Après plusieurs jours de silence radio j'avais reçu un message de Cassandre s'excusant en me proposant dans la foulée une sortie en boite dès le lendemain. Je ne m'attendais pas à son invitation, encore moins à ses excuses. De mon côté j'avais sûrement eu encore une fois trop de fierté pour le recontacter, même si je m'étais parfois surpris à écrire un message en hésitant un petit moment à appuyer sur le bouton " envoyer " pour finalement annuler, écoutant ce que je pensais être la voix de la raison. Pourtant je m'en voulais autant que lui, si ce n'est plus. Je ne regrettais pas mon mensonge en lui-même, c'était seulement de la méfiance mais plutôt ma réaction après son retour au toilettes, je m'étais conduis littéralement comme un lâche, j'étais d'ailleurs persuadé que Cassandre ne chercherait plus jamais à me revoir - ce que j'aurais compris - mais son sms m'avait arraché un sourire alors que je m'ennuyais ferme. Bien sûr je lui avait répondu par l'affirmative sans parler de ses excuses, j'estimais seulement qu'il n'avait pas forcement à en faire mais je les acceptais tout de même. Malgré mon impatience la première soirée et la journée du lendemain passèrent assez vite, il faut dire que j'étais totalement pris par mon travail en ce moment, raison de plus pour' sortir décompresser en bonne compagnie.
Le soir venu, je rentrais enfin du boulot dans les alentours de 21h. J'avais juste le temps de me préparer correctement et de me mettre en route, par chance j'habitais à seulement un arrondissement de la boite où je comptais aller. En croisant mon reflet dans la salle de bain un soupir s'échappa de mes lèvres, mon acharnement pour le travail en ce moment me laissait de magnifiques cernes sous les yeux. Je grimaçais en espérant seulement qu'une fois dans l'obscurité ça ne se verrait pas. J'étais perfectionniste, je m'arrangeais toujours pour trouver quelque chose qui cloche chez moi même si je ne me détestais pas pour autant, bien au contraire. Un coup d'oeil en direction de l'heure me fit accélérer le pas, je me perdais totalement dans mes pensées et je n'avançais pas. Cette fois-ci je tenais à être sur place le premier, même si pour ça il me fallait arriver 30 minutes à l'avance. Un saut par la douche était non négociable, après une journée entière à danser mon odeur ne devait pas être des plus attirantes. J'en sortis une quinzaine de minutes plus tard, me dirigeant vers ma chambre avec une simple serviette autour de la taille. Un jean et une chemise suffiront, c'était assez pour rentrer dans n'importe quelle boite de nuit en étant un minimum bien habillé mais pas trop pour ne pas passer pour un bourge ou un gosse de riche. Ce que j'étais au final mais je n'assumais décidément pas ce rôle que je n'avais pas choisi. Il était à présent 22h, le temps pour moi d'y aller pour être sur place avant lui. Je tentais d'ignorer la légère boule qui me prenait l'estomac et sortait de mon appartement en prenant au passage veste, cigarette et portable.
A ma plus grande satisfaction, j'étais bien et bel là avant lui, j'avais réussi à inverser par rapport à notre soirée au restaurant qui n'avait pas franchement bien tournée. Vu mon avance de 20 minutes, j'entrais dans la boite dans le seul but pour le moment de me commander un verre. Au passage je jetais un rapide regard autour de moi, il avait du monde mais pas excessivement et ça changeait considérablement de l'ambiance bourgeoise du Fouquet's, c'était parfait. Je ressortais pour me placer à l'entrée du club, attendant patiemment son arrivée en prenant régulièrement quelques gorgées dans mon verre. Je buvais rarement voir jamais en dehors de ce genre de soirée mais une fois que j'y étais j'aimais le faire pour seulement être parfaitement décontracté sans me mettre des états lamentables, quoi que.. Ca dépendait des fois et Cassandre était à présent au courant vu que je lui avait confié mon anecdote sur une soirée où mon frère et ma soeur avaient du m'aider à me coucher vu mon état. Je souriais à ce souvenir, pensant au passage à éteindre mon portable pour être tranquille. C'est à cet instant précis que mon regard croisa celui de Cassandre, je finissait rapidement mon verre pour le rejoindre, mon sourire ne m'ayant pas quitté. « Salut ! En forme j'espère ? »
I used to be my own protection, but not now Cause my mind has lost direction, somehow
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Sortir le soir même de la Saint-Valentin alors que je n'avais aucun Valentin était une énigme pour moi. Pourquoi avoir appelé Thomas ? Pourquoi lui, surtout après notre dernière soirée. Un De Lagarde partagerait la soirée la plus heureuse des couples avec moi. Je terminais ma garde aux urgences de la Pitié-Salpêtrière, pensant à la future nuit qui s'annonçait. Si Thomas était pris, il n'aurais pas accepté. S'il avait préféré passer sa soirée avec un autre, il m'aurait décommandé. Je marchais jusqu'à mon appartement en me répétant des "si" continuels qui pourraient à tout moment me tomber dessus et qui annulerait cette soirée que j'attendais impatiemment. Dans l'escalier, que je montais deux à deux, je continuais avec mais "et si", pensant qu'avant que je rentre chez moi, je recevrais un message du danseur m'expliquant le pourquoi de son annulation. J'appréhendais chaque minute me rapprochant de notre rendez-vous. Ce n'était pourtant un dîner, ni même un rendez-vous galant en lui-même. Ce n'était qu'une soirée au Queen entre deux amis. En tout cas, c'était ce que je me répétais depuis quelques jours, évitant ainsi de m'arrêter sur ces sentiments qui m'avaient traversé lorsque Thomas avait épelé le prénom Skye devant moi au restaurant.
J'étais en retard. Les minutes défilaient bien trop rapidement alors que je venais à peine de rentrer chez moi après une journée de travail exécrable. Tous discutaient de leur soirée, de leur amour, de leur dîner romantique et de leur nuit à venir. Tandis que je désespérais de mon côté, j'avais pris la résolution de ne pas les écouter et de travailler d'arrache-pied pour éviter toute allusion à cette journée. Après une douche rapide, je me retrouvais devant mon armoire en serviette, réfléchissant à la tenue que j'allais mettre. Je n'avais pas le temps de rester des heures ainsi. J'attrapais donc un tee-shirt, une chemise et un jean. Simple mais efficace et vu l'heure, je n'avais plus le temps de changer. J'attrapais mon blouson en cuir, mon casque et mes clefs de moto et je filais rapidement au parking de l'immeuble pour me rendre au Queen, lieu de notre rendez-vous.
Chevauchant mon deux roues dans la capitale, je me garais seulement à quelques mettre de la boîte de nuit. En moto, il était bien plus simple de trouver un emplacement pour s'arrêter. J'avais banni la voiture dès mon arrivée à Paris, dix ans auparavant, et je ne roulais qu'en moto depuis la première année après l'obtention de mon diplôme d'infirmier. Ou alors, le métro était mon ami. J'adorais particulièrement ce moyen de transport. Il m'arrivait même de le prendre, juste pour être seul et réfléchir, juste pour me retrouver avec moi-même parmi des inconnus. Mais ce soir, c'est en moto que je retrouverais Thomas avec seulement une quinzaine de minutes de retard. J'aperçus au loin le jeune De Lagarde, buvant un verre. Surpris, je ne laissais rien paraître et arriver tout sourire face au danseur qui se rapprochait également de moi. Et là, en cet instant, l'angoisse de la salutation me rattrapa. Devais-je lui faire la bise, lui serrer la main ou ne rien faire ? Je me sentais horriblement con et le sourire que Thomas arborait ne m'aidait pas. « Salut ! En forme j'espère ? » Soulagé, je lui retournais un sourire. « Salut ! Bah écoute, je suis plus motivé que jamais même après une garde de 10 heures. » Lui rétorquais-je pour répondre à sa question. Sans m'en rendre compte, je passais ma main dans son dos pour nous diriger vers la club tout en continuant de discuter avec lui. « En tout cas, je remarque que certains n'ont pas attendu pour déjà faire la fête. » Je rigolais légèrement, repensant à une anecdote que Thomas m'avait raconté. « Je te préviens maintenant... » Haussais-je le ton d'un air sérieux, presque accusateur. « Je ne t'aiderais pas à te coucher, comme ton frère et ta sœur, une fois que tu ne serais plus en possession de tes moyens. » Je finissais par éclater de rire alors que nous entrions tous les deux dans le club en question. Je laissais mon blouson aux vestiaires et m'orientais vers le bar pour me prendre un verre également. Un gin-fizz tenait entre mes doigts quelques minutes plus tard. Je levais alors mon verre. « A notre soirée ! » Et je trinquais avec lui avant de boire la première gorgée de ma soirée.
