Facebook, voilà la raison qui me ramenait dans ce café, en cette belle journée ensoleillée. Qui attendais-je ? Un jeune homme, oui il était bien plus jeune que moi je dois l'avouer. Mais que voulez vous, j'ai toujours eu un faible pour les jeunots. Depuis le temps qu'il me cherchait avec ce café, je m'étais laissé tenté et j'avais accepté de passer à l'action. Tout avait commencé ce matin, lorsque je cherchais une tenue à me mettre. Histoire de me rajeunir un peu – et pas passer pour un vieux pervers pédophile – j'avais opté pour un tee shirt et un jean, quelque chose de jeun's quoi. Je sortirais la chemise/cravate une autre fois. Soit. J'avais donc fini par foutre mes pieds dans ce fichu café. En vérité, je ne savais toujours pas s'il désirait réellement prendre une boisson avec moi.. disons que nos réponses sur ce réseau social étaient assez ambiguës, voire même profondément orienté vers une partie de jambe en l'air. Soit. Il devait de toute façon bien savoir qu'il ne me laissait pas indifférent et puis, jamais je ne lui aurais proposé de poser nu pour moi s'il ne m'attirait pas. Alors oui, je dois dire que j'attendais patiemment ce qu'il avait derrière la tête. Peut être qu'il n'y aurait qu'une boisson partagé entre deux personnes qui discutent, peut être que les choses seraient plus intéressante mais pour le savoir, il fallait déjà que monsieur ose pointer le bout de son nez – ou de sa queue pour les pervers.

Alors voilà, j'étais installé sur ma chaise – en terrasse forcément puisque le soleil brillait pour une fois – et je l'attendais.. Deux minutes, trois, quatre, cinq.. Putain il se faisait pas chier quand même, me faire attendre comme ça. Pour faire passer les minutes plus vite, je me décidai à sortir une cigarette et à la glisser entre mes lèvres. Pourquoi fumer ? Je n'en avais aucune idée mais j'avais commencé jeune alors il était bien difficile de m'arrêter maintenant. Sortant mon briquet de ma poche, j'allumai mon bâtonnet de cancer et inspirai en fermant mes paupières. Les rayons du soleil me tombaient dessus et me réchauffaient, cette sensation était tellement agréable. Surtout qu'à Paris, on avait plutôt l'habitude de la pluie. Inspirant une énième bouffée de ma clope, j'en aurais presque oublier la raison de ma venue ici. J'aurais pu imaginer être simplement seul et me faire l'après midi en terrasse à faire une petite sieste mais non, cette voix me rappela que je n'étais pas venu pour ça. "Veuillez m'excuser. Si vous saviez comme les moyens de locomotion sont pénible de nos jours! Mais me voilà. Toutes mes plates excuses Monsieur Adams." What the fuck ?! Ouvrant mes yeux difficilement, j'observai le gars planté à côté de la table et ne pu empêcher un sourire d'apparaître sur mon visage. Heureusement qu'il n'avait pas trop tardé, sinon, je me serais probablement assoupi. « T'as d'la chance d'être mignon toi. J'ai bien cru que j'allais m'endormir. » Lançais-je simplement en jetant un coup d’œil à ma montre. Dix minutes de retard, ce n'était pas grand chose et puis ce n'était pas comme si j'étais pressé ou quoi que ce soit. « Installe toi je t'en prie » Poussant la chaise face à moi pour qu'elle se décolle de la table et donc pour que Pacôme puisse s'installer, je me redressais sur la mienne. Parce que là, ça faisait vraiment le gars vautré.

M'accoudant sur la table, j'observai un moment son visage. Il n'avait pas vraiment changé depuis la dernière fois si ce n'est que le soleil faisait ressortir ses yeux. Mais le serveur qui débarqua me fit sortir de mes rêveries.. « Mh, oui tu prends quoi ? J't'invite »

Vouvoyer les gens c'est pas mon truc, mais quand je dis pas mon truc, c'est vraiment pas mon truc. Alors je m'imagine encore moins vouvoyer quelqu'un de plus jeune que moi. J'ignore comment font les gens qui vouvoient leurs parents, franchement j'ai du mal avec ça. On est tous un peu comme une grande famille pour moi alors.. c'est bien normal de se tutoyer, surtout lorsque l'on se connaît et que l'on s'apprécie. Voilà pourquoi je ne parvenais pas à me faire à l'idée que ce garçon en soit toujours à me vouvoyer. C'est vrai, nous nous étions déjà vu plusieurs fois, il avait même posé nu pour moi.. On se parle sur facebook mais non, rien à faire.  « Alors comme cela vous me trouvez mignon monsieur? Suis-je à ce point à votre goût? » Un sourire s'afficha sur mon visage, avec toutes les avances que je lui avais faites sur ce réseau social, s'il n'avait toujours pas compris que je le trouvais charmant.. Je ne vois pas comment être plus clair. « Mais plus que ça » Soufflais-je en me redressant un peu sur mon siège. Un peu trop direct ? Peut être, on me l'avait reproché plusieurs fois mais je suis d'avis que le temps est compté. Après tout on dit toujours qu'on a la vie devant nous mais la vie.. elle peut bien s'arrêter n'importe quand, non ? Et je ne voudrais pas regretter mille et une chose une fois enfermé à jamais dans mon cercueil. « Vous endormir vous? Voyons, vous ne risquez point, je suis là. C'est bien dommage, moi qui désirais vous offrir ce fameux café tant attendu. Vous pourriez faire un petit effort, et me lancer le libre arbitre pour payer? » C'est vrai que depuis le temps que l'on en parlait de ce café, j'avais bien cru qu'il n'aurait jamais lieu et pourtant. Voilà, nous étions tous les deux installés à cette table en terrasse, profitant de la chaleur que procurait le soleil. La seule petite chose que je n'avais pas trouvé utile à dire, c'est qu'en vérité, je n'aimais pas le café. Sauf que tout se passa très vite et que lorsque le serveur arriva, Pacôme prit la parole et que je n’eus pas le temps de l'interrompre que le gars était déjà reparti. Alors comme un idiot, je refermai ma bouche restée quelques minutes avant grande ouverte et me mis à sourire. Et bien tant pis, je n'aurais qu'à boire ce café. Je ne voulais pas le mettre mal à l'aise alors je n'ai rien dit. Après tout, un petit café de temps en temps, ça ne faisait de mal à personne, mh ? "Et bien Monsieur Adams, comment allez-vous? Vos œuvres ont toujours autant de succès? Le contraire m'étonnerait très sincèrement." Se renfonçant dans son siège, l'artiste haussa les épaules en faisant une petite moue. « Ça va ça vient, il y a des jours où tout roule et d'autres où tout se casse la gueule mais bon, j'ai l'habitude et je dois dire que j'aime ma vie comme ça. Parce que c'est avec les mauvaises choses de la vie qu'on apprécie les bonnes, pas vrai ? » Si je me mettais à philosopher on n'était pas dans la merde. « Au fait.. si tu pouvais essayer de me tutoyer, parce que c'est franchement gênant, on se connaît bien maintenant. Je t'ai même vu à poils, tu crois pas que c'est une raison suffisante pour se dire « tu » ? Parce que si faut que ça recommence je t'emmène chez moi direct et on règle ça. » La fin de ma phrase se termina par un rire léger. Non, je n'étais pas sérieux bien que l'idée de le mettre à nu dans mon studio m'enchantait assez. « Et toi, tu fais quoi en s'moment ? »