Dans un petit café de Paris, sur les coups de dix-neuf heure.

La fraîcheur du mois de novembre, l'heure tardive n'aidant pas, attaque mes bras, s'insinue dans la chaleur de mes vêtements afin de me faire frisonner. Je resserre du mieux que je peux, tout contre moi, ce blouson en - fausse - fourrure imprimé léopard, chiné dans une boutique vintage hors-de-prix. Je l'aime bien de part sa forme : il m'arrive aux hanches et de son imprimé qui m'a fait fantasmer durant toute ma jeune-adolescence. Patiemment, je sirote mon café, dans l'attente d'une jeune femme dont le nom m'a échappé. Sully, Su quelque chose, me semble-t-il.

Il était l'heure d'aller à mon rendez-vous. Vêtue d'un beau haut noir me tenant bien chaud, d'une belle veste tenant particulièrement chaud, d'un jeans et de mes bottes préférées, je sortis en direction d'un café, où j'avais rendez-vous avec une jeune femme. Cette dernière avait un prénom assez bizarre, de mon point de vue. Du moins, pas très commun. J’arpentai quelques rues à pied puisque ce n'était pas très loin de chez moi et arriva ensuite quelques minutes plus tard, sur les coups de 19h03 environ. Je reconnaissais la blonde avait qui j'avais rendez-vous et lui sourit, tout en marchant pour me mettre face à elle. Une fois ceci fait, je commençai à parler. Bonsoir, je suis Sutton ! lui dis-je d'un ton enjoué, tout en lui tendant la main, je ne savais pas s'il fallait lui faire la bise ou non.

Dans un petit café de Paris, sur les coups de dix-neuf heure cinq.

Quelque peu surprise de voir cette main tendue, m'attendant à une bise, je ne prête presque pas attention à ses paroles. Ce n'est pas pour me déplaire, cela m'a toujours dérangé tant de familiarité entre deux inconnues. « Moi, mais je pense que tu t'en doutes, Antigone. » Je lui adresse un sourire timide tout en répondant à son geste. Une fois que Sutton, j'espère qu'il s'agisse bien de son prénom, daigne de s'asseoir, j'extirpe de mon mythique 2.55, d'ailleurs décoré d'un "Chanel" au feutre rose pâle pareil à celui de Maïwenn, mon iphone avant de lui montrer ce que je souhaite donner. « Il y en a deux à adopter... » Je commence tout en cherchant la bonne photo. « D'ailleurs, t'en veux combien ? » Je la questionne tout en jetant un furtif regard vers l'intérieur de la brasserie.

Je connaissais déjà le prénom de la jeune blonde, et en guise de réponse, hocha la tête positivement avec un sourire. Elle me serra ensuite la main, et je m'assis, regardant une fois autour de moi puis porta le regard vers mon interlocutrice. Elle me dit qu'il y avait deux chats à adopter, seul un me suffisait. J'avais dans l'idée d'adopter un bébé chat, puisque j'habitais seule et que je m'ennuyais. Un peu de compagnie me ferait du bien même si un chat ne parlait pas, j'adorais les animaux. Je regardais ensuite la photo de ses chats, et regardais attentivement avant de répondre. « Je n'en veux qu'un, et celui-là si possible. » lui dis-je en montrant ce que je voulais du doigt. C'était un maine coon tellement mignon. Je posais ensuite mon petit sac sur la table, en attendant sa réponse.

Dans un petit café de Paris, sur les coups de dix-neuf heure sept.

