this is halloween...

31 octobre. Les enfants parcouraient les rues de Paris dans leur déguisement à la fais-moi peur mais que me faisait plus rire que hurler de terreur. La nuit était tombée et, contrairement aux années passées, je sortais pour fêter cette fête purement américaines. Je célébrerais les morts à ma façon : en gobant tout un tas de bonbons. Bon, peut-être que je n'irais jusqu'à me rendre malade mais le fait était que j'avais terriblement envie de sucrerie et que j'aurais pu agresser l'un de ses gamins pour avoir ma dose. Si j'exagérais ? Oui, beaucoup même. Je marchais donc dans les rues de Paris, cherchant à rejoindre le métro pour me rendre au Baron, fameux club des Champs-Élysées, où l'entrée était bien difficile. Cependant, ce soir, j'y étais invité et personne ne pourrait me refuser d'y mettre les pieds. Je ne savais pas comment Baptiste avait pu réserver pour cette soirée mais je l'en remerciais d'avance car Le Baron avait une grande réputation dans la capitale. C'était un petit club où seul quelques privilégiés pouvaient entrer. Cette nuit, je serais l'un d'eux.

Vêtu d'un uniforme militaire des années quarante, j'attendais sur les quais le métro qui ne tarderait pas à venir. Je n'étais pas le seul à m'être déguisé pour l'évènement. Ainsi je pouvais observer une Catwoman aux allures de prostituées en chaleur, un Freddy aux griffes ridicules et cette chose que je ne saurais décrire par des mots. Je m'installais rapidement, repensant au sentiment qui m'avait envahit lorsque le jeune Argent m'avait proposé de passer ma soirée avec lui. Je souris. Que penserait ma sœur cadette si je lui avouais que finalement son speed-dating ridicule n'avait pas été des plus horribles ? Que dirait-elle ? Elle me rirait au nez, probablement, avant de me répondre qu'elle avait bien fait d'agir derrière mon dos. Commentaire face auquel je serais obligé d'acquiescer vu ma situation actuelle. Mais passons, le plus important actuellement était cette soirée et le fait de la passer avec lui.

Rendez-vous à 22h30 m'avait-il dit et je serais à l'heure. Je tenais toujours à être l'heure. C'était une preuve de respect pour moi. Je vivais mes relations comme mon travail. Jamais, je n'arriverais en retard à la Pitié donc jamais je ne serais en retard pour un rendez-vous et encore moins avec Baptiste. Allez savoir pourquoi mais je l'appréciais. Surement un peu trop. Je lui envoyais alors un sms, l'informant de mon arrivée à notre lieu de rendez-vous. J'espérais qu'il me reconnaîtrait avec cet uniforme militaire. Je m'approchais alors de l'entrée du club, me frayant un passage jusqu'au videur. « Votre nom, m'sieur ? » Je le regardais et ses yeux auraient pu me faire frémir. Je lui répondis. « Cassandre Lefèvre. » Il vérifia, toussant légèrement après quelques minutes. « Je n'ai personne à ce nom-là. Laissez le passage aux invités. » Je me retrouvais alors jeté comme un malpropre, attendant un signe, un sms ou autre de la part de Baptiste.

“THIS IS HALLOWEEN”
28 Octobre 2012, Paris, France.

« Tu comptes faire quoi le soir d'Halloween ? » Levant les yeux de son journal, Baptiste observa sa sœur, assise sur l'autre fauteuil qui ornait son salon. Cette dernière s'était invitée pour passer la soirée chez lui et les deux De Lagarde patientait en attendant l'arrivée du troisième. Fronçant les sourcils, Baptiste observa sa sœur, qui jouait avec un de ses mèches de cheveux. « Rien de spécial, pourquoi ? ». Sa sœur soupira en le regardant et secoua la tête. Baptiste savait déjà qu'elle avait une idée derrière la tête. Dans la famille, ils ne causaient jamais pour rien dire. S'ils posaient des questions, c'est qu'ils avaient une idée derrière la tête. « J'en étais sûre... Il faut que tu sortes ! Bon, l'idée du speed dating n'a pas été fructueuse mais après tout, c'était une idée de Quentin... » Baptiste lâcha un léger rire alors que sa sœur continua de déblatérer sur l'idée stupide de son aîné. Si seulement elle savait. Bien qu'il ne l'avouerait jamais, cette soirée n'avait pas été si catastrophique que ça. La raison portait le doux nom de Cassandre. Il se souvenait encore de leurs rencontres et de la soirée qu'ils avaient passé. Agréable et sans prise de tête... Bien entendu, pour éviter qu'ils ne se fassent des idées et surtout pour éviter d'entendre des "Je te l'avais dit" pendant des jours, l'aîné des De Lagarde avait tût cette rencontre, affirmant qu'il s'était ennuyé à mourir et qu'il n'avait rencontré personne digne d'intérêt. Baptiste soupçonnait que son commentaire avait causé une dispute entre ses deux cadets mais il n'en eût jamais la confirmation. Revenant à la réalité, il reprit le fil de la discussion. « Tu m'écoutes ? Ah, enfin... Je te disais qu'on avait organisé une petite soirée pour l'occasion dans une des boîtes les plus en vue de la ville : Le Baron ! Ce serait bien que tu viennes avec nous... »
Baptiste grimaça à la nouvelle : Passer une soirée en compagnie des copains et copines de ses cadets ? Une soirée d'horreur et bien que ça colle au thème, le jeune homme n'en avait pas très envie. « Sans vouloir t'offenser, je crois que je vais passer mon tour »

