Nom complet ▲ saad jamal al-kâtib. Lieu de naissance ▲ ici-même, à paname. âge ▲ vingt-deux ans. nationalité ▲ franco-algérien. diplômes, études ▲ obtention du brevet des collèges à seize ans, au deuxième essai. baccalauréat raté deux fois de suite puis obtention d'un CAP mécanique. métier ▲ mécanicien automobile. bosse à moitié dans l'asso de son frère : dopwelgangy. statut matrimonial ▲ célibataire. orientation sexuelle ▲ hétérosexuel. situation financière ▲ assez moyenne, ça dépend les mois, y a des hauts et des bas. idole(s) de vie ▲ camel, nelson mandela, bob marley. nombre d'amis facebook ▲ dans les trois-cents, environ. moyen de déplacement ▲ voiture. groupe ▲ tu t'laisses aller. avatar ▲ luis batalha. crédits ▲ tumblr.

ton personnage se retrouve en plein milieu d'un énorme open house où il ne connait qu'une seule et unique personne. alcool à volonté, musique beaucoup trop forte, etcétéra. sa réaction? ▲

que tu connaisses du monde ou pas, ça ne change pas grand chose dans le fond. du moment qu'il y a bonne ambiance, des bonnes meufs, de l'alcool à flot et un peu de beuh qui tourne, tu fais comme chez toi. su casa es tu casa. tu t'emmerdes pas, tu prends tes aises, et tu vas draguer. de toute façon, c'est toujours mieux de se taper des meufs que tu ne connais pas, non ? et puis, il n'y a qu'en allant dans des endroits où tu ne connais personne que tu finis par te faire plein de potes et élargir ton champ de connaissances, et par la même occasion, te faire inviter à de plus en plus de soirées. bref, le plan parfait quoi.

ton personnage est en couple et l'occasion de tromper son/sa partenaire -en ayant l'assurance que personne ne le découvrira un jour- se présente à lui. sa réaction? sa décision? ▲

en fait, tout dépend la situation du moment avec ta copine. c'est certain que, si tu l'aimes, que tu es certain d'être bien avec elle, tu ne t'amuseras pas à lui faire ça, même si elle n'apprendra jamais rien, parce que c'est une question de respect. mais si tu ne te sens pas bien avec elle, ou que tu n'en as strictement rien à faire d'elle, tu risques, effectivement, de réfléchir à deux fois à la question. mais sans doute finiras-tu par refuser. tu as des principes. saad al-kâtib n'est pas une pute.

île déserte. pas de portable, pas d'ordinateur, pas d'amis, pas d'amoureux, pas vraiment de divertissement, et le tout pendant une semaine. sa réaction? se plaindre, se débrouiller? ▲

au début, tu ne t'ennuierais pas trop, tu trouverais sans doute quelque chose à faire, du genre, aller nager, promener, mais ça ne durerait que les deux premières heures.. tu finirais par passer tes journées à dormir sur le sable, à te faire chier comme un rat crevé, ça te foutrait en rogne, et ce serait un coup à revenir chez toi tellement sur les nerfs que tu enverrais chier tout le monde.

ton personnage se promène dans la rue lorsque soudainement, un chaton abandonné et maigrichon lui fait les yeux du chat potté. (you know what i mean). sa réaction? ▲

sérieusement ? la question ne se pose même pas. comment résister à un chaton comme ça ? tu le prendrais sans hésiter et l'emmènerait à ton appartement pour vite le nourrir. et voilà, une bouche à nourrir en plus à l'appartement. comme si les deux ogres que vous êtes camel et toi ne suffisaient pas.

ton personnage se fait offrir 20 000€ .. que s'il dénonce le crime qu'a réalisé l'un de ses meilleurs potes. sa réaction? sa décision? ▲

on pourra t'offrir tout l'argent que tu voudras, tu ne dénonceras jamais aucun de tes potes. même pas pour un million d'euros. les principes, les principes.

