« T'es vraiment un abruti ! » je cris, parce que Saad vient de me dire un truc qui ne m'a pas plu du tout. « Un putain d'abruti qui s'fait entuber par sa propre sœur ! » Oui, parce que j'ai calculé (de tête en plus, j'suis une L surpuissante), et Saad va maintenant devoir vivre avec moins de 400€ (et j'ai compter sans qu'il ai payé le loyer, l'essence, la bouffe et les charges).... Pendant un mois. J'espère que Camel avait pas prévu de se racheter une télé, parce que maintenant, c'est loupé. C'est fou comme Najia a l'art la merde partout où elle passe, que ce soit dans le compte en banque de ses frères, dans ma relation avec Saad ou simplement dans les couloirs du lycée. Autant dire que son iPhone, elle a pas intérêt à le faire tomber au bout d'une semaine et à le niquer, parce que ce serait de l'argent d'autant plus foutu en l'air. Qu'est-ce qu'elle a cru ? Ils sont pas les enfants de Bill Gates, bordel ! Je marche vite, trop vite. Et j'rumine ce qu'on vient de se dire avec Saad. Sérieusement, elle m'fait chier. Là, j'ai juste envie de la tuer à coup de pelles, sans même avoir son visage devant mes yeux. Après dix bonnes minutes de marche vers le gymnase, je descend les marches qui mène à une sorte de petite place sur laquelle est le gymnase. Je m'assoit sur la marche la plus basse, prend Kyhan par la main et pose ma tête contre son épaule. « Elle est là, la Al-Kâtib numéro 3 ? » que je lui demande, avec un air un peu bougon. Je lui pique sa clope, prends deux lattes pour me calmer un minimum, lorsque je la vois contre un mur... son nouveau joujou à la main. « J'espère que t'es fière de toi ! » Ni bonjour, ni merde. « Non, parce que, avec tes envies d'iPhone, t'as foutu dans la merde tes frères. Alors j'espère que tu vas au moins être adorable pendant des années entières après ça ! »

tu tires sur ta clope, redoutant le sport. d'habitude, tu n'éprouves aucun remord à le sécher, prétextant parfois un mal de crâne insoutenable, dissimulant une flemme impitoyable auprès de ta mère. celle-ci, se laisse entuber à chaque fois, que trop soucieuse de la santé de son fragile fils unique. fragile, c'est vite dit. pourtant, tu as décidé de venir, pour une fois. pour la rentrée, peut être. tu patientes depuis quelques minutes déjà, toujours ta cigarette au bec, plongé dans tes songes. à vrai dire, elles sont toutes dirigées vers lisa-rose, pour laquelle tu refuses de voir l'amour fou que tu lui portes. un tel amour que tu te pointes en avance juste pour le discret plaisir de la voir arriver, de l'admirer, elle et sa perfection. les cendres s'alignent sur le sol tandis que tu l'observes, ses livres sous l'bras. tu t'empêches de sourire, même si c'est trop dur et lui adresse un petit signe de main si invisible que cela ne t'étonne pas qu'elle ne l'ait pas vu. tu t'en rallumes un autre, c'est ton péché mignon. lili s'attèle à lire les misérables. toi, détournes le regard, fixant un point sans importance, te tournant les pouces. aujourd'hui, tu n'es guère d'humeur festive, ainsi tu te mets un peu à l'écart, n'ayant pas toi même une foule d'amis à aller voir. « J'espère que t'es fière de toi ! » cette voix te fait sursauter, qui n'est d'autre que celle d'ana. merde, tu murmures. tu relèves les yeux. pas encore cette histoire, tu implores avec un soupire. « Non, parce que, avec tes envies d'iPhone, t'as foutu dans la merde tes frères. Alors j'espère que tu vas au moins être adorable pendant des années entières après ça ! » elle a pas tord du tout, ton amie. c'est vrai qu'elle s'est conduite en belle ordure, la sœur de saad. ton iphone, tu l'as économisé pendant toute une année, ainsi, tu ne peux t'empêcher de la comparer à une sale gosse pourrie gâtée. « T'es sérieuse Ana ? » non non, elle rigole. tu t’apprêtes à te lever. « T'es vraiment une casse-couille toi ! J'peux savoir en quoi ça te regarde, sans déconner ! En quoi ça t'concerne l'argent de mes frères et nos arrangements ? Maintenant tu as le droit de te taire et de t'occuper une bonne fois pour toute de ce qui te regardes, ok ? » tu te lèves pour de bon, non sans glisser un sourire cette fois-ci visible à lisa-rose. qu'elle beauté. celle-ci intervient. « - Ana laisses tomber, ça te rends pas service et ça sert à rien de vous prendre la tête de bon matin. » tu hésites à rejoindre son parti, de la jouer pacifiste. mais non, ce n'est pas vraiment dans les habitudes de la maison. « t'sais mini-al-kâtib, t'étonnes pas de passer pour la dernière des capricieuses après ça. » tu commences avec désinvolture. « et ana a raison, ta tendance à foutre les autres dans la merde pour ton plaisir personnel, ça commence à faire chier. » tu tires sur ta clope. « surtout que ton iphone, tu si en voulais vraiment un, t'aurais pu te bouger pour te le payer toute seule. »

Le cours de sport. Si y a vraiment une matière où t’excelles, c’est bien celle-là. Après tout, t’as juste à courir, jouer de la raquette, ou envoyer des ballons dans des buts. C’est un peu ton domaine ça. Bien loin des cours de biologie où t’as envie de gerber dès que ça parle de sang, de maladies ou de toute autre connerie qui te fait froid dans le dos. Des fois, tu te demandes ce que tu fous encore dans un bahut. C’est tellement pas ton truc. Tu sais pas te concentrer en cours, tu sais pas te concentrer dans tes révisions, et de toute manière, ça te sert à rien ce que tu fais puisque la médecine, t’y feras jamais carrière, même si tes parents t’y poussent. Sauf que t’es quand même là, assis sur les bancs des gradins, ta clope à la bouche. Si ton prof te voit, tu peux être sûr d’être collé, mais tu t’en branles. Et alors que tu fumes tranquillement, tu sens quelqu’un se blottir contre toi et t’enlever ta cigarette. Et à sa façon de faire, tu captes qu’Ana a quelque chose qui la tracasse. Et quand elle prononce le nom de famille Al-Kâtib, tu sens déjà que ce cours, ça va être la troisième guerre mondiale. T’as même pas le temps de répondre, de toute manière, qu’elle a déjà vu la principale intéressée. Et sans attendre, ça se met à gueuler. Toi, t’es dans ton coin, et t’entends les gens prendre la parole à tour de rôle. Najia surenchérie, suivi de Lisa-Rose, Napo, puis Havat, qui, elle, prend le parti de la jeune Al-Kâtib. Tu roules des yeux, tires une taffe et lances, d’un ton las : « Dites, si vous comptez vous battre les filles, vous voulez pas vous mettre en sous vêtement au moins ? J’arrose le sable du saut en longueur histoire de faire un peu d’boue ! » Oui, tu comptes pas prendre parti à cette guerre qui dure depuis tellement longtemps. T’es spectateur, et si tu peux te rincer l’œil en même temps, tu dis vraiment pas non.