Je n'avais pas pensé une seule fois à la saint-valentin durant cette journée mais en croisant une affiche sur une soirée spéciale sur mon chemin je ne pouvais plus me l'enlever de la tête pendant un moment. Je ne sais pas si notre rendez-vous était un hasard du calendrier ou non mais une légère boule se forma dans mon estomac. Je n'étais pas un amateur de cette fête, comme si un couple avait besoin d'une journée précise pour s'aimer et apporter un peu d'attention à l'autre. Je trouvais ça absurde et d'ailleurs je ne l'avais jamais souhaité avec mon ex. Encore une fois tout me ramenais directement ou non à lui, il fallait que je me le sorte une bonne fois pour toutes de la tête pour enfin m'ouvrir un peu plus aux autres. Ce soir je m'étais promit de profiter de la soirée avec Cassandre, de laisser mes problèmes de côté pour ne pas que ça se termine comme la dernière fois. L'ambiance n'était pas la même, moins sérieuse, moins bourge donc il n'y avait aucune raison pour que ça. Soufflant un coup pour évacuer la pression, j’accélérais le pas, bien décidé à être à l'avance au Queen. Et ce qui se passe, je l'étais même trop et j'avais le temps de me détendre totalement avant son arrivée. Après quelques instants d'attente je me décidais à rentrer rapidement, le temps de déposer ma veste aux vestiaires et surtout de me commander un verre. Le verre aussitôt en main je revenais à l'extérieur, m'appuyant contre le mur près de l'entrée en buvant quelques gorgées, jetant un regard de temps en temps autour de moi. Il fallait l'avouer, j'étais plutôt impatient d'être en sa compagnie. L'idée me fit légèrement grimacer mais après tout je ne pouvais rien y faire, j'étais un minimum attaché à cet homme. Après une quinzaine de minutes d'attente qui me parurent une éternité je le vit enfin au coin de la rue. Finissant mon verre, je m'approchais de lui, mon sourire à présent fixé sur mes lèvres.
En me retrouvant près de lui j'ai eu une moment de doute. Je ne savais jamais si je devais faire la bise, serrer la main ou ne rien faire. Par précaution je pris la dernière option, me contentant de lui demander d'une voix joyeuse s'il était en forme. Soirée en boite et fatigue n'allaient généralement pas très bien ensemble. « Salut ! Bah écoute, je suis plus motivé que jamais même après une garde de 10 heures. ». Au moins il n'avait pas donné cette invitation uniquement dans le but de se faire pardonner, il en avait réellement envie et mon sourire ne se fit que plus grand. « Ca tombe bien, je le suis aussi, pourtant je n'ai absolument pas l'habitude de sortir en semaine ! ». Tout en se dirigeant vers l'entrée du club, il passa sa main dans mon dos ce qui m'arracha un frisson. J'étais surpris de son geste mais plutôt agréablement, j'étais une personne très tactile mais avec peu de personnes et ça ne me dérangeait pas de l'autre avec Cassandre, bien au contraire. Il poursuivit sa discussion. « En tout cas, je remarque que certains n'ont pas attendu pour déjà faire la fête. ». J'avais totalement oublié le verre parfaitement vide que je tenais dans la main, je joignais mon rire au sien en tentant de trouver des excuses qui n'avaient certainement aucun sens. « C'est rien ça ! Juste un verre pour l'attente quoi, rien de plus. Tu vas vite voir ce que c'est de vraiment faire la fête !. J'avais bien l'intention d'en profiter avec lui et vu la bonne humeur omniprésente entre nous c'était plutôt bien parti. « Je te préviens maintenant... ». J'avais peut-être pensé trop vite, son ton se fit brutalement sec et l'espace d'un instant je me demandais s'il était sérieux ou non. Je posais mon regard sur lui, les sourcils légèrement froncés. « Je ne t'aiderais pas à te coucher, comme ton frère et ta sœur, une fois que tu ne serais plus en possession de tes moyens. ». J'éclatais de rire à mon tour, je me rappelait parfaitement de cette soirée où j'avais clairement abusé au point de ne plus tenir sur mes deux jambes. « Ok c'est promis, je ne me met pas minable ce soir. En parlant de ça, je suis sûr que je tiens bien mieux l'alcool que toi non ? ». Je l'observais du coin de l'oeil d'un air joueur. C'était un défi ? Oui et non. Je ne cherchais absolument pas à le faire boire excessivement mais je serais curieux tout de même de connaitre la réponse. Rapidement je me retrouvais à l'intérieur de la boite, installé sur un tabouret à côté de celui de Cassandre. Je commandais en même temps que lui un mojito. « A notre soirée ! ». Je trinquais donc avec lui en lui adressant un clin d'oeil, la soirée promettait d'être intense et longue.
Mon verre fut rapidement liquidé, autant que le sien et j'étais à présent dans l'ambiance de la soirée. Je ne voulais pas laisser le silence s'installer entre nous deux pour autant. En commandant un nouveau verre pour nous deux je pris la parole. « Tu dois savoir que je suis curieux donc raconte moi ta plus grosse cuite ? Y'a pas de raisons que je sois le seul ! ». Je rigolais légèrement en prenant quelques gorgées, enchainant rapidement. Je n'avais pas l'intention de passer plusieurs heures assis sur ce tabouret, autant aller dans un simple bar pour ça. Je me penchais très légèrement, posant sans même le remarquer ma main sur le genoux de Cassandre en souriant. « On termine notre verre et on va sur la piste, t'as pas le choix ! ». Sur ces quelques mots je finissait une nouvelle fois mon verre d'une traite, me mettant debout d'un seul bond pour me diriger vers la fameuse piste sans quitter le jeune homme du regard.
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Arrivé en retard n'était pas dans mes habitudes. La fatigue n'étant présente, je me doute que le fait de revoir Thomas y était pour quelque chose dans cette mise à distance et ces quelques minutes me séparant de notre rendez-vous. Comme pour me rassurer, comme pour me protéger de lui, de ses mensonges et de ces prochaines révélations. J'arrivais enfin au Queen, sourire aux lèvres dès que mon regard croisa celui du danseur. « Ça tombe bien, je le suis aussi, pourtant je n'ai absolument pas l'habitude de sortir en semaine ! »Tant mieux ! Aurais-je pu dire mais j'étais resté silencieux à observer le verre qu'il tenait fermement entre ces mains et, passant une main dans son dos, je lui fis la remarque sans me rendre compte du geste que je venais d'entreprendre avec lui. Un simple geste qui pouvait dire beaucoup. « C'est rien ça ! Juste un verre pour l'attente quoi, rien de plus. Tu vas vite voir ce que c'est de vraiment faire la fête ! »« J'ai hâte de voir ça. » Lui répondis-je tout sourire avant d'enchainer avec un autre commentaire sérieux pour lequel je finis par rire en souvenir de notre dernière rencontre au Fouquet's. Je ne me voyais pas le raccompagner chez lui après une soirée bien arroser. Je savais que ce genre de situation pouvait être désagréable pour celui qui était encore en possession de ces moyens. J'avais vécu ce genre de...fins de soirée du bon côté puisque je ne me souvenais jamais de rien le lendemain matin. « Ok c'est promis, je ne me met pas minable ce soir. En parlant de ça, je suis sûr que je tiens bien mieux l'alcool que toi non ? » Je le regardais incrédule, le laissant réfléchir un instant. Je connaissais la réponse et je savais bien que je tenais surement mieux que lui face à l'alcool. J'en étais même à peu près sûr. « J'en suis pas si sûr, tu vois... » Je commandais mon verre et, installé au bar, je reportais mon attention sur le jeune De Lagarde. Je restais assez vague quand à sa dernière question. Sujet sensible, pourrions-nous dire et je ne comptais la mettre au courant. Pas ce soir, pas maintenant. Nous trinquions donc dans la bonne humeur.