Je m'appelle Saad Al-Kâtib et j'ai vingt-deux ans. Je suis né à Paname et j'y ai toujours vécu. C'est ma ville, mon bled à moi. Ouais, sauf que j'ai pas connu Paris du côté des bourges, moi j'étais du côté banlieue, côté Seine-Saint-Denis. Le côté 'pauvre' comme certains disent, y en a même qui disent que c'est pas très bon de vivre là-bas, moi j'y suis bien quand même. Mais c'est peut-être parce que j'y ai toujours vécu aussi, et que finalement je n'connais rien d'autre. Mais moi j'm'en fous.

Mon père, c'est un Algérien, un vrai de vrai. Et avant que je naisse, il vivait là-bas avec ma mère et mon frère. Ils étaient tous les trois à Tizi Hibel, j'pense pas que tu connaisses, c'est trop perdu comme endroit. Pour te dire, j'ai beau y aller tous les étés depuis que j'suis gamin, il m'arrive encore de me paumer quand je veux aller ailleurs que dans le village. Enfin bon. Dans la famille, on est tous très soudés, proches les uns des autres, j'imagine que c'est le fait d'avoir un père algérien qui fait ça, tu sais, quand tu vis un minimum dans leur culture, tu te rends vite compte que la famille passe avant tout, c'est ce qui existe de plus important au monde, c'est certain. Mon père est un type bien, quoi qu'un peu trop grande gueule des fois, mais il a pas fait d'prison, il a pas fait d'conneries, il bat pas sa femme, j'trouve pas qu'on puisse lui reprocher grand chose. Et puis ma mère .. c'est ma mère, quoi. Elle a beau être une vraie française dans l'âme et tout, elle est un peu dans le style de la mama italienne, à surprotéger ses enfants et puis à leur crier dessus quand ils font une connerie, limite à leur courir après avec un rouleau à pâtisseries. Bon d'accord, j'exagère, elle l'a jamais fait, mais j'peux te dire que, une fois elle a dû venir me chercher au poste, ben quand on était de retour à la maison, j'me suis fait lyncher, et j'faisais pas le fier, ça c'est clair.
Le soucis, c'est que maman, tout comme papa d'ailleurs, se met vite à crier et à casser la vaisselle quand elle est en colère. Mais ça doit être de famille ça, parce que ça nous arrive aussi à Camel et moi. J'ai jamais trop compris pourquoi, ça vient tout seul, sans réfléchir. C'est peut-être pour donner un petit effet dramatique à la situation, comme si c'était la fin du monde ? Enfin bon, du coup nous, pendant des années, on a subi la 'fin du monde' tous les soirs. Les parents se disputant constamment pour un oui ou pour un non, même quand tout va très bien. Ils n'ont jamais pu s'empêcher de se crier dessus, même devant nous, ils s'en foutaient. J'me suis souvent demandé pourquoi ils restaient ensemble, mais après tout, c'était pas mes oignons. Et y avait toujours Camel derrière moi pour me boucher les oreilles ou m'emmener faire un tour quand ils se disputaient. J'avais beau lui dire que je m'en foutais de toute façon, lui faire croire que ça m'affectait pas, c'était pas vrai. Bien sûr que ça m'a affecté, j'suis pas un type sans-cœur quand même, mais j'suis comme ça, j'aime pas montrer ce que je ressens, j'y peux rien, j'préfère dire que j'm'en fous. Peut-être que j'me protège, peut-être que j'me voile la face. Sans doute que j'me mens à moi-même. Mais c'est comme ça. J'y peux rien après tout, on ne change pas ce que l'on est j'imagine.

