N’ayant pas dormi de la nuit, je m’étais retrouvé à marcher pendant des heures dans Paris. Je remuais pleins de choses et ne me sentais pas bien, alors j’avais voulu faire de l’exercice. En général, quand je parle de faire de l’exercice, j’entends coucher avec quelqu’un, mais pas cette nuit, j’avais juste besoin d’être seul et d’avancer. Avancer dans Paris n’était pour moi qu’une image, le fait de marcher reflétait le parcours que je faisais dans ma tête, intérieurement. Curieusement, cela m’avait fait beaucoup de bien. Je m’étais perdu dans mes pensées et m’étais retrouvé dans certains quartiers de Paris que je n’aimais pas, ma foi, une fois que j’y étais, il fallait bien continuer pour en sortir. Contrairement à la plupart des Parisiens, je n’aime pas cette ville. Je déteste l’ambiance sombre, polluée et stressée que les gens dégagent. Petit, j’allais souvent en vacances en dehors de Paris, ce que, dans le temps, tout Parisien faisait, et je me sentais revivre, je me sentais respirer… Autre chose que l’air pollué je veux dire.

J’aurais bien passé quelques heures d’ailleurs, allongé dans un champ sans personne, avec juste l’air et de la musique. Ouais, parce que ma passion dans la vie, c’est la musique. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai repris les rênes de l’entreprise de lutherie à mon père d’ailleurs, lorsqu’il s’est fait… enfin, lorsqu’il est parti quoi. « Y’a quelqu’un ? » dit alors quelqu’un qui était rentré dans la boutique. Merde, je m’étais assoupi… forcément, toute une nuit à marcher, sa épuise. Je me lève, met un t-shirt et me recoiffe vite fait avant de sortir de l’arrière-boutique. « Bonjour… Ah, c’est l’égo surdimensionné ! » dis-je alors, reconnaissait le jeune homme dont j’avais réparé la guitare quelques jours plus tôt.