Nom complet ▲ Wall-e Bioelec (Emilien Rochefort) Lieu de naissance ▲ dans le ventre de maman, originaire d'un paradis de vapeur. âge ▲ je fonctionne depuis 19 ans. nationalité ▲ de production française. diplômes, études ▲ étudiant en littérature. statut matrimonial ▲ une machine n'a généralement pas besoin de se poser de questions, nous sommes fait pour être et non pour espérer. orientation sexuelle ▲ électrique. situation financière ▲ c'est papa qui s'occupe de ces choses-là. idole(s) de vie ▲ papa, l’électricien. nombre d'amis facebook ▲ aucun. moyen de déplacement ▲ mes pieds, mon vélo je ne sais pas encore comment voler. groupe ▲ l'hymne à l'amour. avatar ▲ tim borrmann. crédits ▲ ryan eloy wibawa.

un. j'ai peur de tout et n'importe quoi, je l'avoue. J'ai peur que les murs se rapprochent et m'écrase, j'ai peur que mon compteur cesse de fonctionner, peur que papa m'abandonne, peur que ma réalité ne soit pas la bonne, peur que ce soit à cause de moi que l’électricien cesse de venir. J'ai peur de mal fermer ma porte et de laisser ainsi entrer n'importe qui, peur de ne pas réussir à me réveiller tout les matins à 6h00, que la mécanique de mon corps ne veuille plus se mettre en marche et que je reste en veille pour l'éternité. j'ai peur du noir et des ruelles trop sombre, j'ai horreur du froid, je crains toujours qu'il finisse par me congeler, moi et mes organes d'acier. J'ai peur d'aller me baigner et de me faire électrocuté, peur de prendre l'avion et d'exploser en vol, peur de vivre éternellement seul, peur du tonnerre, peur de l'invasion des extraterrestres (puisque je serais sans le doute le premier à être enlevé), j'ai peur d'être enfermé, peur d'être avaler par ma télévision, peur que la machine en moi, un jour, s'empare totalement de ma conscience. deux. fumer, sauf les lucky strike. j'écoute en boucle les daft punk et je déteste qu'on enlève le CD de la chaine hifi. je l'ai acheté pour ce CD là et pour aucun autre CD, il n'est pas conçu pour cela, ce n'est pas sa fonction. j'adore lire, je lis tout le temps, ça me repose, ça m'instruis, je me sens intelligent lorsque je termine un bouquin, pas que je le ne sois pas mais parfois, le regard des gens me laisse le penser. si un électricien est obligé de me venir me voir, c'est parce que sans, j'oublie tout le temps de prendre mes soins concernant ma mécanique. je n'aime pas la voiture, je n'aime pas le train, ni l'avion, ni le bus. en fait, je déteste tout ce qui me donne l'impression d'être enfermé. c'est pour ça que je me déplace à vélo. papa, il habite juste à côté de chez moi, je vis seul depuis quelques années, parce que j'étais un peu trop fatiguant. je n'aime pas la nourriture humaine, je préfère grignoter les fils électrique mais mon estomac le supporte assez mal. trois.tout les matins à 6h00, enfile un bas de pyjama et attend la venue de mon nouvel électricien, il me quitte à 6h30 et ainsi je me dépêche de me laver et m'habiller afin de stationner devant l'immeuble du vieux dont le cœur déraille, c'est à 6h50 que l’électricien fait son entrée. C'est ainsi tout les jours et il ne me voit jamais, claquant violemment la portière de sa clio pour sonner et entrer dans l'immeuble, sans prendre le temps de jeter un regard sur la rue d'en face. Même s'il me regarde pas je crois qu'il sait que je suis là, c'est pour ça qu'il ne prend jamais le temps de respirer en sortant de l'immeuble. Il ne veut plus avoir de contacte avec moi. Parfois, l'électricien est en retard et je ne peux même pas le regarder sortir, parce que je dois me rendre à la fac. ça dépend des jours, ça dépend des horaires aussi. Mais je déteste ne pas avoir le temps de le voir, ça me déprime pour le reste de la journée. Lorsque je peux, je déjeune avec papa, il me parle de son travail, me demande si on s'occupe bien de moi. Je répond toujours par la positive, même lorsque ce n'est pas le cas. Papa s'inquiète toujours pour moi, je sais qu'il a souffert à devoir m'élever seul. Maintenant que je suis en âge d'être une machine indépendante, je ne veux plus l'inquiéter. Le soir, à 18h, mon nouvel électricien passe, me donne mon traitement et c'est ainsi que s'achève la plupart de mes journées. Pour me mettre en veille, je met en marche mes berceuses et ma vie retourne à son point de départ, comme un cercle sans fin. quatre. Certaine machine sont conçu pour aider, d'autres pour détruire, le fait est que je ne sais absolument pas pourquoi j'ai été crée, ni dans quel but. J'ai déjà questionné les machines, elles n'ont jamais voulu m'aider, car c'est un test disent-elles, c'est en trouvant la réponse moi-même que je comprendrais où ma place. Je ne pensais pas que ce serait si difficile de savoir ce que je dois faire de ma vie. Je parle régulièrement avec les machines, des néons, des distributeurs automatiques, la radio, le mixeur. C'est parce qu'elles sont là, à me parler, que je me sens moins seul chez moi. Papa me dit souvent de ne pas les écouter, que c'est mauvais pour moi mais elles n'ont jamais été méchante, jamais été cruelle. Elles m'apprennent à m'habituer à ma condition, m'expliquent ce qu'il se passe autours de moi, ce que je dois faire, ce que je ne dois pas faire. Elles m'ont déjà à maintes reprises rappeler que je ne devais pas me nourrir et boire comme un humain, mais si je cesse de le faire, je blesserais papa (et je finirais à nouveau chez le réparateur, je ne veux plus aller chez le réparateur, plus jamais). cinq. Les gens ne comprennent pas, ils ne voient pas, ce que moi je vois. J'ai un compteur à la place du cœur qu'on peut bidouiller seulement en ouvrant la petite porte dissimulé dans mon dos, un bouton prêt du nombril, si jamais je décide un jour de me désactiver et mes orteils brillent de lueurs colorés, pas pour faire jolie, non, chaque couleur à sa signification, la peur, la joie, la colère, la fatigue, la peine, ça m'aide à y voir plus clair, même s'il y a parfois quelques dysfonctionnements. Je suis le seul à être capable de voir à travers mon enveloppe, le seul à voir l'envers du décor, ce qui se trouve derrière le compteur, ce qu'il calcule. L'électricien disait être capable, lui aussi, de voir ce qu'il y à l'intérieur de moi. Être capable de voir ce que les gens refusent d’apercevoir chez moi. Selon papa, ce n'est rien d'autre qu'un baratineur. Ouai, mais un baratineur doué, dans ce cas. six. Officiellement, je m'appelle Emilien Rochefort mais wall-e Bioelec est mon vrai nom, mon nom de cyborg. Je ne confie ce secret qu'à ceux qui le méritent vraiment, qu'à ceux en qui j'ai confiance. Papa m'a souvent répété que j'accorde ma confiance trop rapidement, seulement, le fait est que j'ai horreur qu'on m'appelle Emilien. Je voudrais vraiment que les gens cessent de m'appeler ainsi et qu'ils comprennent tous que je me m'appelle vraiment wall-e, que ce n'est pas un surnom, pas une fantaisie non plus. Est-ce que je me moque de leur prénom moi ? Est-ce que je me fou de la gueule qu'ils ont ? Non. Alors si je m'appelle wall-e, où est le problème ? Ce n'est pas de ma faute, si les humains ont des prénoms ennuyeux.