Après, ma famille a beau être ce qu'elle est, c'est des gens biens. On a beau vivre dans la banlieue et être pas franchement riches parce que, faut dire les choses comme elles sont, mes parents roulent pas sur l'or, ben si Camel ou moi voulions faire un truc pour nos études, quand bien même ça coûtait cher, ils étaient prêts à se ruiner pour nous permettre de faire ce qu'on voulait. On a toujours été dans les bonnes écoles de Paris. Camel a même fait les beaux-arts. Des fois, je l'envie, parce qu'il a en quelque sorte toujours eu cette facilité à réussir tout ce qu'il entreprend, comme justement ses études, ce qui n'est pas vraiment mon cas. J'avais beau bosser autant que je le voulais, j'y arrivais pas.
J'ai d'abord redoublé ma cinquième, première fois que je redoublais une classe. Ça a un peu été un coup dur même si j'disais rien, j'faisais le mariole qui n'en avait un peu rien à faire, puis mes parents me disaient que c'était pas grave, et Camel avait beau me dire aussi que c'était pas si important que ça, dans le fond j'avais du mal à m'y faire, parce que je réussissais pas aussi bien que lui. Mais en troisième, quand j'ai loupé mon brevet et que j'ai redoublé, j'ai commencé à comprendre que j'étais peut-être pas fait pour les études. J'ai finalement eu mon brevet au deuxième coup, et je suis quand même allé au lycée tu vois, parce que j'me disais que j'arriverais peut-être à faire quelque chose, et que comme je savais pas trop ce que je voulais faire plus tard, ben autant faire plaisir à papa et maman en continuant dans cette voie-là.

Mais j'ai galéré au lycée, je ramais à fond, et puis j'ai loupé mon bac. Deux fois. Bon la première année, j'ai pas réussi, j'avais beau bosser, ça voulait pas rentrer. Alors j'me suis dit que la deuxième année serait la bonne, mais toujours pas. Mais il faut dire aussi que je bossais pas des masses là par contre. C'est pas totalement ma faute. C'est que cette année-là, j'ai rencontré Ana. Je veux pas dire que c'est de sa faute à elle si j'ai pas eu mon bac, pas du tout, en fait, finalement, j'en suis l'entier responsable. Mais quand je l'ai rencontrée, j'ai appris le jour même pour sa leucémie. Ouais, tu m'diras, « mais vous vous connaissiez pas, et elle a été te raconter qu'elle avait une leucémie ? » mais, c'est plus compliqué que ça. On n'a pas tapé dans la rencontre banale elle et moi. Faut dire que, quand tu sors des chiottes après avoir pissé bien comme il faut, bah tu t'attends pas à ce qu'une fille sorte des toilettes (pas des mêmes hein) et se mette à saigner du nez bien comme il faut, à tel point qu'elle pisse le sang et que quand tu vas pour l'aider, elle te demande d'appeler les urgences. J'dois bien avouer que j'suis resté assez con quand elle m'a demandé ça, c'était pas trop logique, moi par réflexe, j'lui aurais passé un mouchoir, mais elle était tellement mal en point, que j'me suis exécuté, sans réfléchir. T'sais, j'suis pas le genre de mec qui est tout le temps à réagir directement quand on lui dit un truc, mais j'ai une espèce de bouton rouge dans le cerveau. Ouais bon à dire comme ça tu dois m'prendre pour un dingue, mais j'm'explique. Si tu veux, donc, j'suis pas à vingt-mille de tension, c'est clair, mais quand il y a une urgence, tu peux être sûr de compter sur moi, et j'ferais toujours ce qu'il faut, comme un automatisme, j'réfléchirais même pas, mais en un quart de seconde, j'serais opérationnel, même si j'avais la tête dans le cul quelques instants auparavant parce que la gueule de bois. Enfin, tu vois le genre ? Bref. Et donc j'les ai appelés et j'crois qu'j'leur ai sorti un truc du genre « euh, y a une fille avec moi qui saigne du nez genre elle pisse le sang, elle m'a dit d'vous appeler », en mode gros boulet un peu, tu vois ? Et j'crois bien qu'ils ont pas trop compris si c'était une blague au début ou pas. Mais ils sont quand même venus, et encore une fois, sans savoir pourquoi, j'suis allé dans l'ambulance avec eux, pour l'accompagner, parce que j'voulais sans doute pas la laisser seule. J'me dis que, aller à l'hôpital tout seul, ça doit pas être très rigolo. Alors du coup, j'ai loupé presque ma journée entière de cours, mais j'm'en foutais, j'y pensais même plus. Et pendant qu'on attendait, à l'hôpital, elle m'a expliqué. Parce que, même si j'osais pas demander, j'trouvais ça bizarre qu'elle ait besoin d'aller aux urgences pour un saignement de nez et puis .. en général, les gens saignent pas autant du nez. Elle a dû le sentir en tout cas que j'me demandais. Et alors elle m'a tout expliqué, elle m'a dit pour sa leucémie, pour ses traitements, pour ses rémissions, tout, elle m'a tout dit. J'ai eu de la peine pour elle, mais certainement pas de la pitié, parce que j'me disais, et j'me dis toujours d'ailleurs, qu'un ado mérite pas de vivre une telle chose. Ça doit être l'enfer à vivre quand même, et personne ne mérite de souffrir autant. Alors j'suis resté en contact avec elle, on s'est vite rapprochés, on a passé beaucoup de temps ensemble, et on continue. Tellement de temps ensemble, tellement d'heures dans les hôpitaux avec elle, tellement de moments à profiter, que j'en oubliais souvent d'aller en cours ou de bosser quand j'y allais. Alors ouais, forcément, j'ai loupé mon bac, mais c'était le moindre de mes soucis.

