'DONNE-MOI MON OURSON JE TE DIS.' 'Et comment tu vas faire pour l'avoir ton ourson, t'es même pas capable de marcher sur tes jambes petit con.' 'Ne m'appel pas petit con!' 'PETIT CON, PETIT CON, PETIT CON.' 'Un jour, m'a te foutre mon pied au cul.' 'Apprends à te tenir debout plus de deux minutes et on en reparlera après.' Je reste assis dans mon lit et j'ai les larmes qui montent dans mes yeux, je tente de les garder dans moi, mais j'en suis incapable. Je commence à pleurer et Carlson qui a mon ourson se met à rire de vive voix. Entre temps, mon papa rentre dans la salle et se met dos au petit garçon qui me fait du mal. Mon père lui prends la peluche des mains et fusille Carlson du regard. Je souris de pleine dents quand je vois le gros con partir en courant de ma chambre. Je peux enfin commencer mon histoire. Salut, moi c'est Oke Martin et je suis maintenant âgé de huit ans. Oui pour mon âge, j'ai un langage grossier, c'est ma grande soeur Alaska qui m'a tout appris. Pour faire court sur ma vie jusqu'à ce jour, je suis né en Australie où je vis actuellement, je suis le quatrième enfant d'une famille de ... quatre enfants, donc le petit dernier. J'ai une soeur jumelle qui se prénomme Enimie. Je sais que nous avons beaucoup d'argent, mais nos parents ne veulent pas nous dire à quel point, je comprends pas, mais maman me dit que plus tard je vais comprendre alors j'attends. Durant l'accouchement de ma mère, il y a eu des complications il paraît, alors je suis né avec une malformation aux pieds, ils courbent vers l'intérieur et j'ai un pied plus petit que l'autre. J'ai été diagnostiqué pied bot. D'habitude ça se règle dès les premiers temps, il semble pour moi que ça va continuer de me faire bobo pour le reste de mes jours. Et pourtant, ma soeur n'a rien eu, elle n'a aucunes complications, en santé et n'a pas besoin de passer son temps à l'hôpital, sauf lorsqu'il est temps du rendez-vous annuel. Les médecins ont dit à mes parents, que c'est à cause d'Eni', que je suis ainsi. Je ne lui en ait jamais voulu, ce n'est pas comme si c'était elle l'avait fait exprès de me faire bobo. Je l'aime quand même. Tout ça pour dire que, c'est pour cette raison que je me retrouve à l'hôpital en ce moment, une nouvelle opération pour tenter de régler ça une bonne fois pour toute. Sinon, ma mère est hawaïenne, elle de beaux traits fins, mon frère à hérité de la beauté de ma mère et ma soeur des traits plutôt masculins de mon père. Moi je suis ... je suis l'adopté de la famille, je ressemble à personne, sauf les yeux, j'ai les yeux de ma maman à ce qui paraît, et ma soeur jumelle bien sûr même si nous ne sommes pas identiques comme jumeaux. Et, j'ai le caractère débile de mon père. La maturité c'est de famille, il faut seulement regarder mon frère de vingt qui ans se lance un peu partout dans l’hôpital en faisant des courses de chaises roulantes avec ma soeur de dix ans,Enimie qui s'amuse à se cacher sous mon lit et mon père qui raconte des blagues étranges aux infirmiers. C'est ma famille et je les aime. Tout à l'heure, j'ai oublié de parler de mon père, mon papa lui est américain et australien. Mon caractère vient de lui, faut pas se le cacher, je suis pas bagarreur, je ne ferais jamais de mal à une mouche, sauf que j'ai de l'énergie, beaucoup d'énergie. J'ai parfois de la difficulté à me concentrer aussi. Sinon, je rêve d'être un skateur professionnel, monter haut dans le ciel, faire des sauts et acrobaties de fou et que la ville soit mon terrain de jeu. On me dit que je ne serais jamais capable ou il y a peu de chance que j'arrive au niveau professionnel, je vais leur prouver le contraire. Sinon, j'aimerais bien vous parler de ma soeur Enimie, pourquoi elle en particulier ? Pour la simple et bonne raison, que c'est mon double, moi en fille et elle en garçon. Lorsque je ne suis pas seul, c'est avec elle que je suis, toujours, il n'y qu'une exception et c'est lorsque je suis pris ici à l'hôpital et puis même dans ces moments, elle vient toujours avec moi. Inséparable, comme les oiseaux.



