Alors que je terminais avec joie les restes des nouilles ayant survécus d'hier soir, je couvais du regard les petites boules de poils qui roulaient et sautillaient à travers le salon, titillant parfois mon Amour, assis nonchalamment, du Camus à la main. J'étais heureuse que l'un deux ait pu se trouver un foyer d'accueil ! D'autant plus qu'il s'agissait de Sutton, une excellente amie avec qui nos rires n'avaient guère de fin. De plus, cela nous justifiait une autre raison de se revoir, après tout ce temps. Tout en jetant le carton dans lequel mon repas nous fut amené, je réfléchissais à ma tenue de tout à l'heure, cherchant à être un minimum apprêtée. Ainsi, je rejoignais ma chambre tout en étant suivie, avec peu de discrétion, par mon animal respectif âgé de deux semaines nommé hippo. Sa petite queue battait tranquillement derrière-lui, avançant de cette démarche étrange et si peu commune aux mammifères de son espèce. Je m'amusais souvent à la comparer à un oiseau échassier, dont les cannes étaient si fragiles qu'ils chancelaient quelque peu. Là, c'était presque pareil, sauf que ses pattes se trouvaient d'avantage plus robustes. Suite à un rapide coup d'œil en direction de mon portable, je réalisais que si je continuais à trainer ainsi, je risquais d'être en retard. Aussitôt, je revêtis une robe noire bi-matière. Le haut avait un décolleté profond devant comme derrière et était en cuir, tandis que le bas était plus léger et évasé, à la manière d'une robe dite patineuse signé Micheal Kors. Afin de ne pas mourir de froid, j'enfilai un manteau assez long dans une sorte de laine gris perlé de chez Céline, et une paire de boots à talon noires entièrement clairsemées de clous plats. Mon Coppola bordeaux sur l'épaule, et le chaton, pas hippo hein, dans les bras, j'entamai ma marche jusqu'à chez elle. Durant ce temps-là, je rêvassais, ce qui me permettait de ne pas me faire mordre par le froid, du moins je ne le ressentais pas vraiment. Bien vite, je fus devant chez elle, avec deux trois minutes de retard. Pour une fois, c'était plutôt respectable. Je sonnais, avec un petit sourire aux lèvres.

Hey, entre ! Tu vas bien ? Suite à son invitation, je m'exécutai tout en la gratifiant d'un sourire. Ce ne fut que quelques secondes plus tard que je me remémorais qu'elle m'avait posé une question. « Oui, oui, plutôt bien. » répondis-je, ne sachant que trop dire. Mon hôte me guida jusqu'à son salon, tandis que le chaton que je tenais tout contre moi gigotait, comme s'il se doutait que ce lieu serait bientôt son nouvel habitat. Voyant un canapé libre, je m'y essayai, ne pouvant supporter plus longtemps l'asticot qui ne demandait qu'à explorer cette pièce. Celui-ci miaula quelques secondes tout en jetant des regards de droite à gauche. Je suis trooop contente de te voir Anti, ça commençait à dater. Alors quoi de neuf ? Ca commençait à dater ? vraiment ? je n'en étais pas certaine dans la mesure où je n'étais à Paris que depuis une semaine, et que depuis j'y demeurais. Après tout, Sutton devait parler de ses trois journées sans se voir, même si son expression n'était pas vraiment adéquate. « Je t'ai tant manquée que cela en deux-trois jours ? » la taquinais-je avant de croiser mes jambes. « Rien de très spéciale, à part que je commence à trouver mes repères dans Paris, du coup je me perds plus quand je vais acheter du pain... » Oui, il n'y a vraiment rien de pire que de se retrouver à l'opposé de chez soi pour une pauvre baguette. Sutton s'excusa afin d'aller chercher des verres, et j'en déduisais que je n'allais surement pas passer ma soirée sans être pompette, non pas pour me déplaire. L'absence de mon amie ne dura pas, et elle revint avec ce qu'il fallait. Je détaillais la table basse, choisissant le contenu de mon verre sans aboutir. Alors, qu'est-ce que tu prends ? Pour ma part, c'est Whisky Je réfléchissais quelques secondes avant de faire de même : c'était la meilleure manière de m'éviter de trop longues minutes de réflexions. « Je prends la même chose. » Ajoutais-je avec un sourire tout ne joignant la parole à l'acte. je sursautais presque lorsqu'elle complimenta ma robe, je ne m'y attendais pas. « merci... Moi, j'adore tes chaussures. » Répondis-je timidement tout en buvant en gorgée. Me rappelant soudainement la nature de ma visite, je me saisis du chaton, et le lui présenta. « Il est mignon, tu trouves pas ? » complimentais-je tout en lui tendant l'adorable boule de poil. « Et c'est le tien, maintenant. » Ajoutais-je tout en me rapprochant de Sutton.