Il était à peu près 12h30 et je venais à peine de me réveiller. Encore une grasse matinée de loupée. C'était incroyable ! Depuis mon arrivée en France, il m'était totalement impossible de dormir toute une journée, je me réveillais systématiquement avant midi. Et pourtant, Dieu (mais pas Cèrbère (; ) sais que je faisais absolument tout pour pouvoir dormir. La nuit dernière par exemple, je m'étais couchée à 6h30 après une fête extrêmement arrosée et une partie de jambe en l'air avec un italien. Enfin, je crois qu'il était italien.
Bref, maintenant que j'étais réveillée, il ne me restait plus qu'à me lever et aller me préparer un bol de céréales. Je me mis debout et, tout compte fait, je décidais de m'habiller avant, je ne voulais pas que cet appartement devienne un club de nudiste (où j'aurais été la seule nudiste d'ailleurs).
Je pensais trop. Je crois que c'est pour cela que je ne dormais pas, il me fallait du temps pour toutes les pensées que j'allais avoir dans la journée.
J'allais donc "m'habiller" d'un vieux shorty de sport rose et d'un petit débardeur blanc. Ce serait amplement suffisant ! Je préparais mon bol de Spécial K au chocolat et allumais mon ordinateur.
June était déjà partie travailler et le mercredi étant mon jour de congé, je restais tranquillement ici à ne rien faire du tout avant 23h.
Après un petit tour à mes notifications sur Facebook et un mini débat philosophiquement très intéressant sur l'amour de Dieu pour le thé, Cerbère s'invitait à la maison !
Bon, du coups, il me faudrait une petite douche, je sentais la cigarette à plein nez et mes cheveux étaient complétement mêlés. Cerbère m'avait vu dans des états bien pires (et c'est peu de le dire !) mais j'étais Anglaise et je savais recevoir. Je me fis couler un bain et mis une vieille compilation des Beatles, pris mon bol de céréales et commençais à chanter à tue-tête les chansons que je connaissais par cœur. C'était peut être ringard, mais peu de chansons me faisaient l'effet de celles-ci. Je pouvais les écouter pendant des heures entières sans jamais m'en lasser, contrairement à mes voisins du dessous qui risquaient de donner des coups de ballais ou plafond d'ici environ 4 minutes et 45 secondes.
Après m'être assurée de ne sentir plus que la noix de coco, je sortais de mon bain, peignais mes cheveux et enfilais une chemise bleue ciel et un short délavé.
Voilà. Je n'avais plus qu'à vérifier qu'il nous restait quelques bouteilles d'alcool fort et à faire bouillir de l'eau pour un peu de thé. Il voulait de l'English tea ? Il allait être servit !
Je posais deux verres à alcool et deux tasses sur la table du salon, allais chercher un paquet de Fraises Tagada, avant de venir m'assoir en tailleur sur le grand fauteuil avec le dernier numéro de VOGUE.
Croyez le ou non, ce fauteuil était le fauteuil le plus confortable du monde, je ne pouvais rien dire d'autre.
On frappais trois coups à la porte et je lançais un "Come in Darling !" à mon visiteur, m'attendant ensuite à voir débarquer tout sourire un hurluberlu à crête rose dans l'encadrement de la porte.

Comme prévu, mon invité débarqua dans mon salon avec un énorme sourire aux lèvres et un sautillement de joie, et je ne pus retenir un petit rire. Je laissais aussitôt tomber mon magasine pour venir me poster devant lui. Il déposa un baisé sur ma joue et je l'enlaçais avant d'en faire de même. J'étais vraiment heureuse qu'il soit là. Je l'entendis renifler mes cheveux (xDD) avant de me faire remarquer que je sentais bon et d'ajouter « J'te croquerais bien. »
Il alla s'installer sur le canapé et déposa au passage un paquet de bonbon Haribo sur la table basse. « Croque des nounours plutôt, je suis le fruit défendu. » lui répondis-je avec un clin d'œil et un sourire. C'était ce que j'aimais lorsque j'étais avec lui : nous riions sans cesse, pour n'importe quoi, pour n'importe qui, à n'importe quel moment. C'était certainement la personne qui me faisait le plus rire au monde.
J'allais chercher la bouilloire qui sifflait dans la petite cuisine et la posait près des tasses pendant que Cerbère me chantais le slogan des bonbons Haribo. « OK, donc je suis la petite et tu es le grand c'est ça ? Ouais, ça se tient ! » J'adorais le taquiner, gentiment, avec son âge, non pas qu'il soit susceptible à ce sujet, enfin, pas que je sache, mais cela m'amusait beaucoup, parce que malgré nos 8 ans d'écart, nous étions tout deux des gamins de 10 ans.
« Tu espère que mon thé est bon ? Écoute mon grand, je ne voudrais pas te vexer, mais tu n'as jamais rien bus de comparable à mon thé, donc ne t'inquiète pas pour ton hydratation, tu auras droit à de l'alcool aussi car comme le disais mon grand-père "Le Whisky et le thé, c'est comme la rose et ses épines : Jamais l'un sans l'autre !" Il était plutôt cool.»
Je mis des feuilles de thé à infuser dans la bouilloire et allais chercher une bouteille de Whisky. « Tu veux peut être le gouter, pour être sûr qu'il est bon ? » lui lançais-je en laissant échapper un petit rire. Mes zygomatiques commençaient à souffrir à force de sourire constamment, les courbatures dans les joues demains s'annonçaient sympathiques !
J'allais prendre place sur le canapé près de mon invité qui me questionna sur la "triste vérité" que je devais lui avouer. Je fouillais ma mémoire à la recherche de ce que je devais lui avouer et soudain, mon esprit s'illumina et je me mis à rire de bon cœur ! Comment avais-je pus oublier cela pendant ne serais-ce qu'une seule seconde ? C'était certainement la chose la plus drôle qui m'avait été donnée de voir depuis des mois ! « Tu es vraiment certain de vouloir savoir ? » J'essayais à présent de prendre un air assez grave, je sentais qu'il mourrait d'envie de le savoir mais je voulais le faire mijoter un peu. Je le regardais dans les yeux. « Tu sais qu'une révélation de ce genre ça mérite quelque chose en retour ... j'ai droit à quoi en contrepartie ? » Un large sourire s'étira sur mes lèvres, je savais qu'il ne pouvait rien me refuser. Bien sûr, s'il continuait à me fixer avec ses magnifiques yeux bleus, je ne lui résisterai pas bien longtemps ...