J'ai envie de pipi. Je suis assis en boule dans la penderie de ma tante sous ses chemises. Pourquoi il fait toujours que j'aie envie d'aller aux toilettes à toutes les parties de cache-cache ? Je commence à me balancer de droite à gauche en tentant de penser à autre chose. J'entends des pas qui arrivent. MERDE. Je me retiens de bouger même si mes jambes commencent à me faire mal. Les bruits de pas s'éloignent ensuite, terminé non ma vessie va exploser. Je sors lentement et je marche calmement tentant de pas faire de bruit. La salle de bain est au bout du couloir, mon but est de m'y rendre sans me faire prendre par ma soeur Alaska. J'arrive à la porte des toilettes et soudain ... Enimie se pointe et commence à sauter et à taper dans ses mains pour faire du bruit. Je lui chuchote d'arrêter, sinon j'allais la massacrer. Tout d'un coup, je la vois disparaître rapidement. Et puis ...'JE T'AI GRILLÉ NEMO, T'ES MOOOOOOOOOOORT.' 'PUTAIN DE ...' Je lance le mauvais doigt en direction de ma soeur avant d'entrer et de fermer la porte pour aller faire pipi. Eni' vient taper dans ma porte en riant de moi. J'ai seize ans, c'est l'anniversaire de ma grand tante et je joue à la cachette dans un manoir aussi gros qu'un château. Mon père gueule comme s'il appelais un canard pour nous dire de venir manger. On est à table, c'est la grosse discussion, toute la famille de mon père est là pour cet anniversaire. Je mange en donnant des coups de pieds à mon frère qui est venu avec sa copine. 'Oke ?' 'Oui grand-maman ?' 'Est-ce que tu as une amoureuse dans ta vie ?' J'avale de travers et je m'étouffe. Je sens mes joues devenir rouge et je lance un regard vers mon père. Je sais qu'il aimerait que je dise la vérité, que non je n'ai pas une amoureuse, mais un amoureux sauf que dire ça à ma grand-mère, j'ai peur de provoquer un arrêt cardiaque. Je secoue la tête en faisant le signe de non. Et puis, je me souviens de la mauvaise expérience que j'ai eu lorsque mon frère et mes soeurs ont fait exprès que je le dise aux parents. Mon frère me donne un coup de pied en riant en pointant mon amoureux en question du menton. Carlson. Oui c'est le même Carlson qui m'a piqué mon ourson en peluche quand j'avais huit ans et oui j'ai bien fini par lui foutre mon pied au cul. Il est planté proche de la porte qui mène à la cours et me regarde en souriant. Je lui souris timidement et je me lève de ma chaise. Mon frère Floyd me donne une tape dans le dos et je manque d'équilibre alors je termine sur le ventre au sol. 'C'que t'es con Floyd.' Et je me retourne sur le dos et me prends dans ses bras pour me relever. Tout le monde me regarde, mon père s'est levé pour s'assurer que je n'ai rien, je lui fais signe que ça va et se rassoit en pointant mon frère du doigt et avec un regard avertisseur. Enimie me suit et on va voir mon copain. Carlson nous rejoint et m'attire vers l'intérieur avant de me prendre la main et de m'embrasser. Je le vois tenir un sac brun, sur le coup je crois que c'est un sac de bonbons, mais non c'est une bouteille de fort. Je prends ma planche qui est dans l'auto de mon père, Enimie fait pareil et Carlon prend la sienne qui était sur la pelouse où il l'a laissé et on se rend tous les trois au skatepark. Non, je ne me rendrai jamais au niveau professionnel, ce n'est qu'un passe-temps et puis je me suis découvert une passion pour la musique, donc mon plan de secours et ça va me permettre de relaxer sur les visites à l'hôpital.



