Tu titubes, les gens te regardent un peu bizarrement, car voir quelqu’un tituber en pleine après-midi, c’est pas tellement commun, mais tu te contrefous totalement de ce qu’ils peuvent bien penser de toi. Tu t’arrêtes quelques secondes en t’appuyant sur un immeuble juste à côté de toi en pensant que ça va passer, mais non. T’es toujours aussi étourdit. Tu te rappelles alors ce qui t’étais arrivée lors de ta première audition pour la troupe. Enfin, tu te rappelles de t’être réveillé sur le sol, avec une foule de personnes autour de toi. Tu sais très bien que ça pourrait recommencer et tu sais exactement pourquoi t’es comme ça. Tu réfléchis. Non ! Tu fais un combat avec toi-même. Tu sais qu’il faut que tu manges, mais si tu manges tu vas prendre du poids, tu ne seras plus aussi belle que maintenant. Cependant, tu perds ton rapidement ton combat avec toi-même lorsque tu aperçois un petit supermarché au coin de la rue. Ces pieds t’y mènent sans que tu ne puisses réellement les contrôlés. Ton estomac réclame à manger depuis plus de quatre jours et maintenant il décide que s’en est assez ! Il va manger !

Tu pousses la porte du supermarché avec tes bras frêles et tu te balades parmi les allés tout en continuant d’essayer de reprendre le contrôle de ton corps, mais ça ne fonctionne pas. Tu cèdes alors à la tentation et prends un truc au hasard sur une étagère et comme tu tournes sur dans un autre allée, tu aperçois une dame, un peu plus vieille que toi, mettre un truc dans sa poche. T’es certaine de ce que tu as vue, mais maintenant il reste à savoir ce qu’elle va faire, le payer ou pas. Tu continus d’avancer, tu te poses toujours cette même question et c’est au moment où tu croises son regard que tu comprends. Elle n’a pas l’intention de le payer. Tu veux pas réellement savoir pourquoi elle fait ça, parce que d’une manière ou d’une autre, tu te doutes de la réponse qu’elle te donnerait. Elle a pas vraiment l’air d’une clocharde, mais bon, les apparences sont souvent trompeuses. Tu t’avances vers elle d’un pas un peu hésitant en ne sachant pas trop quoi faire, mais tu vas finir par trouver et tu le sais, tu le sens.

Tu finis par te planter devant la personne qui se trouve devant toi et d’un geste rapide, plus rapide que tu ne l’aurais cru, tu fouilles dans sa poche et en ressort le paquet de biscuit qu’elle y avait placé un peu plus tôt.

❝ T’as autre chose de caché sur toi ?

Plantée devant elle, t’attends qu’elle te réponde, t’as aucune idée si elle le fera, si elle se sauvera en courant ou on ne sait quoi encore. T’as aucune idée de ce qui va se passer ensuite, mais toi, tu restes là à attendre sa réponse. Tu sais ce que tu vas faire ensuite, mais elle non. T’as pas l’intention de la dénoncer au propriétaire, bien sûr que non. Tu vas quand même pas l’empêcher de manger, t’es pas idiote à ce point. Tu sais très bien que c’est pas tout le monde qui a la force de se contrôler comme tu le fais, même si en ce moment est l’un de tes moments de faiblesses. Le pire dans tout ce qui se passe maintenant, c’est bien que c’est pas ton style d’agir ainsi. D’habitude tu te mêles de tes affaires, tu te concentres sur ce que tu fais et tu laisses les autres vivre leur vie, mais si en te mêlant de la vie de quelqu’un tu peux l’aider peut-être qu’il faudrait que tu le fasses un peu plus souvent.

