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| Sujet: Un cheesecake, une rencontre ♣ T. Lohélia Garnier Lun 18 Juil - 1:12 | |
| Depuis mon début de grossesse, soit un mois, j’étais devenue à fleur de peau, facilement irritable devant la moindre difficulté. Si un patient me disait que j’avais de jolies yeux, je rougissais puis, dans la seconde qui suivait je m’effondrais en larme en lui disant que les mecs étaient tous les même. J’avais de l’humilité à revendre arrivée à ce stade ! Parfois je ne me rendais pas compte de mes caprices, je me contentais de crier sur celui qui refusait d’exaucer mon souhait avec une telle hystérie que celui-ci prenait peur. Je ne devais pas me faire remarquer pourtant, personne ne devait soupçonner ma grossesse ! Je ne l’avais même pas annoncer au père, même pas à ma meilleure amie & encore moins à ma demi-sœur. Comment aborder le sujet ? Comment savoir si je devais le garder ou pas ? Il s’agit pas de parler d’un vulgaire chaton qu’on aurait adopté ou bien d’un plat au restaurant qu’on choisit. Ce choix allait changer ma vie & je refusais de prendre une décision sans quelle ait été assez réfléchi au niveau financier, professionnel & surtout psychologique. Je savais que j’allais l’élever seule comme l’a fait ma mère avec moi, je savais qu’il n’y allait y avoir que cet enfant & moi seul contre le monde…
L’envie de manger une part de Cheesecake me prit. Pourtant, cela faisait parti des plats qui me donnait la nausée ( voir me faire vomir ) mais, lorsque je me remémorais le fromage blanc frais, le biscuit mou & le coulis de framboise, j’en salivais d’avance ! On dit toujours qu’il ne faut jamais contrarier une femme enceinte alors, je n’allais pas me contrarier moi même c’était stupide ! Cette réflexion aussi mais, tout est bon pour aller satisfaire mes pulsions.
Je n’avais pas choisi n’importe quel café, j’ai choisi le café ! Il se trouvait dans le quartier chic du quatrième arrondissement & faisait les meilleurs gâteaux, il était réputé pour ça. A peine avais-je franchi le pas de la porte que les cheesecakes colorés me firent du charme… Citron ? Framboise ? chocolat ? Mandarine ? Lequel choisir ? J’avais l’impression d’être redevenue la gosse de 7 ans qui louchait sur des gâteaux tant désiré alors, que je pouvais très bien faire demi-tour & rentrer chez moi regarder une téléréalité mais, rien n’y faisait, je voulais m’offrir ce plaisir à tout prix ! Lorsque ce fut mon tour de passer ma commande, j’annonça en contenant mon envie à la vendeuse que je voulais le cheesecake à la mandarine. A ce moment-là, je me rendis compte que la dernière part avait été vendu… QUI AVAIT PU OSE ME VOLER MON CHEESECAKE ? La vendeuse me désigna une jeune femme à table entrain de déballer sa fourchette de son emballage. J’avais la haine contre elle, elle m’avait piqué mon plaisir, volé mon envie. Je n’avais plus envie de cheesecake ! Je fis signe à la vendeuse de laisser tomber & alla aux toilettes… Encore un effet indésirable de la grossesse que d’aller aux toilettes toutes les 2 minutes ! Je songea encore à cette femme, quelle arrogance tout de même de piquer la nourriture d’une femme enceinte… Même si elle me le donnait je n’en voulais plus, j’avais les nerfs à vif, j’étais très irritable à ce moment-là. Une fois de plus je faisais un caprice mais, c’est parce qu’au fond j’étais blessé. Lukas qui n’est pas là, le travail difficile que je fais, tout ces mères à la maternité qui ont l’air heureuse avec le père de l’enfant à ses côtés, c’est juste dur à supporter. Je sortis des toilettes pour aller me laver les mains & là… Misère, il n’y avait plus de savon. C’était la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase, je devins rouge comme une tomate avant de commencer à frapper le pauvre porte savon de toute mes forces. L’inévitable arriva…
« Aïe ! Bordel de m... »
J’allais avoir un joli bleu à la main, j’avais très mal, j’étais frustré. D’où me venait cette colère soudaine ? C’était bien loin de mes caprices. J’en avais juste marre de voir le bonheur me filer sous le nez à chaque fois, si j’étais venue 5 minutes plus tôt, j’aurais eu mon cheesecake, mon savon, et la main en bonne état. Si j’avais retenu Lukas chez moi il y a deux mois, je l’aurais encore auprès de moi. Je leva les yeux vers mon reflet dans le miroir. Je n’étais pas fière de ce que je venais de faire, j’avais l’air d’une folle… D’ailleurs, en regardant de plus près, dans le fond à moitié terrorisée se trouvait la femme qui m’avait piqué ma part de cheesecake, elle devait hésité entre s’enfuire ou appeler l’hôpital psychiatrique pour signaler la disparition d’un de leur patient…
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