T'as la tête qui tourne. T'as encore bu comme un gros trou ce soir, alors que t'as cours demain. Mais là, tu réalises pas. C'est demain, que tu vas te maudire, en te disant que t'as bien fait d'la merde encore une fois. T'as beau avoir des réveils de merde chaque jour, ça t'empêche pas de recommencer. Et là encore, t'as enchainé les shots de vodka, rhum, whisky, tequila, absinthe. Ton estomac, il ressemble à rien. T'as même du raquer dans le bar. Ou peut être pas. T'en sais rien en fait. Là, t'as juste envie de fumer. Tu fouilles ta poche, et tu captes que t'as paumé ton paquet. Alors, tu fais un tour sur toi-même, en essayant d'ouvrir au maximum les yeux, et t'aperçois deux silhouettes. Tu fonces vers eux, sans penser qu'à cette heure-ci, tu peux te retrouver très vite dans la merde si tu t'adresses pas aux bonnes personnes. Toi, t'as pas eu de chance. On t'a donné une clope. On t'a demandé ton numéro aussi, et toi, sans capter pourquoi tu faisais ça, tu l'as donné. A deux hommes. Grands. Musclés. Gays. Qui ont décidé de te ramener avec eux, vu comment l'un des deux se rapproche de toi. Tu tournes la tête au moment où on essaie de t'embrasser. « Désolé, je fais pas de soufflette avec les gars ! » Et là, tu sens une main se poser sur tes fesses. Tu captes que t'es dans la merde, et instinctivement, tu sens les muscles de tes fesses se serrer. Au secours.

Soiree entre les filles, comme souvent. J'en avais un peu rien a faire si cela etait en semaine, le prof demain il pouvait deja se la fermer avec ses noiseries a la con. Serieux, parfois, je me demande pourquoi j'ai pas direct fait un lycee technique ou un truc comme ca; parce que bon le lycee, parfois il me saoule grave. Bref, on etait sortie dans le 3ieme avec des potes, le quartier gays. Non, mais c'est vrai que parfois on aime bien s'amuser a essayer de draguer les gays. Le plus droles, en fait, c'est quand on tombe sur des bis et qu'on le chauffe. Ce monde est tellement bizarre parfois. Nous etions sur le chemin de retours jusqu'a l'appartement de mes parents dans le 4ieme. Je pouvais vous dire qu'avec mes talons haut et le trottoir la tache n'etait pas facile. J'avais presque envie d'enlever mes chaussures, mais bon je ne faisais pas vraiment confiance a l'etat du sol a cette heure-ci. On discutait avec mes amies de tout et de rien, de nos plans pour les prochaines vacances, des prochaines virees shopping qu'on allait faire. J'avais grandement besoin de nouveaux fringues en fait. C'est vrai, ce que je portais devenait trop grand et trop laids. Je portais mes talons haut noir, un short noir avec un petit crop-top blanc et ma veste en cuir noir. J'avais attache mes cheveux blonds en queue haute sur le cote. Je pouvais passer pour une pute en fait. Ca aurait ete drole, si je me faisais abordee pour mes services. Je ne sais meme pas ce que j'aurais dis. On marchait tranquillement dans la rue quand je vis sur le troittoir d'en face un groupe de mec. Enfin, c'etait plutot deux mecs qui semblaient un autre mec, sauf que l'autre, il semblait pas du tout gay. J'arretais alors mes amies et allumais un clope avant de traverser la route pour rejoindre le jeune homme. Je suis folle quand meme, non mais serieux qui fait ca? Moi quand j'ai un peu beaucoup bu. Je m'approchais du groupe de garcons en question. "Vous savez que ce n'est pas tres gentil de draguer un mec devant sa copine." Non, mais qu'est-ce que je racontais? N'importe quoi, ca c'etait sure.

T'es vraiment le pire des abrutis. Qu'est-ce qui t'a pris de te laisser draguer par deux mecs ? Même pas toi, tu sais. T'aurais pu prendre ta clope et te barrer, mais nan. Il a fallu que t'écoutes les compliments qu'on te faisait sur ton style vestimentaire, et sur tes cheveux. Forcément, dès qu'on parle apparence, et surtout, fringues, t'es obligé de savoir les avis des autres sur ce que tu portes, vu que tu crées toi même tes propres vêtements. Et vu que ces deux-là dressait l'éloge de ton style, t'es resté planté comme un con à les écouter et à répondre à leurs flatteries. T'as juste zappé que tu vis dans le quartier des gays. Et là, t'avais juste envie de te mettre des baffes. Quoi que, si tu te mets à te gifler, peut être que ça va les faire fuir. Ou les exciter. Et vu la main baladeuse de l'un des deux ours, il valait mieux pas leur donner un peu plus envie, te prendre une fessée étant la dernière chose que tu voulais là. « Vous savez que ce n'est pas très gentil de draguer un mec devant sa copine. » Tu captes plus rien. C'est deux mecs avec qui t'es, ou y a un travelo dans le lot ? Puis là, tu sens une main attraper la tienne. La peau douce, les doigts fins. Dafuq. Tu tournes la tête, et tu te retrouves nez à nez avec une demoiselle. Blonde. Là, tu te demandes depuis quand t'as une copine. Tu te dis que Yaëlle ressemble pas à ça, et que de toute manière, vous étiez pas du genre à vous afficher. Puis c'est même pas ta copine, Yaëlle. Et puis merde, tu t'en branles. Tu préfères sortir avec une nana que tu connais pas, plutôt que te faire violer par deux grosses brutes. Donc, t'embrasses la nana, même si tu pues l'alcool à mort. De toute manière, si elle est dehors à cette heure-ci, et dans cette tenue, c'est qu'elle est pas sobre non plus. Merde, sa tenue. Elle est vraiment canon. Toi qui pensait être dans la merde, t'as gagné le gros lot. « T'as du feu bébé ? je voulais bien leur demander, mais ils vont croire que je leur fais du rentre dedans. T'sais, genre "qui allume, encule !". C'est pas contre vous les gars, hein ! » Ta gueule, Kyhan.