Buvant tranquillement mon verre, j'observais la piste et ces danseurs, m'interrogeant sur les talents de Thomas. Après tout, il était bien danseur et je ne demandais qu'à voir ses performances artistiques. Paille en bouche, regard azuré tourné vers le jeune homme, j'écoutais ces paroles. « Tu dois savoir que je suis curieux donc raconte moi ta plus grosse cuite ? Y'a pas de raisons que je sois le seul ! » Je laissais échapper un rire en même temps que lui. Un rire honteux car le seul sujet sur lequel je ne voulais pas m'étendre venait d'être mis sur le tapis. Je me grattais le cuir chevelu, cherchant une échappatoire qui n'arriva pas. Je posais mon verre à moitié vide sur le comptoir. « Tu sais, je crois que j'ai fais bien pire que toi... » Commençais-je par lui dire. Je déglutis. « Bon, ok. Autant que ça sorte rapidement... » Et je passais mes deux mains sur mon visage. « Jesuisunanciendroguéalcoolique,avidedesexe ! » Dis-je le plus rapidement possible, espérant que Thomas ait tout compris pour m'éviter de répéter ce qui je venais de lui avouer. Ma respiration se faisait plus difficile. J'avais chaud, extrêmement chaud, et je ne savais plus quoi dire. « Voilà... Tu vois, j'ai surement fait pire que toi... La plupart du temps, je me réveillais chez moi ou dans un lit inconnu sans me souvenir de ma soirée. Je me défonçais comme un moins que rien à l'hôpital et je buvais continuellement chaque soir avant de coucher avec le premier venu. Rien de bien glorieux... » Je me réfugiais dans mon verre, buvant une gorgée avant de tourner mes yeux vers le danseur, en constatant que j'avais omis une informations importante. « Enfin, c'est fini, hein ? Je suis plus comme ça ! Plus du tout même ! » Je me détendis, reprenant une autre gorgée. C'était ma solution miracle. Après seulement quelques secondes de silence, je repris la parole. « J'te fais pas peur au moins ? » Demandais-je finalement pour rassurer et soulager mes peurs et mes angoisses.
Je sentais alors la main de Thomas sur mon genoux. Je ne réagis pas, n'osant même pas regarder son geste aussi minime soit-il et continuais de boire mon cocktail sans relever quoi que se soit d'inhabituel. « On termine notre verre et on va sur la piste, t'as pas le choix ! » Je lui souris, simplement, acquiesçant face à son autorité soudaine. « Puisque je n'ai pas le choix... » Je terminais rapidement mon verre, suivant le jeune De Lagarde avec des yeux qui se baissèrent quelques secondes sur son arrière-train. Il avait une de ses paires de... Malheureusement, je percutais une cliente et m'excusais de lui être rentre dedans. Elle me dévisagea avant de reprendre son chemin tout en fixant le danseur. Je ne remarquais ce fait qu'après avoir relevé mes yeux de ses fesses. « Me voici, non sans difficulté. » Je riais, m'en voulant d'avoir eu ce genre de regard pour un homme qui n'attendait rien de plus de moi qu'un ami. Enfin, c'était bien là ce que je croyais qu'il désirait. « Je vais avoir l'air d'un mauvais danseur à tes côtés... » Lui lançais à l'oreille alors qu'un nouveau morceau débutait. Little Bad Girl de David Guetta. Je commençais à bouger, me sentant horriblement ridicule mais je continuais, me rapprochant dangereusement de cet homme.
Ça faisait un petit moment que je n'étais pas sorti au Queen mais je m'y sentais toujours aussi à l'aise, sûrement grâce à ma très bonne compagnie également. Après avoir échangés quelques mots et être rentrés à l'intérieur pour commander nos verres je lui demandais quelle était sa plus grosse cuite. Après tout il était au courant pour le jour où j'avais du me faire ramener par ma sœur et mon frère, tous les deux plus jeunes que moi parce que j'étais dans un état lamentable. On pouvait penser que je leur avais donné le mauvais exemple en tant que grand frère mais ça avait du arriver à tout le monde, à eux bien plus qu'à moi. Je souriais doucement à ce souvenir, reportant ensuite toute mon attention sur Cassandre. Je remarquais bien vite que je l'avais rendu mal à l'aise avec ma question, je grimaçais en me demandant quelle connerie j'avais encore bien pu faire. J'espérais seulement qu'il savait que je ne l'obligeais absolument pas à répondre. Tout le monde avait sa part de secret, moi le premier et mon nom en faisait partie. « Tu sais, je crois que j'ai fais bien pire que toi... ». Je ne le coupais pas dans son récit, fronçant seulement les sourcils en me retournant le cerveau pour comprendre ce qu'il avait vécu. Il enchaina rapidement. « Bon, ok. Autant que ça sorte rapidement... ». J'attendais patiemment qu'il continue. « Jesuisunanciendroguéalcoolique,avidedesexe ! ». Je failli lui demander de répéter mais j'y renonçait, ça avait l'air assez difficile pour lui. J'avais globalement saisi ce qu'il avait dit à grande vitesse mais sans en être certain. Heureusement, il m'éclaira. « Voilà... Tu vois, j'ai surement fait pire que toi... La plupart du temps, je me réveillais chez moi ou dans un lit inconnu sans me souvenir de ma soirée. Je me défonçais comme un moins que rien à l'hôpital et je buvais continuellement chaque soir avant de coucher avec le premier venu. Rien de bien glorieux... ». Je manqua presque de m'étouffer avec ma boisson, je connaissais des personnes dans ce cas mais venant de Cassandre ça m'étonnait. Quelques instants passèrent avant que je réalise réellement ce qu'il venait de dire. Je passais une main dans mes cheveux, cherchant quelque chose à dire. Il le fit avant moi. « Enfin, c'est fini, hein ? Je suis plus comme ça ! Plus du tout même ! ». Il avait eu les mots justes pour me rassurer. Je me doutais bien qu'il n'était plus dans cette situation mais ça faisait toujours du bien de l'entendre. « J'te fais pas peur au moins ? ». Je reprenais totalement mes esprits pour lui répondre, un fin sourire aux lèvres. « Non du tout, je suis juste.. Surpris. Enfin j'ai du mal à t'imaginer comme ça mais après je ne te juge pas ni rien, ça arrive à tout le monde et tu as eu le courage de t'en sortir donc c'est le principal. ». J'étais bien sûr tenté de demander pourquoi ? mais je m'en passais, ce n'était pas le lieu pour ça. Au lieu de ça j'allais faire mon possible pour lui changer les idées.
Je commandais un nouveau verre, buvant immédiatement quelques gorgées avant de me pencher vers Cassandre pour lui proposer d'aller sur la piste. A être dans une boite comme celle-ci, autant en profiter. Sans y faire attention j'avais posé ma main sur son genoux mais après tout j'aurais très bien pu le faire volontairement donc je n'y voyait pas de problèmes. « Puisque je n'ai pas le choix... ». Souriant doucement, je terminais mon verre cul sec pour me diriger vers la piste de danse. Une fois sur cette dernière je me retournais vers Cassandre qui me rejoignait tant bien que mal. Il percuta une jeune femme blonde et je ne pouvais m'empêcher de trouver cette maladresse attachante et adorable. « Me voici, non sans difficulté. ». J'accompagnais mon rire au sien de bon cœur. Son regard croisa le mien et une nouvelle fois je ne pu m'empêcher d'avoir un petit frisson. Son regard était absolument captivant. « Je vais avoir l'air d'un mauvais danseur à tes côtés... ». Je levais les yeux au ciel avant de lui répondre dans un murmure. « Tu dis n'importe quoi.. ». Certes, j'étais un danseur professionnel mais je ne me débrouillais pas si bien que ça en boite. Et même si c'était le cas je ne pouvais m'empêcher de comparer constamment toutes les danses, il m'arrivait régulièrement de trouver des amateurs bien meilleurs que des professionnels, ils ne voulaient seulement pas en faire leur métier. J'oubliais rapidement mes moindres pensées quand un nouveau morceau débuta. Entrainant, rythmé, c'était parfait. Très vite un rapprochement se fit sentir entre Cassandre et moi. Je ne me gênais absolument pas pour être physiquement proche de lui tout en dansant du mieux que je le pouvais, un sourire au coin de mes lèvres ne me quittait pas. Je plaçais cette fois une main dans son dos pour faire en sorte de me rapprocher encore un peu. Ce soir, toute timidité de ma part serait exclue.
