Faire les boutiques. Cerena manquait généralement de temps pour s'accorder une telle activité, son travail exigeant de lui des horaires plutôt harassantes. Mais aujourd'hui il était en congé et comptait bien profiter des soldes pour refaire sa garde robe ; car si il avait "trois tonnes de vêtements" comme disaient ses amis, il fallait admettre que ces temps-ci il avait maigri et que rien ne lui allait plus ! Ou du moins si mais c'est comme si vous vous faisiez vos vêtements dans de vieux parachutes : pas très classe. Ce matin c'est le forum qui attira son attention et après un trajet de taxi auquel il ne fit pas vraiment attention, il se jeta sans hâte dans la foule pour trouver des vêtements qui pourraient lui aller : coloré, classique, sombre, bohème, tout y passait. De toute façon il pouvait se le permettre alors pourquoi se priver ? Il saisit alors un slim desigual qu'il posa sur son bras, avant de repousser une mèche de cheveux. Et alors seulement il sortit de sa torpeur. Remarqua les piles de vêtements s'écroulant sur son bras, les femmes hystériques se battant pour de bonnes affaires, et la scène lui arracha un rictus. Elles étaient ridicules, ces françaises à se battre pour une robe qui ferait des hanches de vache à l'une et un teint maladif à l'autre. Et ces deux là, qui se battaient pour une paire d'escarpins pourtant insipides à quoi ressemblaient-elles donc ? Au milieu de toute cette agitation il remarqua alors une jeune femme de peut être son âge, ou un peu moins, s'emparer d'une robe pailletée virant sur le jaune. Le sang de l'androgyne ne fit qu'un tour et il la rejoignit rapidement, s'emparant du vêtement. Je serais vous je ne ferais pas ça, se permit-il de lui faire remarquer. Cette couleur ne va pas du tout avec votre teint je peux vous garantir que vous gaspilleriez une fortune pour un bout de tissu qui resterait au fond de votre armoire sans que vous n'osiez plus y toucher ensuite. A moins que le ridicule ne vous atteigne pas. Il posa alors la robe sur le premier portant passant, une moue appliquée passant sur son visage alors qu'il fouillait dans les étalages ... Voyons ... Celle là serait parfaite, assura-t-il en mettant devant elle une robe presque identique mais d'un bleu lagon bien plus voyant, dynamique. Les couleurs voyantes sont à la mode en plus cet hiver.

Le peuple, les magasins et ma petite personne, ça doit faire quinze. Au minimum. Ceux qui ne savent pas où se rendre, ceux qui mettent vingt ans à choisir entre x et y alors qu'entre nous, la différence est minime. Et puis, il y a toujours trop de choix. Trop de tentations. On se retrouve toujours avec des vêtements qui prendront la poussière tout au fond du dressing. C'est une triste réalité, paix à leur âme. Sauf qu'en ce jour l'heure est grave et je ne peux me me permettre de me morfondre sur mon sort une journée de plus. À force de toujours tout remettre au lendemain, j'ai pratiquement atteint la deadline pour me bouger. Je me retrouve donc dans le quartier des Halles. Là où l'on trouve de tout et de rien, pour n'importe quels portefeuilles, bien que cela ne soit pas mon soucis particulier. Je ne suis pas venue ici depuis des années... Pas simple de trouver mon bonheur finalement, mais mes yeux tombent sur une bien jolie robe. Du moins, c'est ce que je me dis en l'attrapant. Dans le fond, je me rends compte qu'il s'agit d'une de ces robes qui ne m'ira pas et que je ne porterai jamais. Sauf que je suis incapable de me l'avouer et c'est un parfait inconnu qui me ramènera à la réalité. Je serais vous je ne ferais pas ça. Cette couleur ne va pas du tout avec votre teint je peux vous garantir que vous gaspilleriez une fortune pour un bout de tissu qui resterait au fond de votre armoire sans que vous n'osiez plus y toucher ensuite. A moins que le ridicule ne vous atteigne pas. J'arque un sourcil, étonnée par sa force de persuasion. À défaut d'avoir une meilleure idée en tête, je suis prête à l'écouter. Vous allez probablement croire que je suis niaise ou que je fais facilement trop confiance pour le coup, mais il s'avère que je suis dans l'urgence et désespérée. Voyons ... Celle là serait parfaite. Je suis incapable de rétorquer quoique ce soit. Il n'a peut être pas tort. Oui, je pense à un 'il', certes il a un côté androgyne, mais il a carrément moins de forme qu'une mannequin, ni une voix très féminine. La conclusion est peut être trop rapide, j'en suis consciente. Les couleurs voyantes sont à la mode en plus cet hiver. Excusez moi de ne pas être chasseuse de tendance. J'ai limite la sensation d'avoir raté ma vocation en plus d'une faute de goût extrêmement grave, comme si c'était vraiment la fin de la publicité alors qu'il ne me connaît ni d'Ève, ni d'Adam. Vous travaillez dans ce domaine ? Styliste ou quelque chose comme cela ? Je dois avoir l'air d'une cruche, mais je suis limite fascinée par ses connaissances. S'il s'égarait dans mon dressing, il risquerait bien de s'arracher les cheveux. Je ne manque pas de vêtement, c'est le moins que l'on puisse dire, mais il y a vraiment de tout dedans. Je scrute la robe. Pas mal. Pourquoi pas. Il faut voir. Je finis par lâcher un sourire et tourne la tête à la recherche d'une cabine.