Nom complet ▲ tu vois le gars assis là bas ? il s'appelle jean-baptiste armand claude guignard. c'est pas trop des prénoms de bourge ça ? Lieu de naissance ▲ t'as vu sa gueule ? il peut être né qu'à paris. âge ▲ il doit avoir l'âge de mon petit frère, vingt-trois ans, par là. nationalité ▲ ça, c'est du français pure souche. diplômes, études ▲ il était dans la classe de mon frère, il a fait un bac s. je crois. métier ▲ il est en fac de criminologie machin là, mais à ce qu'il paraît, il deal de la bonne verte. mais les petits bobos dans son genre, ça se fait jamais caler. statut matrimonial ▲ il est fiancé à une pure bonasse mec. orientation sexuelle ▲ j'sais pas, il doit être hétéro. situation financière ▲ c'est un putain de bourge, un truc de fou. idole(s) de vie ▲ j'sais pas moi, james dean ? il s'habille pareil ! nombre d'amis facebook ▲ t'as vraiment cru je savais ça ? moyen de déplacement ▲ il a une putain de caisse. groupe ▲ écrire ici. avatar ▲ maxwell runko. crédits ▲ tumblr.

premier point ▲ il est h24 stone. tu te demandes comment il a eu son bac ? attends, ils l'ont accepté à la fac ! comme quoi, quand t'as les thunes, t'as le monde à tes pieds. société de merde. ça me fout la gerbe de savoir que ce tox, il peut se permettre de rien foutre de sa vie sans ruiner son avenir. il a aucun mérite. deuxième point ▲ gars, imagine une seule seconde si son vieux apprenait que son fils c'est un drogué. juste, imagine. ça foutrait le cahot, l'apocalypse dans leur famille à deux balles. c'est le genre de mec qui s'affiche trop en mode intello devant ses vieux, et qui se fait des pets une fois qu'ils ont le dos tourné. ça fout trop la rage ce genre de mec. troisième point ▲ il vend son herbe taquet chère. bon, franchement, c'est pas pour faire genre et tout, mais sa beuh, c'est pas de la merde tu vois, mais voilà. il en fait quoi des thunes ? sérieux, il en fait quoi ? quatrième point ▲ j'ai appris un putain de dossier sur sa p'tite gueule. tu vas halluciner mec. tu vois sa meuf ? anna machin là ? bah, c'est un coup arrangé. askip, ils peuvent pas se saquer. limite, ils se tapent dessus et tout. franchement, il y a qu'un gay qui peut pas kiffer une meuf sur une meuf comme elle ? ou alors, elle est putain de casse couille, mais ça, tu t'en bats une fois que t'as vu son boule. cinquième point ▲ son père il a une entreprise d'automobile. il fait des moteurs pour des putains de marque trop stylées. c'est pour ça qu'ils ont des caisses de niqués. il a une porsch. il y en a, ils vendraient leur mère pour une bagnole comme ça. sixième point ▲ attends, gars, tu vas trop, trop rire. tu savais qu'il rap ? il a vraiment cru qu'un bourge comme lui, ça avait une chance dans le rap ? il sait pas ce que c'est la souffrance, il a des thunes. comment veux-tu qu'il sache rapper ? c'est vraiment qu'un couillon ce mec. septième point ▲ t'sais que c'est un battard en plus de ça ? il a des thunes, il le fait savoir en vrai. il a cru il était le dealer de la france entière. il se prend trop pour le king de la beuh. un jour, il va se faire descendre, je vais trop rire. huitième point ▲ il a ken pour la première fois de sa vie dans les chiottes de son collège. c'est pas trop un truc de niqué ça ? la meuf, elle avait trois ans de plus que lui. après, il s'est plus senti pisser. il l'a raconté à tout le monde. ça m'aurait même pas étonné qu'il l'affiche sur facebook t'sais. neuvième point ▲ comment il m'énerve avec son foulard rouge là. on dirait un truc de cow boy. il a cru il était un acteur de western. il est toujours, toujours avec ce foulard. il est trop cheum putain. dixième point ▲ putain, je crois il a capté qu'on parlait sur sa gueule. matte, il nous regarde ! c'est pas le genre à venir frapper, il a l'habitude j'crois. puis s'il vient, je le démonte facile moi.