Le morceau me paru bien trop court à mon goût mais la chaleur était nettement montée d'un cran. Je me décollais légèrement de mon partenaire, juste le temps d'aller chercher de quoi me désaltérer pour revenir en pleine forme. L'alcool faisait peut-être déjà son effet au bout de trois verres seulement mais je me sentais étrangement tactile avec lui, ce qui n'était pas pour me déplaire puisqu'en temps normal je n'aurais sûrement pas osé, après tout je le connaissais à peine. Je m'approchais donc de lui pour murmurer une nouvelle fois à son oreille. « Je vais chercher de quoi boire, je reviens très vite. ». En parfaite innocence, en passant près de lui pour me diriger vers le bar j'avais laissé mes doigts s'attarder d'un geste furtif sur sa taille. Il était inutile de le nier à présent puisque je ne pouvais rien y faire, il m'attirait beaucoup. Je commandais un cuba libre au barman et en attendant ma boisson je ne pouvais m'empêcher de lui jeter un regard. Le verre enfin en main, j'avais l'intention de revenir rapidement vers lui mais sur mon chemin la blonde que Cassandre avait bousculé plus tôt m'aborda, visiblement éméchée, elle n'avait pas l'intention de discuter seulement. Très vite et sans que je puisse faire quoi que ce soit je bu mon verre cul sec - ce qui n'aida pas - et me laissa entrainer vers un coin de la piste avec elle. J'allais juste danser le temps d'une musique avec elle pour retourner bien vite avec le jeune homme qui en attendant n'aurait pas de mal à trouver quelqu'un le temps d'une chanson. Cette idée me fit grimacer mais je tentais d'oublier ma jalousie pourtant bien et bel présente. Je ne m'y attendais pas vraiment mais la blonde se fit plus entreprenante que prévue. Elle se colla totalement à moi en dansant sensuellement contre mon corps. J'avais tenté de la repousser une fois en lui expliquant mais rien à faire. Elle continua son manège et, résigné, je me laissais faire en comptant les secondes qui me séparait de la fin du morceau.
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Je n'étais pas fier de cette période noire de ma vie. Je ne la divulguais pas facilement à des inconnus bien que le plupart des personnes m'entourant étaient au courant. Un addict dans le famille, c'était presque inconcevable. Au seine même de l'hôpital, c'était bien pire. Je me souvenais encore de leur regard, de leur jugement lorsque j'étais revenu travaillé. J'avais même entendu les ragots me concernant. « Tu crois qu'il rechutera ? », « A ton avis, il piquait dans la pharmacie ? » ou pire encore « Pauvre Aaron, il méritait mieux que ça... ». La ça, bien évidemment, c'était moi. Les soignants ignoraient les causes de cette chute et jamais je ne leur avais révélé que j'avais commencé à me détruire suite à l'infidélité du Aaron en question et à notre rupture soudaine et douloureuse. Il avait commis l'irréparable et son manque de tact m'avait cruellement détruit devant lui. Je ne m'étais jamais mis autant en colère après quelqu'un, jamais je n'avais été sur le point de frapper une personne. Il avait gâché notre couple, notre meilleur amitié pour une histoire de cul qui s'était transformée en un amour solide. Je m'en étais remis, après quelques mois de débauches et d'autres de reconversion. Aujourd'hui, j'étais de nouveau le Cassandre que tout le monde avait connu, celui que tout le monde appréciait et qui n'avait rien à cacher. La seule différence d'avec le passé était surement ce vœu de célibat qui prenait maintenant une part importante dans ma vie. Je ne cherchais plus le grand amour, ni même une histoire quelconque. J'avais baissé les bras, ne me préoccupant plus de ce que désirait mon cœur. La raison avait pris le pas sur la passion.
Révélé mon passé le plus honteux revenait d'un exploit. Thomas était probablement le premier à qui je le disais ouvertement et sans échappatoire. Je m'étais dévoilé, montrant une image de moi-même à laquelle il ne devait pas s'attendre. « Non du tout, je suis juste.. Surpris. Enfin j'ai du mal à t'imaginer comme ça mais après je ne te juge pas ni rien, ça arrive à tout le monde et tu as eu le courage de t'en sortir donc c'est le principal. » C'était bon. Bon de savoir qu'au moins une personne ne me jugeait pas sur mon passé en dehors de ma famille et de mes proches amis. Le danseur aurait pu fuir, prenant peur face à un homme qui n'avait pu contrôlé ces pulsions addictives face à un échec sentimental. Ainsi, sans peur, je me laissais porter par Thomas et son envie de danser. Puisque je n'avais pas le choix, je le suivis jusque sur la piste après une rencontre peu aimable avec l'une des clientes.
Je n'étais pas un mauvais danseur. Je le savais mais contrairement à Thomas, je n'étais pas un professionnel. Lui connaissait le métier, il avait le rythme dans la peau et la souplesse requise pour ce genre d'exercice. Je n'étais qu'infirmier, bien que je courrais partout dans le service en cas de crise majeure aux urgences. « Tu dis n'importe quoi... » Je ne disais pas n'importe quoi. C'était fondé. Je n'étais pas un danseur professionnel. « Pas du tout, j'te jure ! Tu verras, je suis sûr que tu ne voudras même plus effleurer la piste après ça avec moi... » Finis-je par lui dire dans le creux de son oreille alors qu'une autre musique débutait. Je bougeais dès les premières notes, dès les premières paroles, trouvant le rythme rapidement pour oublier les autres et profiter de ce moment entre nous deux. Me rapprochant de Thomas, je n'avais pas hésité une seconde malgré cette danse qui devait me ridiculiser à ses côtés. Pourtant, j'étais entraîné. Par l'ambiance. Par le rythme. Par lui, tandis que je sentais l'une de ces mains dans mon dos qui me forçait à me rapprocher encore plus quitte à glisse une jambe entre les siennes. Nous étions plus proches que jamais et je ne pouvais cesser de le regarder danser, jetant quelques coups d’œil à son visage, sourire éclatant.
J'étais emporté par cette musique enivrante, par ce corps brûlant que je sentais contre moi. La chaleur grimpait au fil des minutes et je ne pouvais rien y faire. Tous ces éléments faisaient parti de l'équation et rien ne pouvait changer. Je ne voulais rien changer. Je désirais irrémédiablement rester contre lui et danser jusqu'au bout de la nuit à en avoir mal aux pieds. « Je vais chercher de quoi boire, je reviens très vite. »« A tout de suite... » Surpris de le voir me quitter, mais ravi d'entendre dire qu'il reviendrait vite, je restais à ma place, continuant de danser tout en le regardant s'en aller alors qu'il venait d'effleurer ma hanche. Ce simple geste réveilla en moi d'innombrables sensations, émotions et souvenirs. Je tournais sur moi-même, perdant alors de vue mon compagnon. Mais je m'en foutais, je continuais mes mouvements en sachant pertinemment que Thomas reviendrait.
Cependant, les minutes s'enchainèrent, les musiques également et le jeune De Lagarde n'était toujours pas revenu. Je m'inquiétais et arrêtais donc de danser pour partir à sa recherche parmi la foule grandissante. Je n'eus aucune difficulté à retrouver sa trace. Le bar étant proche de ma position, mes yeux se sont immédiatement fixés sur lui et la blonde à ses côtés, la même que j'avais percuté ou qui m'était rentré dedans en se concentrant uniquement sur Thomas. Je me sentais soudainement seul. Perdu, sans savoir quoi faire. Je regardais sur ma gauche, puis sur ma droite pour rester planter là, au milieu des clients, à les observer s'éloigner. Ils dansaient. Ensemble, tous les deux, collé-serré. Et la demoiselle semblait plus que convaincante puisque le danseur ne bougeait plus. Il la laissait faire. D'une certaine façon déçu, j'attrapais mon téléphone portable et lui envoyé un simple sms pour lui faire part de mon départ du Queen. Cela ne servait plus à rien de rester maintenant qu'il avait trouvé mieux qu'un ex-drogué-alcoolique-pervers.
— Je ne voulais pas te déranger avec ta conquête mais je rentre chez moi. Je ne suis plus d'aucune utilité maintenant que tu as trouvé de quoi t'amuser. Bonne soirée.