Je la regarde dormir. Je sais parfaitement qu'elle n'aime pas ça, mais moi j'aime ça et je vais continuer de le faire. Je sens qu'à son réveil, elle va me battre, mais je m'en fou, je lui ferais les beaux yeux en lui proposant des biscuits et elle va me pardonner. On ne voit que le bout de son nez qui sort de la couette et un peu de ses yeux. Je souris, je trouve ça mignon comme tout. Ce n'est pas ma petite copine, si c'est ce que vous croyez, non c'est ma meilleure amie dont je vous parle, meilleure amie avec un énorme plus. Keilana bouge, je me cache sous mon bout de couette et il y a juste mes yeux que l'on voit. Elle sourit et se colle à moi. 'Je te détesteeeeeeee.' Une toute petite voix. Je l'embrasse sur le nez et ensuite sur les joues. Ma meilleure amie se passe une main sur son visage parce que ça la chatouille. 'Tu ne peux pas me détester.' 'Si, regarde bien.' Elle me donne une petite claque sur le front et se retourne. Elle me boude. Je me colle dans son dos. Keil' commence à s'agiter et mets les pieds hors du lit. 'NOOOOON, NE SORT PAS DU LIT! Tu vas laisser une place froide.' La demoiselle se met un t-shirt et une paire de culotte et se retourne vers moi. Je suis assis et je luis fais les yeux doux. Elle se met à rire. Je lui souris, elle a tellement un beau sourire et un beau rire, si je serais en chocolat, ça ferait longtemps que j'aurais fondu. 'Alors on va faire en sorte que tu sois au chaud gros bêta.' Elle s'approche et se mets en califourchon par-dessus moi tout en tirant la couette par-dessus nous en me forçant à me coucher sur le dos. Je ne vous cache pas que je l'aime, plus qu'un meilleure ami ne devrait aimer sa meilleure amie. Je lui ait dit je ne sais combien de fois et à tous les coups ça se termine de la même manière, on s’engueule, on fait l'amour, on se taquine et puis tout revient à la normal. Normal pour nous veut dire, se traiter en amis même si on sait parfaitement qu'on ne peut pas vivre l'un sans l'autre, ne jamais se dire je t'aime, car c'est interdit, de nous raconter nos histoires d'un soir, d'avoir un seul et unique lit dans notre appartement. Ce n'est pas très commun, je le sais bien, mais on s'en sort très bien. Pour Keilana, elle ne veut pas de relation sérieuse avec moi, elle me dit à tous les coups qu'elle a peur de tout perdre. Son t-shirt s'est vite retrouver au sol et je commence à l'embrasser là où il y a sa cicatrice sur son ventre. Je sais qu'elle aime ça quand je l'embrasse à cet endroit. Je me souviens de l'époque où elle avait le cancer de l'estomac et qu'elle ait dut avoir une chirurgie. L'époque la plus difficile pour elle et pour moi. Le nombre de fois qu'elle et moi on s'est retrouvé à l’hôpital, moi pour mes complications à mes jambes et Keilana pour son cancer. On a réussi à s'en sortir. Après l'amour, on est allé déjeuner des céréales en forment de lettres. Depuis plus de onze ans qu'on se connait et puis on continue d'agir comme des gamins. 'Tiens ton café.' Et elle m'embrasse sur le front comme si j'étais son enfant.



J'ai le visage écrasé contre la vitre de la voiture et je regarde les maisons défilées. Il fait chaud, mais j'ai encore mon manteau d'hiver, car entre la température actuelle de Paris et de Sydney est très différente, mais sérieusement, je m'en balance un peu. J'ai le coeur en miette, j'ai mal à tête et je ne suis même plus capable de pleurer tellement que je suis au bout de tout ça. C'est le silence complet, on entend juste mon frère renifler, car lui aussi pleure. Il n'y a que lui, le reste de la famille est à la maison. Le paysage défile et je vois qu'on entre sur le terrain de la maison. Mes muscles de crispent et j'ouvre lentement la porte de la voiture et je m'avance lentement vers la maison. Plus j'approche, plus j'ai envie de m’effondrer encore. Floyd passe sa main autour de mon épaule et me sert contre lui. Je ne lance aucun coup d'oeil sur les détails, s'il n'y pas un truc de changé, car franchement, j'en ai rien à foutre. À l'intérieur, je marche jusqu'au salon où je vois tout le monde, ma mère flatte les cheveux de ma soeur Alaska, les enfants de mon frère sont dans les bras de leur mère, Enimie n'est pas là, mais ce n'est pas elle que je cherche, c'est une autre personne. Je le cherche du regard, j'ai espoir de le voir apparaître de la cuisine avec son grand sourire, de prononcer mon nom et venir me prendre dans ses bras. Je ne dis salut à personne, je vais que regarder par tous les endroits où il pourrait apparaître. Ma mère voit ce que je suis en train de faire. 