Elle te fusille du regard. Une chance qu’elle ne possède pas de couteau à la place des yeux sinon tu serais déjà morte. Elle t’as très certainement vue peu certaine en avançant et elle voudrait te faire perdre le peu de confiance que tu as pris en marchant vers elle. Son regard est tellement sévère qu’il te fait penser à celui de ta mère lorsqu’elle grondait. Il te fait tellement pensé à celui que de ta mère que tu remarques qu’elle est pas mal plus vieille que toi. C’est pas une vieille qui a genre 75 ans, mais plutôt dans la trentaine. Tu te demandes donc une personne de son âge s’amuse à voler dans les magasins. Quoi que tu ne la connais pas, tu sais pas ce qui se passe dans sa vie, il ne faut donc pas que tu la juges tout de suite. Son air est tellement sévère et glacial, que tu te retiens de lui faire la morale. Oui, bon, c’est pas ton genre non plus, mais même si t’avais un minimum l’intention de la lui faire en avançant vers elle, son regard t’en a dissuadé assez rapidement.

Sans savoir réellement pourquoi, tu remarques que son regards s’adoucie. Tu te sens tout de suite un peu mieux dans tes souliers même si ton estomac cris toujours famine. La main de la rouquine plonge alors dans sa veste pour en ressortir un sandwich en triangle et elle le pose sur l’étagère devant elle.

❝ Bravo, c'est rare qu'on arrive à me remarquer.

Et merde ! Tu n’y penses jamais, mais les roux sont remplis de surprise. Comme dans ce cas-ci où la rouquine n’est aucunement Française. Tu le sais très bien, l’accent ne se fait pas juste entendre, il se fait aussi remarquer dans les mouvements de la bouche et de la langue. Tu te doutes qu’elle est Irlandaise ou qu’elle vient de ce coin-là, non pas à cause de son accent que tu ne peux aucunement entendre, mais plutôt à cause de la couleur de ses cheveux.

❝ Mais merci… Je dois dire que je rate rarement quelque chose.

Si tu fais suffisamment attention à ce qui se passe autour de toi, tu ne manques pas une miette des évènements. C’est ce qui passe quand l’on a un sens en moins, tous les autres sont plus développés que la moyenne. Ce qui fait en sorte que ta vue est beaucoup plus accentués que les autres. Ton ventre gargouille alors pour te sortir de tes pensées et te rappelle que si tu ne manges pas bientôt tu vas tomber dans les vapes. Ta tête tourne un peu, mais tu fais en sorte pour que personne ne le remarque, tu ne veux surtout pas que l’on te pose des questions, car tu hais quand l’on te pose ce genre de questions, car ils ne comprennent aucunement les réponses que tu donnes leur donne.

❝ Je n'ai plus qu'à faire un régime aujourd'hui.

Au départ, tu ne savais pas pourquoi elle volait de la nourriture, mais maintenant tu le sais. Elle a faim, elle a besoin de manger et elle n’a plus d’argent, donc elle fait comme elle peut. Seulement, tu viens de lui foutre en l’air ses plans.

❝ Je vais travailler ma discrétion avant d’espérer faire mon prochain repas ou mettre une jupe encore plus courte pour me faire payer un repas par un beau jeune homme.

Tu te dis qu’elle était déjà pas mal discrète, c’est seulement que t’es arrivé au mauvais moment. Puis, comment mettre une jupe plus courte que celle qu’elle porte déjà ? Parce celle qu’elle porte est déjà très courte et si elle se penche un peu trop, on pourrait en voir un peu plus que ce qu’elle voudrait bien en montrer. Quoi que ce ne sont pas tes oignons, puis à l’âge qu’elle doit avoir, elle doit bien être assez grande pour porter ce qu’elle veut. Tu la vois une main posé sur son ventre, ton cerveau ne réfléchis qu’un quart de seconde et tu attrapes le sandwich qu’elle avait posé sur l’étagère.

❝ Ohh, mais qui a dit que tu allais faire un régime aujourd’hui ?

Tu lui fais un rapide clin d’œil et continue de marcher dans l’allée où tu es du petit supermarché. Tu regardes tout ce qui t’entoure et attrapes presque tout ce qui peut se manger facilement et rapidement. Tu te retrouves rapidement les mains presque pleines. Ne voyant pas la rouquine à tes côtés et ne sachant aucunement si elle t’a adressé la parole, tu te retournes pour la regarder.