Je quittais la pièce principale, délaissant Thomas et sa blonde pour rentrer chez moi me morfondre des impressions que ce début de soirée m'avaient fait croire. Ce rapprochement ne signifiait probablement rien pour lui. Ce n'était qu'une...distraction à ses yeux. Je n'étais qu'un pantin entre ces mains. je passais rapidement par les vestiaires et sortais d'un pas rapide du club. Je ne voulais pas rentrer, pas dans cet état. Je commençais donc à marcher, passant devant ma moto sans même m'y attarder. « Abrutis ! » Hurlais-je en donnant un coup de pied dans le premier caillou qui croisa mon chemin.
Je n'avais pas cherché une seule fois à me détourner de la présence de Cassandre mais l'alcool et l'ambiance aidant, je me retrouvais avec une charmante inconnue. Je lui accorderais une seule et unique chanson avant de retourner vers mon partenaire qui en attendant devait profiter de son côté. Même si il m'était arrivé d'être attiré par des filles, cette fois j'avouais être purement hypocrite avec elle, je n'avais pas réellement envie d'être en sa compagnie. Trop entreprenante, trop collante alors que je ne savais rien d'elle, c'était bien loin d'être mon genre. Je jetais un regard furtif vers l'emplacement où je me trouvais avec le jeune homme il y a quelques minutes de ça sans l’apercevoir. Il devait être avec quelqu'un d'autre ou au bar, je le retrouverais bien après cette danse qui aller bientôt prendre fin. Du moins je l'espérais, j'avais un mauvais pressentiment mais je faisais passer ce sentiment pour une simple inquiétude. Il ne pouvait pas me lâcher comme ça en pleine boite et s'en aller de son côté, la soirée aurait été bien trop courte pour que l'on se rapproche réellement. La musique prit fin, je n'allais pas rester une seconde plus avec la jeune bonde qui me demandais au passage mon numéro, question que j'ignorais totalement. Malgré tout sa demande me fit penser à regarder mon téléphone, j'aurais peut-être des nouvelles de Cassandre par ce biais. Effectivement, il m'avait laissé un message. " — Je ne voulais pas te déranger avec ta conquête mais je rentre chez moi. Je ne suis plus d'aucune utilité maintenant que tu as trouvé de quoi t'amuser. Bonne soirée. ". Je lâchais un simple " merde " en marchant d'un pas rapide vers la sortie. Son message datait d'il y a trois minutes, j'avais encore un peu d'espoir.
Pour la seconde fois j'avais réussi à tout faire échouer sans vraiment le vouloir. D'abord le mensonge sur mon nom de famille et maintenant cette danse à laquelle je n'avais accordé aucune importance, contrairement à celle avec Cassandre. Chercher à le rattraperais prouverais mon attachement pour lui, tout ce que je fuyais mais ma raison me disait de tenter au moins de le retrouver. Je repris ma veste aux vestiaires avant de sortir rapidement de ce lieu. Un regard furtif autour de moi m'indiqua qu'au moins il restait sa moto, à pied j'aurais bien plus de chances de le revoir puisque je ne savais absolument pas où il habitait. La pluie me força à mettre ma capuche tout en étudiant les différentes possibilités. Droite, gauche ou tout droit. Je n'en avais absolument aucune idée et je laissais faire le hasard en prenant à droite. Au fond je ne savais même pas ce qui me poussait à faire ça, je le connaissais très peu et je ne l'avais vu que trois fois depuis le fameux speed-dating. Je ne voulais m'engager dans quoi que ce soit, que ce soit du sérieux ou non et pourtant j’éprouvais un attachement et de l'attirance envers le jeune homme. Rien que cette idée me faisait peur, j'aurais du mettre fin à tout ça dès le début comme je l'avais fait avec d'autres. Pourtant j'étais bien là en train de le chercher dans la nuit froide, sous la pluie dont j'avais horreur. Je le retrouverais ce soir, au moins pour avoir - et donner - des explications. A force de hasard, j’aperçus une silhouette lui ressemblant étrangement au coin de la rue. J’accélérais le pas, espérant seulement que c'était bien lui.
Plus je me rapprochais de la silhouette, plus l'espoir que ce soit Cassandre se ravivait. Il fallait être totalement fou pour poursuivre quelqu'un à minuit passé, je ne l'avais jamais fait et sur le coup je me surprenais moi-même. Je me retrouverais enfin à quelques mètres derrière lui et son identité ne faisait plus aucun doute, c'était bien lui. J’eus un léger moment d'hésitation avant d'agir, il allait certainement se braquer comme au restaurant et ma fierté m'empêcherais de rester très longtemps calme. Est-ce que ce ne serait pas plus simple de laisser passer la rancune et de le recontacter par la suite ? Sûrement mais je me connaissais, cette même peur m'empêcherais de le contacter une nouvelle fois et lui serait trop déçu pour refaire un pas vers moi. Et puis je n'avais pas fait tout ce chemin pour me dégonfler au dernier moment devant lui. J'aurais pu seulement l’appeler pour qu'il se retourne mais même vu de derrière je pouvais devenir que son humeur n'était pas au beau fixe alors autant qu'il se lâche sur moi en face à face. Mes pas se sont alors fait plus rapides, jusqu'à ce que je puisse attraper son bras pour l'arrêter et ainsi me placer devant lui. Voilà, j'étais à présent devant lui mais je me sentais terriblement con, je ne trouvais pas mes mots et il devait me prendre pour un grand malade qui le poursuit dans la rue sans rien dire. Ma confiance en moi prit un coup, j'étais incapable de tenir une relation bien longtemps sans faire des gestes qui cassent tout. Je lâchais un long soupir, levant brièvement les yeux vers le ciel. Allez, j'étais bien capable de m'excuser au moins une fois. Dans un murmure, je réussis finalement à le dire en plongeant mon regard dans le sien. « Désolé.. ». J'étais visiblement anxieux, je n'avais vraiment pas l'habitude de me montrer comme ça face à quelqu'un, là c'était totalement différent. J'affichais un fin sourire désolé qui prouvait que je l'étais réellement. Prenant mon courage à deux mains, je me lançais une seconde fois, j'étais venu chercher des explications et je ne voulais pas me dégonfler au dernier moment. « Qu'es-ce qui t'as pris ? Tu sais parfaitement que tu ne me déranges pas, si c'était le cas je n'aurais jamais accepté de venir ici avec toi. Cette fille ce n'est rien, j'ai accepté une unique danse avec elle, elle s'est collée à moi sans que je fasse quoi que ce soit pour ça et c'est tout. Mais.. voilà. ». Je m'étais retenu de dire que si cette fille n'était rien pour moi, lui c'était tout autre chose mais je m'étais retenu au dernier moment. Je voulais juger sa réaction, qu'elle soit bonne ou non. Maintenant que je m'étais excusé je me sentais faible, vulnérable face à lui.
I used to be my own protection, but not now Cause my mind has lost direction, somehow
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Marcher me faisait le plus grand bien. Ne pas rentrer immédiatement chez moi était une échappatoire à laquelle j'avais rapidement pensé pour ne pas oublier et passer à autre chose sans pour autant rester au Queen. La moto, je n'y pensais même pas. Bien que j'adorais mon deux roues, bien que j'aimais par-dessus tout chevaucher ce bolide, ce soir j'étais dans un tel état de déception, de colère, d'incompréhension totale que je restais dans les rues de Paris, à déambuler comme certains patients des hôpitaux psychiatriques. Thomas ne sortait plus de mes pensées, tout comme ces actes. La jeune femme blonde venait même entraver l'image positive et sensuelle que je m'étais faite du danseur, de son déhanché et de ses fesses. Oui, j'avais eu le regard baladeur et le jeune De Lagarde ne s'est été pas plaint. Je ruminais dans mon coin, accélérant le pas puis ralentissant et donnant finalement un coup dans le premier objet qui était à mes pieds. Je soupirais, respirais fortement, accélérer ma démarche. Je filais tout droit, ne cherchant même pas mon chemin. Je marchais, sans m'arrêter, sans penser à qui pouvait être derrière moi. Je ne voulais pas y penser. Thomas s'amusait au club pendant que j'étais seul, ici, dans Paris, le soir même de la Saint-Valentin. Et quel Saint-Valentin ! L'espoir s'était rapidement transformé en déception et trahison venant d'un homme que je pensais sincère. Pourtant, beaucoup d'éléments de son passé venait faire retentir la sonnette d'alarme et je ne l'avais pas écouté. Peut-être par pure égoïsme ? Peut-être par ces sentiments que je ressentais au fond de moi ?