31 Octobre 2012, Paris France

Se regardant dans la glace, Baptiste soupira. Comment en était-il arrivé là ? Fronçant les sourcils, il remit en place le col de son costume et se regarda une dernière fois. A force de persévérance - et surtout pour avoir la paix - Baptiste avait fini par craquer et avait accepté de se joindre à la fête. Loin de le faire sauter de joie, il avait quand même tenu à amener quelqu'un, histoire de ne pas passer la soirée seul au bar. Clémence n'avait pas émis de résistance, bien trop heureuse de voir son frère sortir de son appartement. C'était d'ailleurs elle qui avait choisi son costume : Robin des bois... Ironique quand on savait la richesse que possédait sa famille et le peu qu'elle offrait pour des associations caritatives. Jetant un œil à sa montre, il accéléra le mouvement. Il lui restait vingt bonnes minutes avant l'heure du rendez vous et il ne voulait pas faire attendre Cassandre. C'était lui que Baptiste avait choisi d'amener... Depuis leur rencontre, les deux garçons s'étaient recroisés souvent et avaient passé quelques soirées à discuter. Le courant passait bien entre eux, étrangement bien. Baptiste prit les clefs de sa 407 et sortit de son loft tout en caressant Vador avant de partir. Sur la route qui le menait au Baron, Baptiste eût tout le loisir de croiser des dizaines de personnes vêtus de costumes plus ou moins réussis. C'était amusant comment une simple coutume pouvait prendre une telle ampleur... Alors qu'il n'était qu'à une centaine de mètres, son portable vibra et profitant du feu rouge, Baptiste jeta un coup d’œil. C'était Cassandre... Ce dernier venait d'arriver et Baptiste eut tout juste le temps de lui répondre. Après cinq minutes à tourner en rond, Baptiste finit par trouver une place et se précipita à grandes enjambées vers l'entrée du club. Il y avait déjà foule devant et les vigiles refoulaient déjà des gens. Haussant un sourcil, il aperçut Cassandre. Ce dernier était déguisé en militaire des années 40 et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'était réussi. Il était absolument sexy dans cette tenue... S'approchant de ce dernier, Baptiste posa une main sur son épaule pour le faire se retourner « Hey ! Je t'ai pas trop fait attendre ? » Baptiste fit une accolade à l'infirmier avant de le regarder de haut en bas. « Et bien, je suis certain qu'on ne viendra pas nous chercher des noises ce soir... Très réussi Mr le militaire ! » Lâchant un rire, il lui prit vers le bras et l'attira vers l'entrée. « Allez viens, il fait un peu froid ! » Baptiste était bras nu et les températures étaient relativement basses pour la saison. Arrivant devant l'entrée, un vigile allait leur demander leur nom quand il reconnut Baptiste. Souriant, il les laissa passer sans aucun problème. Le jeune De Lagarde ne remarqua même pas le regard interrogateur de son ami et s'engouffra avec ce dernier dans la salle principale. Les décorations étaient de mises : Sorcières, citrouilles, fantômes... Baptiste sourit tout en observant les différents costumes qui passaient devant ses yeux. Il était déjà venu dans cette boîte de nuit mais là, il ne reconnaissait rien du tout. Tout avait été métamorphosé par l'équipe que sa sœur avait engagé. Essayant de repérer une table, il finit par en apercevoir une. La montrant du doigt à Cassandre il l'entraîna avec lui « Viens, on sera mieux qu'ici... ». Se faufilant à travers la foule, Baptiste ne reconnût aucune tête familière et c'était surement mieux comme ça. Que se passerait-il si Cassandre découvrait qu'il ne s'appelait pas Baptiste Argent mais Baptiste De Lagarde, héritier de l'empire De Lagarde ? Baptiste ne voulait pas le savoir bien qu'un jour, la vérité finirait par éclater...

Je venais de me faire jeter du club. Mon nom n'y figurait pas. C'était prévisible sachant que j'étais l'invité de Baptiste. Je lui envoyais alors rapidement un sms auquel il me répondit quasi-instantanément qu'il n'était pas loin. Je souris. Bêtement. Et j'étais plutôt content que le jeune Argent ne le voit pas. Patientant alors sur le côté de l'entrée du club, je m'adossais au mur un instant, trouvant ces deux minutes longues et interminables. Étais-je si pressé de le retrouver ? Que m'arrivait-il ? Étais-je en train de basculer ? Je ne pouvais me le permettre. Pas maintenant. Pas si tôt. Je débutais alors une marche apaisante, tournant en rond tout en réfléchissant à ces sentiments naissants. Impossible. Je ne pouvais pas, pas déjà. Je ne pouvais pas déjà succomber à ces charmes. J'inspirais alors profondément et expirais fortement l'air que je venais de prendre. Je devais rester calme mais je finis tout de même par sursauter légèrement lorsqu'une main se déposa sur mon épaule. Je me retournais. Baptiste. Je souris. « Hey ! Je t'ai pas trop fait attendre ? » Je répondis non d'un léger signe de tête avant que mon rendez-vous m'enlace dans ses bras pour une accolade. C'était...surprenant et tentant. « Et bien, je suis certain qu'on ne viendra pas nous chercher des noises ce soir... Très réussi Mr le militaire ! » Je riais légèrement à sa remarque. Lui en Robin des Bois et moi en militaire, nous étions armés pour repousser la criminalité et le danger. « J'espère simplement qu'on ne les fera pas tous fuir. Quoi qu'avoir le club rien que pour nous deux pour être avantageux... » Il me prit le bras et je me laissais traîner vers l'entrée. « Allez viens, il fait un peu froid ! » Je plaignais Baptiste dans son déguisement. Bras nu, il devait vraiment avoir froid. Personnellement, je m'en sortais plutôt bien dans cet uniforme mais je risquais d'avoir chaud une fois à l'intérieur.