'Nemo, ton père ne va pas revenir.' Je le regarde et une larme coule sur ma joue. Elle ouvre ses bras, pour que je vienne m'y enfouir, je m'avance, mais je passe à côté d'elle et je continue mon chemin vers les escaliers que je monte. Je me rends jusqu'à la chambre de mes parents, en entrant, je ferme la porte et je la barre pour que personne n'entre. Je ferme tous les rideaux pour que la pièce soit dans le noir et je me faufile sous les couvertures, là où il dormait et je me fou en boule. En ce moment, j'ai envie de mourir tellement que c'est atroce. Depuis sa crise cardiaque, je savais qu'il avait encore plus de chance que son coeur le lâche, mais je pensais pas que ça l'arriverait si vite. Il est mort ... mon père est mort. Je n'ai même pas la force de crier, ou même de parler. J'entends quelqu'un cogner. 'Nem' ... je t'en prie, ouvre la porte ou laisse-moi entrer.' Je ne réponds rien, je sais que c'est ma soeur Enimie. Je ne veux voir personne, j'en ai pas envie, j'ai juste besoin de rester ici, dans son lit et de penser. Elle continue de cogner, je la laisse faire et puis plus rien. Les minutes passent et c'est comme si ... je restais dans le même espace temps, je reste figé et je regarde le vide avec cette douleur. Deux jours, deux jours qu'il est partie et c'est la fin du monde. Une fenêtre s'ouvre et je vois ma soeur dans la chambre, elle vient me rejoindre sous la couette et vient se coller dans mes bras. 'Ça va passer Nemo, ça va passer ...' Sa voix est faible et je sens ses larmes sur mon t-shirt. Je la sert de toutes mes forces contre moi et je ne la lâche pas. Je me sens impuissant, je me sens vide ... et mort.



J'ai les yeux grand ouvert et je regarde le plafond. Je sens son souffle chaud contre mon torse, j'aime la sensation de sa peau contre la mienne, de le sentir contre moi, putain que je l'aime. Je baisse légèrement les yeux pour le regarder dormir. Je souris. J'embrasse Yannie sur le front avant de faufiler mon nez dans ses cheveux. Il bouge, mais moi je reste inerte, j'ai peur qu'il se détache de moi et qu'il aille se coucher un peu plus loin et que je ne puisse pas le coller. Il arrête de bouger et je ressers mes bras au tour de lui. Mon coeur bat vite et je ressens des papillons dans l'estomac. C'est l'effet que je ressens à tous les coups quand je suis avec lui et je ne crois pas que ça va arrêter de sitôt. Je me demande si c'est que les gens ressentent lorsqu'ils ont trouvés la bonne personne. Je ne sais pas si pour moi c'est le cas, j'ai jamais ressenti ce que je ressens envers Yannie, même pas pour Keilana et pourtant. J'éprouve de la jalousie et je n'ai jamais été jaloux, avant je fonctionnais très bien, maintenant, j'ai besoin de lui pour bien aller, s'il n'est pas avec moi pour dormir, je ne dors pas. C'est devenu pire qu'être accro à la drogue. Et puis, je sais que ce n'est pas la meilleure solution et que ça ne devrait pas être comme ça, parce que je sais qu'un jour Yannie va partir, que son coeur va lâcher. Juste à cette pensée, je deviens triste et je ressers un peu plus mon étreinte. Il me dit que je devrais l'accepter son départ, jamais je vais pouvoir le faire, même après qu'il ait passé de l'autre côté, j'ose même pas imaginer. Juste à penser qu'un jour je vais lui dire au revoir ... mes yeux viennent plein d'eau. Personne n'a jamais dit que ça serait aussi beau, mais aussi difficile d'aimer quelqu'un de tout son coeur, je ne parle pas seulement de maintenant, mais aussi depuis notre premier baiser, notre relation secrète, la première fois qu'on a fait l'amour, dormir coller, les 'je t'aime', tous les moments que nous avons passés ensemble de A à Z et faire en sorte de rendre l'autre heureux et qu'il soit bien, c'est ça le plus difficile dans tout ça, voir l'autre parfois triste, en colère ou qui passe pas une marée d'émotions qui ne sont pas joyeuses. Toujours vouloir le bien de l'autre. Tout ce qu'on a vécu depuis le début, je ne regrette rien et je n'aimerais pas avoir vécu tout ça avec une autre personne que Yannie. Ça me fait drôle de penser qu'avant, nous n'étions que des meilleurs amis et puis nous voilà aujourd'hui. Je ne pensais pas que les choses pouvaient autant changer en l'espace de quelques mois et pourtant. Et en fait, je ne suis pas si malheureux d'avoir ma malformation aux jambes, c'est grâce à ça que j'ai fait sa connaissance. Je suis revenu d'Australie il y a peine quelques heures, que pour lui et parce que j'avais besoin de le revoir. Au tout début, je lui disais que s'il voulait que je sorte de sa vie à un moment, j'allais le faire, maintenant, je me demande si je serais capable de le faire, de vraiment sortir de sa vie et disparaître. Et puis, je ne pourrais pas me défaire de ce gros truc que je tiens entre mes bras et qui dort comme un vrai bébé. Je m'enfonce un peu plus dans le matelas et je ferme finalement les yeux. La chaleur qui a sous la couette, lui, son odeur qui rempli mes narines, je lui soupire un 'je t'aime' et je m'endors tranquillement.


