Echo n'en pouvait plus de courir. Le souffle coupé, les joues brûlantes, il s'avança prudemment vers les marches du perron. Il ne comprenait toujours pas pourquoi ça lui était tombé dessus, sans doute était-ce une punition pour toute la douleur qu’il avait engendrée chez les personnes qu’il connaissait. Pour tous les mensonges qu’il avait osé prononcer en jurant que c’était la vérité. Pour tous les fois où il avait pris de la drogue, couché avec des parfaits inconnu, provoqué des bagarres pour un rien, juste pour se sentir un peu plus vivant. Dans un soupire mi- agacé mi- épuisé, Le jeune homme s'assit sur la seconde marche et posa ses coudes sur ses genoux, plongeant sa tête entre ses mains.
Il faisait presque nuit. Sa soeur devait être en train d'angoisser, seule dans leur maison, mais peu importe qu'elle soit là ou pas, le fait qu'il soit obligé de lui dire qu'il allait être séparé était trop insupportable pour se consoler de cette manière. Elle, la petite mutique, qui n'avait jamais rien demandé allait une fois de plus souffrir à cause de son crétin de frangin. Il regrettait tellement ses choix, ses actes qu'il se demanda si elle ne serait pas mieux sans lui, et ses déboires ...Peut être que dieu était d'accord avec lui après tout...Peu à peu des pensées plus sombre encombra sa tête.
Puis, comme s'il l'avait espéré, la pluie se mit à tomber. Par minuscules gouttes, douces et invisibles, puis par grosse goutte gelé qui se fracassaient douloureusement contre ses joues rouges, pourtant il avait presque envie de remercier le ciel de cette inverse imprévu, chaque gouttelettes qui touchaient sa peau fiévreuse l'aidaient à ne pas perdre pied, à ne pas s'enfoncer dans les ténèbres qu'était ses pensées. Frictionnant ses bras quand un coup de vent vicieux s'immisça entre les pans de sa veste de cuir. Il aurait voulu revenir en arrière, ne jamais être allé à ce foutu contrôle, et surtout n'avoir jamais entendu cette nouvelle immonde qui avait brisé ses rêves, aux même titre que sa vie. Le bruit sourd d'une porte s'entrebâillant le fit se figer, les mains sur les tempes alors que son sang se glaça dans ses veines.
« Merde, non ! Pas maintenant... » Implora-t-il au silence. « Pas maintenant. »
Sursautant lourdement quand la main brulante de sa soeur se posa sur son épaule, la serrant entre ses doigts fins. Un fin sourire étira ses lèvres alors qu'elle la glissa doucement dans sa nuque, la massant, comme quand ils étaient enfants. Depuis gosse ils avaient été proches, inséparable ce qui avait causé un bon nombre de problème à leurs parents, surtout quand l'année de leurs seize ans écho en était venu brutalement aux mains brisant sec le bras de l'un de ses camarades de classe, quand celui-ci avait osé traiter de traîné sa jeune jumelle. Ses parents avaient fini par les séparer, envoyant mutique dans une institue pour jeune fille, allant même jusqu'à envoyer leurs seule fille en passionna.
Les premières semaines avaient été de vraies désastres, pendant qu'écho multipliait les bagarres, mutique, elle se renfermait chaque jour un peu plus sur elle-même sans doute trop vite priver de la personne qu'elle considérait déjà comme son pilier malgré leurs jeunes âges. Leur séparation finit par être trop dur à gérer pour l'un comme pour l'autre, mutique finit par arrêter de manger, alors qu'écho en fit baver ses pauvres parents. Jurant, mentant, et brisant tout dans la maison il finit par les faire craquer, surtout quand un appel de la décoratrice du foyer les informa que mutique était au plus mal, et avait perdu plusieurs kilos et sa joie de vivre. L'inscrivant à nouveau dans le même établissement qu'écho, ils firent revenir mutique essuyant leur échec et le sentiment de honte qu'ils ressentirent quand elle passa la porte pour se jeter directement en pleure dans les bras de son frère, se fut la première fois qu'écho s'autorisa à pleurer dans le creux du cou de sa soeur. La rancune qu'avait ressenti les jumeaux au moment où leurs chères parents avaient décidé de les séparer, brisant leur coeur aux même titre que leurs âmes car ils n'étaient qu'un ne c'était jamais vraiment effacé.