Je n'avais aucune réponse de la part de Thomas et son silence me rendait encore plus colérique. J'aurais été riche comme lui, j'aurais jeté mon téléphone dans la Seine. J'aurais été comme lui, je ne me serais pas attaché aussi rapidement. J'aurais été comme lui, je serais resté au Queen à flirter avec le premier venu. Mais je n'étais pas Thomas De Lagarde. J'étais Cassandre Lefèvre, simple infirmier urgentiste à la Pitié-Salpêtrière. Je le détestais, je le haïssais même. Il n'était qu'un incroyable salop comme tous les hommes auxquels je pensais actuellement. Mains dans les poches, regard fixé droit devant, je continuais ma route jusqu'à ce qu'un inconnu m'interpelle, me stoppe et se place juste devant. « Thomas. » Je le regardais, fronçant les sourcils à la vue de son visage. J'attendais, impatiemment, mais j'attendais qu'il prenne la parole, qu'il m'explique, qu'il mette les choses au clair. « Désolé... » Je libérais violemment mon bras de son emprise, me détachant de lui comme je me détachais de ses excuses et de son léger sourire désolant. J'aurais voulu lui crier « Je te déteste ! » mais je ne le faisais pas car, après tout, il était là devant moi et non pas avec sa compagne de la soirée. « Qu'es-ce qui t'as pris ? » Je le regardais d'un air ahuris. Il avait osé me poser cette question alors que c'était à cause de son batifolage que j'étais parti. Bien évidemment, il ne pouvait pas comprendre. C'était probablement insensé pour lui que je réagisse de cette manière. Mais la fuite était la seule solution. « Tu sais parfaitement que tu ne me déranges pas, si c'était le cas je n'aurais jamais accepté de venir ici avec toi. Cette fille ce n'est rien, j'ai accepté une unique danse avec elle, elle s'est collée à moi sans que je fasse quoi que ce soit pour ça et c'est tout. Mais... voilà. » Il était certain que le danseur n'avait rien même pour la rejeter. Je l'avais vu de mes propres yeux et j'avais conclu ce que tout le monde aurait pu déduire de ce genre de situation. « Là n'est pas le problème, Thomas ! T'aurais pu lui dire ou même la dégager, sachant en plus que j'étais pas loin et que je pouvais tout voir si je prêtais attention à ta longue absence ! Mais non, tu n'y as pas pensé ! T'étais trop occupé à apprécier ces charmes qu'à te soucier de mon opinion en la voyant se trémousser contre toi après que tu l'ais fais avec moi ! » J'étais énervé. Plus que jamais, je ressentais le besoin d'extérioriser ma colère donc je criais et je m'agitais. « Qui es-tu pour te foutre de moi comme ça ? D'abord le mensonge sur ton nom et maintenant ça ? Je suis quoi pour toi ? Je représente quoi : une bonne poire, un jeu ? Rien peut-être ? » Je me positionnais à quelques centimètres de lui, le fixant d'un regard noir de colère avant de m'écarter et de reprendre mon chemin en sens inverse. « T'es qu'un idiot ! » Lui lançais-je de dos. Je me retournais une dernière fois, allant vers lui en appuyant mon index sur son torse. « J'en ai assez. Adieu, monsieur De Lagarde ! » Lui dis-je avant de me courber devant lui, ce richissime bourgeois de la capitale, et de partir.
Je marchais sans comprendre pourquoi je le faisais réellement. Ca ne me ressemblait pas, ou plus. J'aurais cherché à rattraper ma meilleure amie, mon frère, ma soeur, mon ex à coup sûr mais pas une personne que je connaissais à peine et qui pourtant m'attirait. Cette situation m'effrayait au point, mon caractère habituel me criait de fuir pour échapper comme souvent à ce qui ressemble à un début d'attachement. Pourtant j'étais bien et bel dehors, le froid et la pluie m'arrachaient régulièrement de longs frissons et je rêvais seulement d'une chose : retourner chez moi, me mettre dans mon lit et espérer oublier ce nouvel échec. Je m'en voulais, je m'étais comporté comme le pire des idiots dans cette boite sans le vouloir, si vraiment je tenais à m'éloigner de Cassandre je lui aurait dit directement et de toutes façons ce n'était pas le cas. Je voulais encore me confier à lui - et vice versa - rire et danser collé-serré à lui. Mais cette fille ne m'avait pas lâchée, je n'avais pas eu la force de la repousser tout de suite et à présent j'en payais les conséquences. J'étais à deux doigts de le rattraper et je savais d'avance qu'il s'énerverait, qu'il m'en voudrait certainement. Il n'avait pas un caractère facile mais moi non plus alors je prenais mon courage à deux mains pour faire un dernier pas et attraper son bras.
Une fois face à lui, son visage se ferma immédiatement. Je ne m'étais donc pas trompé dans mes suppositions et après glissé un " désolé sincère, un soupir s'échappa de mes lèvres, comme si je me préparais mentalement à ce qui allait suivre. Il retira d'un geste sec son bras de mon emprise et je ne bronchais pas, attendant seulement qu'il prenne la parole après lui avoir donné mes explications, ma version des faits. « Là n'est pas le problème, Thomas ! T'aurais pu lui dire ou même la dégager, sachant en plus que j'étais pas loin et que je pouvais tout voir si je prêtais attention à ta longue absence ! Mais non, tu n'y as pas pensé ! T'étais trop occupé à apprécier ces charmes qu'à te soucier de mon opinion en la voyant se trémousser contre toi après que tu l'ais fais avec moi ! ». Je cherchais quelque chose à répondre mais mes lèvres restèrent légèrement entrouvertes, je ne trouvais rien pour me justifier puisqu'il avait raison sur toute la ligne. J'aurais du repousser cette fille mais ce n'était pas dans mes habitudes, je m'étais seulement dit que je lui accorderais une unique danse avant de retourner avec plaisir près du jeune homme. Malheureusement rien ne s'était passé comme ça. « Qui es-tu pour te foutre de moi comme ça ? D'abord le mensonge sur ton nom et maintenant ça ? Je suis quoi pour toi ? Je représente quoi : une bonne poire, un jeu ? Rien peut-être ? ». Je luttais contre moi-même pour ne pas laisser mon impulsivité faire surface tout de suite, ses dernières paroles m'avaient blessé et j'étais terriblement tenté de m'énerver à mon tour. La meilleure défense c'est l'attaque comme on dit, pourtant je gardais mon calme en apparence, conscient que ça ne ferait qu'envenimer les choses. Paradoxalement, la seule chose qui me rassurait à peine était que les paroles de Cassandre ressemblaient en tout point à une crise de jalousie, au moins il devait un minimum tenir à moi même si actuellement il n'en montrait rien. La preuve était qu'il venait de se retourner pour reprendre sa marche en me lançant un « T'es qu'un idiot ! » Il se retourna finalement pour m'adresser la parole, des mots dont je me serais bien passé. « J'en ai assez. Adieu, monsieur De Lagarde ! ». Je me contentais de froncer les sourcils en le regardant s'éloigner une nouvelle fois. J'avais le choix. Je pouvais le laisser cette fois partir sur des souvenirs amers sans jamais le revoir sauf exception ou le rattraper une seconde fois, tout tenter au risque de paraitre faible en montrant mon attachement pour lui ce que jusqu'à présent je me refusais de faire. Quelques secondes suffirent à me décider.
Je me décidais pour la seconde option, à ne plus le revoir au moins que ce soit avec un regret en moins, et puis il ne fallait pas me connaitre sur le bout des doigts pour savoir que j'étais une personne têtue et obstinée, au moins autant que lui. Je me plaça alors une nouvelle fois devant lui, bien décidé à ne pas le faire fuir une seconde fois. Ma voix en était la preuve puisqu'elle était déterminée mais sèche. « Avant que tu partes j'ai juste envie de te dire que oui, j'aurais pu la dégager mais j'avais seulement l'intention de finir la chanson avec elle pour ensuite retourner avec toi, pas d'en faire une conquête. Alors oui, je n'ai pas réfléchi et j'ai fais le con mais non, quoi que tu puisses en penser tu n'es pas rien pour moi Cassandre, au contraire. On aurait pu passer une bonne soirée mais regarde nous, au lieu de ça on se comporte comme deux idiots jaloux qui fuient le moindre petit attachement ? Reste un peu, on parlera calmement, c'est tout ce que je te demande.. ». Je me pinçais discrètement la lèvre inférieure, gêné d'avoir avoué tout ça, mais je le voulais.