J'esquisse un sourire lorsqu'elle désigne le chaton de gauche, le plus espiègle des deux. Il lui faudra du courage avec un tel petit fauve, je songe tout en dénichant une photo où l'on le voie seul, sous un meilleur angle. Tandis que j’interpelle le serveur afin qu'il prenne notre commande, qui sera pour moi un second café, je sens toujours ce vil froid mordre mes cuisses malgré mon jean. Quoi qu’après tout, il n'est guère épais : il s'agit simplement d'un skinny taille haute vert tendre signé Cheap Monday que les années ont usé. Suite à quelques secondes de silence, je tâche de l'en informer, au sujet de cet animal quelque peu hyperactif. [i]« Par contre, il a la bougeotte, c'est vraiment le genre de chat à vouloir jouer tout le temps. » Je marque une pause. « C'est plutôt un meneur, il aime commander. Enfin, il est comme ça avec ses frères et mon copain. » Je retiens un léger rictus lorsque je me remémore mon amoureux, qui s'est fait "miaulé dessus" parce que ce dernier a séjourner sur son endroit favori du canapé.

Voyant Antigone appeler un serveur pour prendre notre commande, j'en profitai pour en faire de même lorsqu'elle fit sa commande, qui était un café. Je réfléchis quelques secondes et décida de prendre un chocolat chaud, puisqu'il commençait à faire assez froid. Je détournai le regard du serveur pour fixer la blonde en face de moi, qui voulait m'informer à propos du chat que j'avais choisi. A sa dernière phrase, je grimaçais. L'idée de le séparer de ses frères ne m'enchantait pas trop et me faisait assez de peine. Mais je ne pouvais pas me permettre d'adopter plusieurs chats, je ne voulais pas non plus en faire un squat pour chats. « Ça ne me dérange pas, j'ai du temps pour m'amuser ces temps-ci. » lui répondis-je, en souriant. Je vis ensuite le serveur arriver, il déposa le café et le chocolat chaud. J'attrapai ce dernier dans mes deux mains et commençai à boire.

Dans un petit café de Paris, sur les coups de dix-neuf heure neuf.

J'opine du chef à ses paroles, après tout, c'est à elle de voir. Je soupire discrètement avant de voir arriver le serveur, le plateau chargé de consommation, dont les nôtres. Muni de ce sourire commerciale que l'on leur apprend sans doute avant leur premier jour de travail, il nous sert avec courtoisie. Il ne prend pas la peine d'ajouter l'addition, songeant surement que nous allons nous éterniser. Pourquoi pas. Je verse le sucre dans mon café, le touille tout en observant mon interlocutrice. [i]Tu bosses pas ? je la questionne d'un ton léger plutôt qu'inquisiteur.

J'hochai la tête pour affirmer, après avoir terminé ma gorgée de chocolat chaud, qui me fit frissonner tout le corps. Je posais ensuite mon grand verre de chocolat chaud sur la table. « Hum oui, je suis à la recherche d'un travail. » lui dis-je avec un léger sourire, commençant à frotter mes mains puisqu'il faisait un peu froid. Je repris ensuite mon verre et pris une nouvelle gorgée de mon chocolat chaud, jetant un bref regard à ma gauche, regardant les gens passer. Je la regardai ensuite, me questionnant à son sujet. « Et vo.. Tu travailles ? » lui demandais-je, d'un ton curieux. J'avais failli la vouvoyer, mais puisqu'elle ne l'avait pas fait, j'avais décidé de la tutoyer à mon tour, même n'ayant pas l'habitude de le faire avec les inconnus.

Dans un petit café de Paris, sur les coups de dix-neuf heure dix.

Elle me semble quelque peu pareil à moi, cette fille. Ainsi à ne pas avoir d'emploi et d'apprécier les jeunes chats, je songe un peu trop rapidement tout en portant le breuvage brulant à mes lèvres. Je me montre surprise lorsque l'interrogation m'est retournée. bah oui, je fais quoi exactement dans la vie ? Mon métier, ce n'en est pas forcément un, à vrai dire. C'est simplement occasionnel, pour arrondir les fins de moi comme on dit ici bas. Après avoir légèrement rejeté la tête en arrière avec un petit soupir, signe de réflexion, j'entame ma réponse. [i]« je suis marionnettiste. » je dévoile, sans grande conviction. « c'est juste un petit boulot en attendant. » dans l'attente de quoi ? De rien, sans doute. Un jour, peut être.