« Echo ? » murmura-t-elle « Tout va bien ? »
La voix chantante et enfantine de mutique le tira de ses souvenirs, le faisant doucement revenir sur terre. Attrapant délicatement le poignet maigrelet recouvert de bracelet multicolore de sa jumelle il le porta à ses lèvres alors qu'elle se posait à ses côtes grimaçant quand l'eau de pluie froide s'engorgea dans le textile de son jeans. Posant des baiser humide sur sa peau il se rappela combien de fois il l'avait fait quand sa soeur venait se glisser contre lui pour dormir la nuit, combien de fois quand sa mère les avaient découverts serré l'une contre l'autre dans une étreinte fraternelle alors qu'elle venait réveiller le jeune homme. Un rire jaune lui échappa quand le nombreux de fois ou leurs parents leur avaient hurlé dessus, osant même les menacer de les séparer de nouveaux, les jugeant beaucoup trop proche pour que leur relation soit saine lui revient en mémoire.
Peut-être qu'eux trouvaient-ils ça malsain, mais pour les deux jeunes dormir ensemble, ou encore ce câliner en public était normal, innocent, il n'avait rien d'ordre sexuel l'a dedans juste l'amour que ressentait chaque jumeau en compagnie de leur visa vi et un besoin vital d'être l'un avec l'autre. Mais qu'importe, leurs parents n'arrivaient pas avoir ça d'un n'autre oeil, mais peu leur importait après tout c'était leurs vies pas les leurs, eux avaient bien pu vivre leurs vies comme bons leur semblaient non ? Alors, eux aussi en avaient le droit !
« Pas vraiment » souffla-t-il « Et toi chaton ? ta journée ? »
Un grognement s'échappa d'entre les dents de sa soeur alors qu'il finissait sa phrase, il venait de l'appeler par l'un des surnoms qu'elle détestait. Sans doute parce que ça lui rappelait qu'elle était plus mince et affreusement plus petite à côté de lui, et surtout si faible. C'est pourquoi il mettait un point d'honneur à la protéger de ses crétins qui ne pensaient qu'à la mettre dans son lit, réduisant à néant son coeur de gamine croyant au prince charmant et surtout de la vie en général... Un gémissement de douleur remonta dans sa gorge quand le coude de la demoiselle s'écrasa contre ses côtes, tournant doucement ses yeux il rencontra ceux, rieur, de mutique. Poussant un soupire las pour la forme il murmura un « gamine » qui ne passa pas inaperçu aux oreilles sensibles de sa soeur. Un rire joyeux résonna sur le perron, le premier de la journée, quand une moue boudeuse se peignit sur le visage la jeune fille montrant clairement qu'elle n'aimait pas l'insulte, mais elle disparut aussi vite qu'elle était venue quand écho pinça doucement ses côtes, la chatouillant, savant parfaitement qu'elle ne résisterait pas longtemps. Qu'importe la situation sa soeur arrivait à le faire rire, sourire et même pleurer parfois, c'était sa moitié, sa plaide dans les nuits froides d'hivers, son soleil, son essentiel et il aurait tout donné pour jamais avoir à lui faire du mal ou la quitter. Bientôt son éclat de rire cristallin rejoins celui plus roque de son frère alors qu'il l'avait allongée sur le sol trempé, glissant ses doigts sur les flancs de la demoiselle, provoquant un éclat de voix joyeux de sa part, s'en foutant complètement de la pluie froide qui martelait leurs corps, chaudement emboîté l'un contre l'autre. Il sourit quand les tremblements provoqués par le rire profond de la jeune femme le secoua encore plus.
Il finit par stopper ses mains, les posant de part et d'autre de la tête rousse du petit bout de femme couchée sous lui. Les yeux dans les yeux, elle fit glisser sa main aux longs doigts d'artiste sur la joue humide d'écho amoureusement. Et dans un sourire, elle se haussa pour embrasser le coin de ses lèvres. Entre eux, c'était ça. Parfois plus. Rarement moins. Lui rendant ce baiser innocent, il finit par rouler séparant leurs lèvres ainsi que leurs corps, mais imbriqua quand même ses doigts rêches à ceux de sa soeur.
