplie qu’elle aurait pu à l’instant même acheter ce McDonald. Les pensées de la sorte lui traversaient souvent l’esprit mais jamais elle n’avait fait des dépenses qui dépassaient trois cents euros et uniquement pour des vêtements. Les ordinateurs, voitures et autres futilités étaient toutes offertes par la maison Blake.

Lyra paya l’addition et se décida enfin à aller s’assoir avant que les personnes derrières elle, ne commencent à l’insulter. Elle agrippa son plateau et fit un dernier signe au jeune rouquin, avant d’aller s’assoir à une table situé au fond de la salle dans un coin.

La jeune femme était abonnée aux places pareilles, solitaire dans l’âme, rien ne lui donnait envie de s’assoir en plein milieu de tous ces abrutis qui braillaient des choses inutiles. Non, mademoiselle Blake préférait sortir un livre de son sac, et lire tout en mangeant un fabuleux hamburger.
C’était ça la belle vie, un bouquin et un truc gras à manger. Lyra ne pouvait s’empêcher de jeter un coup d’œil de temps en temps au serveur. Elle n’était pas intéressée, enfin si peut-être, c’était même fort probable mais la jeune femme savait très bien que Matthias devait se comporter ainsi avec toutes ses clientes, certainement encore un baiseur invétéré qui en pensait qu’à séduire sa prochaine proie.

Matthias n’avait pas l’air de ce genre là, mais de nos jours tellement de garçons se comportaient ainsi qu’il fallait dégoter la perle pour n’avoir pas à faire à l’un d’entre eux.

Ses yeux croisèrent les siens lorsque son téléphone vibra à travers son jeans. Rien d’important juste sa mère, le nouveau sac Gucci l’attendait à la maison. Celui qu’elle portait actuellement ne datait que de deux mois, encore un caprice de la mode, et sa mère était complètement à fond dedans.

Vous savez ce qui est terriblement magique lorsqu'on bosse au MacDonald's ? Non, personne ne sait ? Eh bien, c'est qu'après avoir vu, après avoir senti la frite toute la journée, on ne rêve que d'une chose, enterrer cette merde au fond d'un jardin anti atomique, pour simplement... Oublier l'odeur, oublier le mélange de sauces et de conneries dans le genre qui fleurissent telles des fleurs en boutons dans un printemps de ketchup, de moutarde et de mayonnaise périmée. Vous ne rêvez pas ! Non, non, c'est bien ça, le truc.

Quand on est riche, on aime l'argent... Mais quand on est pauvre ? On apprend à haïr ce système, on apprend que les riches sont mauvais, que les riches gardent tous le fruit d'un travail acharné dans un compte là bas, dans le pays des vaches et du chocolat Milka, la Suisse. On pense que l'argent est dégueulasse, qu'il est toujours issu de mauvaises cultures, que l'argent est une façon de prostituer les gens, de les rendre encore plus cons et sectaires qu'auparavant. Le fric est une sorte de carte Go-pass à Disney. Ceux qui en ont peuvent faire ce qu'ils veulent, et les autres attendent que ça se passe, comme ça, sans rien pouvoir faire, ne pouvant pas agir. Dépités et miséricordieux, pauvre vie de damnés ! Jeunesse décapée.

Matthias avait vécu sa vie Parisienne depuis sa plus tendre enfance. Il avait appris à ne pas aimer les gens et à haïr toutes les formes dignes d'une société. Il avait simplement appris à vivre selon des principes, selon les principes des gens d'en bas, ceux qui devaient compter l'argent à la fin du mois et qui, souvent se rendaient compte qu'ils n'avaient pas de quoi avaler deux pommes de terre, qu'il faudrait encore se battre pour réussir. Et c'est là, qu'intervenait les banques, proposant des prêts, des conneries comme ça. On y plongeait et on signait notre arrêt de mort. Dix ans plus tard, gueule ouverte, gueule close, froid aux fesses, chaud aux pieds, ça pue, ça sent bon, chut. Huissiers aux fesses, banquiers à la gorge et flingue à la tempe, ça finissait toujours comme ça, ces conneries.

-Ah, les parents... Il la fixa avec un sourire. Pauvre chou, elle était bloquée chez des bourges, pauvre vie de merde... Il enchaina

-On a pas toujours ce qu'on veut, moi ce qui me manque, c'est le fric. Vous, des parents biens, on peut être amis vous savez, et on fondera le club des nécessiteux, wah.

Le plateau était complètement remplie, heureusement que la faim de la jeune femme n’était pas descendue, elle aurait pu effectivement avaler un bœuf. Lyra attrapa une paille, essayant de la caser sur le plateau débordant, elle sourit à la remarque de Matthias.

L’argent, l’argent et toujours l’argent, cela manquait a beaucoup de personnes, pourtant lorsque qu’on en a trop ça devenait banal, envie d’un nouvel ordinateur, on achète, une nouvelle voiture, on achète, une nouvelle entreprise, on achète.

Rien de tout cela ne faisait plus envie à la jeune blonde, elle avait déjà tout ce dont elle avait besoin, et même plus (36 paires de chaussures ne sont pas considérées comme indispensables, et non...).


« Je te donne de l’argent et toi tu me trouves des parents cool ? »

Elle éclata de rire, elle sortit sa carte Visa Gold, celle-ci était tellement remplie qu’elle aurait pu à l’instant même acheter ce McDonald. Les pensées de la sorte lui traversaient souvent l’esprit mais jamais elle n’avait fait des dépenses qui dépassaient trois cents euros et uniquement pour des vêtements. Les ordinateurs, voitures et autres futilités étaient toutes offertes par la maison Blake.

Lyra paya l’addition et se décida enfin à aller s’assoir avant que les personnes derrières elle, ne commencent à l’insulter. Elle agrippa son plateau et fit un dernier signe au jeune rouquin, avant d’aller s’assoir à une table situé au fond de la salle dans un coin.

La jeune femme était abonnée aux places pareilles, solitaire dans l’âme, rien ne lui donnait envie de s’assoir en plein milieu de tous ces abrutis qui braillaient des choses inutiles. Non, mademoiselle Blake préférait sortir un livre de son sac, et lire tout en mangeant un fabuleux hamburger.
C’était ça la belle vie, un bouquin et un truc gras à manger. Lyra ne pouvait s’empêcher de jeter un coup d’œil de temps en temps au serveur. Elle n’était pas intéressée, enfin si peut-être, c’était même fort probable mais la jeune femme savait très bien que Matthias devait se comporter ainsi avec toutes ses clientes, certainement encore un baiseur invétéré qui en pensait qu’à séduire sa prochaine proie.

Matthias n’avait pas l’air de ce genre là, mais de nos jours tellement de garçons se comportaient ainsi qu’il fallait dégoter la perle pour n’avoir pas à faire à l’un d’entre eux.

Ses yeux croisèrent les siens lorsque son téléphone vibra à travers son jeans. Rien d’important juste sa mère, le nouveau sac Gucci l’attendait à la maison. Celui qu’elle portait actuellement ne datait que de deux mois, encore un caprice de la mode, et sa mère était complètement à fond dedans.