Arrivée devant le vigile, je me tournais vers Baptiste. « Tu vas voir, il va te demander ton nom d'une façon à en faire frémir plus d'un, moi le premier. » Mais la situation fut bien différente de la mienne. Le vigile souria au jeune Argent et le laissa entrer sans poser une seule question. Regard interrogateur, je déposais mes yeux azurés sur cet homme aux multiples facettes. Il était donc connu ici. Je comprenais mieux l'invitation mais d'autres questions venaient remplacer les anciennes comme Qu'avait-il de plus pour être un privilégier ici ?. Le suivant sans poser une seule question malgré ma grande curiosité, je me laissais guider dans cet endroit que je ne connaissais que très peu. Les décorations étaient de mise pour la soirée et le thème était parfaitement respecté. La peur avait envahit les lieux et Halloween se fêterait dignement au Baron. Les yeux grand ouverts, je contemplais la richesse du lieu tandis que Baptiste repéra une table pour nous installer. Je suivis son doigt du regard et avant même que je ne puisse dire quoi que ce soit, je me retrouvais entraîner par cet homme. « Viens, on sera mieux qu'ici... » Je m'accrochais alors à son bras, sentant ces muscles entre mes doigts. Nous nous faufilions entre la foule déjà omniprésente et nous avons fini par trouver notre place. Je me laissais tomber sur la banquette et je me penchais vers Baptiste lorsqu'il fut installé. « Merci pour l'invitation. » Je déposais alors mes lèvres sur sa joue, réalisant ce que je faisais sur le coup. Gêné, je reprenais rapidement ma place. « Ça fait longtemps que tu viens ici ? » Lui demandais-je finalement pour éviter de se focaliser sur ce baiser. « Le videur m'a jeté comme un foutu déchet et toi t'arrives il te fait un grand sourire et te laisses entrer comme ça... » C'était surprenant. Baptiste était connu ici et je commençais à m'imaginer tout un tas d'anecdotes sur sa popularité en ces lieux et ce privilège que peu de monde avait. « C'est juste que...je suis impressionné par votre pouvoir en ces lieux, monsieur Argent ou devrais-je dire Robin. » je lui souris, amusé par son costume qui le mettait en valeur et qui lui donnait ce côté bad boy et sexy.

“THIS IS HALLOWEEN”

La soirée serait du tonnerre d'après les dires de sa soeur. Connaissant cette dernière, Baptiste n'en doutait pas et avait même peur que les choses dérapent. Bien qu'ayant reçu la même éducation que lui, Clémence avait cette fâcheuse habitude de ne pas se rendre compte qu'il y avait des limites à toute chose. Quoiqu'il en soit, Baptiste serait là si les choses dégénéraient mais il lui faisait confiance. Le temps plutôt frais faisait frissonner le jeune De Lagarde alors qu'il avançait vers l'entrée de la boîte de nuit. Il espérait vraiment que tout se passerait bien avec Cassandre. A sa grande surprise, la compagnie de l'infirmier l'apaisait et lui plaisait. Ils ne se prenaient pas la tête, c'était simple. Ce dernier, dans son costume de militaire, l'attendait à l'écart de la foule. Le gratifiant d'une accolade, Baptiste prit le temps de le regarder, sans réserve. Lâchant un rire face à l'humour de son interlocuteur, Baptiste haussa les épaules. « C'est vrai, ce serait intéressant ! Mais, ce ne serait pas très rentable pour le gérant... ». Pris d'un frisson, Baptiste entraîna son cavalier d'un soir vers l'entrée. Cassandre lui fit remarquer que le vigile était loin d'être sympathique. Baptiste cacha un sourire. Le vigile s'appelait Victor. Père de famille, il avait perdu son travail il y a quelques mois et travaillait ici depuis quelques semaines. Lors d'une soirée, Baptiste avait discuté un peu avec lui et il l'avait revu quelques heures auparavant quand sa sœur lui avait demandé de passer pour vérifier certains détails. « Mais non, il ne ferait pas de mal à une mouche... » Lui faisant un clin d’œil, il s'avança et passa sans encombre. Le jeune héritier n'avait aucune idée sur les interrogations que cette scène pouvait provoquer chez Cassandre. Parfois, il oubliait qu'il avait menti à ce dernier, qu'il ne lui avait pas donné son vrai nom de famille de peur qu'il ne s'intéresse qu'à son nom et pas à lui.

Une fois à l'intérieur, Baptiste entraîna l'infirmier vers une des rares tables encore libre. Il espérait ne pas croiser sa sœur, ce soir, ni son frère. Il n'avait pas réfléchi avant d'inviter Cassandre, bien trop excité à l'idée de passer une soirée en sa compagnie. S'installant à une table, un serveur arriva et déposa deux cocktails offerts par la maison, cocktails crées pour l'occasion. Remerciant le serveur, il ne s'attendit pas à ce qui se passa ensuite. Cassandre venait de poser un léger baiser sur sa joue. Troublé, Baptiste l'observa quelques secondes tout en restant silencieux. Le jeune homme n'était plus très habitué aux gestes d'affection. La plupart du temps, il les évitait mis à part avec sa famille. « De rien... » Baptiste n'eût même pas le temps de se remettre de ses émotions que Cassandre enchaîna les questions. Souriant, alors qu'il porta son cocktail à la bouche, il en avala une légère gorgée avant de se décider à y répondre. Le fait de l'entendre l'appeler Mr Argent le dérangeait... Il s'en voulait de s'être enfermé dans ce mensonge mais il était coincé désormais. « On va dire que j'ai des relations... J'ai des amis plutôt aisés et ils apprécient ce genre d'endroit ! Je dois t'avouer ne pas être fan mais de temps en temps, ça ne peut pas faire de mal ! »
Il espérait être convaincant. Il ne voulait pas imaginer la réaction de l'infirmier quand il finira par apprendre la vérité, quand le voile du mensonge se lèvera. L'idée qu'il se mette à le détester dérangeait Baptiste. Ce dernier commençait à comprendre qu'il était en train de s'attacher au brun, s'attacher peut-être plus qu'il ne le devrait. Depuis PJ, il fuyait comme la peste les hommes avec lesquels quelque chose aurait pu se construire. Il n'avait toujours pas fait le deuil de sa relation avec l'Australien. Ou il n'avait peut-être pas trouvé la motivation pour le faire... « Tu verras ici, tout n'est question d'apparence ! C'est un monde assez particulier et quand on n'y est pas préparé, on se laisse facilement avoir... Je ne suis pas trop pour le fait de vivre dans les paillettes ! » Et il y avait vécu durant dix huit ans... Jusqu'à ce qu'il parte pour Harvard et qu'il puisse enfin s'échapper de l'emprise de son père. « Fais attention quand on vient te parler... Ce n'est jamais anodin et vu que t'es plutôt mignon, je crois que tu n'y couperas pas, costume de militaire ou pas ! C'est une sorte de rituel pour les petits nouveaux... Ici, la plupart des gens se connaissent et ils repèrent facilement ceux qui découvrent la boîte. J'y suis passé... » Le sourire aux lèvres, il mettait exprès la pression sur le jeune infirmier. Il ne mentait pas vraiment, il se contentait d'exagérer les choses. Cassandre se ferait très certainement accoster dans la soirée, Baptiste voulait simplement le prévenir.