Et c'est la que je me dis que je suis peut-etre un peu folle, parce que vraiment qui sort que t'es la copine d'un mec que tu connais meme pas, que t'as jamais vu de ta vie. Ouais, il y avait vraiment que moi pour faire ce genre de chose, puis apres, je pouvais mettre la faute sur l'alcool qui circulait dans mon systeme. Puis bon, je devais bien venir en ce jeune homme qui sembait vraiment pas a l'aise avec ces deux jeunes hommes qui le draguaient. Serieusement, mais quelles idees de marcher seul dans ce quartier quand tu es un mec, et en plus bien foutu. Je lui avais pris la main pour faire genre. Il aurait pu etre un psychopathe et fou, j'en avais pas grand chose a foutre. Puis, le mec m'embrasse, rien de plus naturelle. Il pue l'alcool, oh mon dieu, c'est une horreur. Je me demande si il a vraiment capte qu'il y avait deux gays qui voulaient le violer. Surement parce que bon, je veux pas dire, meme moi avec mon esprit un peu defonce, je l'avais vu de loin. Je l'embrasse en retour. Apres tout, faut garder ca realiste. meme si dans ma tenue je ressemble a une pute mais ca bref. Je ris de la connerie que je viens de penser. Non mais je veux dire ire dans mon cerveau quoi. Oula, ok, c'est bon je commence a raconter n'importe quoi. « T'as du feu bébé ? je voulais bien leur demander, mais ils vont croire que je leur fais du rentre dedans. T'sais, genre "qui allume, encule !". C'est pas contre vous les gars, hein ! » Je sortis mon briquet et mon paquet de clope de ma poche arriere et les filait a mon pretendu copain. En fait, ca me derangeait pas cette histoire. Apres tout, un copain pour une soiree, c'etait pas mal non. "Tu sais que j'en ai toujours un pour toi. Puis tu aurais du me demander directement que d'aller voir ses mecs. je t'avais dis qu'ils etaient pas nets." J'ignorais completement les deux gays qui ne devaient surement pas comprendre ce qu'il se passait. Esperons juste qu'il degage rapidement.

T’as la tête qui tourne. T’es vraiment dans le pire des états. Tu réalises même pas dans quelle situation loufoque tu t’es encore foutu. T’as une soi-disant copine que tu connais ni d’Adam, ni d’Eve, deux gays semblables à des armoires à glace se tiennent devant toi, prêts à te sauter dessus pour te faire le cul, mais toi, t’as l’air détendu. Tu captes pas spécialement que t’as l’anus en danger, bien que ton « bébé » t’avait en partie sauver la mise. En parlant d’elle, tu tentes de discerner son visage. Mais entre le froid qui t’humidifies les yeux, et l’alcool, elle ressemble pas à grand-chose, si ce n’est à une personne qui témoigne à visage couvert. Tant pis, avec un peu de chance, elle serait canon. Sauf qu’en la dévisageant, t’as pas trop capté ce qu’elle te disait, et tu captes pas non plus la réaction des deux mecs qui commencent à s’énerver. Et toi, comme un con, tu te mets à rire sans raison, ce qui ne fait qu’énerver d’autant plus les deux masses qui pensent que tu te fous de leur gueule. Tu sens quelqu’un te pousser, et tu te retrouves collé au buisson qui se trouvait derrière toi. Puis, tu discernes une silhouette qui s’approche de toi. Mais avant que la personne ne puisse faire quoi que ce soit, la catastrophe arrive. Tu te transformes en lance à vomi, aspergeant l’une des deux brutes de la tête au pied. C’est là que tu réalises. Tes yeux sont grands ouverts et la première chose à laquelle tu penses, c’est de chopper la main de ta nana imaginaire et de te mettre à courir comme jamais t’as cavalais en cours de sport. T’entends gueuler derrière toi, tu sais même pas depuis combien de temps vous courrez, et finalement, vous vous cachez dans une ruelle. T’es partagé entre une envie d’exploser de rire, et la peur de te faire casser la gueule. Et de loin, tu les vois passer devant vous sans qu’ils ne vous captent. Ouf. Tu sors de ta planque. « Merci ! On t’a déjà dit que t’embrassais bien ?! »