❝ Je sais que je ne suis pas un beau jeune homme, mais je peux toujours te payer le repas.

Ton sourire est presque fendu jusqu’à tes oreilles et malgré le fait que tu ne te sentes pas super bien, tu réussis quand même à faire de l’humour.

T’es devant la rouquine, tu souris mais t’as aucune idée pourquoi. Peut-être parce que tu sais que t’es en train de faire une bonne action ou peut-être que c’est encore ton ventre qui te contrôle et qu’il est tellement content d’être sur le point d’être rempli qu’il ne peut s’empêcher de sourire, mais ça t’étonnerait bien. T’as de la chance de t’être retournée aussi vite, car comme tu te tournes vers elle, tu vois ses lèvres bouger. Tu peux y déceler un certain accent, mais tu ne saurais dire lequel, t’es pas assez doué pour ça et puis, la majorité des personnes que tu côtois sont soit Française ou Anglaise, mais tu sais quand même qu’elle est pas Anglaise. À travers son accent, tu vois ce qu’elle dit, mais tu n’en comprends qu’une partie comme à l’habitude puisque bien des mots se ressemblent. Des jeunes sympathiques, c’est vrai qu’il n’y en a plus énormément en ce moment.

❝ Il ne faut surtout pas perdre foi en la jeunesse, hein.. Il vas toujours y avoir quelques exceptions..

T’affiches un plus grand sourire encore, un peu comme si t’essayais de paraitre sympathique. Quoi que ça puisse plus te donner un air de folle, alors tu décides de radoucir ton super sourire. M’enfin, tu savais que tu faisais une bonne action. Enfin, tu l’espérais car peut-être que la rouquine s’amusait juste à voler. Oui, bon, il est plutôt rare de voir les adultes voler, mais il y a toujours qui ont des tics ou tu ne sais pas quoi d’autre encore. Peut-être qu’elle était pleine de fric et qu’elle était juste trop radine pour se payer un truc à manger et qu’il était plus facile de le voler. Mais t’es comme qui dirait un peu naïve et t’aime voir le meilleur chez les gens et ce, même si tu ne les connais pas.

M’enfin, tes bras frêles essaient tant bien que de mal de retenir tout ce qui a pris sur les étagères qui vous entoure, seulement t’as beau faire tout ce que tu peux, les trucs que t’as pris finissent sur le plancher. En te penchant pour ramasser ce qui était tombé, tes jambes se mettent à « shaker ». T’essaie d’en faire abstraction, parce que c’est ce que tu as toujours fait depuis que t’es toute jeune, mais là, c’est pratiquement impossible. Dès que ta main touche le sol, tu réussis à ralentir le tremblement de tes jambes. Tu finis par attraper quelques paquets avant de lever la tête vers la jeune femme. Lorsque ton regard se pose sur celle-ci, tu vois ses lèvres bouger. En fait, elles bougeaient depuis un petit moment, ça t’en était certaine. Tu savais pas depuis combien de temps, mais bon, tu réussis tout de même à capter la fin de ce qu’elle racontait.

❝ T’inquiète, j’ai largement de quoi payer pour toutes les deux.

Tu lui fis un petit clin d’œil, en continuant de récupérer les trucs qui étaient sur le plancher. T’aurais pu les laisser là et en attraper d’autres sur les étagères, mais t’es pas comme ça. T’es trop gentille pour faire un truc comme ça. Oh que oui …

❝ Heumm, ça te dirais de m’aider un peu, parce que je crois que si j’essaie de tout reprendre dans mes bras, je vais tout réchapper.

Tu fais un petit sourire en coin à la rouquine et tu attrapes deux autres paquets avant de te relever d’un bond. Tu te relèves tellement vite qu’arriver en haut, ta tête tourne, autant à cause de ce que tu viens de faire que parce que t’as pas avalé un truc depuis des lustres. Tu restes droite, tu fermes les yeux trente petites secondes pour te recentrer et tu finis par les rouvrir pour regarder la rouquine, dont, tu viens tout juste de te rendre compte, tu ignores encore le nom.