et tu ris. tu ris parce que la situation en elle-même, ne prête absolument pas à rire. t'es un mec comme ça, toi. toujours à côté de la plaque. toujours à faire ce que tu ne dois surtout pas faire. tu fais continuellement de la plongée en fait. de la plongée dans ce putain de gouffre qui s'éprend de ton souffle, de tes os, de ton âme. t'es juste en train de crever mon gars. t'es plus qu'un déchet, une épave, t'es qu'une merde avec deux pieds, deux mains, une queue. rien de plus, rien de moins. regarde toi dans une glace, regarde ce que t'es devenu man. quoi que nan, vaut mieux pas. tu risquerais d'être surpris, et sacrément déçu. rappelle toi le gosse candide et avide de savoir que t'étais, souviens toi de toutes ces après midi passées dans le bureau de ton padre. tu voulais te trouver un job, une femme. lui faire un bébé. un garçon. puis encore un autre bébé. une fille. tu voulais que tes vieux soient fières de toi. tu voulais montrer l'exemple à tes petits frères. t'as plus qu'à prier pour qu'ils ne suivent pas le même chemin que toi ! ta vie, en un mot, c'est quoi ? l'échec ? la défaite ? t'es faible, t'es minable, tu me files la gerbe. la seule chose positive que tu pourrais accomplir c'est d'être l'exemple même de ce qu'il faut pas devenir. t'irais dans les écoles, voir des gamins, et leur expliquer ta vie et les dégouter de la weed. fume, sniffe, rêve, bad. fais ce que tu veux de ta vie, mais viens pas te plaindre par la suite. tes cernes sur ton visage, le rouge dans tes yeux, on le calcule même plus. t'as même plus faim, t'as même plus la patteuse après tes pets. enfin, tes cigarettes. car ouais, le brun, ça a remplacé tes clopes. la coke, ça a remplacé tes bedos. oh putain, t'es pas beau à voir, à baigner dans ta gerbe et dans ton sang. tu t'es ouvert quoi ? le menton ? t'avais qu'à pas trainer dans la rue à cette heure-ci. j'ai une question pour toi gros : comment ? juste, comment ? t'es arrivé comment ici ? comment et pourquoi ? t'avais tout pour toi, tu vas pas me faire croire que t'avais des problèmes. t'es un putain de fils de bourge. tu peux pas avoir d'emmerdes mec.

il prend son stylo, ferme ses yeux, inspire profondément et écrit, écrit, écrit et écrit. il a quinze ans, voir seize, et il sait bien qu'il est fait pour ça. écrire, inventer, fabuler, conter, imaginer. c'est son truc. c'est comme ça qu'il se sent vivant, c'est comme ça qu'il trouve une bonne raison de sourire. écris, et heureux tu seras ! monsieur veut devenir écrivain. il vise pas la relève de l'emprise de papa, et encore moins une carrière de grand médecin international, c'est pas ça qui le fait vibrer, pas du tout. sérieusement, il faudrait vraiment ne pas le connaître pour ne pas savoir qu'il fera un bac littéraire l'année prochaine ; pourtant son père a décidé qu'il fera un bac s. les sciences, calculer, composer, non. il s'y oppose. il est imaginatif, créatif. c'est un artiste, un vrai. sa plume est à tomber par terre, oui oui, littéralement à tomber par terre ! il rentre dans le bureau de son père et c'est décidé et optimiste qu'il lui fait lire, pour la première fois, ses écrits. monsieur guignard ne se donnera même pas la peine de finir la première phrase. crack. feuilles déchirées. c'est une évidence, il devra faire un bac s. c'est un guignard, c'est comme ça. c'est un matheux. le coeur déchiré, jean-baptiste court comme si rien ne pouvait l'empêcher de le faire. il se sent libre lorsqu'il court, lorsqu'il oublie, mais il est bien vite de retour à la réalité en levant les yeux et en constatant qu'il est entouré des idéologies de son père. la musique, les œuvres, la décoration, les repas, tout était fait en guise de son père. il grogne fermement et accourt dans sa chambre, dans sa bulle. le seul endroit qu'il lui correspond vraiment. au lycée, il n'a pas beaucoup d'amis. deux ou trois. et encore, il est vite enquiquiné par l'immaturité des gens qui l'entourent. il est sur internet, constamment, à parler à des adultes, des adultes indépendants et libres. le lendemain, lorsqu'il rentre du lycée. jean-baptiste se trouve face à face à ses parents. la nouvelle fait office d'une bombe. le garçon avait écrit toute sa vie, et le voilà démuni de toute l’œuvre de sa vie. monsieur guignard s'est aventuré dans la chambre de son fils et c'est fièrement qu'il lui annonce que tout avait été brûlé et remplacé par des bouquins de physiques, du matériel informatiques, etc. jean-baptiste est perdu. pleurer, crier, se mutiler. il tente, il ne ressent plus grand chose. un adolescent, sans raison de vivre. un cachet, assez fort, puis deux, et c'est rapidement qu'il en prend sept. sept. le pauvre jeune homme tombe dans un long et profond sommeil. lâche, faible. le suicide. il ne se réveille qu'au bout de quelques jours, dans une chambre d'hôpital et la première chose que lui susurre son père, c'est que les médecins qui les entourent, ils ont tous fait un bac s. jean-baptiste ferme les yeux, et prie. pourquoi s'est-il réveillé ? qu'il meurt, tel est son souhait. délaissé par sa passion, jean-baptiste n'est plus qu'à moitié lui-même et il devra s'y faire, puisque ce n'est que le début de ses problèmes.