Un baiser sur la joue et je compris rapidement que ce geste n'était pas forcément accueilli avec joie. Baptiste semblait surpris, gêné ou autre. Je n'arrivais pas à déceler ce qu'il en pensait même si j'avais senti sa surprise. « De rien... » Changeant totalement de sujet, je ne lui laissais même pas le temps de prendre la parole, de dire quoi que ce soit en rapport avec mon geste précédent. Autant l'oublier, m'étais-je dit. Et cela, le plus rapidement possible. Passer du coq à l'âne n'était pas réellement dans mon tempérament mais, à certaines occasions, le besoin s'en faisait ressentir. Ce fut le cas ce soir et le sujet suivant s'écoula facilement dans la conversation. J'enchaînais les paroles, prenant à peine le temps de respirer. Au moins, je noyais le poisson et c'était là mon objectif principal. Je repris alors mon souffle, attrapant le cocktail de bienvenue pour enfin y goûter avec délectation. « On va dire que j'ai des relations... J'ai des amis plutôt aisés et ils apprécient ce genre d'endroit ! Je dois t'avouer ne pas être fan mais de temps en temps, ça ne peut pas faire de mal ! » Je l'écoutais, ne cessant de le fixer dans les yeux, ces magnifiques yeux bleus. « Je suis un peu pareil. J'ai beaucoup de mal avec les soirées mondaines et tout le tralala qu'il y a autour. C'est pour ça que tu me verras que très rarement dans un costume. J'préfère rester simple. Un jean et un tee-shirt me suffisent. » Je lui souris et détournais ensuite mon regard vers le reste du club. Tous étaient donc des privilégiers, des fils et filles de riche ne comptant même pas leur dépense. D'une certaine manière, je les enviais car jamais je ne pourrais faire comme eux avec mon simple salaire d'infirmier. Mais d'un autre côté, j'étais bien comme j'étais et ma vie me convenait comme elle était.

« Tu verras ici, tout n'est question d'apparence ! C'est un monde assez particulier et quand on n'y est pas préparé, on se laisse facilement avoir... Je ne suis pas trop pour le fait de vivre dans les paillettes ! » Tournant mon visage dans sa direction, je bus en même temps une autre gorgée du fameux cocktail que je trouvais excellemment bon. Cependant, les dires de Baptiste laissaient planer une légère appréhension de ma part. J'avais l'impression d'avoir été jeté dans une cage aux lions et que chacun n'attendait plus que je bouge pour me sauter dessus et me plaquer au sol pour me dévorer tout cru. « Fais attention quand on vient te parler... Ce n'est jamais anodin et vu que t'es plutôt mignon, je crois que tu n'y couperas pas, costume de militaire ou pas ! C'est une sorte de rituel pour les petits nouveaux... Ici, la plupart des gens se connaissent et ils repèrent facilement ceux qui découvrent la boîte. J'y suis passé... » Je penchais légèrement la tête, souriant et oubliant surtout le reste de ces paroles. Le plus important avait été dit. Je pris un air sérieux. « Mmh... Je suis donc plutôt mignon... » Je faisais exprès de ne pas le regarder, imitant un homme en pleine réflexion. « D'accord. Donc je dois faire attention. Ok. Toi y compris ou je peux te faire confiance ? » Ajoutais-je avec un certain humour. « A moins que tu ne joues ton rôle ce soir et que tu viennes au secours d'une pauvre âme sans défense parmi toute cette noblesse réuni en ces lieux. » Je me levais alors de la banquette, prêt à me jeter dans la gueule du loup. C'était purement suicidaire au vu des mises en garde de Baptiste mais je n'avais d'autres solutions pour me faire une idée des bourgeois parisiens et de leur coutume. Je tendis ma main vers le jeune Argent, terminant de l'autre le cocktail du Baron. « A toi de choisir maintenant. Soit tu es le Prince Jean de Nottingham et tu me laisses me faire torturer par tous tes sujets et donc ton costume n'est qu'une usurpation d'identité, soit tu es Robin des bois et tu seras mon sauveur de la soirée. » Je baissais pour atteindre son oreille. Je lui chuchotais quelques mots. « Et j'ai envie de danser... » Je me redressais et accomplit quelques pas en arrière. Je me reculais de Baptiste, sourire aux lèvres, attendant qu'il réagisse. Ma main était toujours tendu et j'espérais bien qu'il m'accompagne.