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Qui aurait cru qu'il reviendrait vers moi ? qui aurait pu penser que Thomas me rejoindrait et oserait m'affronter en plein Paris, à une heure aussi tardive ? Oui, je n'avais jamais manifesté un quelconque sentiment à son égard... Oui, je me suis rapidement pris la tête pour des choses, des évènements qui n'auraient jamais dû m'atteindre aussi facilement... Oui, j'étais faible avec lui devant moi avec son air de petit enfant désolé... Mais plus rien ne prenait. Je ne le croyais pas. Je ne le croyais plus. Certes, il mentait pour se protéger, pour ne pas être dupé. mais, en retour, il se fermait à de nouvelles rencontres et ne voyait pas ce qui était sous ses yeux. Moi. Simplement. Un homme ne recherchant pas l'amour mais le désirant intérieurement plus que jamais. Moi, un infirmier, travaillant difficilement pour sauver des vies et vivre de ce métier que j'adorais tant. moi, un homme de 28 ans qui était lassé de la gente masculine en tout point de vue.
J'en avais marre. Marre de cette histoire, marre de nos comportements respectifs, marre de ce jeu du chat et de la souris. Je n'en pouvais plus. Il était certain que nous nous cherchions sans pour autant nous trouver. Nous tournions l'un autour de l'autre sans faire le premier pas décisif. J'étais frustré mais soulagé, colérique mais relaxé. C'était impossible de continuer sur cette voie. Le voir ainsi me ramenait un an en arrière. Je n'étais rien de plus qu'un ami, une connaissance avec laquelle ce bourgeois pouvait s'amuser avant de me jeter comme un moins que rien pour la première demoiselle aux envies explicites. Et j'avais fui le club, sans quitter le quartier, dans l'unique espoir que Thomas me retrouve. Idiot que j'étais, en colère et énervé. Il ne viendrait pas. Non, il ne pouvait pas. Il s'amusait trop. Pourtant, en quelques minutes, je me retrouvais face à lui. J'aurais pu le frapper. J'aurais pu le faire pour m'avoir abandonner pour une poitrine avantageuse mais je n'étais pas aussi con. Womanizer. Ainsi, après des excuses que je n'écoutais qu'à moitié, je sortis tout ce dont j'avais sur le cœur quant à cette soirée. Puis, je le quittais, me courbant devant lui comme les esclaves le faisait devant leur maître, comme le peuple le faisait devant son Roi.
Mais il me rattrapa une seconde fois. Je ne le regardais pas, déviant mon regard du sien, de ce coureur de jupon qui ne pouvait même pas se l'avouer lui-même. « Avant que tu partes j'ai juste envie de te dire que oui, j'aurais pu la dégager mais j'avais seulement l'intention de finir la chanson avec elle pour ensuite retourner avec toi, pas d'en faire une conquête. Alors oui, je n'ai pas réfléchi et j'ai fais le con mais non, quoi que tu puisses en penser tu n'es pas rien pour moi Cassandre, au contraire. On aurait pu passer une bonne soirée mais regarde nous, au lieu de ça on se comporte comme deux idiots jaloux qui fuient le moindre petit attachement ? » Je l'écoutais, attentivement malgré le ressentiment que j'avais à son égard pour m'avoir traité comme une merde. Foutu crise de jalousie... J'aurais préféré être indifférent qu'exprimer cette colère. J'aurais préféré courir, m'enfuir, être loin de lui que de rester ici à se torturer l'esprit. Cependant, et contre toute attente, le jeune De Lagarde n'avait pas tord. Nous étions les deux exclus de la Saint-Valentin. Nous ne recherchions ni peine, ni angoisse. Nous ne désirions que la solitude de nos vies. Pourtant, quelque chose s'était passé là-bas. Quelque chose d'inexplicable pour moi à l'instant présent. « Reste un peu, on parlera calmement, c'est tout ce que je te demande... »
J'osais poser mes yeux bleus dans les siens. J'étais sous le charme de beau blond. Mais que dire, quoi faire face à tant de doutes, de peurs et d'attirance. J'étais tout bonnement perdu. « Ok... » Lui répondis-je simplement. Je marchais devant lui, m'installant sur le premier banc que je croisais. « Je t'écoute... » Continuais-je calmement. Je ne voulais pas renchérir. Je ne désirais pas dire un mot de plus, sachant ce qu'il venait de m'avouer. Je n'étais pas rien pour lui et ma curiosité naissante désirait savoir ce que je pouvais bien être à ses yeux. « Bon d'accord. Faut que je te demande un truc parce que sinon ça va me tourner dans la tête et je ne vais rien écouter. » Je laissais planer le suspense un instant. « Pourquoi tu fuis le moindre petit attachement comme un idiot jaloux ? » Je le regardais avec ce mi-sourire attachant. « Et si je ne suis pas "rien" pour toi, je suis quoi ? » Oui, je devais savoir. Je devais connaître la vérité, quitte à être déçu.
Je refusais pour le moment de le laisser partir, ce n'était pas dans mes habitudes de rester sur un échec comme lui. Je n'aimais pas être aussi entreprenant pour retenir quelqu'un, à vrai dire c'est une des premières fois que j'osai le faire. Il prendrait sûrement peur et s’éloignerait encore plus de moi mais tant pis, au moins je pourrais le laisser partir avec le sentiment d'avoir tenté beaucoup de choses pour que ça ne se produise. D'un pas rapide je me replaçais une seconde fois devant lui, plus déterminé que précédemment. Je ne croyais pas une seule fois en ma force de persuasion pourtant je tentais quand même, lui expliquant ce qui s'était passé avec cette blonde que je n'aurais jamais du laisser faire, appuyant sur notre incapacité à se laisser aller sans avoir peur de tous les sentiment et ressentis que cela pouvait produire. Je ne sais même pas pourquoi je lui avais sorti tout ça, encore une fois ce n'était pas dans mes habitudes mais paradoxalement en sa compagnie j'étais toujours moi-même. Sans vraiment d'espoir je lui demandais une nouvelle fois de rester encore un peu, juste le temps de mettre toute notre situation au clair, nous en avions tout les deux besoin. A présent j'attendais une seule chose, sa réponse à tout ça. Positive si possible.
« Ok... ». Il n'avait pas l'air terriblement enthousiaste mais peu importe, sa réponse c'est tout ce qui me fallait. Il ne s'en foutait peut-être pas tellement que ça au final, sinon il n'aurait même pas pris la peine de s'arrêter dès la première fois. Après un discret soupir de soulagement je le suivais pour m'installer sur le premier banc venu. « Je t'écoute... ». Je m’apprêtais à prendre la parole quand, au bout de quelques secondes seulement, il le fit de lui-même. Nous étions tous les deux d'une grande curiosité, ce qui aidait bien lors d'explications comme celle-là. « Bon d'accord. Faut que je te demande un truc parce que sinon ça va me tourner dans la tête et je ne vais rien écouter. » . Je fronçais les sourcils, cherchant où il voulait en venir mais heureusement il enchaina très vite. « Pourquoi tu fuis le moindre petit attachement comme un idiot jaloux ? ». Il venait de taper en plein dedans, il avait posé La question ce qui prouvait aussi qu'il me connaissait un peu plus que ce que je pouvais penser. Pour le coup je ne pouvais plus fuir et si je voulais qu'il soit sincère je devais aussi l'être un minimum. Tout en répondant je me détournais de son regard, fixant un point non précis dans l'horizon. « Tu sais parfaitement pourquoi je fuis tout ce qui se rapproche de près ou de loin à de l'attirance. Absolument tout est lié à mon passé, je prends peur, je me braque pour éviter à tout prix de m'attacher et de revivre ça. Voilà, c'est surtout un soucis de confiance en moi et en les autres. Maintenant, je te retourne la question.. ». Pour ma dernière phrase je m'étais finalement retourné vers lui, affichant un léger sourire au coin des lèvres. Il n'y avait pas de raisons que je sois le seul à me confier même qu'un peu sur ce sujet puisqu'après tout Cassandre était exactement comme moi à ce niveau. « Et si je ne suis pas "rien" pour toi, je suis quoi ? ». Décidément il n'était pas déterminé à me lâcher. En même temps j'avais sorti ça sans réfléchir aux conséquences, il était malin et avait très bien retenu cette phrase. Je m'accordais quelques instants de réflexion, il m'avait déconcerté et je devais chercher mes mots.
