" Le bonheur est si fragile qu'on risque de le perdre rien qu'en en parlant

Ses doigts effleurèrent son visage et il retint un léger tremblement, blême, alors qu’il observait doucement le corps en face de lui, paisible, Amelia. Une jolie blonde, des yeux d’un bleu lagon derrière de fines paupières. C’est fou comme il peut la haïr. Billy laissa sa main glisser contre l’épaule de la jeune femme, retraçant la ligne de ses os apparent sous la peau fine. Un léger gémissement lui échappa et sa main se plaqua brusquement contre ses lèvres. « Vous n’êtes pas obligé de lui dire au revoir si cela est trop douloureux. » Sa Amelia, le corps vêtu d’une robe d’été, la peau glacée. Plus pâle encore que le blanc même. Il souffle doucement et se penche au dessus de son visage, les traits tirées, les yeux humides, ses lèvres s’étirent en un léger rictus. Il appose sa bouche contre son front, longuement, respirant son odeur de jasmin. « Petit amour, dors bien. » Billy se relève et s’éloigne, enfonçant profondément ses mains dans ses poches. Il inspire doucement et s’éloigne alors que le son d’une boite que l’on ferme résonne. Dehors, une petite dame pleure, son mari la serre contre lui. Il y a deux mômes, deux blonds. Comme Amelia. Son regard rencontre celui de la petite dame et il baisse les yeux, serrant la mâchoire. Ses tempes sont douloureuses, il y a comme un battement rapide, brutale. Sa main se plaque contre ses lèvres alors qu’il souffle fortement, il retint un gémissement sonore et soudain, son monde s’écroule. Il réalise. « Toutes mes condoléances Baby. » Il serre l’épaule de son meilleur ami dans sa main libre et se rapproche de lui. Billy, le mauvais, le fière, l’exécrable. Billy qui plane à rat le sol et qui se met à chialer comme un gamin. Billy l’être humain. « J’ai essayé. J’ai tenté de l’aimer comme elle, mais je n’y suis pas arrivé. C’est de ma faute, je suis né à contre-sens. Si j’étais moins con, j’aurais vu.» Son meilleur ami l’attire à lui, serrant le jeune homme dans ses bras, maladroitement. Il n’a pas l’habitude de consoler Billy. Il est toujours plus fort, plus haut que les autres. « Ce n’est pas de ta faute. » Il s’accroche à son haut, enfouissant son visage dans son cou, il ne retint ni larmes, ni gémissements, il s’en fou que tous soient surpris. C’était trop pour lui. « Petit amour, je te hais. »

« Maman je vais me foutre en l’air. » Il s’écrasa sur le canapé, collant sa joue contre l’épaule brûlante de sa mère. La belle Anna, la tempétueuse, son unique amour depuis la mort d’Amelia. Il avait comme un goût amer coincé entre les dents, une furieuse envie de pleurer au creux de l’estomac. Il souffla, se collant un peu plus contre sa génitrice, légère source de réconfort. Les doigts d’Anna se perdirent dans les cheveux noir de son fils, soufflant doucement tendit que ses yeux se posaient sur l’écran de télévision. « Dans ce cas, ne salis pas la salle de bain, je viens de la finir baby. » Lorsque Billy était enfant, il détestait le manque de réaction de sa mère, son manque de tendresse à son égard lorsqu’il avait les larmes aux yeux. Il n’a jamais été doué pour comprendre les femmes, tout comme Anna n’a jamais été douée pour être mère, néanmoins elle savait consoler, à sa façon et ses doigts caressant délicatement son crâne le lui prouvaient. Un léger sourire emprisonna son visage. « Comment te sens-tu ? » Lui demanda t-elle, tournant son visage vers Billy. « Détruit, seul, abandonné. Comme un chien galeux. J'irais me noyer dans la Seine. » Souffla t’il, presque immédiatement. L’absence d’Amelia est pesant, pour lui comme pour les autres. Il n’a jamais habitué son entourage à l’absence de la jolie blonde. Ensemble, quoi qu'il advienne. Leurs promesses d'avenir étaient fausse et le réaliser lui sembla d'autant plus douloureux. « Je ne sais plus ce que je dois faire. Amelia était toujours là pour me gueuler dessus quand je déconnais. Genre elle plissait le nez et me frapper avec ses petits poing de gonzesse. Ça me manque. » Sa mère passa un bras autours de ses épaule, attirant un peu plus son fils à elle, un peu maladroitement. C'est étrange d'avoir affaire à Billy aussi calme. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, il a toujours été bruyant et impétueux. « Tu veux vraiment te jeter de la Seine? ». Il cacha son visage contre son épaule et lui souffla doucement que c'était trop fatiguant pour lui. Alors Anna se concentra sur la télévision, faisant semblant de ne pas entendre les sanglots de son gamin. Elle n'a jamais été une bonne mère de toute façon.

