∞ she usually cry because the world was so beautiful,
and life was so short.

On croit savoir où la vie nous conduit, on croit avoir le contrôle des choses qui arrivent, l'impression de connaître tout, de se fermer les yeux sur quelque chose qui pourrait devenir réalité. Elle disait qu'elle m'aimait, elle disait que l'éternité était pour nous trois, elle croyait voir l'avenir. Mon père m'a dit d'oublier, que ce n'était pas nécessaire de le savoir, que certaines questions n'avaient tout simplement pas des réponses précises, qu'il fallait seulement attendre d'avoir l'âge de comprendre. Aujourd'hui, je ne comprends pas toujours, son visage a disparu, son parfum n'existe plus, je ne sais pas où elle est, je ne sais pas pourquoi elle m'aimait, moi sa fille, son univers. Mes parents me répétaient souvent que la vie n'avait pas de décisions à prendre pour nous, qu'on était notre propre guide, qu'on choisissait ce que l'on aimait, que l'on détestait, qu'on pouvait créer notre propre malheur, que la seule chose qu'on ne pouvait réellement contrôler, c'était l'amour. Que c'était de cet amour que l'on pouvait créer un fruit, j'étais un fruit. Banane, pomme, raisin, orange. L'unique fruit. Pourquoi choisir ce que l'on aime, alors que l'amour contrôle ? La Russie, j'ai décidé d'aimer Saint-Pétersbourg, les flocons qui détruisent nos cheveux pour notre première photo de classe, d'aimer la couleur de ma peau quand le froid nous glaçait les petits orteils, apprendre le russe alors que mes parents ne comprenaient pas, continuer d'aimer ma mère même quand l'amour pris la fuite entre elle et mon père, aimer la femme et son fils lorsqu'ils sont entrés par la porte de devant, aimer ce frère qui n'était pas du même sang, aimer l'amour. Les gens croient que c'est impossible d'aimer tout le monde, les gens croient que je pouvais être une menteuse à mes heures, alors qu'ils ne voyaient pas que c'était possible. Je pouvais parler français et russe alors que je n'avais que dix ans, je pouvais avoir toutes les couleurs du monde, je pouvais dessiner des univers qui n'existaient pas, que les gens de voyaient pas, c'est ce qui était génial dans l'enfance. Deux enfances en une, je n'ai pas décidé de partir de la Russie, je n'ai pas décidé de quitter.

∞ i think you have the most beautiful mind.

On grandit, on voit avec nos propres yeux. Paris, ville lumière. On ne sait pas où donner de la tête, je suis passée par l'adolescence comme tout le monde, je me suis perdue, je me suis retrouvée, on m'a cassé, recollé. Je suis fragile, la noirceur m'a fragilisé, je ne connais pas le cinéma, l'Halloween, revenir, les pieds nus sur le sol froid d'une nuit d'été. Les gens ne connaissent pas les raisons de cette peur, je ne connais pas ces raisons, elle est là, c'est tout, j'accepte de vivre avec celle-ci. Vingt-et-un ans ne signifient pas savoir boire, ne signifie pas avoir tout vécu, je ne sais pas ce que veut dire baiser, quand on me demande qu'elle est ma boisson préférée, je leur réponds que j'en connais aucune, si on me parle de la beauté d'un paysage, je leur détail, si on me parle d'une fête qu'il y a eu, je ne pose pas de question, car je risque de ne rien comprendre, au fond, je suis qu'une gamine. Je ne sais que parler, je ne sais qu'écouter, je ne sais que respirer, peindre. Mon père ne comprend pas pourquoi j'ai décidé de suivre un chemin qui peu mener nul part comme à un endroit magnifique, je crois que comme tous parents, il a peur pour son enfant, peur pour son enfant au point qu'il lui dépose une certaine somme d'argent à toutes les semaines pour qu'elle subvienne à ses besoins, alors qu'elle ne se préoccupe pas de l'argent, elle se contente seulement de se nourrir, de son loyer, de ses études. Les gens me passionnent, ma famille me rend heureuse, l'art me fascine, être née en hiver en me plaît. Avoir grandit au travers l'amour d'une famille, avoir grandit sans ne rien comprendre nécessairement, voir que de l'innocence, m'attacher à quelqu'un qui est mon parfait contraire, ne voir que par lui, regarder au travers les étoiles d'une lumière qui reflètent contre le ciel de mon plafond, je ne rêve pas mieux, sauf de mon cauchemar. Les gens sont beaux, les gens sont magnifiques, je les aime.