“THIS IS HALLOWEEN”

Baptiste était mal à l'aise et tentait de le cacher par tous les moyens. Si seulement il avait réfléchi deux minutes avant de proposer à Cassandre de l'accompagner à cette soirée... Ce n'était pas la compagnie de l'infirmier qui le dérangeait, bien au contraire. C'était le contexte ! Le jeune héritier avait totalement oublié qu'il n'avait pas donné son vrai nom de famille au jeune Lefèvre. Nom de famille plutôt connu à Paris et même en province. La réaction de Cassandre au fait que Baptiste puisse être quelqu'un de connu ici, était un premier avertissement. Il allait devoir jongler et s'enfoncer dans son mensonge encore plus. Il avait bien trop peur de ce que penserait de lui l'infirmier s'il venait à découvrir la vérité. Heureusement pour lui, Cassandre ne semblait pas vouloir poser les questions qui fâchent et les deux garçons s'attablaient à débattre sur leur perception du monde Mondain« Tout le contraire de moi... Je passe ma vie en costume cravate à cause de mon boulot... Mais dés que je rentre chez moi, je saute dans un jean ou un short ! Par contre, en soirée, je suis bien obligé de suivre les autres. ». Haussant les épaules, il but une longue gorgée de son cocktail tout en essayant de repérer sa sœur dans la foule. S'il y avait bien une personne à éviter, c'était elle ! Enfin elle et Quentin... Le voir en compagnie d'un autre homme, ce serait suffisant pour faire tourner cette soirée d'Halloween en un véritable cauchemar. Le seul soucis, c'était qu'il n'avait aucune idée de comment ils étaient vêtus. « Ce sera une surprise » lui avait-elle dit et ce n'était pas le genre de phrase qui était faite pour le rassurer. Il s'attendait à la voir débouler à n'importe quel moment et de révéler la supercherie. Malgré la musique, un étrange s'installa entre eux et Baptiste le combla en prodiguant des conseils à Cassandre. Ce dernier semblait légèrement troublé par ce qu'il venait de dire, ne s'attendant certainement pas à ce genre de conseils.

Le sourire de l'infirmier interpella Baptiste. Et ce dernier ne put s'empêcher de rougir légèrement quand le commentaire de Cassandre lui arriva aux oreilles. Ce n'était même pas intentionnel. Cassandre était mignon, sexy même. Tout à fait le genre d'homme qui plaisait à Baptiste. Il semblait calme, posé, intriguant... Bref, il avait les armes pour le faire chavirer ! Mais rien n'était simple, rien n'avait jamais été simple avec Baptiste. Et il semblerait que cette histoire n'échapperait pas à la règle. Buvant une nouvelle gorgée pour se donner de la contenance et reprendre le contrôle, il lui donna un coup de coude dans les côtes en rigolant. « Bien sûr que t'es mignon... Fais pas comme si j'étais le premier à te le dire ! Y a la moitié de la salle qui a du se retourner sur toi ! » Il exagérait mais ça permettait de minimiser son compliment, le rendre moins personnel. Le jeune De Lagarde avait peur, peur de ce qui se passerait s'il se laissait aller. C'était une chose que ses deux cadets n'arrivaient pas à comprendre. Ces derniers étaient plutôt du genre Carpe Diem. Haussant un sourcil lorsqu'il le vit se lever, il reposa son verre en regardant la main tendue du brun. « Oh mais je vois que quelqu'un prend son rôle de militaire un peu trop à la lettre... Tu te lances tête baissée dans la bataille ! C'est courageux... »
Amusé, Baptiste le regarda finir son verre d'un trait alors que Cassandre répliquait non sans humour qu'il aimerait qu'il le rejoigne. Danser ? Ce n'était pas vraiment le fort de Baptiste. Il n'avait pas deux pieds gauches - ou presque d'après sa sœur - mais il essayait de se tenir loin de la piste d'habitude... Soupirant, il se gratta le menton et frissonna légèrement en sentant le souffle de l'infirmier dans son cou. L'observant, Baptiste fit une légère mou et avala cul sec la fin de son verre. « Très bien, je viens ! Mais juste pour faire honneur à mon costume... » Souriant, il prit la main de Cassandre et les deux garçons se dirigèrent vers la piste de danse où la foule était déjà nombreuse. Le jeune héritier n'avait même pas remarqué qu'il n'avait pas délié sa main de celle de Cassandre et ce n'est que sur la piste qu'elles se séparèrent. Troublé, Baptiste sourit alors que le dernier tube à la mode se mit à jouer dans la salle. Le jeune De Lagarde évitait de croiser le regard de son ami, encore troublé par ce qu'ils venaient de faire. Lui qui évitait les contacts physiques, ça semblait impossible avec l'infirmier. Dans son optique d'éviter les yeux de Cassandre, le jeune homme capta le regard de deux jeunes femmes, l'une habillée en démon et l'autre en ange. Parfaitement assortie... Elles étaient adossées au bar et l'une d'entre elle les montra du doigt. Se mettant à rire, il finit par poser son regard dans celui de Cassandre et s'approcha de lui pour communiquer « Je crois que deux tigresses ont repéré leur proies... Je t'ai dit que tu ne passerais pas inaperçu... » Baptiste lâcha un rire alors qu'il observait le français chercher des yeux les deux tigresses en question. "Robin des bois" se demandait comment l'infirmier allait gérer ça et si les deux demoiselles en question allait passer à l'attaque... C'était amusant et pourtant, Baptiste ne pouvait s'empêcher d'une pointe de jalousie ou plutôt de possessivité à l'égard de Cassandre. C'était mauvais signe, non ?