« Nous sommes réuni aujourd’hui pour brûler un univers tout entier, le foutre en cendre et le laisser disparaitre. Amelia, le plus con, c’est que même après 6 mois, je ne comprends toujours pas comment t’as pus te crever pour moi. Tu passais ton temps à me gueuler dessus, jamais un mot doux, jamais un geste tendre. Que des insultes, que de la rage. Mais t’es un peu comme ma mère, tu tombes amoureuses des mauvais gars. Je suis désolé, que tu sois tombé à cause de moi. Je ne te dis pas comment j’ai chialé ses derniers mois. Tu me manques. Le plus drôle, c’est que je crois bien que je t’aime. Je n’aurais jamais pus t’offrir mes draps, mais je t’aurais donné mon cœur sans hésité si tu m’avais laissé un tout petit peu plus de temps. T’es conne mon cœur, autant que moi. Alors aujourd’hui, je vais te faire disparaitre. Ce n’est pas contre toi, mais faut bien que je vive moi. Je ne peux pas rester une loque toute ma vie. J’ai un business à faire tourner, une vie à gâcher, il me reste plein de chose à voir. Alors, petit amour, je t’aime mais ton image, elle est trop lourde à porter. Bon...Julien, tu me passes le briquet ? » Son meilleur ami lui lança l’objet en question et Billy le réceptionna sans mal, s’agenouillant. Il sortira de sa poche une cigarette et se l’alluma, observant son histoire avec Amelia en trailer dans une boite. Des messages griffonnés en cours, des photos d’eux, des petites conneries offertes au fur et à mesure du temps, un tas de papier. Des choses insignifiante pour les autres mais significative pour lui. Il a toujours rêvé de se faire un petit feu de joie, comme ça, à minuit passé au bord de la Seine avec elle, pour le fun. Finalement, ils l’auront eu, leurs flammes néfastes. Il prit entre ses doigts une photo d’elle et l’alluma, l’observant se consumer entre ses doigts. Avant de la lâcher, laissant le feu se répandre tout doucement. Billy se leva et alla s’appuyer contres son meilleur ami, tirant longuement sur sa cigarette, la gorge serré. « Tu vas te remettre à chialer baby ? » Billy éclata d’un rire jaune, s’humidifiant les lèvres. « Peux être bien. » Julien lui vola sa cigarette, passant ses doigts sur sa hanche, doucement, soufflant qu’il chiale trop, en ce moment. « Je suis une vrai gonzesse, tu ne le savais pas ? Aller, fais comme si je n’avais pas le visage plein de larmes et ça passera crème. Demain sera un autre jour. Aller viens, si la police débarque on est dans la merde, j'ai pas mes papiers.».

Billy éclata d’un rire franc et s’accrocha à l’épaule de son meilleur ami, insistant sur son prénom alors qu’il faillit chuter en arrière. « Putain, Julien, arrête je vais me ramasser par terre. ». Ils reculèrent, pris dans un équilibre précoce alors que Billy c’était assis sur les épaules de son meilleur ami, une bombe de peinture à la main. « T’es obligé de te venger de Cassandra ? » Billy lui répondit presque immédiatement, l’air faussement sérieux. « Tu crois que je peux me mettre debout sur tes épaules ? » Et il s’écrasa brutalement sur le sol, serrant la mâchoire en poussant une longue plainte. « Bâtard, homo-killer ! Oh dieu, j’ai mal aux fesses. Tain’ mais je déconnais Ju’, tu aurais pus me tuer ! » Il se releva, les mains sur les fesse, légèrement penché dans une pose absolument ridicule et Julien ne retint pas son fou-rire. « Désolé Baby, c’est juste que…oh ce que tu es moches ! » Billy fit la moue avant de le joindre dans son fou-rire. Ca fait un paquet de temps qu’il n’a plus rit de cette façon. L’image D’Amelia le menaçait à longueur de journée de tenter d’être heureux, de tenter de sourire alors qu’elle est morte pour lui. Il pourrait presque imaginer son petit doigt tendue dans sa direction, son jolie nez plissé et ses sourcils fronçait, il pouvait imaginer son « Bâtard, t’es cap d’être heureux sans moi ?! » et il avait envie de lui souffler que oui, il en était cap, il était même cap de vivre jusqu’à 90 ans, d’avoir 30 chats, d’être impuissant et de respirer le bonheur quand même, par simple provocation, par simple désespoir. Brûler les restes de leur histoire ne l’a pas fait disparaitre mais ça l’a allégé d’un poids, c’est au moins ça de gagné. « Baby… ? » Billy se releva et s’approcha de Julien, un léger sourire au bout des lèvres. « Julien, tu as déjà embrassé un garçon ? » Son meilleur ami cessa soudainement de rire alors qu’il caressa sa mâchoire, approchant ses lèvres des siennes. « Tu veux tester pour voir ? Ferme les yeux. » Billy fut surpris de l’obéissance de Julien lorsqu’il le vit fermer les yeux et se rapprocha un peu plus, ses doigts pressant la bombe de peinture, toujours prisonnière de sa main droite, il sourit, le souffle légèrement tremblant et soudainement… « Putain non ! non ! non ! non ! Billy, t’es un gros bâtard. » Il lâcha la bombe et décida d’être un de faire ce que tout…toute femme aurait fait dans cette situation : Prendre la fuite. Tant pis pour la vengeance contre Cassandra la truie, tant pis pour la sublime caricature qu’il avait commençait à taguer sur sa porte, son meilleur ami, la tronche et le haut peinturé de bleu respirer la rage. « Ouai, bah la prochaine fois t’éviteras de me laisser tombé comme une merde ! » que nenni, courir c’est mieux, vivre encore plus.