On entend les tics tacs, je ne fais que jouer avec mon crayon, je ne porte pas attention aux hommes qui parlent au tour de la table, je suis tellement fatigué. Un mois que je me dis que j'ai pris la pire décision de ma vie, je croyais qu'en acceptant, j'allais ressentir un minimum de soulagement, mais je me rends compte qu'au final, j'ai seulement accepté d'être malheureux. 'Monsieur Martin ?' Je sursaute et je lève mes yeux vers la lignée de personnes devant moi. 'Monsieur Martin s'excuse, il apprend ses nouvelles fonctions.' Je regarde mon vice-président en le remerciant du regard. Une poignée de main ici, une poignée de main par là et puis la réunion est terminée. Il est tard, je devrais rentrer dans mon appart, mais je vais plutôt m'enfermer dans mon bureau. Je me tourne vers la fenêtre en prenant la bouteille de scotch, pas de verre, à la bouteille. Tant qu'à ma saouler, j'ai l'impression de devenir un alcoolique, ça me fou la trouille, il faudrait que j'arrête de boire quand ça ne va pas, sinon mon foi va me lâcher. Je laisse mon regard vaguer sur la vue, à regarder les tours à bureaux s'éteindre, à voir de mois en moins de gens dans les rues. Ça n'a jamais été le genre de vie que je voulais, je l'avais trouvé la vie que je désirais, mais comme un pauvre con, je l'ai quitté. Une larme coule, je suis lasse de toute que je ne prends pas la peine de l'essuyer, je ne fais que boire. Je ne pensais pas que le quitter allait me tuer comme ça bordel. Les heures passent, la bouteille devient vide et je tourne sur moi-même avec la chaise, je me donne mal au coeur. À tous les tours, je lance un regard vers le téléphone, j'ai besoin de l'appeler, j'ai besoin de décrocher, de retourner à Paris. Je sais que mes pensées sont pas lucides, mais je m'en fou. 'Maaaammmaaaaaaannnn' 'Nemo, t'as pas encore bu ?' Me fracasse la tête contre le bureau accidentellement, haut parleur maintenant. 'Maman ...' 'Nemo, tu m'avais dit que t'allais arrêter de boire comme ça ...' 'J'en peu pluuuus ...' 'C'est lui encore ?' Je pleure. 'Mon bébé, Nemo.' J'ai vingt-deux années et ma mère me surnomme encore son bébé. 'Je vou ... voulais tellement que ... que tu sois fier de moi ... papa' 'Arrête, tu peux quitter, ton père voulait pas que tu prennes sa place si tu allais être malheureux.' Yannie est pas là, c'est ça le problème, c'est ce qui me rend aussi ... triste. 'Nemo ?' Je retourne ma tête pour ne pas avoir le téléphone devant mes yeux. 'D'accord, j'arrive, on va parler plus sérieusement, même si tu n'es pas en état de réellement discuter, je t'aime mon chéri.' Mon regard est dirigé vers un point fixe, je suis partie sans un mot, je ne sais pas si je dois revenir, mais j'en ai de besoin. La nuit passe, ma mère me parle, je ne réponds que par des sons. Et puis, le lendemain matin, j'étais dans l'avion vers Paris. Faut croire que ça sera jamais simple.