Une soirée au Baron. Une soirée privilégiée au Baron. C'était inconcevable pour un simple infirmier comme malgré le nom de famille des Lefèvre. Nous n'étions pas les plus riches mais le nom de la famille Leroy, nom de jeune fille de la matriarche, lui attirait l'aristocratie parisienne. Je ne m'en vantais pas. Je n'en parlais pas. Ce monde n'était pas le mien et j'étais toujours mal à l'aise lors de ces soirées de charité ou mondaines. « Tout le contraire de moi... Je passe ma vie en costume cravate à cause de mon boulot... Mais dés que je rentre chez moi, je saute dans un jean ou un short ! Par contre, en soirée, je suis bien obligé de suivre les autres. » Je souris. Je le revoyais dans son costume lors de notre première rencontre au speed-dating et je devais bien avouer que Baptiste savait les porter à la perfection. Moi, je ne m'étais présenté qu'avec une chemise et un jean avec ma veste en cuir. N'ayant pas des attentes spécifiques avec ce genre de milieu, je ne m'étais pas foulé pour m'habiller. J'étais resté moi-même. Ces hommes avaient donc eu, au moins, une image réelle de la personne que j'étais vraiment. C'était sans doute le mieux dans ce genre d'endroit. Mais ce soir, tout était différent. Les codes étaient renversé et j'étais dans mon uniforme militaire à côté de mon Robin des Bois. j'étais bien, j'étais même heureux de passer Halloween, ici, avec lui alors que je n'avais pas fêté le 31 octobre depuis des années. « En tout cas, les costards te vont très bien comme ce déguisement d'ailleurs. »

Me donnant un coup de coude dans les côtes, je ne pus m'empêcher de pousser un léger cris en me contorsionnant face à son geste. Être très chatouilleux n'était pas en avantage lorsque vos proches décidaient de se venger sur vous. Au contraire, c'était une porte ouverte sur la pire torture au monde. « Bien sûr que t'es mignon... Fais pas comme si j'étais le premier à te le dire ! Y a la moitié de la salle qui a du se retourner sur toi ! » Je restais dubitatif et je regardais Baptiste sans savoir quoi dire. J'haussais simplement les épaules comme réponse à ses propos. Il exagérait surement et je n'étais pas sûr que ces bourgeois se soient retourné sur moi. Lui oui, parce qu'ils le connaissaient mais moi, je n'étais personne à leurs yeux, donc pas un homme digne d'intérêt de ce milieu. Cependant, je comptais bien voir les conséquences de l'arrivée d'un petit nouveau dans leur club privé. je me levais donc du canapé tendant ma main au jeune Argent. L'envie de danser se faisait sentir en moi, j'avais le rythme dans la peau depuis mon arrivée et je n'attendais que l'instant où je pourrais profiter du dancefloor pour me défouler en bonne compagnie. « Oh mais je vois que quelqu'un prend son rôle de militaire un peu trop à la lettre... Tu te lances tête baissée dans la bataille ! C'est courageux... » Sourire jusqu'aux oreilles, je fixais Baptiste après avoir fini mon verre. Viendrait-il ou non ? M'accompagnerait-il dans la fausse aux serpents ? je l'espérais... Je le voyais se gratter le menton. Il devait venir. « Je n'admettrais pas de réponse négative. Donc tu viens ! D'accord ? C'est le militaire qui te l'ordonne alors tu dois exécuter mes ordres ! » Je riais, amusé par mes propres conneries. Était-ce moi où Halloween me faisait régresser ? « Très bien, je viens ! Mais juste pour faire honneur à mon costume... » Bouche-entrouverte, faisant mine d'être choqué, il attrapait ma main et je lui répondis : « Et moi, j'suis quoi là-dedans ? T'acceptes même pas pour moi... Je suis un peu déçu... » Je fis une moue triste avant de rire aux éclats et de tirer Baptiste vers la piste de danse.

Arrivant sur la piste, j'aurais aimé ne pas lâcher sa main mais le jeune Argent prit la décision tout seul. Commençant à bouger au rythme de Dance Again, magnifiquement chanté par l'envoutante Jennifer Lopez, je plongeais mes yeux bleus dans ceux de Baptiste qui ne me regardait pas. Entre déhanchement, quelques pas de danse et retournement sur soi-même, je me plaisais dans cette ambiance Halloweenesque du Baron. Je sentis alors mon rendez-vous se rapprocher. « Je crois que deux tigresses ont repéré leur proies... Je t'ai dit que tu ne passerais pas inaperçu... » Je regardais les deux femmes en question. Elles ne nous fixaient même pas. Je me retournais alors vers Baptiste. « Tu dis n'importe quoi... » Lui répondis-je en lui donnant une tape sur l'épaule. « J'suis sûr qu'on les intéresse même pas. Ou alors elles ne nous visaient pas nous mais t'as cru que c'était le cas et tu t'es ima... » Brutalement, je ne me stoppais dans ma réponse. Je sentis soudainement deux paires de mains dans mon dos et sur mes épaules. « Peut-on se joindre à vous, lieutenant ? » Je jetais un oeil à Robin des Bois. Je ne rigolais plus désormais. « Je...heu...c'est que... » L'une déposa son index sur mes lèvres. « Ne dites plus rien... Nous nous occuperons bien de vous. » Plus aucun mot ne sortait de ma bouche. J'étais pris par surprise et je ne savais quoi faire, ni quoi dire pour m'échapper de cette situation. Je me retrouvais rapidement pris en sandwich entre ces deux femmes qui commençaient à se déhancher de manière assez vulgaire contre moi. Je relevais mon visage vers Baptiste, lui sommant de venir à mon aide. Je l'aurais supplier si ces deux femmes n'étaient aussi collantes. « Aides-moi... » lui demandais-je en imitant l'expression avec mes lèvres. Je levais les yeux au ciel avant de les fermer et de trouver l'une des deux demoiselles face à mon visage, plus proche que jamais. « Comment devons-nous vous appeler, mon lieutenant ? » Je riais, difficilement. La situation me faisait perdre mes moyens.