« Pas vraiment ? Pourquoi ? » murmura-t-elle soudainement panique « Ma journée ? Je me suis inquiétée toute la journée... Tu sais à quoi sert un téléphone non ? alors essaye de t'en servir d'accord ?.. »
La tirant contre lui il lui intima de poser sa tête contre son épaule tout contre son cou, et caressa sa hanche de sa main libre. Un sentiment de honte lui oppressa la poitrine, et la gorge quand il s'imagina à quel point elle avait dû s'inquiète a tourné seule chez eux, à l'attendre.
« J'étais chez le médecin » souffla-t-il espérant qu'elle ne l'entendrait pas, il n'était pas prêt à lui dire, à réduire à néant ses espoirs « Je suis sincèrement désolé mon ange j'avais éteint mon portable pour ne pas être dérangé pendants la consult' » continua-t-il fixant tendrement le visage de la jeune femme
Un soubraut ébranla le corps mince de sa jumelle alors que le mot médecin quitta sa gorge et sembla résonner sur le perron. Il grimaça quand secouant leurs mains pour se libérer elle s'éleva un peu s'appuyant contre son torse trempé.
« Et il a dit quoi ? »
De l’angoisse a l’état pur marquait ses traits d’ange, et il décida d’éviter la question.
« On devrait rentrer » soupira-t-il
Il la repoussa et se leva, prenant soin de rester dos à elle. Il ne savait pas comment lui dire, comme lui expliquer, et il n’en n’avait pas particulièrement envie, sans doute de peur de la briser de l’intérieur. De réduire à néant, piétinant, les espoirs qui les habitaient tous deux depuis qu’ils étaient gamins. De bousiller sa vie alors qu’elle ne faisait que commencer…
« Non-dit moi » murmura-t-elle douloureusement.
Elle avait mal, elle avait peur, elle était paniquée et il ne pouvait vraiment pas lui dire la vérité. C’était trop dur, complètement impossible. Secouant la tête pour signifier son refus, même si il aurait voulu parler il n’aurait pas pu, une boule c'’était formé dans sa gorge et l’obstruait. Il peinait déjà à respirer, alors prononcer une phrase lui semblait complètement improbable.
« Dit moi » hurla-t-elle.
Elle perdait son sang-froid quand elle comprit peu à peu d’elle-même la raison de son mutisme. Attrapant son bras, elle y planta ses ongles dans sa chair pour être sûr qu’il ne puisse pas le retirer, mais il n’essaya même pas de s’échapper de sa prise qu’elle savait douloureuse. Peut-être avait-il compris qu’elle avait besoin de le toucher, de se rassurer.
« Dit moi que ce n’est pas vrai » chuchota-elle abattue
Se décidant enfin de se retourner et affronté le regarde brillant de douleur de mutique écho caressa doucement la main qui meurtrissait son avant-bras, toujours terré dans son mutisme. Un message silencieux s'éprit de ses lèvres : Je suis désolé...C'est alors que les premières perle salés roulèrent sur les joues rondes de sa soeur, détournant rapidement la tête, supportant mal l'immonde douleur qui marquait son visage. Il aurait aimé lui dire que ce n'était pas vrai, qu'il allait bien et que toute cette histoire n'était qu'une erreur...mais ce serait lâche. Et il l'avait déjà fait tellement souffrir en se droguant, sortant tous les soirs, créant des bagarres partout où il passait et il s'était promis de plus jamais lui faire du mal. Pourtant une petite voix au fond de son crâne lui chantonna qu'il était en train de la briser.
« Combien de temps » murmura-t-elle douloureusement.
Elle voulait savoir combien de temps elle pourrait encore le serrer contre elle profitant ainsi de sa chaleur, encore lui raconter de la merde a longueur pour l'entendre lui dire de se la fermer avant de la câliner quand elle se mettait à pleurer pour de faux. Elle se sentait aussi impuissante que lui dans cette histoire de mauvais sérieux B,et c'est ça qui lui faisait le plus mal. Savoir que malgré tous ses efforts, ils allaient être séparés a jamais.
« Quelques mois, un an à tout casser »
Son corps c'était ramollie à cette annonce, sa vivacité c'était envolée perdu dans sa douleur.
« Tout ira bien petite soeur tu verras... »
Il savait que ce n'était pas vrai, mais il avait ce besoin irrépressible de la rassurer.
Mais elle ne l'avait pas entendu perdu dans les ténèbres.