Et puis finalement j'ai abandonné l'idée du bac. J'ai finalement trouvé ma voie. À vingt ans,, il était temps tu m'diras. J'suis allé en CFA pour faire de la mécanique, j'me suis arrêté une fois que j'avais mon CAP en poche, et j'avais un boulot, j'bosse toujours dans ce même garage d'ailleurs, c'est tranquille. Bref, assez parlé de mes études, si j'les ai arrêtées, c'est pas pour les rabâcher sans cesse.

Avec Camel, on a quitté la maison familiale, on s'est pris un appartement ensemble. On en avait marre d'entendre crier tout le temps, et puis il fallait bien qu'on ait notre indépendance tôt ou tard. Alors on est tranquilles, juste tous les deux. Souvent Ana vient dormir à la maison, elle aime bien parce qu'au moins on peut être tranquilles et se poser devant la télé par exemple. Chez elle on peut pas, parce que ses parents m'aiment pas. Apparemment ils croiraient que je suis un voleur. Tout ça parce que j'suis un banlieusard. C'est pas normal. Mais j'm'en fous dans le fond, même si je sais que ça emmerde Ana, moi ça m'est égal que les gens m'aiment ou pas, même si les préjugés devraient être abolis. À cause de ces préjugés-là, on est souvent sous-estimés, et les gens pensent qu'on ne veut rien faire de notre vie, mais c'est faux. Oh les gars, faut vous réveiller, on n'est pas des animaux juste parce qu'on n'est pas à 100% français hein. C'est bien pour ça que Camel a lancé l'association d'ailleurs, pour aider tous les gens de la banlieue à s'en sortir, parce que mine de rien, beaucoup en ont besoin. Et même si j'ai mon boulot à côté, je passe un temps fou à l'aider, parce que ça me tient aussi à cœur quand même. J'en profite aussi pour passer un maximum de temps avec lui. Même si on va pas forcément vider nos sacs tout le temps, on est très proches l'un de l'autre, et j'ai besoin de lui. J'vais faire dans le cliché, mais Camel, en plus d'être mon grand frère, c'est mon modèle.

Et j'en suis là, à vingt-deux ans, à bosser pour gagner mon pain, à aider ceux qui en ont besoin, et à craindre chaque jour que ma meilleure amie ait un soucis de santé, fasse une rechute. J'le dirais pas à voix haute, mais j'ai peur qu'elle passe l'arme à gauche. Alors chaque jour je fais en sorte de la protéger à ma manière, et de lui faire profiter au maximum de la vie, même si j'ai bien l'espoir qu'elle n'en meure pas. Pas tout de suite. Je l'aime cette nana. Pas de cet amour-là, pas l'amour 'amour'. On m'l'a déjà faite celle-là, comme c'est ma meilleure amie, les gens pensent souvent que j'veux sortir avec elle. Mais non, perdu. J'me la suis jamais faite, et j'me la ferais sans doute jamais. J'pourrais pas. Elle est canon hein, mais j'pourrais pas la toucher. Ana c'est comme ma sœur. Franchement, tu te vois coucher avec ta sœur, toi ? Bah moi non plus.