“THIS IS HALLOWEEN”

Tout se déroulait bien pour le moment. Baptiste avait l'impression de marcher sur des œufs avec Cassandre mais la soirée prenait une tournure des plus agréables. Il espérait simplement que le fait qu'il passe la moitié de son temps à repérer sa sœur et son frère, passerait inaperçu aux yeux de l'infirmier. Baptiste enviait ce dernier : Il semblait être bien dans sa peau, vivre une vie paisible. La seule chose qu'il lui manquait, c'était quelqu'un ! Pour le jeune De Lagarde, la situation était tout autre. Il se rendait compte que le monde dans lequel il avait grandi ressemblait plus à une fosse aux lions plutôt qu'à un petit coin de Paradis, qu'il fallait toujours surveiller ses arrières et qu'il était condamné à y rester de part sa future fonction. Il enviait ses cadets : Certes, ils se devaient de réussir pour ne pas ternir le nom De Lagarde mais ils avaient leur avenir entre leur mains. Celui de Baptiste, c'était son père qu'il l'avait eu et qu'il l'avait encore. Mais il n'était pas là pour discuter de ça et bien qu'il n'ait pas entendu la réponse du blond, il y répondit d'un simple signe de tête et d'un sourire.« Merci, faut remercier ma sœur pour le déguisement ! C'est elle qui a eu l'idée... ». Commencer à parler de Clémence n'était pas une bonne idée et Baptiste ne tarda pas à lancer un tout autre sujet pour parler de quelque chose de moins "glissant". Un sourire amusé sur les lèvres, il observa son ami se tortiller dans tous les sens. Il était chatouilleux ? C'était bon à savoir... Malheureusement, le jeune héritier ne garda pas bien longtemps son sourire : Cassandre voulait danser ? Immédiatement, Baptiste eût l'envie de lui demander s'il avait des envies suicidaires mais à sa grande surprise, il se laissa tenter. Et ça n'avait rien à voir avec la façon dont l'infirmier l'avait regardé ou cette main tendue qui semblait l'appeler.

L'humour de ce dernier finit par vaincre les réticences alors qu'il termina son verre et qu'il lâcha un rire. « Robin des bois versus militaire ? Qui gagne ? Mais j'ai pas envie d'abîmer un si joli minois alors je me rends, colonel... » Glissant sa main dans celle de Cassandre, Baptiste s'aventura vers la piste de danse. Celle-ci était déjà occupée par une bonne partie de la salle, au grand soulagement du blond. Plus il y avait de monde, moins on remarquerait son inaptitude à danser. Et le fait d'avoir eu un geste si tendancieux avec Cassandre n'allait certainement pas arranger les choses. Prendre la main de quelqu'un était sûrement un geste anodin pour la plupart des gens mais pas pour Baptiste. Pour lui, rien n'était dû au hasard, même ce genre de banalités. Et il ne voulait surtout pas comprendre la sensation qu'il avait ressenti pendant les quelques mètres qui séparaient leur table et la piste sinon c'était la migraine assurée et une conclusion qui ne lui plairait surement pas. « Tu ne sais pas ce que tu risques en dansant avec moi... Je voulais t'épargner un calvaire mais vu que tu insistes... »
Amusé, Baptiste se positionna en face du blond et une nouvelle musique se mit en route. Une chanson qui ne lui était pas inconnu mais dont il serait incapable de donner le titre ou l’interprète. Se laissant guider par le rythme, il se focalisait surtout sur le fait de ne pas marcher sur les pieds de ses voisins et de ne pas gesticuler comme un fou. Cassandre, au contraire, semblait à l'aise ici. Attendri, Baptiste aurait presque eu envie de s'arrêter juste pour le regarder mais c'est à ce moment qu'il repéra deux charmantes créatures. Celles-ci semblaient trouvé Cassandre très - trop ? - à leur goût. Bien que ça ne réjouisse pas vraiment Baptiste, ce dernier ne tarda pas à reporter la nouvelle à son ami qui semblait refuser d'y croire. Haussant un sourcil, il ne répondit rien laissant l'infirmier se persuader qu'il avait imaginé des choses. Essayant de rester neutre alors qu'un fou rire menaçait de sortir de sa bouche, il ne put réprimer un léger rictus quand les deux femmes commencèrent à mettre le grappin sur Cassandre « Bon courage... » Se reculant légèrement, il observa la scène, se demandant comment Cassandre allait faire pour se sortir de ce guet apens. Après tout, ce dernier n'avait pas voulu le croire et il se retrouvait désormais face à deux fauves en quête de chair fraiche. Dommage qu'il n'ait pas son portable sur lui, il aurait bien pris une photo de l'infirmier alors que les deux demoiselles se mirent à se frotter contre lui. Et bien que la situation le faisait rire en apparence, ce n'était pas vraiment la même chose à l'intérieur. A sa grande surprise, il avait dû mal à ne pas virer les mains de ces deux filles du corps de Cassandre. Pourtant, ils n'étaient rien... Juste deux simples amis et pourtant, Bat sentait la frustration monter petit à petit. Lorsque la musique s'arrêta, le jeune De Lagarde décida de passer à l'action. « Excusez moi mesdemoiselles mais j'ai le regret de vous annoncer que ce jeune homme n'est pas libre... » Baptiste eût à peine le temps de finir sa phrase qu'il sentit deux paires d'yeux s'abattre sur lui. Déglutissant, il garda bonne figure mais n'était pas rassuré « Ah oui ? Et on peut savoir qui t'es toi ?» Fronçant les sourcils, Robin des bois écarta d'un geste les deux demoiselles et passa son bras droit autour de la taille. « Et bien, je suis vraiment désolé de vous l'apprendre mais ce charmant jeune homme est mon.... C'est mon petit ami !» La phrase eût l'effet d'une bombe que ce soit pour les deux femmes dont les yeux s'arrondir, que pour Cassandre que Baptiste sentit devenir tendu et pour Baptiste lui même qui se demandait encore où avait-il trouvé le culot pour sortir ça ? «Vraiment ? On est désolées... On pensait que vous n'étiez que...» Baptiste hocha la tête en signe de compréhension alors qu'il vit la blonde tirer son amie qui semblait encore sous le choc. Maintenant qu'il s'était débarrassé d'elle, Baptiste desserra son étreinte et sourit nerveusement : « Désolé, je n'ai trouvé que ça... Enfin, au moins, c'est la preuve que je ne t'ai pas menti ! Tu as du succès... » Une certaine tension s'était installée et Baptiste ne put s'empêcher de se demander ce qu'il aurait fait si elles avaient voulu une preuve... Aurait-il été capable d'embrasser Cassandre ? Si ce n'était qu'un simple ami, il ne devrait pas avoir de problème mais justement, Cassandre n'était peut-être pas qu'un simple ami...