C'était le moment où jamais pour lui avouer mon attirance naissante que je ressentais pour lui mais j'étais loin d'être doué pour exprimer ces choses là. Après un nouveau soupir je plongeais mon regard dans le sien. « Je suis un incapable à ce niveau tu sais, j'ai un mal fou à exprimer mes émotions. Tu n'es pas rien, c'est la seule chose dont je suis certain. Après je ne sais pas vraiment comment exprimer tout ça, après tout je te connais à peine et tu vas sans aucun doute fuir une nouvelle fois. ». J'étais à deux doigts de m'énerver contre moi-même, ça ne devait pas être bien compliqué de dire seulement tu m'attires, ni plus ni moins, c'était clair et précis contrairement aux paroles que je venais de sortir et qui n'avaient absolument aucun sens. J'avais bien une idée pour lui faire comprendre directement, sans passer par les paroles avec lesquelles je n'étais visiblement pas à l'aise. Si je le faisais je ne pouvais plus me justifier de quoi que ce soit, il allait prendre peur mais au moins il serait au courant. En cet instant je n'avais qu'une envie, me prendre la tête entre les mains en me coupant du reste du monde. Puis, en mettant mes moindres pensées de côté je passais enfin à l'action. D'un geste vif qui dura peu de temps, je posais mes lèvres sur les siennes, me reculant immédiatement après. « Voilà, au moins tu sais maintenant. ». J'avais apprécié ce moment même furtif mais actuellement je voulais seulement redevenir enfant et me cacher le plus loin possible. Je ne savais pas pourquoi j'avais fait ça, une pulsion, une envie. Je culpabilisait mais au moins il n'y avait plus l'ombre d'un doute concernant ma situation. Je craignait seulement sa réaction que je redoutais le coeur légèrement serré. Les secondes suivantes me parurent bien plus longues que la normale, je voulais juste fuir.
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Sujet: Re: Jealousy ( Cassandre ) Ven 1 Mar - 18:10
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Je n'avais pu retenir ma curiosité. Cette fameuse curiosité, héritage de la famille Lefèvre, qui n'avait pu se taire et disparaître. Je fus obligé de l'ouvrir, de poser ces deux petites questions qui ne le mettrait surement pas à l'aise mais qui mettrait un point d'honneur à ces interrogations que je me faisais au sujet de Thomas. Je touchais un point sensible en le questionnant sur ses attachements et sur ce que j'étais pour lui. Cela pouvait paraître anodin pour des gens extérieurs mais, pour nous deux, c'était devenu presque maladif. Nous étions deux hommes refusant un quelconque attachement (ou du moins facilement). J'étais sûr que même en étant en confiance, Thomas essaierait de ne pas s'attacher. Connaissant son histoire et surtout la fin de sa relation amoureuse la plus forte, je savais pertinemment que le danseur ne pouvait se laisser aller complètement aujourd'hui. J'étais un peu dans le même cas, même si ce n'était pas un homme mais trois qui m'avaient amené à cette conséquence avec eux. « Tu sais parfaitement pourquoi je fuis tout ce qui se rapproche de près ou de loin à de l'attirance. Absolument tout est lié à mon passé, je prends peur, je me braque pour éviter à tout prix de m'attacher et de revivre ça. Voilà, c'est surtout un soucis de confiance en moi et en les autres. » Ces mots me réconfortèrent car je commençais réellement à connaître la personne qu'il était et pourquoi il était ainsi. Je le comprenais, la question n'était pas là. Moi-même, j'avais difficilement confiance maintenant en la gente masculine. « Maintenant, je te retourne la question... » Je le regardais avec de grands yeux, ne m'étant pas attendu à ce retournement de question. Pourquoi je fuyais le moindre petit attachement comme un idiot jaloux ? Je réfléchis, fixant le jeune De Lagarde à mes côtés qui arborait ce léger sourire au coin des lèvres. Je passais une main dans mes cheveux. « Je ne sais pas trop... Enfin si, c'est entre autre à cause de toutes ces relations et déceptions que j'en suis là. Mais pourquoi un idiot jaloux ? J'avoue que j'en sais rien... Peut-être parce que fuir les rencontres et les rendez-vous font de moi ce genre d'imbécile. Ma sœur m'a assez répété que j'étais con de réagir comme ça. » Je riais légèrement, levant la tête vers le ciel étoilé. « Je suis un idiot jaloux... Oui, probablement. » Terminais-je dans un simple murmure.
« Je suis un incapable à ce niveau tu sais, j'ai un mal fou à exprimer mes émotions. Tu n'es pas rien, c'est la seule chose dont je suis certain. Après je ne sais pas vraiment comment exprimer tout ça, après tout je te connais à peine et tu vas sans aucun doute fuir une nouvelle fois. » Je sentais du blâme dans ces propos. J'en étais offusqué. Fuir n'était pas dans mes habitudes. Surtout maintenant que nous avions noué une certaine amitié, surtout maintenant que je m'étais attaché contre toute attente à lui jusqu'à en devenir jaloux. Fuir n'était qu'un moyen comme un autre de ne pas être un poids pour lui. Je ne pourrais jamais accepter d'être jeter tel un déchet et la fuite, en ces moments, était probablement une issue favorable pour ne pas se retrouver comme un idiot devant celui qui nous torturait le cœur. Il me torturait. Oui, Thomas jouait avec moi que je ne savais jamais comment me comporter avec lui. Il était si distant et pourtant si proche que j'en perdais le fil à chacune de nos rencontres. Et ce soir encore, je ne savais comment réagir lorsqu'il me parlait ainsi. D'accord, il ressentait quelque chose, un truc au fond de lui qui lui disait que je n'étais pas rien à ses yeux. Mais j'étais quoi ? C'était bel et bien la réponse à cette simple question que j'attendais de pieds fermes et qui ne venait pas à sa bouche. Puis, alors que je ne m'attendais à ce geste, à cette douceur et que j'observais le danseur, ces lèvres se posèrent rapidement sur les miennes pour déguerpir aussi vite. « Voilà, au moins tu sais maintenant. » J'explosais de l'intérieur. Mains posées sur la rembarde du banc, je la serrais fortement de mes doigts. J'étais pétrifié, figé de ressentir tous ces sentiments que se chamboulaient dans ma poitrine, dans ma tête, dans mon corps tout entier.
Ce simple baiser ravivait des tas de bons souvenirs, des émotions que je croyais presque perdu à jamais mais qui, finalement, s'étaient cloîtrées dans les profondeurs de mon âme pour en oublier l'existence. « Thomas... » Je portais l'une de mes mains à sa joue que je caressais délicatement. « J'ai... Enfin, t'es... Non... C'est juste que... Je ressens la même chose, tu vois. » J'avais également cette attirance aussi bien physique qu'intellectuelle. Il était un bon parti, à tout point de vue. Il était un De Lagarde et tout le monde rêvait de pouvoir s'afficher au bras d'un membre de cette famille bourgeoise de Paris. Mais le voulais-je vraiment moi qui ne faisait pas parti de cet univers ? « Tu serais parfait... Tu es parfait. Mais je ne peux pas. On ne peut pas. » Je me levais du banc, délaissant son visage pour mettre mes deux mains dans les poches de mon blouson. Je me plantais devant lui, le fixant intensément dans ces magnifiques yeux bleus. « On n'est pas du même monde et ta famille... Je ne suis rien. Je ne suis personne pour eux ou juste un infirmier cherchant surement à mettre le grappin sur leur richesse en séduisant leur frère ou fils homosexuel. » Je soupirais. « Ce n'est pas le cas, rassures-toi ! » Ajoutais-je rapidement pour ne laisser planer aucun doute à ce sujet. « On ne peut pas... » Je sortis ma main droite, affrontant la fraîcheur de l'hiver, et attrapait l'un des siennes. Je me penchais vers lui, déposant comme lui un léger baiser sur ces douces lèvres.