« Robin des bois versus militaire ? Qui gagne ? Mais j'ai pas envie d'abîmer un si joli minois alors je me rends, colonel... » Je n'avais jamais douté de mes capacités de persuasion et mon si joli minois avait eu raison des réticences de Baptiste. J'en étais heureux. Danser était presque une drogue. Danser avec lui ce soir était donc inévitable et s'il avait refusé, je l'aurais poussé jusqu'à ce qu'il cède. Mais pour le moment, tout se déroulait parfaitement bien. J'étais heureux d'être ici avec Baptiste et cette danse que nous allions entamer me réjouissait bien plus qu'il ne l'aurait fallu. Surtout si nous n'étions que de simples amis... Amis, disions-nous ? Mais il existait bien plus entre nous. Du moins, c'était ce que je croyais. « Tu ne sais pas ce que tu risques en dansant avec moi... Je voulais t'épargner un calvaire mais vu que tu insistes... » Je posais mon regard sur le jeune Argent. « Un colonel n'a jamais peu de rien. Pas même d'un Robin des Bois, piètre danseur au passage. » Je riais, commençant à danser au rythme de la chanson qui passait.

Ne trouvant aucune excuse à Baptiste concernant les deux demoiselles qui nous observaient d'après lui, je repris mes pas de danse ne me méfiant pas de l'arrivée de ces femmes. Elles me surprirent et me stoppèrent dans ma danse. Je regardais Baptiste. « Bon courage... » Il me laissait tomber. Je ne pouvais y croire tandis que je me retrouvais pris entre ces deux tentatrices, bien trop collantes à mon goût. Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. J'étais mal à l'aise. Je ne voulais pas que tout cela arrive. Pourtant, je n'arrivais pas à bouger pour les écarter. J'étais comme pris au piège par ses tigresses tandis que je priais le jeun Argent pour qu'il me sorte de là. J'étais perdu. Je me sentais seul dans cette situation inimaginable avant qu'elle ne se produise contre toute attente. Pourquoi n'avais-je pas cru mon Robin des Bois ? Pourquoi lui avais-je ris au nez alors qu'il disait vrai ? Je me sentais bête, idiot, très con. Mes yeux se posèrent une nouvelle fois sur Baptiste qui me regardait. J'étais sûr qu'il en riait. J'étais sûr que me taquinerait encore longtemps. J'étais sûr qu'il allait me laisser me sortir de là sans lui. J'étais maudit ! « Excusez moi mesdemoiselles mais j'ai le regret de vous annoncer que ce jeune homme n'est pas libre... » « Quoi ? » Je le regardais, l'air stupéfait, ne comprenant pas où il voulait en venir. Et je n'étais pas le seul. « Ah oui ? Et on peut savoir qui t'es toi ? » Oui, il était qui au juste ? Sans dire un mot, je l'observais froncer les sourcils, écarter les deux femmes en question et m'attraper soudainement par la taille. C'était inattendu. « Et bien, je suis vraiment désolé de vous l'apprendre mais ce charmant jeune homme est mon.... C'est mon petit ami ! » Je redressais mon visage. « Ah ouais ? » Et j'acquiesçais ensuite d'un signe de tête comme pour approuver ces dires. « Vraiment ? On est désolées... On pensait que vous n'étiez que... » Oui, moi aussi je pensais que nous étions que... Que quoi ? Je n'en savais rien. Nous étions...ça et malgré le fait que mon superhéros venait de sortir d'une impasse, je restais assez tendu face à tout ce qu'il avait dit.

Une fois les deux femmes parties, mon rendez-vous du soir se recula. Bien trop tôt à mon goût mais j'avais rapidement compris que Baptiste n'était pas le plus tactile ni le plus affectueux des hommes en public. Je respectais ces choix. Je ne dis rien. Je lui souris simplement. « Désolé, je n'ai trouvé que ça... Enfin, au moins, c'est la preuve que je ne t'ai pas menti ! Tu as du succès... » Je pouffais de rire face à lui. Du succès ? Oui, peut-être mais ce n'était pas ce que je recherchais. Enfin pas avec tout le monde... « T'inquiètes pas pour ça... » Lui répondis-je dans un premier temps. « Ça m'a juste surpris sur le coup. » J'esquissais un léger sourire, essayant d'échapper au regard de Baptiste. Je me mordis la lèvre inférieur. « Mais merci... » Je déposais un simple baiser sur sa joue. « Beaucoup... » Je déposais un nouveau baiser à la commissure de ses lèvres. « Vraiment... » Puis je glissais délicatement mes lèvres sur les siennes pour un rapide baiser, presque furtif. Mon coeur battait la chamade et, ne sachant comment réagir, je regardais une dernière fois ses iris azurés avant de lui tourner le dos pour m'enfuir loin de lui. Ce que je venais de faire était déplacé et je me sentais trop honteux pour rester près de lui.